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Full text of "The plays of Molière in French"

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THE  PLAYS  OF 

JEAN  BAPTISTE  POQUELIN  MOLlilRE 


Born  January  15th  (?),  1622 
Died  February  17th,  1673 
In  the  age  of  Louis  xiv 


george    dandin,    or    the    out- 
witted husband 

george  dandin,  ou  le  mari 
confondu 

the  miser 

l'avare 

monsieur  de  pourceaugnac 

monsieur  de  pourceaugnac 


I 


#'t't 


A II  rights  reserved 


&Au-rn^.^?€u^r2.  // 1 


GEORGE   DANDIN 
(Actelll  Scene  VI) 


THE 

PLAYS  OF  MOLIERE 

IN  FRENCH 

With   an   English   Translation 
and    Notes   by 

A.  R.  WALLER,  M.A. 


VOLUME    VI 
1668-1669 


ILLUSTRATED  WITH  THIRTY-ONE  ETCHINGS 
AFTER  LELOIR 


EDINBURGH:    JOHN   GRANT 

31    GEORGE    IV    BRIDGE 
1907 


FEB  2  5  mi 


Edinburgh :  T.  and  A.  Constable,  Printers  to  His  Majesty 


CONTENTS 


^orge    Dandin,   or   The  George  Dandin,  ou  Le 

Outwitted  Husband      ,  Mari  Confondu      .         1 

The  Miser        .         .         .  L'Avare  ...       89 

Monsieur     de     Pourceau-  Monsieur  de  Pourceau- 


gnac 
Notes 


gnac 


245 
345 


LIST  OF  ILLUSTRATIONS 

George  Dandin,  ou  Le  Mari  Con- 

fondu  :  Acte  in.,  Scene  vi.  .  Frontispiece 

L'Avare:  Acte  i.,  Scene  iii.     .         .  To  face  page  107 

Monsieur  de  Pourceaugnac:  Acte  in., 

Scene  in „         S09 


GEORGE  DANDIN 

OR 

THE  OUTWITTED  HUSBAND 

{Le  Mari  Confondu) 


George  Dandin  ou  Le  Mart  Confondu  was  played 
for  the  first  time,  as  part  of  a  court  entertainment, 
at  Versailles,  July  18,  1668,  and  in  public,  at  the 
Theatre  du  Palais-Royal,  Paris,  November  9,  1668. 
Moli^re  took  the  title  role,  and  his  wife  played 
Angelique. 

The  main  features  of  the  plot  will  be  found  in  one 
of  the  comedies  of  Moli^re's  early  days.  La  Jalousie 
du  BarbouiU4. 

The  first  edition  was  published  in  1669  with  the 
foUowing  title  page  :  GEORGE  |  DANDIN,  |  ov 
M  I  MARY  CONFONDY.  |  comedie.  |  Par  I.  B.  P. 
deMolierk.  I  A  pahis,  |  Chez  Iean  Ribov,  au  Palais,  | 
vis-k-vis  la  Porte  de  I'Eglise  de  |  la  Sainte  Chapelle, 
h,  rimage  |  Saint  Loiiis.  |  m.dc.lxix.  Auec  Priuilege 
duRoy, 


GEORGE  DANDIN 

OB 

THE  OUTWITTED  HUSBAND 

(Le  Mari  Confondu) 


DRAMATIS  PERSONS 

George  Dandin,  a  rich  peasant ,  Angilique's  husband. 
Ang^lique,  George  Dandin's  wife  and  M.  de  Sotenvilles 

daughter. 
M.  DE  SoTENviLLE,  a  country  gentleman,  Angelique's 

father. 
Mme.  de  Sotenville,  his  wife* 
Clitandre,  AngSlique's  lover, 
Claudine,  Angelique's  maid. 
LuBiN,  a  countryman,  Clitandre's  servant. 
Colin,  George  Dandins  valet. 

The  scene  is  in  front  of  George  Dandin's  house. 


GEORGE  DANDIN 

ou 
LE  MARI  CONFONDU 


ACTE  I 

Sci&NE    I 

George  Dandin 

Ah  !  qu'une  femme  Demoiselle  est  une  etrange  affaire, 
et  que  mon  mariage  est  une  legon  bien  parlaute 
a  tous  les  paysans  qui  veulent  s'elever  au-dessus 
de  leur  condition,  et  s'allier,  comme  j'ai  fait,  a  la 
maison  d'un  gentilhomme  !  La  noblesse  de  soi  est 
bonne,  c'est  une  chose  considerable  assurement; 
mais  elle  est  accompagne'e  de  tant  de  mauvaises 
circonstances,  qu'il  est  tres-bon  de  ne  s'y  point 
frotter.  Je  suis  devenu  la-dessus  savant  a  mes 
depens,  et  connais  le  style  des  nobles  lorsqu'ils 
nous  font,  nous  autres,  entrer  dans  leur  famille. 
L' alliance  qu'ils  font  est  petite  avec  nos  personnes  : 
c'est  notre  bien  seul  qu'ils  epousent,  et  j'aurais  bien 
mieux  fait,  tout  riche  que  je  suis,  de  m'allier  en 
bonne  et  franche  paysannerie,  que  de  prendre  une 
femme  qui  se  tient  au-dessus  de  moi,  s'offense  de 
porter  mon  nom,  et  pense  qu'avec  tout  mon  bien 
je  n'ai  pas  achete  la  qualite  de  son  mari.  George 
Dandin,  George  Dandin,  vous  avez  fait  une  sottise 
la  plus  grande  du  monde.  Ma  maison  m'est  effro- 
yable  maintenant,  et  je  n'y  rentre  point  sans  y 
trouver  quelque  chagrin. 


GEORGE  DANDIN 


OR 


THE  HUSBAND  OUTWITTED 


ACT  I 

Scene  I 
George  Dandin 

Ah  !  what  a  strange  being  a  lady  of  high  degree  is  ! 
What  a  striking  lesson  my  marriage  is  to  all  peasants 
who  wish  to  raise  themselves  above  their  condition, 
and  to  ally  themselves,  in  the  way  I  have,  to  a 
gentleman's  house.  Nobility  in  itself  is  good,  it  is 
assuredly  to  be  taken  into  consideration;  but  it  is 
accompanied  by  so  many  objectionable  circum- 
stances, that  it  is  best  not  to  come  near  it.  I  have 
learnt  that  to  my  cost,  I  know  how  noblemen  act 
when  we  enter  into  their  families.  Alliance  with 
us  has  very  little  to  do  with  the  case :  it  is  our  goods 
only  they  marry.  I  should  have  done  much  better, 
rich  as  I  am,  had  I  married  a  good,  honest,  country 
wench,  than  take  a  wife  who  holds  herself  above 
me,  is  ashamed  to  bear  my  name,  and  thinks  that 
with  all  my  wealth  I  have  not  bought  the  rank  of 
her  husband.  George  Dandin,  George  Dandin,  you 
have  committed  the  greatest  folly  in  the  world. 
My  house  is  now  hateful  to  me  :  I  never  enter  it 
without  finding  there  something  that  annoys  me. 


6  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

Scene  II 

George  Dandin,  Lubin 

Dan.    (voyant  sortir  Lubin  de  chez  lui)  Que  diantre  ce 

drole-la  vient-il  faire  chez  moi  ? 
LuB.  Voila  un  homme  qui  me  regarde. 
Dan.  II  ne  me  connait  pas. 
LuB.  II  se  doute  de  quelque  chose. 
Dan.  Ouais  !  il  a  grand'  peine  a  saluer. 

LuB.  J'ai  peur  qu'il  n'aille  dire  qu*il  m'a  vu  sortir  de 

la  dedans. 
Dan.  Bonjour. 
LuB.  Serviteur. 

Dan.  Vous  n*etes  pas  d'ici,  que  je  crois  ? 
LuB.  Non  je  n'y  suis  venu  que  pour  voir  la  fete  de 

demain. 
Dan.  He  !  dites-moi  un  peu,  s'il  vous  plait,  vous  venez 

de  la  dedans  ? 
LuB.  Chut! 
Dan.  Comment? 
LuB.  Paix ! 
Dan.  Quoi  done  ? 
LuB.  Motus  !    II  ne  faut  pas  dire  que  vous  m'ayez  vu 

sortir  de  la. 
Dan.  Pourquoi.^ 
LuB.  Mon  Dieu  !  parce. 
Dan.  Mais  encore  ? 

LuB.  Doucement.     J'ai  peur  qu^on  ne  nous  ^coute. 
Dan.  Point,  point. 
LuB.  C'est  que  je  viens  de  parler  a  la  maitresse  du  lo- 

gis,  de  la  part  d'un  certain  Monsieur  qui  lui  fait  les 

doux  yeux,  et  il  ne  faut  pas  qu'on  sache  cela  ?    En- 

tendez-vous .'' 
Dan.  Oui. 
LuB.  Voila  la  raison.     On  m'a  encharge  de  prendre 

garde  que  personne  ne  me  vlt,  et  je  vous  prie  au 

moins  de  ne  pas  dire  que  vous  m'ayez  vu. 


sc.  II.]  GEORGE  DANDIN  7 

Scene  II 
George  Dandin,  Lubin 

Dan.  (seeing  Lubin  come  out  of  his  house)  What  the  deuce 

does  that  rascal  want  in  my  house  ? 
LuB.  That  man  is  looking  at  me. 
Dan.  He  does  not  know  me. 
LuB.  He  suspects  something. 
Dan.  Ah  !    He  makes  a  great  pother  ahout  taking  off 

his  hat. 
LuB.  I  am  afraid  he  will  say  he  saw  me  come  out 

of  the  house. 
Dan.  Good  day. 
LuB.  Your  servant. 

Dan.  You  do  not  belong  here,  I  believe  ? 
LuB.  No,  I  only  came  to  see  the^^e  to-morrow. 

Dan.  Come  !  just  tell  me,  please,  did  you  not  come 

out  of  that  house  ? 
LuB.  Hush ! 
Dan.  Why? 
LuB.  Be  quiet ! 
Dan.  What  is  the  matter  ? 
LuB.  Mum 's  the  word  !    You  must  not  say  you  saw 

me  come  out  from  there. 
Dan.  Why.? 

LuB.  Good  gracious  !  because. 
Dan.  Come,  now  ! 

LuB.  Gently,  I  am  afraid  they  will  hear  us. 
Dan.  Oh  no  ! 
LuB.  Because  I  have  just  been  speaking  to  the  mistress 

of  the  house  on  behalf  of  a  certain  gentleman  who 

has  cast  eyes  on  her,  and  no  one  must  know  about 

it.     You  understand .'' 
Dan.  Yes. 
LuB.  That  is  the  reason.    I  have  been  warned  to  take 

care  no  one  sees  me.    I  must  beg  you  not  to  say  you 

have  seen  me. 


8  GEORGE  DANDIN  [actb  i. 

Dan.  Je  n'ai  garde. 

LuB.  Je  suis  bien  aise  de  faire  les  choses  secretement 
comme  on  m'a  recommande. 

Dan.  C'est  bien  fait. 

LuB.  Le  mari,  a  ce  qu'ils  disent,  est  un  jaloux  qui  ne 
veut  pas  qu'on  fasse  I'amour  a  sa  femme,  et  il  ferait 
le  diable  a  quatre,  si  cela  venait  a  ses  oreilles  :  vous 
comprenez  bien  } 

Dan.  Fort  bien. 

LuB.  II  ne  faut  pas  qu'il  sache  rien  de  tout  ceci. 

Dan.  Sans  doute. 

LuB.  On  le  veut  tromper  tout  doucement :  vous  en- 
tend  ez  bien  ? 

Dan.  Le  mieux  du  monde. 

LuB.  Si  vous  alliez  dire  que  vous  m'avez  vu  sortir  de 
chez  lui,  vous  gateriez  toute  I'affaire  :  vous  compre- 
nez bien  ? 

Dan.  Assurement.  He  !  comment  nommez-vous  celui 
qui  vous  a  envoye  la  dedans  ? 

LuB.  C'est  le  seigneur  de  notre  pays_,  Monsieur  le 
vicomte  de  chose  .  .  .  Foin  !  je  ne  me  souviens 
jamais  comment  diantre  ils  baragouinent  ce  nom-la. 
Monsieur  Cli  .  .  .  Clitandre. 

Dan.  Est-ce  ce  jeune  courtisan  qui  demeure  .  .  . 

LuB.  Oui :  aupres  de  ces  arbres. 

Dan.  {h  part)  C'est  pour  cela  que  depuis  peu  ce  Damoi- 
seau  poli  s'est  venu  loger  contre  moi ;  j'avais  bon 
nez  sans  doute^  et  son  voisinage  deja  m'avait  donne 
quelque  soup9on. 

LuB.  Testigue  !  c'est  le  plus  honnete  homme  que  vous 
ayez  jamais  vu.  II  m'a  donne  trois  pieces  d'or  pour 
aller  dire  seulement  a  la  femme  qu'il  est  amoureux 
d'elle,  et  qu'il  souhaite  fort  I'honneur  de  pouvoir 
lui  parler.  Voyez  s'il  y  a  la  une  grande  fatigue  pour 
me  payer  si  bien,  et  ce  qu'est  au  prix  de  cela  une 
joumee  de  travail  ou  je  ne  gagne  que  dix  sols. 

Dan.  He  bien  !  avez-vous  fait  votre  message  } 

LuB.  Oui,  j'ai  trouve  la  dedans  une  certaine  Claudine, 
qui  tout  du  premier  coup  a  compris  ce  que  je  vou- 
lais,  et  qui  m'a  fait  parler  a  sa  maitresse. 


sc.  II.]  GEORGE  DANDIN  9 

Dan.  I  will  take  care. 

LuB.  I  want  to  do  things  secretly,  as  I  have  been 
ordered, 

Dan.  You  are  quite  right. 

LuB.  The  husband,  from  what  people  say,  is  jealous, 
and  will  not  allow  any  one  to  make  love  to  his  wife  ; 
there  would  be  the  devil  to  pay  if  this  came  to  his 
ears  ;  you  quite  understand .'' 

Dan.  Perfectly. 

LuB.  He  must  not  know  anything  about  all  this. 

Dan.  Certainly  not. 

LuB.  They  wish  to  take  him  in  on  the  sly  :  you  see 
what  I  mean  ? 

Dan.  Exactly. 

LuB.  If  you  go  and  say  you  have  seen  me  come  out  of 
his  house,  you  will  spoil  the  whole  aflfair  :  you 
quite  understand .'' 

Dan.  Quite,  I  say.  What  is  the  name  of  the  man 
who  sent  you  here  ? 

LuB.  He  is  the  lord  of  our  manor.  Viscount  some- 
thing .  .  .  Chut  !  I  never  remember  how  the 
deuce  they  jabber  that  name.  Monsieur  Cli  .  .  . 
Clitandre. 

Dan.  Is  it  that  young  courtier  who  lives  .  .  . 

LuB.  Yes ;  near  those  trees. 

Dan.  (aside)  That  is  why  the  smart,  young  fop  has 
come  to  live  close  to  me;  I  am  not  blind,  I  had 
already  suspected  something  by  his  coming  to  live 
so  near  me. 

LuB.  I  tell  you  he  is  the  most  affable  man  you  ever 
saw.  He  gave  me  three  gold  pieces  simply  to  go 
and  tell  the  lady  he  is  in  love  with  her,  and  longs 
for  the  honour  of  a  few  words  with  her.  That  was 
good  pay  for  so  little  trouble :  just  compare  it  with 
a  day's  work,  for  which  I  only  earn  ten  coppers. 

Dan.  Well !  have  you  delivered  your  message  ? 
LuB.  Yes.    I  found  in  there  a  certain  Claudine  who 

understood  at  once  what  I  wanted,  and  let  me  have 

a  word  with  her  mistress. 


10  GEORGE  DANDIN  [aotb  i. 

Dan.  {h  part)  Ah  !  coquine  de  servante  ! 

LuB.  Morguene  !  cette  Claudine-la  est  tout  a  fait 
jolie,  elle  a  gagne  mon  amitie,  et  il  ne  tiendra  qu'a 
elle  que  nous  ne  soyons  marie's  ensemble. 

Dan.  Mais  quelle  reponse  a  faite  la  maitresse  a  ce 
Monsieur  le  courtisan  } 

LuB.  Elle  m'a  dit  de  lui  dire  .  .  .  attendez,  je  ne  sais 
si  je  me  souviendrai  bien  de  tout  eela  .  .  .  qu'elle 
lui  est  tout  a  fait  obligee  de  1' affection  qu'il  a  pour 
elle,  et  qu'a  cause  de  son  mari,  qui  est  fantasque,  il 
garde  d'en  rien  faire  paraitre,  et  qu'il  faudra  songer 
a  chercher  quelque  invention  pour  se  pouvoir  entre- 
tenir  tous  deux. 

Dan.  {h,  part)  Ah  !  pendarde  de  femme  ! 

Ldb.  Testiguiene !  cela  sera  drole  ;  car  le  mari  ne  se 
doutera  point  de  la  manigance,  voila  ce  qui  est  de 
bon ;  et  il  aura  un  pied  de  nez  avec  sa  jalousie : 
est-ce  pas  .'* 

Dan.  Cela  est  vrai. 

LuB.  Adieu.  Bouche  cousue  au  moins.  Gardez  bien 
le  secret,  afin  que  le  mari  ne  le  sache  pas. 

Dan.  Oui,  oui. 

LuB.  Pour  moi,  je  vais  faire  semblant  de  rien  :  je 

suis  un  fin  matois,  et  Ton  ne  dirait  pas  que  j'y 

touche. 


ScijNE  III 

George  Dandin. 

He  bien  !  George  Dandin,  vous  voyez  de  quel  air 
votre  femme  vous  traite.  Voila  ce  que  c'est  d'avoir 
voulu  epouser  une  Demoiselle :  Ton  vous  accom- 
mode  de  toutes  pieces,  sans  que  vous  puissiez  vous 
venger,  et  la  gentilhommerie  vous  tient  les  bras 
lies.  L'egalite  de  condition  laisse  du  moins  a 
I'honneur  d'un  mari  liberte  de  ressentiment ;  et 
si  c'etait  une  paysanne,  vous  auriez  maintenant 


so.  III.]  GEORGE  DANDIN  11 

Dan.  (aside)  Ah  !  the  jade. 

LuB.  By  gum  !  this  Claudine  is  a  fine  girl :  she  has 
won  my  heart  and  it  will  not  be  my  fault  if  we  don't 
marry. 

Dan.  But  what  answer  did  the  mistress  make  to  this 
fine  courtier  ? 

LuB.  She  told  me  to  tell  him  .  .  .  stop;  1  do  not 
know  whether  I  can  remember  it  all  .  .  .  that  she  is 
extremely  obliged  to  him  for  the  aflfection  he  bears 
towards  her,  that  he  must  take  care  not  to  let 
it  appear,  because  her  husband  is  a  queer  fellow, 
and  that  he  must  try  to  find  some  means  by  which 
they  can  hold  converse  with  each  another. 

Dan.  (aside)  Ah  !  what  a  slut  of  a  wife  ! 

LuB.  Golly  !  it  will  be  fun ;  the  best  of  it  is  that  the 
husband  will  not  know  anything  about  it;  his 
jealousy  will  be  made  fine  game  of,  won't  it  ? 

Dan.  That  is  true. 

LuB.  Good-bye.     Mind  you  keep  a  still  tongue  in 

your  head.     Don't  let  out  the  secret  and  then  the 

husband  won't  know  anything  about  it. 
Dan.  Yes,  yes. 
LuB.  I  shall  pretend  not  to  know  anything:  I  am  a  sly 

dog,  and  no  one  shall  know  I  have  had  anything 

to  do  with  it. 


Scene  III 

George  Dandin 

Well !  George  Dandin,  you  see  in  what  way  your  wife 
treats  you  !  Tliat  is  what  comes  of  having  wished 
to  marry  a  fine  lady  :  all  sorts  of  tricks  are  played 
off  on  you,  without  your  being  able  to  revenge 
yourself,  for  the  rank  ties  your  hands.  Equality 
of  condition  at  least  gives  the  husband  liberty  to 
resent  attacks  upon  his  honour ;   and,  if  she  were  a 

1  country  girl,  you  would  now  have  elbow-room  to  do 


12  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

toutes  vos  coudees  franches  a  vous  en  faire  la  justice 
a  bons  coups  de  baton.  Mais  vous  avez  voulu  tater 
de  la  noblesse,  et  il  vous  ennuyait  d'etre  maitre  chez 
vous.  Ah  !  j'enrage  de  tout  mon  coeur,  et  je  me 
donnerais  volontiers  des  soufflets.  Quoi  ?  ecouter 
impudemment  I'amour  d'un  Damoiseau,  et  y  pro- 
mettre  en  meme  temps  de  la  correspondance ! 
Morbleu  !  je  ne  veux  point  laisser  passer  une  occa- 
sion de  la  sorte.  II  me  faut  de  ce  pas  aller  faire 
mes  plaintes  au  pere  et  a  la  mere,  et  les  rendre 
temoins,  a  telle  fin  que  de  raison,  des  sujets  de 
chagrin  et  de  ressentiment  que  leur  fille  me  donne. 
Mais  les  voici  I'un  et  I'autre  fort  a  propos. 


SckfiE  IV 

Monsieur  et  Madame  de  Sotenvillb, 
George  Dandin 

M.  DE  S.  Qu'est-ce,  mon  gendre  ?    Vous  me  paraissez 

tout  trouble. 
Dan.  Aussi  en  ai-je  du  sujet,  et  .  .  . 
Mme.  de  S.  Mon  Dieu  !  notre  gendre,  que  vous  avez 

peu  de  civilite  de  ne  pas  saluer  les  gens  quand  vous 

les  approchez ! 
Dan.  Ma  foi !  ma  belle-mere,  c'est  que  j'ai  d'autres 

choses  en  tete,  et  .  .  . 
Mme.  de  S.  Encore  !    Est-il  possible,  notre  gendre, 

que  vous  sachiez  si  peu  votre  monde,  et  qu'il  n'y  ait 

pas  moyen  de  vous  instruire  de  la  maniere  qu'il  faut 

vivre  parmi  les  personnes  de  qualite  ? 
Dan.  Comment.'* 
Mme.  de  S.  Ne  vous  deferez-vous  jamais  avec  moi  de 

la  familiarite  de  ce  mot  de  '  ma  belle-mere,'  et  ne 

sauriez-vous  vous  accoutumer  a  me  dire  '  Madame '  ? 
Dan.  Parbleu  !  si  vous  m'appelez  votre  gendre,  il  me 

semble  que  je  puis  vous  appeler  ma  belle-mere. 
Mme.  de  S.  II  y  a  fort  a  dire,  et  les  choses  ne  sont 


I 


IV.]  GEORGE  DANDIN  13 


yourself  justice  by  giving  her  a  good  thrashing. 
But  you  wished  to  have  a  taste  of  nobility,  it  bored 
you  to  be  master  in  your  own  house.  Ah !  I  am 
wild  with  myself:  I  feel  inclined  to  box  my  own 
ears.  What  .'*  she  listens  impudently  to  the  love  of 
a  fop,  and  promises  him  at  the  same  time  to  respond 
to  it !  Great  Heavens !  I  will  not  stand  this.  I 
will  go  this  very  instant  and  complain  to  her  father 
and  mother,  they  shall  witness,  at  any  rate,  the 
grief  and  misery  their  daughter  gives  me.  But 
here  they  both  are  at  the  right  moment. 


r 


Scene  IV 

Monsieur  and  Madam  de  Sotenville, 
George  Dandin 


M.  de  S.  What  is  it,  son-in-law .''     You  seem  quite 

troubled. 
Dan.  I  have  sufficient  reason  to  be  so,  and  .  .  . 
Mad.  de  S.  Good  Heavens  !  son-in-law,  it  shows  little 

civility  not  to  bow  when  you  come  near  people  ! 

Dan.  Upon  my  word  !  mother-in-law,  I  have  other 
things  in  my  head,  and  .  .   . 

Mad.  de  S.  Again  !  Is  it  possible,  son-in-law,  that 
you  know  so  little  what  is  proper  }  Is  there  no 
way  of  teaching  you  how  to  behave  among  persons 
of  quality  ? 

Dan.  What  do  you  mean  ? 

Mad.  de  S.  Will  you  never  give  up  using  towards  me 
that  word  ^  mother-in-law,'  it  is  so  colloquial  :  can- 
not you  accustom  yourself  to  call  me  '  Madam ' } 

Dan.  Well,  if  you  call  me  son-in-law,  it  seems  to  me 
I  can  call  you  mother-in-law. 

Mad.  de  S.  The  two  things  are  not  the  same.    Please 


14  GEORGE  DANDIN  [actb  i. 

pas  egales.  Apprenez,  s'il  vous  plait,  que  ce  n'est 
pas  a  vous  a  vous  servir  de  ce  mot-la  avec  une  per- 
sonne  de  ma  condition  ;  que  tout  notre  gendre  que 
vous  soyez,  il  y  a  grande  difference  de  vous  a  nous, 
et  que  vous  devez  vous  connaitre. 
M.  DB  S.  C'en  est  assez,  mamour,  laissons  cela. 

Mme.  de  S.  Mon  Dieu  !  Monsieur  de  Sotenville,  vous 
avez  des  indulgences  qui  n'appartiennent  qu'a 
vous,  et  vous  ne  savez  pas  vous  faire  rendre  par  lea 
gens  ce  qui  vous  est  du. 

M.  DB  S.  Corbleu !  pardonnez-moi,  on  ne  pent  point 
me  faire  de  lefons  la-dessus,  et  j'ai  su  montrer 
en  ma  vie,  par  vingt  actions  de  vigueur,  que  je  ne 
suis  point  homme  a  demordre  jamais  d'une  partie 
de  mes  pretentions.  Mais  il  suffit  de  lui  avoir 
donne  un  petit  avertissement.  Sachons  un  peu, 
mon  gendre,  ce  que  vous  avez  dans  I'esprit. 

Dan.  Puisqu'il  faut  done  parler  categoriquement, 
je  vous  dirai.  Monsieur  de  Sotenville,  que  j'ai  lieu 
de  .  .  . 

M.  DE  S.  Doucement,  mon  gendre.  Apprenez  qu'il 
n'est  pas  respectueux  d'appeler  les  gens  par  leur 
nom,  et  qu'a  ceux  qui  sont  au-dessus  de  nousil  faut 
dire  'Monsieur'  tout  court. 

Dan.  He  bien  !  Monsieur  tout  court,  et  non  plus 
Monsieur  de  Sotenville,  j'ai  a  vous  dire  que  ma 
femme  me  donne  .  .  . 

M.  DE  S.  Tout  beau  !  Apprenez  aussi  que  vous  ne 
devez  pas  dire  'ma  femme,'  quand  vous  parlez  de 
notre  fille. 

Dan.  J'enrage.  Comment.'*  ma  femme  n'est  pas  ma 
femme  ? 

Mme.  de  S.  Oui,  notre  gendre,  elle  est  votre  femme ; 
mais  il  ne  vous  est  pas  permis  de  I'appeler  ainsi,  et 
c'est  tout  ce  que  vous  pourriez  faire,  si  vous  aviez 
epouse  une  de  vos  pareilles. 

Dan.  Ah  !  George  Dandin,  ou  t'es-tu  fourre  ?  Eh  ! 
de  grace,  mettez,  pour  un  moment,  votre  gentil- 
hommerie  a  cote,  et  souffrez  que  je  vous  parle  main- 


gc.  IV.]  GEORGE  DANDIN  16 

understand  it  is  not  for  you  to  use  that  word  to 
a  person  of  my  rank ;  although  you  may  be  our  son- 
in-law,  there  is  a  great  difference  between  you  and 
us,  and  you  ought  to  learn  your  place. 

M.  DE  S.  We  have  had  enough  of  this,  my  dear,  let 

us  drop  the  matter. 
Mad.  de  S.  Really,  Monsieur  de  Sotenville,  you  are 

more  indulgent  than  any  one  I  know :  you  do  not 

know  how  to  make  people  give  you  what  is  your 

due. 
M.  DE  S.  Indeed  !     I  beg  your  pardon.     No  one  can 

give  me  lessons  on  that  subject.  I  have  shown, 
^^  throughout  life,  by  a  score  of  sufficiently  clear  deeds, 
^^^■that  I  am  not  a  man  who  will  ever  abate  a  j  ot  of  my 
^^■pretentions.  But  it  is  sufficient  that  you  have  given 
^^■him  a  slight  hint.  Come,  son-in-law,  let  us  hear 
^^pwhat  you  have  on  your  mind. 

Dan.  Since  I  must  speak  thus  categorically,  let  me 

tell  you.  Monsieur  de  Sotenville,  that  I  have  cause 

to  .  .  . 
M.  DE  S.  Gently,  son-in-law.     You  must  understand 

it  is  not  respectful  to  call  people  by  their  names. 

You  should  address  those  who  are  above  you  simply 

as  'Monsieur.' 
Dan.   VYell  then,   simply  Monsieur  and  no  longer 

Monsieur  de  Sotenville,  I  must  tell  you  that  my 

wife  gives  me  .  .  . 
M.  DE  S.  Come,  come.      You  must  also  understand 

that  you  ought  not  to  say  'my  wife'  when  you 

speak  of  our  daughter. 
Dan.  I  shall  lose  my  temper.     What  .f*  my  wife  is  not 

my  wife .'' 
Mad.  de  S.  Yes,  son-in-law,  she  is  your  wife ;   but 

you  ought  not  to  call  her  so  :  you  could  not  do  more 

if  you  had  married  one  of  your  equals. 

Dan.  Ah  !  George  Dandin,  what  a  mesh  you  are  in  ? 
I  beseech  you  to  put  your  gentility  aside  for  a 
moment,  and  let  me  speak  to  you  for  a  while.    The 


16  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

tenant  comme  je  pourrai.  Au  diantre  soit  la 
tyrannie  de  toutes  ces  histoires-la  !  Je  vous  dis 
done  que  je  suis  mal  satisfait  de  mon  mariage. 

M.  DE  S.  Et  la  raison,  mon  gendre  ? 

Mme.  de  S.  Quoi  ?  parler  ainsi  d'une  chose  dont  vous 
avez  tire  de  si  grands  avantages  ? 

Dan.  Et  quels  avantages,  Madame,  puisque  Madame 
y  a  ?  L'aventure  ifa  pas  ete  mauvaise  pour  vous,  car 
sans  moi  vos  affaires,  avec  votre  permission,  etaient 
fort  delabre'es,  et  mon  argent  a  servi  a  reboucher 
d'assez  bons  trous  ;  mais  moi,  de  quoi  y  ai-je  profite, 
je  vous  prie,  que  d'un  alongement  de  nom,  et  au 
lieu  de  George  Dandin,  d'avoir  regu  par  vous  le 
titre  de  '  Monsieur  de  la  Dandiniere '  ? 

M.  DE  S.  Ne  comptez-vous  rien,  mon  gendre,  I'avan- 
tage  d'etre  allie  a  la  maison  de  Sotenville? 

Mme.  de  S.  Et  a  celle  de  la  Prudoterie,  dont  j'ai 
Thonneur  d'etre  issue,  maison  ou  le  ventre  anoblit, 
et  qui,  par  ce  beau  privilege,  rendra  vos  enfants 
gentilshommes  ? 

Dan.  Oui,  voila  qui  est  bien,  mes  enfants  seront 
gentilshommes  ;  mais  je  serai  cocu^  moi,  si  Ton  n'y 
met  ordre. 

M.  DE  S.  Que  veut  dire  cela,  mon  gendre .'' 

Dan.  Cela  veut  dire  que  votre  fille  ne  vit  pas  comme 
il  faut  qu'une  femme  vive,  et  qu'elle  fait  des  choses 
qui  sont  contre  I'honneur. 

Mme.  de  S.  Tout  beau  !  prenez  garde  a  ce  que  vous 
dites.  Ma  fille  est  d'une  race  trop  pleine  de  vertu, 
pour  se  porter  jamais  a  faire  aucune  chose  dont 
I'honnetete  soit  blessee  ;  et  de  la  maison  de  la 
Prudoterie  il  y  a  plus  de  trois  cents  ans  qu'on  n'a 
point  remarque  qu'il  y  ait  eu  de  femme,  Dieu  merci, 
qui  ait  fait  parler  d'elle. 

M.  DE  S.  Corbleu  !  dans  la  maison  de  Sotenville  on 
n'a  jamais  vu  de  coquette,  et  la  bravoure  n'y  est  pas 
plus  here'ditaire  aux  males,  que  la  chastete  aux 
femelles. 


8c.  IV.]  GEORGE  DANDIN  17 

deuce  take  this  silly  ceremony.  I  have  to  tell  you 
then  that  I  am  not  very  well  pleased  with  my 
marriage. 

M.  DE  S.  And  the  reason,  son-in-law? 

Mad.  de  S.  What !  how  can  you  speak  thus  of  an 
arrangement  from  which  you  have  derived  such 
great  advantages  ? 

Dan.  What  advantages,  Madam,  since  Madam  it  must 
he?  The  business  is  not  a  bad  one  for  you  ;  for, 
by  your  leave,  without  me  your  affairs  would  have 
been  in  a  very  sorry  plight :  my  money  has  served 
to  fill  up  many  wide  gaps.  But,  on  my  side,  what 
has  it  profited  me,  pray,  unless  it  be  the  lengthen- 
ing of  a  name,  so  that  instead  of  being  called 
George  Dandin,  I  have  received  through  you,  the 
title  of  *  Monsieur  de  la  Dandiniere '  ? 

M.  DE  S.  Do  you  count  as  nothing,  son-in-law,  the  ad- 
vantage of  being  allied  to  the  house  of  Sotenville  ? 

Mad.  de  S.  And  to  that  of  la  Prudoterie,  from  which 
I  have  the  honour  to  be  descended,  a  house  in  which 
the  females  ennoble,  and  so,  by  that  estimable 
privilege,  your  boys  will  be  gentlemen. 

Dan.  Yes,  that  is  very  fine,  my  boys  will  be  gentle- 
men ;  but  I  myself  shall  be  a  cuckold  if  matters 
are  not  altered. 

M.  de  S.  What  do  you  mean  by  that,  son-in-law  ? 

Dan.  I  mean  that  your  daughter  does  not  act  as  a 
wife  should,  and  that  she  does  things  contrary 
to  honour. 

Mad.  de  S.  Come,  come !  take  care  what  you  say. 
My  daughter  comes  of  a  race  too  steeped  in  virtue 
to  do  anything  that  could  cast  a  slur  upon  its 
honour.  As  for  the  house  of  la  Prudoterie,  God 
be  thanked,  it  has  not  produced  a  woman  for  more 
than  three  hundred  years  who  has  given  cause  to  be 
talked  about. 

M.  de  S.  Yes  !  and  there  has  never  been  a  coquette 
in  the  house  of  Sotenville ;  bravery  is  not  more 
hereditary  in  the  males  than  chastity  in  the 
females. 


18  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

Mmb.  de  S.  Nous  avons  eu  une  Jacqueline  de  la 
Prudoterie  qui  ne  voulut  jamais  etre  la  maitresse 
d'un  due  et  pair,  gouverneur  de  notre  province. 

M.  DE  S.  II  y  a  eu  une  Mathurine  de  Sotenville  qui 
refusa  vingt  mille  ecus  d'un  favori  duroi,  qui  nelui 
demandait  seulement  que  la  faveur  de  lui  parler. 

Dan.  Ho  bien  !   votre  fille  n'est  pas  si  difficile  que 

cela,  et  elle  s'est  apprivoisee  depuis  quelle  est  chez 

moi. 
M.  DE  S.    Expliquez-vous,  mon  gendre.      Nous  ne 

sommes  point  gens  a  la  supporter  dans  de  mauvaises 

actions,   et  nous  serons  les  premiers,  sa  mere  et 

moi,  a  vous  en  faire  la  justice. 
Mme.  DE  S.  Nous  n'entendons  point  raillerie  sur  les 

matieres  de  I'honneur,  et  nous  Tavons  e'levee  dans 

toute  la  se'v^rite'  possible. 
Dan.  Tout  ce  que  je  vous  puis  dire  c'est  qu'il  y  a  ici 

un  certain  courtisan  que  vous  avez  vu,  qui  est  a- 

moureux  d'elle  a  ma  barbe,  et  qui  lui  a  fait  faire  des 

protestations  d'amour  qu'elle  a  tres-humainement 

ecoutees. 
Mme.  de  S.  Jour  de  Dieu  !  je  I'etranglerais  de  mes  pro- 

pres  mains,  s'il  fallait  qu'elle  forlignat  de  I'hon- 

netete'  de  sa  mere. 
M.  DE  S.    Corbleu !  je  lui  passerais  mon   epee  au 

travers  du  corps,  a  elle  et  au  galant,  si  elle  avait 

forfait  a  son  honneur. 
Dan.  Je  vous  ai  dit  ce  qui  se  passe  pour  vous  faire 

mes  plaintes ;  et  je  vous  demande  raison  de  cette 

affaire-la. 
M.  DE  S.  Ne  vous  tourmentez  point,  je  vous  la  ferai 

de  tous  deux ;  et  je  suis  homme  pour  serrer  le 

bouton  a  qui  que  ce  puisse  etre.     Mais  etes-vous 

bien  sur  de  ce  que  vous  nous  dites  ? 
Dan.  Tres-sur. 
M.  DE  S.    Prenez  bien  garde  au  moinS ;   car,  entre 

gentilshommes,  ce  sont  des  choses  cbatouilleuses, 

et  il  n'est  pas  question  d'aller  faire  ici  un  pas  de 

clerc. 


6c.  IV.]  GEORGE  DANDIN  19 

Mad.  de  S.  We  had  a  Jacqueline  de  la  Prudoterie 
who  would  never  consent  to  be  the  mistress  of  a 
duke  and  peer,  governor  of  our  province. 

M.  DE  S.  There  was  a  Mathurine  de  Sotenville  who 
refused  twenty  thousand  crowns  from  one  of  the 
King's  favourites,  who  simply  asked  for  the  favour 
of  speaking  to  her. 

Dan.  Well !  your  daughter  is  not  so  hard  to  please 
as  that ;  she  has  become  tractable  since  she  has 
been  with  me. 

M.  DE  S.  Explain  yourself,  son-in-law.  We  are  not 
the  people  to  take  her  part  if  she  has  done  anything 
wrong.  Her  mother  and  I  would  be  the  first  to  do 
you  justice. 

Mad.  de  S.  We  do  not  understand  jesting  on  matters 
of  honour ;  we  brought  her  up  in  the  greatest  pos- 
sible strictness. 

Dan.  All  I  can  tell  you  is  this,  that  a  certain  courtier 
here,  whom  you  have  seen,  is  in  love  with  her, 
under  my  very  nose ;  he  has  sent  her  a  declaration 
of  love,  and  she  has  givea  it  a  friendly  reception. 

Mad.  de  S.  Great  Heavens  !  I  would  strangle  her 
with  my  own  hands,  were  she  to  turn  aside  from 
her  mother's  virtuous  path. 

M.  de  S.  Yes,  and  I  would  run  my  sword  through 
her  body  and  her  lover's  were  she  to  forfeit  her 
honour. 

Dan.  I  have  told  you  what  is  going  on,  that  you  may 
see  I  have  reason  to  complain,  and  now  I  demand 
satisfaction  in  this  matter. 

M.  de  S.  Never  fear  !  I  will  get  it  for  you  from  both 
of  them.  I  am  not  the  man  to  ride  with  a  slack 
rein,  be  the  steed  what  it  may.  But  are  you  really 
quite  sure  concerning  what  you  have  told  us  ? 

Dan.  Quite  sure. 

M.  DE  S.  Pray  be  very  careful ;  for,  between  gentle- 
men, these  are  ticklish  things ;  there  must  not  be 
any  possibility  of  mistake  in  the  matter. 


20  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

Dan.  Je  ne  vous  ai  rien  ditj  vous  dis-je,  qui  ne  soit 

veritable. 
M.  DE  S.  Mainour,  allez-vous-en  parler  a  votre  fills, 

tandis  qu'avec  mon  gendre  j'irai  parler  a  rhomme. 

Mme.  de  S.  Ce  pourrait-il,  mon  fils,  qu'elle  s'oubliat 
de  la  sorte,  apres  le  sage  exemple  que  vous  savez 
vous-meme  que  je  lui  ai  donne  ? 

M.  DE  S.  Nous  allons  eclaircir  TafFaire.  Suivez-moi, 
mon  gendre,  et  ne  vous  mettez  pas  en  peine. 
Vous  verrez  de  quel  bois  nous  nous  chaufFons, 
lorsqu'on  s'attaque  a  ceux  qui  nous  peuvent  appar- 
tenir. 

Dan.  I^e  voici  qui  vient  vers  nous. 


Sci:NE  V 

Monsieur  de  Sotenville,  Clitandre,  Georoe 
Dandin 

M.  de  S.  Monsieur,  suis-je  connu  de  vous  } 

Clit.  Non  pas,  que  je  sache,  Monsieur. 

M.  DE  S.  Je  m'appelle  le  baron  de  Sotenville. 

Clit.  Je  m'en  rejouis  fort. 

M.  DE  S.  Mon  nom  est  connu  a  la  cour,  et  j'eus 
I'honneur  dans  ma  jeunesse,  de  me  signaler  des 
premiers  a  I'arriere-ban  de  Nancy. 

Clit.  A  la  bonne  heure. 

M.  DE  S.  Monsieur,  mon  pere  Jean-Gilles  de  Soten- 
ville eut  la  gloire  d'assister  en  personne  au  grand 
siege  de  Montauban. 

Clit.  J'en  suis  ravi. 

M.  DE  S.  Et  j'ai  eu  un  aieul,  Bertrand  de  Sotenville, 
qui  fut  si  considere  en  son  temps,  que  d'avoir  per- 
mission de  vendre  tout  son  bien  pour  le  voyage 
d'outre-mer. 

Clit.  Je  le  veux  croire. 


GEORGE  DANDIN  21 

>AN.  I  have  not  said  anything,  I  tell  you,  that  is  not 

true. 
M.  DE  S.  Go  you  and  talk  to  your  daughter,  my  dear, 

while  I  and  my  son-in-law  will  go  and  talk  to  the 

man. 
Mad.  de  S.  How  can  it  be  possible  that  she  has  so  far 

forgotten  herself,  after  the  prudent  example  you 

yourself  know  I  have  set  her  .* 
M.   DE  S.    We  are  going  to   clear  up  this  matter. 

Follow  me,  son-in-law,  and  do  not  be  troubled. 

You  shall  see  what  stuff  we  are  made  of,  when 

people  attack  those  who  belong  to  us. 

lN.  There  he  is  coming  towards  us. 


Scene  V 

Monsieur  de  Sotenville,  Clitandre,  George 
Dandin 

M.  de  S.  Do  you  know  me.  Monsieur? 

Clit.  No,  not  that  I  am  aware  of.  Monsieur. 

M.  DE  S.  I  am  the  Baron  de  Sotenville. 

Clit.  I  am  very  glad  to  hear  it. 

M.  DE  S.  My  name  is  known  at  court ;  and  I  had  the 
honour,  in  my  youth,  to  be  one  of  the  first  in  the 
feudal  corps  at  Nancy. 

Clit.  Good. 

M.  DE  S.  My  father,  Jean-Gilles  de  Sotenville,  Mon- 
sieur, had  the  honour  to  assist  in  person  at  the 
great  siege  of  Montauban. 

Clit.  I  am  delighted  to  hear  it. 

M.  DE  S.  And  one  of  my  ancestors,  Bertrand  de 
Sotenville,  was  of  such  importance  in  his  day  that 
he  was  permitted  to  sell  all  his  goods  and  follow 
the  Crusaders  over  seas. 

Clit.  I  can  quite  believe  it. 


22  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 

M.  DB  S.  II  m'a  ete  rapporte.  Monsieur,  que  vous 
aimez  et  poursuivez  une  jeune  personne,  qui  est  ma 
fille,  pour  laquelle  je  m'interesse,  et  pour  rhomme 
que  vous  voyez,  qui  a  I'houneur  d'etre  mon  gendre. 

Clit.  Qui,  moi  ? 

M.  DE  S.  Oui ;  et  je  suis  bien  aise  de  vous  parler, 
pour  tirer  de  vous,  s'il  vous  plait,  un  eclaircisse- 
ment  de  cette  aflFaire. 

Clit.  Voila  une  etrange  medisance  !  Qui  vous  a  dit 
cela.  Monsieur? 

M.  DE  S.  Quelqu'un  qui  croit  le  bien  savoir. 

Clit.  Ce  quelqu'un-la  en  a  menti.  Je  suis  honnete 
homme.  Me  croyez-vous  capable,  Monsieur,  d'une 
action  aussi  lache  que  celle-la?  Moi,  aimer  une 
jeune  et  belle  personne,  qui  a  I'honneur  d'etre  la 
fille  de  Monsieur  le  baron  de  Sotenville  !  je  vous 
revere  trop  pour  cela,  et  suis  trop  votre  serviteur. 
Quiconque  vous  I'a  dit  est  un  sot 

M.  DE  S.  Allons,  mon  gendre. 

Dan.  Quoi.'* 

Clit.  C'est  un  coquin  et  un  maraud. 

M.  DE  S.  Repondez. 

Dan.  Repondez  vous-meme. 

Clit.  Si  je  savais  qui  ce  peut  etre,  je  lui  donnerais  en 
votre  presence  de  I'epee  dans  le  ventre. 

M.  DE  S.  Soutenez  done  la  chose. 

Dan.  EUe  est  toute  soutenue,  cela  est  vrai. 

Clit.  Est-ce  votre  gendre,  Monsieur,  qui  .  .  . 

M.  DE  S.  Oui,  c'est  lui-meme  qui  s'en  est  plaint  a 
moi. 

Clit.  Certes,  il  peut  remercier  I'avantage  qu'il  a  de 
vous  appartenir,  et  sans  cela  je  lui  apprendrais  bien 
a  tenir  de  pareils  discours  d'une  personne  comme 
moi. 


m 


sc.  v.]  GEORGE  DANDIN  23 

M.  DB  S.  It  has  been  reported  to  me.  Monsieur,  that 
you  are  in  love  with  and  pursue  a  young  person  who 
is  my  daughter.  I  have  her  interests  at  heart  and 
those  of  the  man  you  see  here,  who  has  the  honour 
to  be  my  son-in-law. 

Clit.  Who      I? 

M.  DE  S.  Yes ;  1  am  very  glad  to  have  a  word  with 
you,  in  order  to  receive  from  you,  by  your  leave, 
an  explanation  of  this  matter. 

Clit.  This  is  simply  slander.  Monsieur !  Who  told 
it  you  ? 

M.  DE  S.  Some  one  who  believes  he  is  well  informed. 

Clit.  That  some  one  has  lied.  I  am  a  man  of  honour. 
Do  you  think  me  capable.  Monsieur,  of  so  base  an 
act  as  that.''  I,  love  a  young  and  charming  person, 
who  has  the  honour  to  be  the  daughter  of  Monsieur 
le  Baron  de  Sotenville  !  I  respect  you  too  much 
for  that,  and  am  too  much  your  humble  servant. 
Whoever  said  this  to  you  is  a  fooL 

M.  DE  S.  Now,  son-in-law. 

Dan.  WelU 

Clit.  He  is  a  rascal  and  a  villain. 

M.  DE  S.  Answer  him. 

Dan.  Answer  him  yourself. 

Clit.  If  I  knew  who  it  was,  I  would  run  my  sword 
through  his  body,  here  and  now. 

M.  DE  S.   Support  your  statement. 

Dan.  It  is  fully  supported,  it  is  true. 

Clit.  Is  it  your  son-in-law.  Monsieur,  who  .  .  . 

M.  DE  S.  Yes,  it  is  he  himself  who  has  complained  to 
me  about  it. 

Clit.  Well,  he  may  congratulate  himself  that  he  is 
attached  to  you ;  if  he  were  not  I  would  soon  teach 
him  to  talk  like  that  about  a  person  of  my  con- 
dition. 


24  GEORGE  DANDIN  [acte  i. 


Sc^NE  VI 

Monsieur  et  Madame  de  Sotenville,  Ang^iqub, 
Clitandrb,  George  Dandin,  Claudinb 

Mme.  de  S.  Pour  ce  qui  est  de  cela,  la  jalousie  est  un© 
etrange  chose  !  J'amene  ici  ma  fille  pour  eclaircir 
Taflfaire  en  presence  de  tout  le  monde. 

Clit.  Est-ce  done  vous,  Madame,  qui  avez  dit  a  votre 
mari  que  je  suis  amoureux  de  vous  ? 

Ang.  Moi?  et  comment  lui  aurais-je  dit?  est-ce  que 
cela  est?  Je  voudrais  bien  le  voir  vraiment  que 
vous  fussiez  amoureux  de  moi.  Jouez-vous-y,  je 
vous  en  prie,  vous  trouverez  a  qui  parler.  C'est  una 
chose  que  je  vous  conseille  de  faire.  Ayez  recours, 
pour  voir,  a  tous  les  detours  des  amants :  essayez 
un  peu,  par  plaisir,  a  m'envoyer  des  ambassades,  a 
m'ecrire  secretement  de  petits  billets  doux,  a  epier 
les  moments  que  mon  mari  n'y  sera  pas,  ou  le  temps 
que  je  sortirai,  pour  me  parler  de  votre  amour. 
Vous  n'avez  qu'a  y  venir,  je  vous  promets  que  vous 
serez  regu  comme  il  faut. 

Clit.  He  !  la,  la,  Madame,  tout  doucement.  II  n'est 
pas  necessaire  de  me  faire  tant  de  leyons,  et  de 
vous  tant  scandaliser.  Qui  vous  dit  que  je  songe  a 
vous  aimer  ? 

Ang.  Que  sais-je,  moi,  ce  qu'on  me  vient  conter  ici? 

Clit.  On  dira  ce  que  Ton  voudra ;  mais  vous  savez 
si  je  vous  ai  parle  d'amour,  lorsque  je  vous  ai 
rencontree. 

Ang.  Vous  n'aviez  qu'a  le  faire,  vous  auriez  ete  bien 
venu. 

Clit.  Je  vous  assure  qu'avec  moi  vous  n'avez  rien  a 
craindre;  que  je  ne  suis  point  homme  a  donner  du 
chagrin  aux  belles  ;  et  que  je  vous  respecte  trop,  et 
vous  et  Messieurs  vos  parents,  pour  avoir  la  pense'e 
d'etre  amoureux  de  vous. 

Mme.  de  S.  He'  bien  !  vous  le  voyez. 


8c.  VI.]  GEORGE  DANDIN  25 


Scene  VI 

Monsieur  and  Madam  de  Sotenvillb,  Ang^iliqub, 
Clitandbb,  George  Dandin,  Claudinb 

Mad.  de  S.  Well,  jealousy  is  a  strange  thing  !  I 
have  brought  my  daughter  here  to  clear  up  the 
matter  in  the  presence  of  every  one. 

Cut.  It  is  then  you.  Madam,  who  have  told  your 
husband  I  am  in  love  with  you  } 

Ang.  I?  Why  should  I  have  said  such  a  thing  to 
him  .'*  Is  it  so  ?  Really,  1  should  vastly  like  to  see 
you  make  love  to  me.  Try  to  play  that  trick,  I 
beseech  you,  and  you  will  soon  find  out  with  whom 
you  are  talking.  I  advise  you  to  do  it.  Make 
the  experiment,  see  how  it  works,  practise  lovers' 
stratagems  ;  try  to  send  me,  for  the  fun  of  it,  some 
messages ;  write  secretly  to  me  a  few  love  letters, 
spy  out  the  moments  when  my  husband  is  not  here, 
or  when  I  go  out,  to  tell  me  of  your  love.  You 
have  only  to  attempt  it,  I  promise  you  you  shall  be 
received  as  you  should  be. 

Clit.  Now,  now.  Madam,  gently.  It  is  not  neces- 
sary to  lecture  me  like  that  and  to  be  so  scandalised. 
Who  told  you  I  dreamed  of  loving  you .'' 

Ang.  What  am  I  to  say  when  I  hear  all  these  stories  ? 
Clit.  They  may  say  what  they  like ;  but  you  know 

whether  I  have  spoken  of  love  to  you  when  I  have 

met  you. 
Ang.    You  had  but  to  do  so,  you  would  have  been 

very  welcome. 
Clit.  I  assure  you  you  have  nothing  to  fear  from  me ; 

I  am  not  the  man  to  harm  any  fair  lady ;  I  respect 

you  and  your  parents  too  much  to  have  thought  of 

falling  in  love  with  you. 

Mad.  db  S.  There  now,  you  see  ! 


26  GEORGE  DANDIN  [actb  i. 

M.  DB  S.  Vous  voila  satisfait,  mon  gendre.    Que  dites- 

vous  a  cela  ? 
Dan.  Je  dis  que  ce  sont  la  des  contes  a  dormir  debout; 

que  je  sais  bien  ce  que  je  sais,  et  que  tantot,  puis- 

qu'il  faut  parler,  eUe  a  re§u  une  ambassade  de  sa 

part. 
Ano.  Moi^  j'ai  re^u  une  ambassade? 
Clit.  J'ai  envoye  une  ambassade  .'* 
Ang.  Claudine. 
Clit.  Est-il  vrai  ? 

Clau.  Par  ma  foi,  voila  une  etrange  faussete  ! 
Dan.  Taisez-vous,  carogne  que  vous  etes.     Je  sais  de 

vos  nouvelles,  et  c'est  vous  qui  tantot  avez  introduit 

le  courrier. 
CiiAU.  Qui,  moi.'* 
Dan.  Oui,  vous.     Ne  faites  point  tant  la  sucree. 

Clau.  Helas !  que  le  monde  aujourd'hui  est  rempli 
de  mechancete,  de  m'aller  soup5onner  ainsi,  moi 
qui  suis  I'innocence  meme  ! 

Dan.  Taisez-vous,  bonne  piece.  Vous  faites  la  sour- 
noise  ;  mais  je  vous  connais  il  y  a  longtemps,  et 
vous  etes  une  dessalee. 

Clau.  Madame,  est-ce  que  .  .  .  ? 

Dan.  Taisez-vous,  vous  dis-je,  vous  pourriez  bien 
porter  la  foUe  enchere  de  tous  les  autres ;  et  vous 
n'avez  point  de  pere  gentilhomme. 

Ang.  C'est  une  imposture  si  grande,  et  qui  me  touche 
si  fort  au  coeur,  que  je  ne  puis  pas  meme  avoir 
la  force  d'y  repondre.  Cela  est  bien  horrible  d'etre 
accusee  par  un  mari  lorsqu'on  ne  lui  fait  rien  qui  ne 
soit  a  faire.  Helas  !  si  je  suis  blamable  de  quelque 
chose,  c'est  d'en  user  trop  bien  avec  lui. 

Clau.  Assurement. 

Ang.  Tout  mon  malheur  est  de  le  trop  considerer  ;  et 
plut  au  Ciel  que  je  fusse  capable  de  souffrir,  comme 
11  dit,  les  galanteries  de  quelqu'un  !  je  ne  serais  pas 
tant  a  plaindre.  Adieu  :  je  me  retire,  et  je  ne  puis 
plus  endurer  qu'on  m'outrage  de  cette  sorte. 


ic.  VI.]  GEORGE  DANDIN  27 

M.  DE  S.  That  must  satisfy  you,  son-in-law.     What 

have  you  to  say  ? 
Dan.    I  say  they  are  throwing  dust  in  your  eyes ; 

I  know  what  I  know,  and,  since  I  must  speak,  let 

me  tell  you  that  she  has  received  a  message  from 

him. 
Ang.  I?    I  have  received  a  message } 
Clit.  I  have  sent  a  message .'' 
Ang.  Claudine. 
Clit.  Is  it  true  ? 

Clau.  Upon  my  word,  this  is  a  fine  falsehood  ! 
Dan.  Hold  your  tongue,  you  slut.     I  know  all  about 

your  goings  on,  it  is  you  who  just  now  let  the 

messenger  in. 
Clau.  Who,  I.? 
Dan.  Yes,  you.    Do  not  look  as  though  butter  would 

not  melt  in  your  mouth. 
Clau.  Alas  !  what  a  wicked  world  it  is,  to  suspect  me 

like  this,  when  I  am  innocence  itself ! 

Dan.  Hold  your  tongue,  you  baggage.  You  smirk 
like  a  prude,  but  I  have  known  you  for  a  long  time 
to  be  a  jade. 

Clau.  Madam,  have  .  .  .  ? 

Dan.  Hold  your  tongue,  I  tell  you,  or  you  may  have 
to  stand  the  racket  instead  of  all  the  others :  you 
have  not  a  gentleman  for  a  father. 

Ang.  It  is  such  a  gross  imputation,  and  wounds  me  so 
keenly,  that  I  have  not  even  the  strength  to  answer 
it.  It  is  sheer  cruelty  to  be  accused  by  a  husband, 
when  one  has  not  done  anything  to  him  but  what 
one  should.  Alas  !  if  I  am  to  blame  for  anything, 
it  is  for  having  been  too  kind  to  him. 

Clau.  Indeed  you  have. 

Ang.  All  my  misery  arises  from  my  having  considered 
him  too  much.  Would  to  Heaven  I  could  endure 
the  attentions  of  some  one  else,  even  as  he  accuses 
me  !  I  should  not  be  so  much  to  be  pitied.  Adieu  : 
I  must  leave  you,  I  cannot  bear  any  longer  to  be 
insulted  in  this  manner. 


28  GEORGE  DANDIN  [actb  i. 

Mme.  de  S.  Allez,  vous  ne  meritez  pas  Thonnete  femme 
qu'on  vous  a  donnee. 

Clau.  Par  ma  foi !  il  meriterait  qu'elle  lui  fit  dire 
vrai ;  et  si  j'etais  en  sa  place,  je  n'y  marchanderais 
pas.  Oui,  Monsieur,  vous  devez,  pour  le  punir, 
faire  Tamour  a  ma  maitresse.  Poussez,  c'est  moi 
qui  vous  le  dis,  ce  sera  fort  bien  employe  ;  et  je 
m'offre  a  vous  y  servir,  puisqu'il  m'en  a  deja  taxee. 

M.  DE  S.  Vous  me'ritez,  mon  gendre,  qu'on  vous  diss 
ces  choses-la  ;  et  votre  precede  met  tout  le  monde 
centre  vous. 

Mme.  de  S.  Allez,  songez  a  mieux  traiter  une  Demoi- 
selle bien  nee,  et  prenez  garde  desormais  a  ne  plus 
faire  de  pareilles  bevues. 

Dan.  (h.  part)  J'enrage  de  bon  coeur  d'avoir  tort, 
lorsque  j'ai  raison. 

Clit.  Monsieur,  vous  voyez  comma  j'ai  ete  faussement 
accuse  :  vous  etes  homme  qui  savez  les  maximes  du 
point  d'houueur,  et  je  vous  demaude  raison  de 
Taflfront  qui  m'a  ete  fait. 

M.  DB  S.  Cela  est  juste,  et  c'est  I'ordre  des  precedes. 
Allons,  mon  gendre,  faites  satisfaction  a  Monsieur. 

Dan.  Comment  satisfaction .'' 

M.  de  S.  Oui,  cela  se  doit  dans  les  regies  pour  I'avoir 
a  tort  accuse. 

Dan.  C'est  une  chose,  moi,  dont  je  ne  demeure  pas 
d'accord,  de  I'avoir  a  tort  accuse,  et  je  sais  bien  ce 
que  j'en  pense. 

M.  de  S.  II  n'importe.  Quelque  pense'e  qui  vous 
puisse  rester,  il  a  nie  :  c'est  satisfaire  les  personnes, 
et  Ton  n'a  nul  droit  de  se  plaindre  de  tout  homme 
qui  se  dedit. 

Dan.  Si  bien  done  que  si  je  le  trouvais  couche  avec  ma 
femme,  il  en  serait  quitte  pour  se  dedire  ? 

M.  DE  S.  Point  de  raisonnement.  Faites-lui  les  ex- 
cuses que  je  vous  dis. 

Dan.  Moi,  je  lui  ferai  encore  des  excuses  apres  .  ,  .? 

M.  DE  S.  Allons,  vous  dis-je.  II  n'y  a  rien  a  balancer, 
et  vous  n'avez  que  faire  d'avoir  peur  d'en  trop  faire, 
puisque  c'est  moi  qui  vous  conduis. 


sc.  VI.]  GEORGE  DANDIN  29 

Mad.  de  S.  Go,  you  do  not  deserve  the  good  wife  that 
has  been  given  you. 

Clau.  Upon  my  word,  he  deserves  that  she  should 
make  his  words  come  true  :  if  I  were  in  her  place,  I 
should  not  hesitate.  Yes,  Monsieur,  you  ought  to 
make  love  to  my  mistress  in  order  to  punish  him. 
Do  so,  I  tell  you,  it  will  be  time  well  employed,  and, 
since  he  has  already  taxed  me  with  helping  you, 
you  can  have  my  services. 

M.  DE  S.  You  deserve  to  have  these  things  said  to 
you,  son-in-law ;  your  conduct  sets  all  the  world 
against  you. 

Mad.  de  S.  Go,  and  try  to  treat  a  lady  of  good  breed- 
ing diflferently.  Take  care  you  do  not  henceforth 
make  such  blunders. 

Dan.  I  am  wild  at  being  put  in  the  wrong  when  I  am 
right. 

Clit.  You  see,  Monsieur,  that  I  have  been  falsely 
accused  ;  being  a  gentleman,  you  know  the  laws  of 
honour,  and  I  demand  satisfaction  for  the  affront 
which  has  been  done  me. 

Mme.  de  S.  That  is  right,  and  just  as  it  should  be. 
Come,  son-in-law,  give  this  gentleman  satisfaction. 

Dan.  What  do  you  mean  by  satisfaction  ? 

M.  DE  S.  According  to  the  laws  of  honour  it  must  be 
so,  for  you  have  wrongly  accused  him. 

Dan.  I  do  not  in  the  least  admit  that  I  have  wrongly 
accused  him ;  I  know  perfectly  well  what  I  think. 

M.  DE  S.  That  is  of  no  consequence.  Whatever 
thought  may  remain  in  your  mind,  he  denies  it ; 
that  is  enough  to  satisfy  any  one  :  no  one  has  any 
right  to  complain  of  any  man  who  denies  a  thing. 

Dan.  So,  if  I  had  found  him  in  bed  with  my  wife,  he 
could  acquit  himself  by  denying  it  ? 

M.  DE  S.  No  more  arguments.  Make  the  apologies 
to  him  which  I  tell  you. 

Dan.  I  ?    I  am  to  apologise  to  him,  after  .  .  .  ? 

M.  DE  S.  Come,  I  tell  you.  There  is  nothing  to 
hesitate  about.  You  need  not  be  afraid  of  having 
to  say  too  much,  since  you  are  under  my  guidance. 


30  GEORGE  DANDIN  [acts  i. 

Dan.  Je  ne  saurais  .  .  . 

M.  DE  S.  Corbleu  !  mon  gendre,  ne  m'echaufFez  pas  la 
bile  :  je  me  mettrais  avec  lui  contre  vous.  Allons, 
laissez-vous  gouverner  par  moi. 

Dan.  Ah  !  George  Dandin  ! 

M.  DE  S.  Votre  bonnet  a  la  main,  le  premier :  Mon- 
sieur est  gentilbomme,  et  vous  ne  I'etes  pas. 

Dan.  J'enrage. 

M.  DE  S.  Repetez  avec  moi :  '  Monsieur '. 

Dan.  'Monsieur.* 

M.  DE  S.  (II  volt  que  son  gendre  fait  difficult^  de  lui  obeir.) 
*  Je  vous  demande  pardon.'     Ah  ! 

Dan.  ^  Je  vous  demande  pardon.* 

M.  DE  S.  '  Des  mauvaises  pensees  que  j'ai  eues  de 
vous.* 

Dan.   'Des  mauvaises  pensees  que  j*ai  eues  de  vous.' 

M.  DE  S.  '  C'est  que  je  n*avais  pas  I'honneur  de  vous 
connaitre.* 

Dan.  '  C'est  que  je  n*avais  pas  Thonneur  de  vous  con- 
naitre.' 

M.  DE  S.  'Et  je  vous  prie  de  croire.' 

Dan.  '  Et  je  vous  prie  de  croire.' 

M.  DE  S.  '  Que  je  suis  votre  serviteur.' 

Dan.  Voulez-vous  que  je  sois  serviteur  d'un  homme 
qui  me  veut  faire  cocu  ? 

M.  DE  S.   (II  le  menace  encore.)    Ah  ! 

Clit.  II  suffit.  Monsieur. 

M.  DE  S.  Non :  le  veux  qu'il  acheve,  et  que  tout 
aille  dans  les  formes.  'Que  je  suis  votre  servi- 
teur.' 

Dan.  '  Que  je  suis  votre  serviteur.' 

Clit.  Monsieur,  je  suis  le  votre  de  tout  mon  coeur,  et 
je  ne  songe  plus  a  ce  qui  s*est  passe.  Pour  vous. 
Monsieur,  je  vous  donne  le  bonjour,  et  suis  lache 
du  petit  chagrin  que  vous  avez  eu. 

M.  DE  S.  Je  vous  baise  les  mains  ;  quand  il  vous  plaira, 
je  vous  donnerai  le  divertissement  de  courre  un 
lievre. 

Clit.  C'est  trop  de  grace  que  vous  me  faites. 

M.  DE  S.  Voila,  mon  gendre,  comme  il  faut  pousser 


sc.  VI.]  GEORGE  DANDIN  31 

Dan.  I  could  not  .  .  . 

M.  DE  S.  Come,  now,  son-in-law,  do  not  rouse  my 

bile  or  I  shall  take  his  part  against  you.     Here,  let 

yourself  be  guided  by  me. 
Dan.  Ah  !  George  Dandin  ! 
M.  DE  S.  First,  your  hat  in  your  hand  :  this  gentleman 

is  a  nobleman,  and  you  are  not. 
Dan.  I  shall  go  mad. 
M.  DE  S.  Repeat  after  me  :  'Monsieur.* 
Dan.  'Monsieur.' 
M.  DE  S.  (He  sees  that  his  son-in-law  hesitates  to  obey  him.) 

'  I  ask  your  pardon.'     Ah  ! 
Dan.   'I  ask  your  pardon.' 
M.  DE  S.  'For  the  evil  thoughts  I  had  of  you.* 

Dan.  'For  the  evil  thoughts  I  had  of  you.' 

M.  DE  S.  'It  was  because  I  had  not  the  honour  of 

knowing  you.' 
Dan.  '  It  was  because  I  had  not  the  honour  of  knowing 

you.' 
M.  DE  S.  'And  I  beg  you  to  believe.* 
Dan.  '  And  I  beg  you  to  believe.' 
M.  DE  S.  'That  I  am  your  servant.* 
Dan.  Would  you  have  me  be  the  servant  of  a  man 

who  wishes  to  make  me  a  cuckold  } 
M.  DE  S.   (Threatening  him  again.)    Ah  ! 
Clit.  That  is  enough,  Monsieur. 
M.  DE  S.  No,  I  wish  him  to  finish  it  in  due  form  : 

'That  I  am  your  servant.' 

Dan.  '  That  I  am  your  servant.* 

Clit.  Monsieur,  I  am  yours  with  all  my  heart,  I  shall 

no  longer  think  of  what  has  happened.     As  for  you. 

Monsieur,  I  wish  you  good-day,  I  am  sorry  you  have 

had  this  trifling  annoyance. 
M.  DE  S.  I  kiss  your  hand  ;  and,  whenever  you  please, 

I  shall  be  glad  to  course  a  hare  with  you  at  my 

place. 
Clit.  You  do  me  too  much  honour. 
M.  DE  S.  That  is  how  things  ought  to  be  done,  son-in- 


32  GEORGE  DANDIN  [actb  ii. 

les  choses.  Adieu.  Sachez  que  vous  etes  entre 
dans  une  famille  qui  vous  donnera  de  I'appui,  et  ne 
souffrira  point  que  Ton  vous  fasse  aucun  affront. 


Scene  VII 

George  Dandin 

Ah  !  que  je  .  .  .  Vous  Tavez  voulu,  vous  I'avez 
voulu,  George  Dandin,  vous  I'avez  voulu,  cela  vous 
sied  fort  bien,  et  vous  voila  ajuste  comme  il  faut ; 
vous  avez  justement  ce  que  vous  meritez.  Allons,  il 
s'agit  seulement  de  desabuser  le  pere  et  la  mere,  et 
je  pourrai  trouver  peut-etre  quelque  moyen  d'y 
reussir. 

FIN   DU    PREMIER   ACTE. 


ACTE    II 

Scene  I 

Claudine,  Lubin 

Clau.  Oui,  j'ai  bien  deviue  qu'il  fallait  que  cela  vint 
de  toi,  et  que  tu  I'eusses  dit  a  quelqu'un  qui  I'ait 
rapporte  a  notre  maitre. 

LuB.  Par  ma  foi !  je  n'en  ai  touche  qu'un  petit  mot  en 
passant  a  un  homme,  afin  qu'il  ne  dit  point  qu'il 
m'avait  vu  sortir,  et  il  faut  que  les  gens  en  ce  pays- 
ci  soient  de  grands  babillards. 

Clau.  Vraiment,  ce  Monsieur  le  Vicomte  a  bien  choisi 
son  monde,  que  de  te  prendre  pour  son  ambassa- 
deur,  et  il  s'est  all6  servir  la  d'un  homme  bien 
chanceux. 

LuB.  Va,  une  autre  fois  je  serai  plus  fin,  et  je  pren- 
drai  mieux  garde  a  moi. 


i 


I.]  GEORGE  DANDIN  33 

law.  Farewell.  Remember  you  have  entered  a 
family  that  will  support  you,  and  will  not  suffer  you 
to  put  up  with  any  affront. 


Scene  VII 

George  Dandin 

Ah  !  that  I  .  .  .  You  would  have  it,  you  would  have 
it,  George  Dandin,  you  would  have  it  so ;  this  suits 
you  excellently,  you  are  just  served  right,  you  have 
exactly  met  your  deserts.  Come,  it  only  remains  to 
disabuse  the  father  and  mother,  and  perhaps  I  shall 

I  be  able  to  find  some  means  of  succeeding. 


END    OF    THE    FIRST   ACT. 

ACT   II 

Scene  I 
Claudine,  Lubin 


Clau.  Yes,  I  guessed  right  enough  it  must  have 
come  from  you,  that  you  told  it  to  some  one,  who 
repeated  it  to  master. 

LuB.  Upon  my  word,  I  only  said  a  single  word  to  a 
man  in  passing,  that  he  might  not  say  he  had  seen 
me  come  out.     People  here  must  be  great  babblers. 

Clau.  Well,  Monsieur  le  Vicomte  made  a  good  choice 
when  he  selected  you  for  his  messenger;  he  has 
chanced  upon  a  lucky  fellow  to  serve  him. 

LuB.  Never  mind,  another  time  I  shall  be  more  artful 
and  take  greater  care  what  I  do, 
C 


34  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

Clau.  Oui,  oui,  il  sera  temps. 

LuB.  Ne  parlons  plus  de  cela.     Ecoute. 

Clau.  Que  veux-tu  que  j 'ecoute? 

LuB.  Tourne  un  peu  ton  visage  devers  moi. 

Clau.  He  bien,  qu'est  ce .'' 

LuB.  Claudine. 

Clau.  Quoi.^ 

LuB.  Hi  I^la^  ne  sais-tu  pas  bien  ce  que  je  veuz  dire.^ 

Clau.  Non. 

LuB.  Morgue  !  je  t'aime. 

Clau.  Tout  de  bon  } 

LuB.  Oui,  le  diable  m'emporte!  tu  me  peux  croire, 
puisque  j'en  jure. 

Clau.  A  la  bonne  heure. 

LuB.  Je  me  sens  tout  tribouiller  le  coeur  quand  je  te 
regard  e. 

Clau.  Je  m'en  rejouis. 

LuB.  Comment  est-ce  que  tu  fais  pour  etre  si  jolie  ? 

Clau.  Je  fais  comme  font  les  autres. 

LuB.  Vois-tu.f'  il  ne  faut  point  tant  de  beurre  pour 
faire  un  quarteron :  si  tu  veux,  tu  seras  ma  femme, 
je  serai  ton  mari,  et  nous  serons  tous  deux  mari  et 
femme. 

Clau.  Tu  serais  peut-etre  jaloux  comme  notre  maitre. 

LuB.  Point. 

Clau.  Pour  moi,  je  hais  les  maris  soup^onneux,  et 
j'en  veux  un  qui  ne  s'epouvante  de  rien,  un  si  plein 
de  confiance,  et  si  sur  de  ma  chastete,  qu'il  me  vit 
sans  inquietude  au  milieu  de  trente  hommes. 

LuB.  He  bien  !  je  serai  comme  tout  cela. 

Clau.  C'est  la  plus  sotte  chose  du  monde  que  de  se 
defier  d'une  femme,  et  de  la  tourmenter.  La  verity 
de  I'afFaire  est  qu'on  n'y  gagne  rien  de  bon :  cela 
nous  fait  songer  a  mal,  et  ce  sont^souvent  les  maris 
qui,  avec  leurs  vacarmes,  se  font  eux-memes  ce  qu'ils 
sont. 

LuB.  He'  bien  !  je  te  donnerai  la  liberte  de  faire  tout 
ce  qu'il  te  plaira. 

Clau.  Voila  comme  il  faut  faire  pour  n'etre  point 


"I 

I 


sc.  I.]  GEORGE  DANDIN  86 

Clau.  Yes,  yes,  it  will  be  about  time. 

LuB.  We  need  not  talk  any  more  about  it.     Listen. 

Clau.  What  do  you  want  to  say  to  me  ? 

LuB.  Just  turn  your  face  towards  me. 

Clau.  Well,  what  is  it .'' 

LuB.  Claudine. 

Clau.  Well? 

LuB.  Oh  !  my  !  do  you  not  know  well  enough  what  1 
want  to  say  ? 

Clau.  No. 

LuB.  Well !  I  love  you. 

Clau.  Really? 

LuB.  Yes,  devil  take  me  !  you  can  believe  me,  because 
I  swear  it. 

Clau.  That's  all  right. 

LuB.  I  feel  my  heart  go  thump,  thump  when  I  look 
at  you. 

Clau.  I  am  glad  to  hear  it. 

LuB.  Why  do  you  look  so  pretty  ? 

Clau.  I  am  only  like  others. 

LuB.  Look  here,  we  need  not  beat  about  the  bush  ;  if 
you  like  you  shall  be  my  wife,  I  will  be  your  hus- 
band, and  we  shall  both  of  us  be  husband  and  wife. 

Clau.  Perhaps  you  would  be  jealous,  like  master. 

LuB.  No. 

Clau.  I  myself  hate  suspicious  husbands.  I  want 
one  who  is  not  afraid  of  anything,  who  has  full  con- 
fidence, and  is  so  sure  of  my  chastity,  that  he  could 
see  me  amongst  thirty  men  without  being  uneasy. 

LuB.  Very  well,  I  shall  be  just  like  that. 

Clau.  It  is  the  most  foolish  thing  in  the  world  to 
mistrust  a  wife  and  to  torment  her.  The  truth  of 
the  matter  is  that  no  good  is  done  thereby :  it 
only  makes  us  think  evil,  and  it  often  happens 
that  it  is  the  husbands'  own  fault  they  are  what  they 
are,  because  of  their  idiotic  nonsense. 

jLuB.  Well !  I  shall  give  you  liberty  to  do  everything 
you  please. 

;Clau.  That  is  what  should  be  done  to  prevent  being 


36  GEORGE  DANDIN  [actb  n. 

trompe.  Lorsqu'un  mari  se  met  a  notre  discretion, 
nous  ne  prenons  de  liberte  que  ce  qu'il  nous  en  faut, 
et  11  en  est  comme  avec  ceux  qui  nous  ouvrent  leur 
bourse  et  nous  disent :  '  Prenez  ! '  Nous  en  usons 
honnetement,  et  nous  nous  contentons  de  la  raison. 
Mais  ceux  qui  nous  chicanent,  nous  nous  effor5ons 
de  les  tondre^  et  nous  ne  les  epargnons  point. 

LuB.  Va,  je  serai  de  ceux  qui  ouvrent  leur  bourse,  et 
tu  n'as  qu'a  te  marier  avec  moi. 

Clau.  He  bien,  bien,  nous  verrons. 

LuB.  Viens  done  ici,  Claudine. 

Clau.  Que  veux-tu  } 

LuB.  Viens,  te  dis-je. 

Clau.  Ah  !  doucement :  je  n'aime  pas  les  patineurs. 

LuB.  Eh  !  un  petit  brin  d'amitie. 

Clau.  Laisse-moi  la,  te  dis-je  :  je  n'entends  pas  rail- 
lerie. 

LuB.  Claudine. 

Clau.  Ahy  ! 

LuB.  Ah !  que  tu  es  rude  a  pauvres  gens.  Fi,  que 
cela  est  malhonnete  de  refuser  les  personnes  !  N'as- 
tu  point  de  honte  d'etre  belle,  et  de  ne  vouloir  pas 
qu'on  te  caresse  ?    Eh  la  ! 

Clau.  Je  te  donnerai  sur  le  nez. 

LuB.  Oh  !  la  farouche,  la  sauvage  !  Fi,  poua  !  la 
vilaine,  qui  est  cruelle  ! 

Clau.  Tu  t'emancipes  trop. 

LuB.  Qu'est-ce  que  cela  te  couterait  de  me  laisser  un 
peu  faire  } 

CiiAU.  II  faut  que  tu  te  donnes  patience. 

LuB.  Un  petit  baiser  seulement,  en  rabattant  sur  notre 
mariage. 

Clau.  Je  suis  votre  servante. 

LuB.  Claudine,  je  t'en  prie,  sur  I'et-tant-moins. 

Clau.  Eh !  que  nenni :  j'y  ai  deja  ete  attrapee. 
Adieu.  Va-t'en,  et  dis  a  Monsieur  le  Vicomte  que 
j'aurai  soin  de  rendre  son  billet. 

LuB.  Adieu,  beaute  rude  aniere. 

Clau.  Le  mot  est  amoureux. 


GEORGE  DANDIN  37 

deceived.  When  a  husband  relies  on  our  discretion, 
we  do  not  take  any  more  liberty  than  is  right.  It  is 
with  them  as  with  those  who  open  their  purses  to  us 
and  say  ^Take.'  We  make  use  of  them  prudently, 
and  content  ourselves  with  what  is  in  reason.  But 
we  take  in  and  spare  not  those  who  bother  us. 

LuB.  You  need  not  be  afraid,  I  shall  be  like  those  who 

open  their  purse  ;  you  have  but  to  marry  me. 
Clau.  Very  well,  very  well !  we  shall  see. 
LuB.  Come  here,  Claudine. 
Clau.  What  do  you  want  ? 
LuB.  Come  nearer,  I  say. 

Clau.  Ah  !  gently  :  I  don't  like  being  clawed  about. 
LuB.  What !  I  only  mean  a  friendly  hug. 
Clau.  Leave  me  alone,  I  tell  you;  1  do  not  understand 

such  jokes. 
LuB.  Claudine. 
Clau.  Go  along ! 
LuB.  Ah  !  how  cross  you  are  with  a  poor  fellow.    Fie, 

how  cantankerous  of  you  to  refuse  folks  !     Are  you 

not  ashamed  to  be  so  pretty,  and  yet  not  willing 

people  should  caress  you  ?  Come  on  ! 
Clau.  I  shall  give  you  one  on  your  nose. 
LuB.  Oh  !  what  a  fierce  savage  !     Fie,  fie  !  you  cruel 

minx. 
Clau.  You  are  too  free. 
LuB.  What  would  it  cost  you  to  let  me  do  what  I  want 

for  once  ? 
Clau.  You  must  have  patience. 
LuB.  Only  a  little  kiss,  you  can  deduct  it  after  we  are 

married. 
Clau.  I  am  your  servant. 
LuB.  Claudine,  I  beseech  you,  one  on  account. 
Clau.  Oh !  nay,  nay.     I  have  been  taken  in  before. 

Good-bye.     Go,  and  tell  Monsieur  le  Vicomte  that 

I  will  take  care  to  deliver  his  letter. 
LuB.     Good-bye,    you    pretty  -  faced,    cross-grained 

wench. 
Clau.  That  sounds  loving. 


38  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

LuB.  Adieu,  rocher,  caillou,  pierre  de  taille,  et  tout 

ce  qu'il  y  a  de  plus  dur  au  monde. 
Clau.  Je  vais  remettre  aux  mains  de  ma  maitresse. . .  . 

Mais  la  voici  avec  son  mari :   eloignons-nous,  et  at- 

tendons  qu'elle  soit  seule. 


Scene  II 
George  Dandin,  Angi^ique,  Clitandrb 

Dan.  Non,  non,  on  ne  m'abuse  pas  avec  tant  de  faci- 
lite,  et  je  ne  suis  quetrop  certain  que  le  rapport  que 
Ton  m'a  fait  est  veritable.  J'ai  de  meilleurs  yeux 
qu'on  ne  pense,  et  votre  galimatias  ne  m'a  point 
tantot  ebloui. 

Clit.  Ah  !  la  voila ;  mais  le  mari  est  avec  elle. 

Dan.  Au  travers  de  toutes  vos  grimaces,  j'ai  vu  la  verite 
de  ce  que  Ton  m'a  dit,  et  le  peu  de  respect  que  vous 
avez  pour  le  noeud  qui  nous  joint.  Mon  Dieu ! 
laissez  la  votre  reverence,  ce  n'est  pas  de  ces  sortes 
de  respect  dont  je  vous  parle,  et  vous  n'avez  que 
faire  de  vous  moquer. 

Ang.  Moi,  me  moquer  !     En  aucune  fagon. 

Dan.  Je  sais  votre  pensee,  et  connais.  .  .  .  Encore  ? 
Ah  !  ne  raillons  pas  davantage  !  Je  n'ignore  pas 
qu'a  cause  de  votre  noblesse  vous  me  tenez  fort  au- 
dessous  de  vous,  et  le  respect  que  je  vous  veux  dire 
ne  regarde  point  ma  personne  :  j'entends  parler  de 
celui  que  vous  devez  a  des  noeuds  aussi  venerables 
que  le  sont  ceux  du  mariage.  II  ne  faut  point  lever 
les  epaules,  et  je  ne  dis  point  de  sottises. 

Ang.  Qui  songe  a  lever  les  epaules  ? 

Dan.  Mon  Dieu  !  nous  voyons  clair.  Je  vous  dis 
encore  une  fois  que  le  mariage  est  une  chaine  a 
laquelle  on  doit  porter  toute  sorte  de  respect,  et 
que  c'est  fort  mal  fait  a  vous  d'en  user  comme  vous 
faites.  Oui,  oui,  mal  fait  a  vous ;  et  vous  n'avez  que 
faire  de  hocher  la  tete,  et  de  me  fairs  la  grimace. 

Ano.  Moi !  Je  ne  sais  ce  que  vous  voulez  dire. 


so.  II.]  GEORGE  DANDIN  39 

LuB.  Good-bye,  rock,  flint,  stone-block,  you  every- 
tbing  that  is  bard  in  tbe  world. 

Clau.  I  must  deliver  tbis  into  my  mistress's  own 
bands.  .  .  .  But  bere  she  is  with  her  husband  :  I 
must  stand  aside  and  wait  until  she  is  by  herself. 


Scene  II 

George  Dandin,  Angi&lique,  Clitandrb 

Dan.  No,  no  ;  I  am  not  so  easily  deceived,  I  am  but 
too  certain  that  what  has  been  told  me  is  true.  I 
have  better  eyes  than  people  think  and  your  fine 
speeches  just  now  have  not  dazzled  me. 

Clit.  Ah  !  there  she  is ;  but  her  husband  is  with  her. 

Dan.  In  spite  of  all  your  show  of  offended  innocence 
1  can  see  that  what  has  been  told  me  is  true,  and 
that  you  have  little  respect  for  the  tie  which  binds  us. 
Good  Heavens  !  we  can  do  with  less  ceremony,  it  is 
not  that  kind  of  respect  I  am  talking  about;  you 
need  not  play  the  fool  here. 

Ang.  I,  play  the  fool !    Nothing  of  the  kind. 

Dan.  I  know  what  you  are  thinking  about,  I  know  .  .  . 
Again  .f*  Come,  no  more  of  this  joking !  I  know 
you  think  me  much  beneath  you,  because  of  your 
birth,  and  the  respect  of  which  I  wish  to  speak  to 
you  does  not  concern  my  person  :  I  speak  of  that 
which  you  owe  to  such  sacred  ties  as  those  of 
marriage.  You  need  not  shrug  your  shoulders,  I 
am  not  talking  nonsense. 

Ang.  Who  dreams  of  shrugging  shoulders  } 

Dan.  Good  Heavens  !  I  can  see.  I  tell  you  once 
more  that  marriage  is  a  chain  for  which  we  ought 
to  show  every  respect  and  it  is  very  wrong  of  you  to 
act  as  you  do.  Yes,  yes,  it  is  very  wrong  of  you ; 
you  need  not  nod  your  head  and  make  faces  at  me. 

Ang.  I  ?    I  do  not  know  what  you  are  talking  about. 


40  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

Dan.  Je  le  sais  fort  bien,  moi ;  et  vos  mepris  me  sont 
connus.  Si  je  ne  suis  pas  ne  noble,  au  moins  suis- 
je  d'une  race  ou  il  n'y  a  point  de  reproche ;  et  la 
famille  des  Dandins  .  .  . 

Clit.  (derri^re  Angdlique,  sans  ^tre  apergu  de  Dandin) 
Un  moment  d'entretien. 

Dan.  Eh? 

Ang.  Quoi  ?    Je  ne  dis  mot. 

Dan.  Le  voila  qui  vient  roder  autour  de  vous. 

Ang.  He  bien,  est-ce  ma  faute  ?  Que  voulez-vous  que 
j'y  fasse? 

Dan.  Je  veux  que  vous  y  fassiez  ce  que  fait  une  femme 
qui  neveut  plaire  qua  son  mari.  Quoi  qu'on  en 
puisse  dire,  les  galants  n'obsedent  jamais  que  quand 
on  le  veut  bien.  II  y  a  un  certain  air  doucereux 
qui  les  attire,  ainsi  que  le  miel  fait  les  mouches  ;  et 
les  honnetes  femmes  ont  des  manieres  qui  les  savent 
chasser  d'abord. 

Anq.  Moi,  les  chasser.''  et  par  quelle  raison.'*  Je  ne 
me  scandalise  point  qu'on  me  trouve  bien  faite,  et 
cela  me  fait  du  plaisir. 

Dan.  Oui.  Mais  quel  personnage  voulez-vous  que 
joue  un  mari  pendant  cette  galanterie  .'* 

Ang.  Le  personnage  d'un  honnete  homme  qui  est  bien 
aise  de  voir  sa  femme  consideree. 

Dan.  Je  suis  votre  valet.  Ce  n'est  pas  la  mon 
compte,  et  les  Dandins  ne  sont  point  accoutumes  a 
cette  mode-la. 

Ang.  Oh !  les  Dandins  s'y  accoutumeront  s'ils  veulent. 
Car  pour  moi,  je  vous  de'clare  que  mon  dessein  n'est 
pas  de  renoncer  au  monde,  et  de  m'enterrer  toute 
vive  dans  un  mari.  Comment?  parce qu'un homme 
s' aviso  de  nous  epouser,  il  faut  d'abord  que  toutes 
choses  soieiit  finies  pour  nous,  et  que  nous  rompions 
tout  commerce  avec  lesvivants?  C'est  une  chose 
merveilleuse  que  cette  tyrannie  de  Messieurs  les 
maris,  et  je  les  trouve  bons  de  vouloir  qu'on  soit 
morte  a  tous  les  divertissements,  et  qu'on  ne  vive 
que  pour  eux.  Je  me  moque  de  cela,  et  ne  veux 
point  mourir  si  jeune. 


80.  II.]  GEORGE  DANDIN  41 

Dan.  But  I  do,  well  enough  ;  and  I  know  your  con- 
tempt for  me.  Though  I  was  not  born  a  nobleman 
at  least  I  belong  to  a  race  which  is  without  reproach ; 
the  family  of  the  Dandins  .  .   . 

Clit.  (behind  Ang^lique  without  being  seen  by  Dandin) 
One  moment's  conversation. 

Dan.  Eh? 

Ang.  What  ?     I  did  not  say  a  word. 

Dan.  There  he  is,  prowling  round  you. 

Ang.  Well,  is  it  my  fault  ?  What  do  you  want  me  to 
do.^ 

Dan.  I  want  you  to  act  as  a  wife  would  who  wishes  to 
please  her  husband  only.  Whatever  people  may 
say,  gallants  are  never  troublesome  unless  they  are 
encouraged.  It  is  the  languishing  look  that  draws 
them  on,  as  honey  does  flies;  and  the  very  bearing 
of  virtuous  women  drives  them  away  immediately. 

Ang.  I  drive  them  away  ?  for  what  reason  }    It  does 

not  shock  me  that  people  think  me  handsome,  it 

pleases  me. 
Dan.    Exactly.      But  what  part  would   you  have  a 

husband  act  during  all  this  gallantry .'' 
Ang.  The  part  of  a  sensible  man,  who  is  very  glad  to 

see  his  wife  admired. 
Dan.  I  am  your  servant.    That  does  not  suit  me  :  the 

Dandins  are  not  accustomed  to  that  fashion. 

Ang.  Very  well !  the  Dandins  must  become  accus- 
tomed to  it  whether  they  like  it  or  not.  I  tell 
you  I  do  not  intend  to  renounce  the  world  and 
to  bury  myself  alive  in  a  husband.  Why  should 
I  ?  because  a  man  thinks  fit  to  marry  me,  must 
everything  immediately  be  at  an  end  for  me,  must 
I  break  off  all  commerce  with  the  living.''  This 
tyranny  of  the  lord  and  master  is  a  marvellous 
thing ;  I  think  it  is  excellent  in  them  to  wish  that 
we  should  be  dead  to  all  pleasures  and  live  only  for 
them.  It  is  laughable.  1  do  not  wish  to  die  so 
young. 


42  GEORGE  DANDIN  [acte  it. 

Dan.  C'est  ainsi  que  vous  satisfaites  aux  engagements 
de  la  foi  que  vous  m'avez  donnee  publiquement  ? 

Ang.  Moi  ?  Je  ne  vous  I'ai  point  donnee  de  bon  coeur, 
et  vous  me  I'avez  arrachee.  M'avez-vous,  avant 
le  mariage,  demande  mon  consentement,  et  si  je 
voulais  bien  de  vous  ?  Vous  n'avez  consulte,  pour 
cela,  que  mon  pere  et  ma  mere  ;  ce  sont  eux  propre- 
ment  qui  vous  ont  epouse,  et  c'est  pourquoi  vous 
ferez  bien  de  vous  plaindre  toujours  a  eux  des  torts 
que  Ton  pourra  vous  faire.  Pour  moi,  qui  ne  vous 
ai  point  dit  de  vous  marier  avec  moi,  et  que  vous 
avez  prise  sans  consulter  mes  sentiments,  je  pre- 
tends n'etre  point  obligee  a  me  soumettre  en  esclave 
a  vos  volontes ;  et  je  veux  jouir,  s'il  vous  plait, 
de  quelque  nombre  de  beaux  jours  que  m'oifre  la 
jeunesse,  prendre  les  douces  libertes  que  I'age  me 
permet,  voir  un  peu  le  beau  monde,  et  gouter  le 
plaisir  de  m'oui'r  dire  des  douceurs.  Preparez-vous-y, 
pour  votre  punition,  et  rendez  graces  au  Ciel  de  ce 
que  je  ne  suis  pas  capable  de  quelque  chose  de  pis. 

Dan.  Oui !  c'est  ainsi  que  vous  le  prenez.  Je  suis 
votre  mari,  et  je  vous  dis  que  je  n'entends  pas 
cela. 

Ang.  Moi  je  suis  votre  femme,  et  je  vous  dis  que  je 
I'entends. 

Dan.  II  me  prend  des  tentations  d'accommoder  tout 
son  visage  a  la  compote,  et  le  mettre  en  etat  de  ne 
plaire  de  sa  vie  aux  diseurs  de  fleurettes.  Ah  ! 
aliens,  George  Dandin  ;  je  ne  pourrais  me  retenir, 
et  il  vaut  mieux  quitter  la  place. 


Scene  III 

Claudine,  Ang^lique 

Clau.    J'avais,  Madame,  impatience  qu'il  s'en  allat, 
pour  vous  rendre  ce  mot  de  la  part  que  vous  savez. 

Ang.  Voyons. 


sc.  III.]  GEORGE  DANDIN  43 

Dan.  Is  it  thus  you  keep  the  vows  of  fidelity  you 
publicly  made  to  me  ? 

Ang.  I  .-*  I  did  not  make  them  of  my  own  free  will, 
you  forced  them  from  me.  Did  you  ask  my  consent 
before  marriage,  and  whether  I  cared  for  you? 
On  that  point  you  only  consulted  my  father  and 
mother;  strictly  speaking  you  married  them  and 
therefore  you  will  do  well  always  to  complain  to 
them  concerning  any  wrongs  you  may  suffer.  I 
did  not  tell  you  to  marry  me.  You  took  me 
without  consulting  my  feelings,  and  I  do  not 
pretend  to  be  obliged  to  submit,  like  a  slave, 
to  your  will ;  I  wish  to  enjoy,  by  your  leave,  the 
few  happy  days  youth  has  to  offer,  to  take  the  sweet 
liberties  the  age  permits  me,  to  see  something  of  the 
fashionable  world,  and  to  taste  the  pleasure  of  listen- 
ing to  the  pretty  things  said  to  me.  Prepare  yourself 
for  this,  as  your  punishment,  and  return  thanks  to 
Heaven  I  am  not  capable  of  something  worse. 

Dan.  Indeed  !  that  is  what  you  mean  to  do.  I  am 
your  husband,  and  I  cannot  approve  of  such  goings 
on. 

Ang.  And  I  am  your  wife,  and  I  tell  you  that  I  do 
approve  of  them. 

Dan.  I  am  tempted  to  beat  her  face  into  a  jelly,  and 
so  stop  her  from  ever  charming  these  young  cox- 
combs again.  Ah!  George  Dandin;  I  cannot  re- 
strain myself,  I  had  better  leave  the  place. 


Scene  III 
Claudine,  Ang^ique 

Clau.  I  have  been  hoping  he  would  go.  Madam,  so 
that  1  could  give  you  this  note  from  one  you 
know. 

Ang.  Let  us  see  it 


44  GEORGE  DANDIN  [actb  ii. 

Clau.  A"ce  que  je  puis  remarquer^  ce  qu'on  lui  dit  ne 

lui  deplait  pas  trop. 
Ang.    Ah  !   Claudine,  que  ce  billet  s'explique  d'une 

fa9on  galante  !    Que  dans  tous  leurs  discours  et 

dans  toutes  leurs  actions  les  gens  de  cour  ont  un 

air  agreable  !     Et  qu'est-ce  que  c'est  aupres  d'eux 

que  nos  gens  de  province  ? 
Clau.  Je  crois  qu'apres  les  avoir  vus,  les  Dandins  ne 

vous  plaisent  guere. 
Ang.  Demeure  ici :  je  m'en  vais  faire  la  reponse. 
Clau.  Je  n'ai  pas  besoin,  que  je  pense,  de  lui  recom- 

mander  de  la  faire  agreable.     Mais  voici  ,  ,  , 


Sci:NE  IV 
Clitandre,  Lubin,  Claudinb 

Clau.    Vraiment,   Monsieur,   vous  avez  pris  la  un 

habile  messager. 
Clit.  Je  n'ai  pas  ose  envoyer  de  mes  gens.    Mais,  ma 

pauvre  Claudine,  il  faut  que  je  te  recompense  des 

bons  offices  que  je  sais  que  tu  m'as  rendus. 
Clau.  Eh  !  Monsieur,  il  n'est  pas  necessaire.     Non, 

Monsieur,  vous  n'avez  que  faire  de  vous  donner 

cette  peine-la ;  et  je  vous  rends  service  parce  que 

vous  le  meritez,  et  que  je  me  sens  au  coeur  de 

I'inclination  pour  vous. 
Clit.  Je  te  suis  oblige. 
LuB.  Puisque  nous  serons  maries,  donne-moi  cela,  que 

je  le  mette  avec  le  mien. 
Clau.  Je  te  le  garde  aussi  bien  que  le  baiser. 
Clit.    Dis-moi,   as-tu  rendu  mon  billet  a  ta  belle 

maitresse  ? 
Clau.  Oui,  elle  est  allee  y  repondre. 
Clit.  Mais,  Claudine,  n'y  a-t-il  pas  moyen  que  je  la 

puisse  entretenir  ? 
Clau.   Oui :  venez  avec  moi,  je  vous  ferai  parler  a 

elle. 
Clit.  Mais  le  trouvera-t-elle  bon .''  et  n'y  a-t-il  rien  a 

risquer  } 


sc.  IV.]  GEORGE  DANDIN  46 

Clau.  It  seems  to  me  she  is  not  greatly  displeased 
by  what  he  says. 

Ang.  Ah  !  Claudiiie,  this  letter  is  delightfully  flatter- 
ing !  How  agreeable  courtiers  are  in  all  their 
sayings  and  doings  !  What  a  pretty  figure  our 
country  people  cut  by  their  side ! 

Clau.  I  do  not  believe  the  Dandins  will  be  acceptable 

to  you,  after  having  seen  them. 
Ang.  Stay  here ;  I  am  going  to  answer  it. 
Clau.  I  do  not  think  there  is  any  necessity  for  me 

to  recommend   her  to   make   it  agreeable.     But 

here  .  .  . 

Scene  IV 
Clitandre,  Lubin,  Claudine 

Clau.  Really,  Monsieur,  you  chose  a  clever  mes- 
senger that  time. 

Clit.  I  did  not  dare  to  send  one  of  my  own  people. 
But  I  must  reward  you,  my  good  Claudine,  for  the 
helpful  offices  I  know  you  have  rendered  me. 

Cij^u.  Oh  !  Monsieur,  it  is  not  necessary.  No, 
Monsieur,  you  need  not  give  yourself  this  trouble ; 
I  have  served  you  because  it  is  your  due  and  because 
I  have  a  liking  for  you  at  heart. 

Cut.  I  am  obliged  to  you. 

LuB.  As  we  are  going  to  be  married,  give  me  that  and 

I  will  put  it  with  mine. 
Clau.   I  will  keep  it  for  you,  along  with  the  kiss. 
Clit.  Tell  me,  have  you  given  my  note  to  your  pretty 

mistress  ? 
Clau.  Yes,  she  has  gone  to  answer  it. 
Clit.  But,  Claudine,  is  there  no  means  by  which  I 

can  have  speech  with  her? 
Clau.  Yes :  come  with  me,  I  will  let  you  speak  to 

her. 
Clit.  But  will  she  like  it  ?  is  there  no  risk  ? 


46  GEORGE  DANDIN  [actb  ii. 

Clau.  Non,  non  :  son  mari  n'est  pas  au  logis ;  et  puis, 
ce  n'est  pas  lui  qu'elle  a  le  plus  a  menager,  c'est 
son  pere  et  sa  mere ;  et  pourvu  qu'ils  soient  preve- 
nus,  tout  le  reste  n'est  point  a  craindre. 

Clit.  Je  m'abandonne  a  ta  conduite. 

LuB.  Testiguenne  !  que  j'aurai  la  une  habile  femme  ! 
EUe  a  de  I'esprit  comme  quatre. 


Scene  V 

George  Dandin,  Lubin 

Dan.  Voici  mon  homme  de  tantot.  Plut  au  Ciel  qu'il 
put  se  resoudre  a  vouloir  rendre  temoignage  au  pere 
et  a  la  mere  de  ce  qu'ils  ne  veulent  point  croire  ! 

LuB.  Ah  !  vous  voila.  Monsieur  le  babillard,  a  qui 
j'avais  tant  recommande  de  ne  point  parler,  et  qui 
me  I'aviez  tant  promis.  Vous  etes  done  un  causeur, 
et  vous  allez  redire  ce  que  Ton  vous  dit  en  secret  ? 

Dan.  Moi? 

LuB.  Oui.  Vous  avez  ete  tout  rapporter  au  mari,  et 
vous  etes  cause  qu'il  a  fait  du  vacarme.  Je  suis 
bien  aise  de  savoir  que  vous  avez  de  la  langue,  et 
cela  m'apprendra  a  ne  vous  plus  rien  dire. 

Dan.  ]6coute,  mon  ami. 

LuB.  Si  vous  n'aviez  point  babille,  je  vous  aurais 
conte  ce  qui  se  passe  a  cette  heure ;  mais  pour  votre 
punition  vous  ne  saurez  rien  du  tout. 

Dan.  Comment  ?  qu'est-ce  qui  se  passe  ? 

LuB.  Rien,  rien.  Voila  ce  que  c'est  d'avoir  cause': 
vous  n'en  taterez  plus,  et  je  vous  laisse  sur  la  bonne 
bouche. 

Dan.  Arrete  un  peu. 

LuB.  Point 

Dan.  Je  ne  te  veux  dire  qu'un  mot. 

LuB.  Nennin,  nennin.  Vous  avez  envie  de  me  tirer 
les  vers  du  nez. 


GEORGE  DANDIN  47 


Clau.  No,  no  :  her  husband  is  not  at  home ;  and 
besides,  he  is  not  the  only  stumbling-block,  her 
father  and  mother  have  to  be  considered  ;  provided 
they  take  her  side,  there  is  nothing  else  to  fear. 

Clit.  I  put  myself  in  your  hands. 

LuB.  Goodness  me  !  what  a  clever  wife  I  shall  have ! 
She  has  brains  enough  for  a  whole  family. 


Scene  V 
George  Dandin,  Lubin 

Dan.  Here  is  the  man  I  saw  a  short  time  ago.  Would 
to  Heaven  he  would  agree  to  bear  witness  to  the 
father  and  mother  concerning  what  they  will  not 
believe ! 

LuB.  Ah,  there  you  are.  Monsieur  chatterer,  you  whom 
1  advised  not  to  talk  so  much,  and  who  promised 
me  as  much.  You  must  be  a  chatterbox  indeed  to 
repeat  what  is  told  you  in  secret. 

Dan.  I? 

LuB.  Yes.  You  repeated  everything  to  the  husband, 
and  you  caused  him  to  make  a  hubbub.  I  am 
very  happy  to  know  what  a  tongue  you  have,  it 
will  teach  me  not  to  tell  you  anything  more. 

Dan.  Listen,  friend. 

LuB.  If  you  had  not  blabbed,  I  would  have  told  you 
what  is  going  on  this  very  minute,  but  it  will 
punish  you  not  to  know  anything  at  all. 

Dan.  Eh  r  what  is  going  on  ? 

LuB.  Nothing,  nothing.  This  is  what  comes  of  being 
a  talker :  you  will  hear  no  more  about  it  and  I 
shall  leave  you  with  half  the  story  told. 

Dan.  Stop  a  bit. 

LuB.  No. 

Dan.  I  only  wish  to  say  a  word  to  you. 

LuB.  Nay,  nay.     You  want  to  pump  me. 


48  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

Dan.  Non,  ce  n'est  pas  cela. 

LuB.  Eh  !  quelque  sot.     Je  vous  vois  venir. 

Dan.  C'est  autre  chose.     Ecoute. 

LuB.  Point  d'affaire.  Vous  voudriez  que  je  vous  disse 
que  Monsieur  le  Vicomte  vient  de  donner  de  I'argent 
a  Claudine^  et  quelle  I'a  mene  chez  sa  maitresse. 
Mais  je  ne  suis  pas  si  bete. 

Dan.  De  grace. 

LuB.  Non. 

Dan.  Je  te  donnerai  .  .  . 

LuB.  Tarare  ! 


SCI^NE    VI 

Geoboe  Dandin 

Je  n'ai  pu  me  servir  avec  cet  innocent  de  la  pensee 
que  j'avais.  Mais  le  nouvel  avis  qui  lui  est  echappe 
ferait  la  meme  chose,  et  si  le  galant  est  chez  moi, 
ce  serait  pour  avoir  raison  aux  yeux  du  pere  et  de 
la  mere,  et  les  convaincre  pleinement  de  Teffronte- 
rie  de  leur  fille.  Le  mal  de  tout  ceci,  c'est  que  je 
ne  sais  comment  faire  pour  profiter  d'un  tel  avis. 
Si  je  rentre  chez  moi,  je  ferai  evader  le  drole,  et 
quelque  chose  que  je  puisse  voir  moi-meme  de  mon 
deshonneur,  je  n'en  serai  point  cru  a  mon  serment, 
et  Ton  me  dira  que  je  reve.  Si,  d'autre  part,  je 
vais  querir  beau-pere  et  belle-mere  sans  etre  sur  de 
trouver  chez  moi  le  galant,  ce  sera  la  meme  chose, 
et  je  retomberai  dans  I'inconvenient  de  tantot. 
Pourrais-je  point  m'eclaircir  doucement  s'il  y  est 
encore  ?  Ah  Ciel !  il  n'en  faut  plus  douter,  et  je 
viens  de  I'apercevoir  par  le  trou  de  la  porte.  Le 
sort  me  donne  ici  de  quoi  confondre  ma  partie ;  et 
pour  achever  I'aventure,  il  fait  venir  a  point  nomme 
les  juges  dont  j'avais  besoin. 


gc.  VI.]  GEORGE  DANDIN  4d 

Dan.  Noj  it  is  not  that. 

LuB.  Ah  !  you  think  me  a  fool.     I  see  what  you  are 

driving  at. 
Dan.  It  is  another  matter.     Listen. 
LuB.  Not  at  all.     You  would  like  me  to  tell  you  that 

Monsieur  le  Vicomte  gave  some  money  just  now 

to  Claudine,  and  that  she  has  taken  him  to  her 

mistress.     But  I  am  not  such  a  fool. 
Dan.  Pray. 
LuB.  No. 

Dan.  I  will  give  you  .   .  . 
LuB.  Walker  ! 


Scene  VI 

George  Dandin 

I  have  not  been  able  to  make  use  of  that  idiot  as  I 
thought  I  could.  But  this  fresh  news  he  has  let 
out  will  serve  the  same  purpose.  If  the  gallant  is 
in  my  house,  that  will  put  me  right  in  the  eyes  of 
the  father  and  mother,  and  fully  convince  them  of 
their  daughter's  shamelessness.  The  worst  of  all 
this  is  that  I  do  not  know  how  to  profit  by  the 
news.  If  I  go  back  into  my  house  the  rascal  will 
escape  me,  and,  however  clearly  I  myself  may  see 
my  dishonour,  I  shall  not  be  believed,  though  I 
swear  it ;  they  will  tell  me  I  am  dreaming.  If,  on 
the  other  hand,  I  go  and  fetch  my  father-in-law 
and  mother-in-law,  without  being  sure  of  finding 
the  gallant  in  my  house,  it  will  be  just  the  same 
thing,  I  shall  be  back  again  in  the  same  humiliation 
as  before.  Can  I  not  find  out  quietly  if  he  is  still 
there  ?  Ah,  Heavens  !  there  is  no  longer  any  doubt 
about  it,  I  have  just  seen  him  through  the  key-hole. 
Fate  has  put  into  my  hands  the  means  to  confound 
my  adversary  ;  and  here,  just  in  the  nick  of  time, 
come  the  judges  I  need,  so  that  nothing  may  be 
wanting. 

D 


50  GEORGE  DANDIN  [actb  n. 


Sc^NE  VII 

Monsieur  et  Madame  de  Sotenville,  George 
Dandin. 

Dan.  Enfin  vous  ne  m'avez  pas  voulu  croire  tantot,  et 
votre  fille  I'a  emporte  sur  moi ;  mais  j'ai  en  main 
de  quoi  vous  faire  voir  comme  elle  m'accommode, 
et,  Dieu  merci !  mon  deshonneur  est  si  clair  main- 
tenant,  que  vous  n'en  pourrez  plus  douter. 

M.  DE  S.  Comment,  mon  gendre,  vous  en  etes  encore 
la-dessus  ? 

Dan.  Oui,  j'y  suis,  et  jamais  je  n'eus  tant  de  sujet  d'y 
etre. 

Mmb.  de  S.  Vous  nous  venez  encore  etourdir  la  tete  ? 

Dan.  Oui,  Madame,  et  Ton  fait  bien  pis  k  la  mienne. 

M.  DE  S.  Ne  vous  lassez-vous  point  de  vous  rendre 
importun  ? 

Dan.  Non  ;  mais  je  me  lasse  fort  d'etre  pris  pour 
dupe. 

Mme.  DE  S.  Ne  voulez-vous  point  vous  defaire  de  vos 
pensees  extravagantes  ? 

Dan.  Non,  Madame  ;  mais  jevoudrais  bien  me  defaire 
d'une  femme  qui  me  deshonore. 

Mme.  de  S.  Jour  de  Dieu  !  notre  gendre,  apprenez  a 
parler. 

M.  de  S.  Corbleu  !  cherchez  des  termes  moins  oiFen- 
sants  que  ceux-la. 

Dan.  Marchand  qui  perd  ne  peut  rire. 

Mme.  de  S.  Souvenez-vous  que  vous  avez  epouse  une 
Demoiselle. 

Dan.  Je  m'en  souviens  assez,  et  ne  m'en  souviendrai 
que  trop. 

M.  DE  S.  Si  vous  vous  en  souvenez,  songez  done  a 
parler  d'elle  avec  plus  de  respect. 

Dan.  Mais  que  ne  songe-t-elle  plutot  a  me  traiter 
plus  honnetement  ?  Quoi }  parce  qu'elle  est  De- 
moiselle, il  faut  qu'elle  ait  la  liberte  de  me  faire 
ce  qui  lui  plait,  sans  que  j'ose  souifler .'' 


80.  VII.]  GEORGE  DANDIN  51 


Scene   VII 

Monsieur  and  Madam  de  Sotenville,  George 
Dandin. 

Dan.  a  short  time  since  you  would  not  believe  me, 
and  your  daughter  won  the  day,  but  now  1  can 
show  you  how  she  treats  me.  Thank  Heaven,  my 
dishonour  is  so  plain  now  that  you  can  no  longer 
doubt  it. 

M.  de  S.  So,  son-in-law,  you  are  still  suspicious? 

Dan.  Yes  I  am,  and  I  never  had  greater  cause  to 

be  so. 
Mad.  de  S.  You  are  going  to  bother  our  heads  again  ? 
Dan.  Yes,  Madam,  they  trouble  mine  far  worse. 
M.  DE  S.  Are  you  not  tired  of  making  yourself  such 

a  bore  ? 
Dan.  No  ;  but  I  am  very  tired  of  being  taken  for 

a  dupe. 
Mad.  DE  S.  Will  you   never  give  up   your  absurd 

ideas  ? 
Dan.  No,  Madam  ;   but  I  would  much  like  to  give 

up  a  wife  who  dishonours  me. 
Mad.  de  S.   Good   Heavens  !    son-in-law,   take  care 

what  you  say. 
M.  DE  S.  Come  !     Find  some  terms  less  offensive  than 

these. 
Dan.  a  merchant  who  loses  does  not  laugh. 
Mad.  de  S.  Remember  that  you  married  a  lady. 

Dan.  I  remember  it  often.     I  shall  remember  it  only 

too  often. 
M.  DE  S.  If  you  do  remember  it,  try  to  speak  of  her 

with  more  respect. 
Dan.  Why  then  does  she  not  try  to  treat  me  more 

faithfully?     What?  because  she  is  a  lady  is  she 

to  be  at  liberty  to  do  what  she  likes  to  me,  without 

my  daring  to  utter  a  word  ? 


62  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

M.   DE  S.    Qu'avez-vous  donc_,   et  que  pouvez-vous 

dire?    N'avez-vous  pas  vu  ce  matin  qu'elle  s'est 

defendue  de  connaitre  celui  dont  vous  m'etiez  venu 

parler  ? 
Dan.  Oui.  Mais  vous,  que  pourrez-vous  dire  si  je 

vous  fais  voir  maintenant  que  le  sralant  est  avec 

elle?  ^ 

Mme.  de  S.  Avec  elle  ? 
Dan.  Oui,  avec  elle_,  et  dans  ma  maison. 
M.  DE  S.  Dans  votre  maison .'' 
Dan.  Oui,  dans  ma  propre  maison. 
Mme.  DE  S.  Si  cela  est,  nous  serons  pour  vous  contre 

elle. 
M.  DE  S.  Oui :  I'honneur  de  notre  famille  nous  est 

plus  cher  que  toute  chose ;  et  si  vous  dites  vrai, 

nous  la  renoncerons  pour  notre  sang,  et  I'abandon- 

nerons  a  votre  colere. 
Dan.  Vous  n'avez  qu'a  me  suivre. 
Mme.  de  S.  Gardez  de  vous  tromper. 
M.  DE  S.  N'allez  pas  faire  comme  tantot. 
Dan.    Mon    Dieu  !    vous  allez  voir.      Tenez,    ai-je 

menti  .'* 

Scene  VIII 

Angielique,  Clitandre,  Claudine,  Monsieur  et 
Madame  de  Sotenville,  George  Dandin. 

Ang.  Adieu.  J'ai  peur  qu'on  vous  surprenne  ici,  et 

j'ai  quelques  mesures  a  garder. 
Clit.  Promettez-moi  done,  Madame,  que  je  pourrai 

vous  parler  cette  nuit. 
Ang.  J'y  ferai  mes  efforts. 
Dan.  Approchons  doucement  par  derriere,  et  tachons 

de  n'etre  point  vus. 
Clau.  Ah  !  Madame,  tout  est  perdu  :  voila  votre  pere 

et  votre  mere,  accompagnes  de  votre  mari. 
Clit.  Ah  Ciel ! 
Ang.  Ne  faites  pas  semblant  de  rien,  et  me  laissez 

faire  tous  deux.     Quoi.''  vous  osez  en  user  de  la 


so.  VIII.]  GEORGE  DANDIN  53 

M.  DE  S.  What  is  the  matter  with  you^  what  do  you 
want  to  say  ?  Did  you  not  hear  this  morning  that 
she  denied  all  knowledge  of  the  person  you  came 
to  speak  to  me  about  r 

DaiV.  Yes.  But  what  would  you  say  were  1  to  show 
you  the  gallant  with  her,  here  and  now  ? 

Mad.  dbS.  With  her.? 

Dan.  Yes,  with  her,  in  my  house. 

M.  DE  S.  In  your  house  } 

Dan.  Yes  ;  in  my  own  house. 

Mad.  DE  S.    If  this  is  so,  we  shall  take  your  part 

against  her. 
M.  DE  S.  Yes ;  the  honour  of  our  family  is  dearer 

to  us  than  anything  else.     If  you  speak  the  truth 

we  shall  disown  her,  and   abandon  her  to  your 

resentment. 
Dan.  You  have  but  to  follow  me. 
Mad.  DE  S.  Take  care  you  do  not  deceive  yourself. 
M.  DE  S.  Do  not  act  as  you  did  before. 
Dan.  Dear  me,  no  !  you  shall  see.     There,  have  I 

lied? 

Scene  VIII 

Angeliqub,  Clitandre,  Claudine,  Monsieur  and 
Madam  de  Sotenville,  George  Dandin. 

Ang.  Farewell.     I  am  afraid  lest  you  should  be  seen 

here,  and  I  have  to  be  very  careful. 
Clit.  Promise  me  then.  Madam,  that  I  shall  have  a 

word  with  you  to-night. 
Ang.  I  shall  do  my  best. 
Dan.  Let  us  go  softly  behind,  and  try  not  to  be  seen. 

Clau.  Ah  !  Madam,  all  is  lost :  here  are  your  father 
and  mother,  and  your  husband  is  with  them. 

Cut.  Ah  Heavens  ! 

Ang.  Do  not  seem  to  notice  anything,  leave  it  all 
to  me.     How  dare  you  act  like  this  after  what 


64  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

sorte,  apres  TaflPaire  de  tantot ;  et  c'est  ainsi  que 
vous  dissimulez  vos  sentiments  ?  On  me  vient  rap- 
porter  que  vous  avez  de  I'amour  pour  moi,  et  que 
vous  faites  des  desseins  de  me  solliciter ;  j'en 
temoigne  mon  depit,  et  m'explique  a  vous  claire- 
ment  en  presence  de  tout  le  monde ;  vous  niez 
hautement  la  chose,  et  me  donnez  parole  de  n'avoir 
aucune  pensee  de  m'ofFenser ;  et  cependant,  le  meme 
jour,  vous  prenez  la  hardiesse  de  venir  chez  moi  me 
rendre  visite,  de  me  dire  que  vous  m'aimez,  et  de 
me  faire  cent  sots  contes  pour  me  persuader  de  re- 
pondre  a  vos  extravagances  :  con' me  si  j'etais  femme 
a  violer  la  foi  que  j'ai  donnee  a  un  mari,  et  m'eloi- 
gner  jamais  de  la  vertu  que  mes  parents  m'ont  en- 
seignee.  Si  mon  pere  savait  cela,  il  vous  apprendrait 
bien  a  tenter  de  ces  entreprises.  Mais  une  honnete 
femme  n'aime  point  les  eclats  ;  je  n'ai  garde  de  lui 
en  rien  dire,  et  je  veux  vous  montrer  que,  toute 
femme  que  je  suis,  j'ai  assez  de  courage  pour  me 
venger  moi-meme  des  offenses  que  Ton  me  fait. 
L' action  que  vous  avez  faite  n'est  pas  d'un  gentil- 
homme,  et  ce  n'est  pas  en  gentilhomme  aussi  que 
je  veux  vous  traiter. 

(Elle  prend  un  b^ton  et  bat  son  marl,  qui  se 
met  entre-deux.) 

Clit.    Ah !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  doucement. 

Clau.  Fort,  Madame,  frappez  comme  il  faut. 

Ang.  S'il  vous  demeure  quelque  chose  sur  le  coeur, 
je  suis  pour  vous  repondre. 

CiiAu.   Apprenez  a  qui  vous  vous  jouez. 

Ang.  Ah  mon  pere,  vous  etes  la  ! 

M.  DE  S.  Oui,  ma  fille,  et  je  vois  qu'en  sagesse  et  en 
courage  tu  te  montres  un  digne  rejeton  de  la  maison 
de  Sotenville.  Viens  §a,  approche-toi  que  je  t'em- 
brasse. 

Mmb.  de  S.  Embrasse-moi  aussi,  ma  fille.  Las !  je 
pleure  de  joie,  et  reconnais  mon  sang  aux  choses 
que  tu  viens  de  faire. 

M.  de  S.  Mon  gendre,  que  vous  devez  etre  ravi,  et 
que  cette  aventure  est  pour  vous  pleine  de  dou- 


sc.  VIII.]  GEORGE  DANDIN  56 

happened  so  recently  ;  is  it  thus  you  disguise  your 
sentiments  ?  They  tell  me  you  are  in  love  with 
me  and  that  you  intend  to  show  your  affection  for 
me ;  I  let  you  see  how  it  annoys  me,  and  explain 
myself  clearly  to  you  in  the  presence  of  every  one  ; 
you  emphatically  deny  it,  and  give  me  your  word 
that  you  have  no  thought  of  offending  me  ;  and 
yet,  the  same  day,  you  have  the  temerity  to  call 
upon  me  in  my  own  house  to  tell  me  you  love 
me,  and  to  say  a  hundred  silly  things  to  me  to  per- 
suade me  to  respond  to  your  ridiculous  desires  :  as 
though  I  would  violate  the  pledge  I  have  given  my 
husband,  or  ever  deviate  from  the  training  my 
parents  gave  me.  If  my  father  knew  this  he  would 
soon  teach  you  indeed  to  beware  of  such  attempts. 
But  a  virtuous  woman  does  not  like  to  make  a  stir ; 
I  shall  not  say  anything  to  him  about  it,  I  will 
show  you  that,  woman  though  I  am,  1  myself  have 
sufficient  courage  to  avenge  the  insults  offered  me. 
You  have  not  acted  as  a  man  of  honour  should, 
and  therefore  I  shall  not  treat  you  as  one. 

(She  takes  the  stick,  and,  as  her  husband  comes  between 
them,  thrashes  him.) 

Cut.  Ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  ah  !  gently. 

Claud.  Harder,  Madam,  lay  it  on  well. 

Ang.  If  there  is  anything  more  on  your  mind,  I  am 

ready  to  answer  you. 
Clau.  That  will  teach  you  with  whom  you  are  jesting. 
Ang.  Ah  father,  are  you  there  ? 
M.  DE  S.  Yes,  daughter  ;  and  I  am  happy  to  see  that 

in  your  prudence  and  courage  you  show  yourself 

a  worthy  offspring  of   the    house  of  Sotenville. 

Come  here,  come  here,  let  me  embrace  you. 
Mad.  de  S.  Embrace  me  also,  daughter.    Ah  !  I  weep 

for  joy  when  I  recognise  my  race  in  the  things 

you  have  just  now  done. 
M.  DE  S.  Son-in-law,  how  delighted  you  ought  to  be  ! 

This  incident  should  fill  you  with  joy.     You  had 


56  GEORGE  DANDIN  [acte  ii. 

ceurs  !    Vous  aviez  un  juste  sujet  de  vous  alarmer  ; 

mais  vos  soup9ons  se  trouvent  dissipes  le  plus  avan- 

tageusement  du  monde. 
Mme.  de  S.  Sans  doute,  notre  gendre,  et  vous  devez 

maintenant  etre  le  plus  content  des  hommes. 
Clau.    Assurement.      Voila    une    femme,    celle-la. 

Vous  etes  trop  heureux  de  I'avoir,  et  vous  devriez 

baiser  les  pas  ou  elle  passe. 
Dan.  Euli  !  traitresse  ! 
M.  DE  S.  Qu'est-ce,  mon  gendre  ?    Que  ne  remerciez- 

vous  un  peu  votre  femme  de  I'amitie  que  vous  voyez 

quelle  montre  pour  vous  ? 
Ang.  Non,  non,  mon  pere,  il  n'est  pas  necessaire.     II 

ne  m'a  aucune  obligation  de  ce  qu'il  vient  de  voir, 

et  tout  ce  que  j'en  fais  n'est  que  pour  I'amour  de 

moi-meme. 
M.  DE  S.  Ou  allez-vous,  ma  fille  .'* 
Ang.  Je  me  retire,  mon  pere,  pour  ne  me  point  voir 

obligee  de  recevoir  ses  compliments. 
Clau.  Elle  a  raison  d'etre   en   colere.      C'est  une 

femme  qui  merite  d'etre  adoree,   et  vous  ne  la 

traitez  pas  comme  vous  devriez  ! 
Dan.  Scelerate  ! 
M.  DE  S.  C'est  un  petit  ressentiment  de  I'afFaire  de 

tantot,  et  cela  se  passera  avec  un  peu  de  caresse  que 

vous  lui  ferez.     Adieu,  mon  gendre,  vous  voila  en 

etat  de  ne  vous  plus  inquieter.     Allez-vous-en  faire 

la  paix  ensemble,  et  tachez  de  I'apaiser  par  des 

excuses  de  votre  emportement. 
Mme.  DE  S.    Vous    devez  considerer   que  c'est   une 

jeune  fille  elevee  a  la  vertu,  et  qui  n'est  point  ac- 

coutumee  a  se  voir  soupgonnee  d'aucune   vilaine 

action.     Adieu.     Je  suis  ravie  de  voir  vos  desordres 

finis  et  des  transports  de  joie  que  vous  doit  donner 

sa  conduite. 
Dan.  Je  ne  dis  mot,  car  je  ne  gagnerais  rien  a  parler, 

et  jamais  il  ne  s'est  rien  vu  d'egal  a  ma  disgrace. 

Oui,  j 'admire  mon  malheur,  et  la  subtile  adresse  de 

ma  carogne  de  femme  pour  se  donner  toujours 

raison,  et  me  faire  avoir  tort.     Est-il  possible  que 


sc.  VIII.]  GEORGE  DANDIN  57 

just  cause  to  be  alarmed  ;  but  your  suspicions  have 
melted  away  in  the  nappiest  manner. 

Mad.  de  S.  Indeed  they  have,  son-in-law  ;  you  ought 

now  to  be  the  most  contented  of  men. 
Clau.  Yes  ;  she  is  a  model  wife.     You  are  fortunate 

in  possessing  her,  and  you  ought  to  kiss  the  ground 

she  walks  on. 
Dan.  Ugh  !  the  traitress  ! 
M.    DE  S.  What  is  it,  son-in-law.?      Why  do  you 

not  give  your  wife  some  thanks  for  the  aflfection 

she  shows  for  you  ? 
Ang.  No,  no,  father,  it  is  not  necessary.     He  is  not 

under  any  obligation  to  me  for  what  he  has  just 

seen  ;  all  I  have  done  has  been  but  out  of  respect 

for  myself. 
M.  DE  S.  Where  are  you  going,  daughter  } 
Ang.  I  am  going  in,  father,  that  I  may  not  be  com- 
pelled to  receive  his  compliments. 
Clau.  She  is  right  to  be  angry.     Your  wife  deserves 

to  be  worshipped,  not  to  be  treated  as  you  treat 

her. 
Dan.  Hussy  ! 
M.  DE  S.  She  is  still  upset  by  what  happened  a  little 

while  ago,  it  will  blow  over  if  you  are  kind  to  her. 

Farewell,  son-in-law,  you  need  no  longer  be  uneasy. 

Go,  make  your  peace,  and  try  to  appease  her  by 

apologising  for  your  anger. 

Mad.  de  S.  You  ought  to  consider  that  she  is  young 
and  was  virtuously  brought  up.  She  is  not  accus- 
tomed to  see  herself  suspected  of  any  wrong. 
Farewell.  I  am  delighted  to  see  your  quarrels  at 
an  end  ;  her  conduct  must  give  you  great  joy. 

Dan.  I  will  not  say  a  word,  for  I  should  not  gain 
anything  by  speaking ;  surely  my  disgrace  is 
unparalleled.  Yes,  I  am  amazed  at  my  misfortune, 
and  the  subtle  cunning  of  my  jade  of  a  wife,  who 
always  is  in  the  right,  and  puts  me  in  the  wrong. 


58  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

toujours  j'aurai  du  dessous  avec  elle,  que  les 
apparences  toujours  tourneront  contre  moi,  et  que 
je  ne  parviendrai  point  a  convaincre  mon  eiFrontee? 
O  Ciel,  seconde  mes  desseins,  et  m'accorde  la  grace 
de  faire  voir  aux  gens  que  Ton  me  deshonore. 


FIN  DU  SECOND  ACTB. 

ACTE  TROISI]feME 

Sc^NE  Premiere 
Clitandre,  Lubin. 

Clit.  La  nuit  est  avancee,  et  j'ai  peur  qu'il  ne  soit 

trop  tard.    Je  ne  vois  point  a  me  conduire.    Lubin  ! 
LuB.  Monsieur  ? 
Clit.  Est-ce  par  ici  ? 
LuB.  Je  pense  que  oui.      Morgue !   voila  une  sotte 

nuit,  d'etre  si  noire  que  cela. 
Clit.  Elle  a  tort  assurement ;  mais  si  d'un  cote  elle 

nous  empeche  de  voir,  elle  empeche  de  I'autre  que 

nous  ne  soyons  vus. 
LuB.  Vous  avez  raison,   elle  n'a  pas  tant  de  tort. 

Je  voudrais  bien  savoir,  Monsieur,  vous  qui  etes 

savant,  pourquoi  il  ne  fait  point  jour  la  nuit. 
Clit.  C'est  une  grande  question,  et  qui  est  difficile. 

Tu  es  curieux,  Lubin. 
LuB.  Oui.     Si  j'avais  etudie,  j'aurais  ete  songer  a  des 

choses  ou  on  n'a  jamais  songe. 
Clit.  Je  le  crois.   Tu  as  la  mine  d'avoir  I'esprit  subtil 

et  penetrant. 
LuB.  Cela  est  vrai.   Tenez,  j'explique  du  latin,  quoique 

jamais  je  ne  I'aie  appris,  et  voyant  I'autre  jour  e'crit 

sur  une  grande  porte  collegium y  je  devinai  que  cela 

voulait  dire  college. 


8c.  I.]  GEORGE  DANDIN  59 

Is  it  possible  I  shall  always  be  outwitted  by  her, 
that  appearances  will  always  be  against  me  and 
that  I  shall  never  succeed  in  proving  1  have  a 
shameless  wife  ?  O  Heaven  !  second  my  efforts, 
and  grant  me  the  boon  of  causing  it  to  be  seen  by 
all  that  I  am  a  dishonoured  man. 

END  OF  THE  SECOND  ACT. 


ACT    III 

Scene  I 

Clitandre,  Lubin. 

Clit.  The  night  is  far  advanced,  and  I  am  afraid  it  is 

too  late.     I  cannot  see  where  I  am  going.     Lubin  ! 
LuB.  Monsieur.'' 
Clit.  Is  it  this  way  ? 
LuB.  I  think  it  is.     Good  gracious  !    What  a  stupid 

night,  to  be  so  dark. 
Clit.  It  is  certainly  wrong ;  but  if,  on  the  one  hand, 

it  hinders  us  from  seeing,  on  the  other,  it  hinders 

others  from  seeing  us. 
LuB.  You  are  right,  it  is  not  so  bad  a  night.     You  are 

so  learned.  Monsieur,  that  I  should  like  to  ask  you 

why  it  is  not  day  at  night. 
Clit.  That  is  an  abstruse  and  difficult  question.    You 

are  inquisitive,  Lubin. 
LuB.  Yes.     If  I  had  studied,  I  should  have  thought 

about  things  which  are  never  thought  about. 
Clit.  I  quite  believe  it.     You  seem  to  have  a  subtle 

and  penetrating  mind. 
LuB.  That  is  true.     For  instance,  I  explain  Latin, 

although  I  have  never  learned  it,  and  seeing,  the 

other  day,  collegium  written  over  a    big  door,    I 

guessed  that  it  meant  college. 


I 


60  GEORGE  DANDIN  [acte  m. 

Clit.  Cela  est  admirable  !     Tu  sais  done  lire,  Lubin  ? 
LuB.  Oui,  je  sais  lire  la  lettre  moulee ;  mais  je  n'ai 

jamais  su  apprendre  a  lire  I'ecriture. 
Clit.  Nous  voici  contre  la  maison.     C'est  le  signal 

que  m'a  donne  Claudine. 
LuB.  Par  ma  foi  !  c'est  une  fille  qui  vaut  de  I'argent, 

et  je  I'aime  de  tout  mon  coeur. 
Clit.  Aussi  t'ai-je  amene  avec  moi  pour  I'entretenir. 

LuB.  Monsieur,  je  vous  suis  .  .  . 
Clit.  Chut !  j'entends  quelque  bruit. 


Scene  II 

AngiSlique,  Claudine,  Clitandre,  Lubin. 

Ang.  Claudine. 

Clau.  He  bien  ? 

Ang.  Laisse  la  porte  entr'ouverte. 

Clau.  Voila  qui  est  fait. 

Clit.  Ce  sont  elles.     St. 

Ang.  St. 

LuB.  St. 

Clau.  St. 

Clit.   (k  Claudine)  Madame. 

Ang.  (k  Lubin)  Quoi? 

LuB.   (kAngelique)  Claudine. 

Clau.  (k  Clitandre)  Qu'est-ce? 

Clit.  (k  Claudine)  Ah!  Madame,  que  j'ai  dejoie  ! 

LuB.  {k  Angelique)  Claudine,  ma  pauvre  Claudine. 

Clau.  {k  Clitandre)  Doucement,  Monsieur. 

Ang.  {h  Lubin)  Tout  beau,  Lubin. 

Clit.  Est-ce  toi,  Claudine  .'* 

Clau.  Oui. 

LuB.  Est-ce  vous,  Madame  ^ 

Ang.  Oui. 

Clau.  Vous  avez  pris  Tune  pour  I'autre. 

LuB.  Ma  foi  la  nuit,  on  n'y  voit  goutte. 


sc.  II.]  GEORGE  DANDIN  61 

Clit.  Wonderful !    Then  you  can  read,  Lubin  ? 
LuB.  Yes,  I  can  read  print,  but  I  never  could  learn 

to  read  writing. 
Clit.  We  are  close  to  the  house.    That  is  the  signal 

Claudine  gave  me. 
LuB.  Upon  my  word  !  that  girl  is  worth  her  weight 

in  gold.     I  love  her  with  all  my  heart. 
Clit.  That  is  why  I  brought  you  with  me  to  talk  to 

her. 
LuB.  Monsieur,  I  am  your  .  .  , 
Clit.  Hush  !    I  hear  a  noise. 


Scene  II 

Angi^ique,  Claudine,  Clitandbe,  Lubin. 

Ang.  Claudine. 

Clau.  Well.? 

Ang.  Leave  the  door  half  open. 

Clau.  I  have  done  so. 

Clit.  There  they  are.     Hist. 

Ang.  Hist. 

LuB.  Hist. 

CiJ^u.  Hist. 

Clit.  (to  Claudine)    Madam. 

Ang.  (to  Lubin)    What.? 

LuB.  (toAngelique)    Claudine. 

Clau.  (to  Clitandre)    What  is  it  ? 

Clit.  (to  Claudine)    Ah  !  Madam,  how  happy  I  am  ! 

LuB.  (to  Angelique)    Claudine,  my  poor  Claudine. 

Clau.  (to  Clitandre)    Gently,  Monsieur. 

Ang.  (to  Lubin)    Wait  a  bit,  Lubin. 

Clit.  Is  it  you,  Claudine  ? 

Clau.  Yes. 

LuB.  Is  it  you.  Madam  ? 

Ang,  Yes. 

Clau.  You  have  taken  the  one  for  the  other. 

LuB.  Upon  my  word,  one  cannot  see  a  bit  at  night. 


62  GEORGE  DANDIN  [actb  hi. 

Asa.  Est-ce  pas  vous,  Clitandre  ? 

Clit.  Oui,  Madame. 

Ang.  Mon  mari  ronfle  comme  il  faut,  et  j'ai  pris  ce 

temps  pour  nous  entretenir  ici. 
Clit.  Cherchons  quelque  lieu  pour  nous  asseoir. 
Clau.  C'est  fort  bien  avise.   (lis  vont  s'asseoir  au  fond  du 

th^&tre.) 
LuB.  Claudine^  ou  est-ce  que  tu  es  ? 


ScigjNE  III 

George  Dandin,  Lubin. 

Dan.  J'ai  entendu  descendre  ma  femme,  et  je  me  suis 
vite  habille  pour  descendre  apres  elle.  Ou  peut- 
elle  etre  allee  .'*     Serait-elle  sortie  ? 

LuB.  (II  prend  George  Dandin  poiu-  Claudine)  Ou  est-tu 
done,  Claudine  ?  Ah  !  te  voila.  Par  ma  foi,  ton 
maitre  est  plaisamment  attrape,  et  je  trouve  ceci 
aussi  drole  que  les  coups  de  baton  de  tantot,  dont 
on  m'a  fait  recit.  Ta  maitresse  dit  qu'il  ronfle,  a 
cette  heure,  comme  tous  les  diantres,  et  il  ne  sait 
pas  que  Monsieur  le  Vieonte  et  elle  sont  ensemble 
pendant  qu'il  dort.  Je  voudrais  bien  savoir  quel 
songe  il  fait  maintenant.  Cela  est  tout  a  fait  risible  ! 
De  quoi  s'avise-t-il  aussi  d'etre  jaloux  de  sa  femme, 
et  de  vouloir  qu'elle  soit  a  lui  tout  seul  ?  C'est  un 
impertinent,  et  Monsieur  le  Vicomte  lui  fait  trop 
d'honneur.  Tu  ne  dis  mot,  Claudine.  AUons, 
suivons-les,  et  me  donne  ta  petite  menotte  que  je 
la  baise.  Ah  !  que  cela  est  doux  !  il  me  semble  que 
je  mange  des  confitures.  (Comme  11  baise  la  mainde 
Dandin,  Dandin  la  lui  pousse  rudement  au  visage.) 
Tubleu  !  comme  vous  y  allez  !  Voila  une  petite 
menotte  qui  est  un  peu  bien  rude. 

Dan.  Qui  va  la  ? 

LuB.  Personne. 

Dan.  II  fuit,  et  me  laisse  informe  de  la  nouvelle  per- 
fidie  de  ma  coquine.   Allons^  il  faut  que  sans  tarder 


8c.  III.]  GEORGE  DANDIN  63 

Ang.  Is  it  you,  Clitandre  ? 

Clit.  Yes,  Madam. 

Ang.  My  husband  is  snoring  beautifully,  so  I  have 

taken  the  opportunity  to  meet  you  again. 
Cut.  Let  us  find  some  place  where  we  can  sit  down. 
Clau.  That  is  not  half  a  bad  idea.  (They  seat  themselves 

at  the  back  of  the  stage.) 
LuB.  Claudine,  where  are  you  ? 


Scene  III 
George  Dandin,  Lubin. 

Dan.  I  heard  my  wife  go  downstairs,  and  I  have 
dressed  quickly  to  go  down  after  her.  Where  can 
she  have  gone  ?  Has  she  gone  out  ? 

LuB.  (He  takes  George  Dandin  for  Claudine)  Where  are 
you,  Claudine.'*  Ah  !  here  you  are.  Upon  my 
word,  your  master  is  deliciously  caught,  this  is  as 
amusing  as  the  larruping  they  told  me  he  had  a 
short  while  since.  Your  mistress  says  he  is  snoring 
now  like  the  deuce,  and  he  does  not  know  that 
Monsieur  le  Vicomte  and  she  are  together  while  he 
sleeps.  I  should  much  like  to  know  what  he  is 
dreaming  about  to-night.  It  is  enough  to  make 
any  one  laugh.  Why  does  he  bother  himself  to  be 
jealous  of  his  wife,  and  to  wish  that  she  should 
only  belong  to  him  ?  What  cheek  he  has  !  The 
Viscount  does  him  too  much  honour.  You  don't 
say  a  word,  Claudine  ?  Come,  let  us  follow  them, 
and  give  me  your  little  paw  to  kiss.  Ah !  how 
sweet  it  is  !  it  is  like  a  cream  tart.  (As  he  kisses 
Dandin's  hand,  Dandin  soundly  cuffs  his  head.)  Good 
gracious !  how  you  go  on  !  Your  little  paw  is 
uncommonly  rough. 

Dan.  Who  is  there  ? 

LuB.  Nobody. 

Dan.  He  has  run  away,  and  here  am  I  with  fresh 
evidence  of  my  hussy  of  a  wife.     Come,  I  must 


64  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

j'envoie  appeler  son  pere  et  sa  mere,  et  que  cette 
aventure  me  serve  a  me  faire  separer  d'elle.  Hola  ! 
Colin,  Colin. 


SciNE  IV 

Colin,  George  Dandin. 

Col.  (klafenStre.)  Monsieur. 

Dan.  Aliens  vite,  ici  bas. 

Col.  (en  sautant  par  la  fenStre.)  M'y  voila  :   on  ne  peut 

pas  plus  vite. 
Dan.  Tuesla.^ 
Col.  Oui,  Monsieur. 

(Pendant  qu'il  va  lui  parler  d'un  c6t^,  Colin  va  de  I'autre.) 

Dan.  Doucement.  Parle  bas.  Ecoute.  Va-t'en  chez 
mon  beau-pere  et  ma  belle-mere,  et  dis  que  je  les 
prie  tres-instamment  de  venir  tout  a  I'heure  ici. 
Entends  tu  ?    Eh  }  Colin,  Colin. 

Col.  (de  I'autre  c6te)  Monsieur. 

Dan.  Ou  diable  est-tu  ? 

Col.  Ici. 

Dan.  (Comme  ils  se  vont  tous  deux  chercher,  I'un  passe  d'un 
c6te,et  I'autre  de  I'autre.)  Peste  soit  du  maroufle  qui 
s'eloigne  de  moi  !  Je  te  dis  que  tu  ailles  de  ce  pas 
trouver  mon  beau-pere  et  ma  belle-mere,  et  leur 
dire  que  je  les  conjure  de  se  rendre  ici  tout  a 
I'heure.  M'entends-tu  bien.'*  Re'ponds.  Colin, 
Colin. 

Col.  (de  I'autre  cot^)  Monsieur. 

Dan.  Voila  un  pendard  qui  me  fera  enrager.  Viens- 
t'en  a  moi.  (lis  se  cognent.)  Ah  !  le  traitre  !  il  m'a 
estropie.  Ou  est-ce  que  tu  es.'*  Approche,  que  je 
te  donne  mille  coups.     Je  pense  qu'il  me  fuit. 

Col.  Assurement. 
Dan.  Veux-tu  venir  .^ 
Col.  Nennij  ma  foi ! 


8c.  IV.]  GEORGE  DANDIN  66 

send  without  delay  for  her  father  and  mother. 
This  affair  ought  to  be  sufficient  to  justify  a  separa- 
tion.    Hullo  !  Colin,  Colin, 


Scene  IV 
Colin,  George  Dandin. 

Col.  (at  the  window)     Monsieur. 

Dan.  Come  down,  quickly. 

Col.  (jumping  out  of  the  window)  Here  I  am  ;  no  one 
could  better  that. 

Dan.  Are  you  there  } 

Col.  Yes,  Monsieur. 

(While  he  goes  to  speak  to  him  on  one  side,  Colin  goes 
to  the  other) 

Dan.  Gently.  Speak  low.  Listen.  Go  to  my  father- 
in-law  and  mother-in-law,  and  say  I  implore  them 
to  come  here  instantly.  Do  you  hear  ?  Eh  }  Colin! 
Colin! 

Col.  (from  the  other  side)  Monsieur. 

Dan.  Where  the  devil  are  you  ? 

Col.  Here. 

Dan.  (As  they  try  to  find  each  other,  one  goes  to  the  one  side 
and  the  other  to  the  other.)  Plague  take  the  idiot,  he 
has  gone  away  from  me  !  I  tell  you  you  must  go  at 
once  and  find  my  father-in-law  and  mother-in-law, 
tell  them  I  beseech  them  to  return  here  immedi- 
ately. Now,  do  you  understand  me.''  Answer. 
Colin,  Colin. 

Col.  (from  the  other  side)  Monsieur. 

Dan.  The  rascal  will  drive  me  wild.  Come  here. 
(They  run  against  each  other)  Ah  !  the  lout  !  he  has 
lamed  me.  Where  are  you  .^  Come,  and  I  will 
give  you  a  sound  beating.  I  think  he  is  running 
away  from  me. 

Col.  Certainly  I  am. 

Dan.  Will  you  come  here  ? 

Col.  Not  me ! 


I 


66  GEORGE  DANDIN  [actb  hi. 

Dan.  Viens,  te  dis-je. 

Col.  Point :  vous  me  voulez  battre. 

Dan.  He  bien  !  non.     Je  ne  te  ferai  rien. 

Col.  Assurement? 

Dan.  Oui.  Approche.  Bon.  Tu  est  bien  heureux 
de  ce  que  j'ai  besoin  de  toi.  Va-t'en  vite  de  ma 
part  prier  mon  beau-pere  et  ma  belle-mere  de  se 
rendre  ici  le  plus  tot  qu'ils  pourront,  etleur  dis  que 
c'est  pour  une  affaire  de  la  derniere  consequence  ; 
et  s'ils  faisaient  quelque  difficulte  a  cause  de  I'heure, 
ne  manque  pas  de  les  presser,  et  de  leur  bien  faire 
entendre  qu'il  est  tres-important  qu'ils  viennent,  en 
quelque  etat  qu'ils  soient.  Tu  m'entends  bien 
maintenant .'' 

Col.  Oui,  Monsieur. 

Dan.  Va  vite,  et  reviens  de  meme.  Et  moi,  je  vais 
rentrer  dans  ma  maison,  attendant  que  .  .  .  Mais 
j'entends  quelqu'un.  Ne  serait-ce  point  ma  femme  ? 
II  faut  que  j'ecoute,  et  me  serve  de  I'obscurite  qu'il 
fait. 

ScijNE  V 
Clitandre,  Angiblique,  George  Dandin,  Claupine, 

LUBIN 

Ang.  Adieu.    II  est  temps  de  se  retirer. 

Clit.  Quoi .''  si  tot  ? 

Ang.  Nous  nous  sommes  assez  entretenus. 

Clit.  Ah !  Madame,  puis-je  assez  vous  entretenir,  et 
trouver  en  si  peu  de  temps  toutes  les  paroles  dont 
j'ai  besoin.'*  II  me  faudrait  des  journees  entieres 
pour  me  bien  expliquer  a  vous  de  tout  ce  que  je  sens, 
et  je  ne  vous  ai  pas  dit  encore  la  moindre  partie  de 
ce  que  j'ai  a  vous  dire. 

Ang.  Nous  en  ecouterons  une  autre  fois  davantage. 

Clit.  Helas  !  de  quel  coup  me  percez-vous  I'ame 
lorsque  vous  parlez  de  vous  retirer,  et  avec 
combien  de  chagrins  m'allez-vous  laisser  main- 
tenant  .'' 


8C.  v.]  GEORGE  DANDIN  67 

Dan.  Come  here,  I  tell  you. 

Col.  No  ;  you  will  give  me  a  hiding. 

Dan.  Well !  I  won't.     I  won't  do  anything  to  you. 

Col.  Do  you  promise  ? 

Dan.  Yes.  Come  here.  Good.  It  is  very  lucky  for 
you  that  I  want  you.  Go  quickly  and  beg  my  father- 
in-law  and  mother-in-law  from  me  to  come  back 
here  as  soon  as  they  can,  and  tell  them  it  is  concern- 
ing an  affair  of  the  utmost  importance ;  if  they 
should  demur  because  of  the  hour,  you  must  press 
them,  and  make  them  thoroughly  understand  that 
it  is  very  important  they  should  come,  no  matter 
how  they  are  dressed.  You  understand  me 
thoroughly  now  ? 

Col.  Yes,  Monsieur. 

Dan.  Look  sharp  and  come  back  quickly.  And  I,  I 
will  go  into  the  house  again,  to  wait  until  .  .  .  But 
I  hear  some  one.  Can  it  be  my  wife?  I  must 
listen,  and  this  darkness  will  serve  me  well. 


Scene  V 
Clitandre,  Angelique,  George  Dandin,  Claudine, 

LUBIN 

Ang.  Farewell.     It  is  time  to  go  in. 

Clit.  Why  so  soon  ? 

Ang.  We  have  talked  long  enough. 

Clit.  Ah  !  Madam,  I  can  never  have  enough  of  your 
conversation  or  find  all  the  words  I  need  in  so  short  a 
time.  I  should  require  whole  days  to  tell  you  fully 
all  I  feel ;  I  have  not  yet  told  you  the  least  part  of 
what  I  have  to  say  to  you. 

Ang.  We  will  hear  more  another  time. 

Cut.  Alas  !  how  cruelly  you  pierce  my  heart  when 

you  talk  of  going  in ;  you  leave  me  here  full  of 

grief. 


68  GEORGE  DANDIN  [actb  m. 

Ano.  Nous  trouverons  moyen  de  nous  revoir. 

Cut.  Qui ;  mais  je  songe  qu'en  me  quittant^  vous 
allez  trouver  un  mari.  Cette  pensee  m'assassine,  et 
les  privileges  qu'ont  les  maris  sont  des  choses 
cruelles  pour  un  amant  qui  aime  bien. 

Ang.  Serez-vous  assez  fort  pour  avoir  cette  inquietude, 
et  pensez-vous  qu'on  soit  capable  d'aimer  de  certains 
maris  qu'il  y  a?  On  les  prend,  parce  qu'on  ne  s'en 
peut  defendrCj  et  que  Ton  depend  de  parents  qui 
n'ont  des  yeux  que  pour  le  bien  ;  mais  on  sait  leur 
rendre  justice,  et  Ton  se  moque  fort  de  les  conside- 
rer  au  dela  de  ce  qu'ils  meritent. 

Dan.  Voila  nos  carognes  de  femmes. 

Clit.  Ah  !  qu'il  faut  avouer  que  celui  qu'on  vous  a 
donne  e'tait  peu  digne  de  I'honneur  qu'il  a  regu,  et 
que  c'est  une  etrange  chose  que  I'assemblage  qu'on 
a  fait  d'une  personne  comme  vous  avec  un  homme 
comme  lui ! 

Dan.  {h.  part)  Pauvres  maris !  voila  comme  on  vous 
traite. 

Clit.  Vous  meritez  sans  doute  une  tout  autre  des- 
tine'e  et  le  Ciel  ne  vous  a  point  faite  pour  etre  la 
femme  d'un  paysan. 

Dan.  Plut  au  Ciel  fut-elle  la  tienne  !  tu  changerais 
bien  de  langage.     Rentrons  ;  e'en  est  assez. 
(II  entre  et  ferme  la  porte.) 

Clau.  Madame,  si  vous  avez  a  dire  du  mal  de  votre 
mari,  depechez  vite,  car  il  est  tard. 

Clit.  Ah  !  Claudine,  que  tu  es  cruelle  ! 

Ang.  Elle  a  raison.     Separons-nous. 

Clit.  II  faut  done  s'y  resoudre,  puisque  vous  le  voulez. 
Mais  au  moins  je  vous  conjure  de  me  plaindre  un 
peu  des  mechants  moments  que  je  vais  passer. 

Ang.  Adieu. 

LuB.  Oil  es-tu,  Claudine,  que  je  te  donne  le  bonsoir  ? 

Clau.  Va,  va,  je  le  regois  de  loin,  et  je  t'en  renvoie 
autant. 


8c.  v.]  GEORGE  DANDIN  69 

Ang.  We  shall  find  means  to  see  each  other  again. 

Clit.  Yes  ;  but  when  you  leave  me,  you  go  back  to  a 
husband.  This  thought  overwhelms  me,  a  hus- 
band's privileges  are  cruel  things  for  a  fond  lover 
to  endure. 

Ang.  Are  you  foolish  enough  to  nourish  such  uneasi- 
ness ?  Do  you  think  we  can  love  certain  husbands  ? 
We  take  them  because  we  cannot  help  ourselves, 
and  because  we  depend  upon  parents,  who  think 
only  what  wealth  they  have ;  but  we  know  how  to 
give  them  their  due,  and  they  deceive  themselves 
if  they  think  we  value  them  beyond  their  deserts. 

Dan.  What  strumpets  our  wives  are  ! 

Clit.  Ah  !  It  must  be  admitted  that  he  who  has  been 
given  to  yoij  is  little  worthy  of  the  honour  he  has 
received,  and  that  the  union  of  a  woman  such  as  you 
are  with  a  man  of  his  kind  is  a  miserable  thing  ! 

Dan.  (aside)   Poor   husbands  !   that  is   how   you  are 

treated. 
Clit.  You  undoubtedly  deserve  a  very  different  fate. 

Heaven  did  not  create  you  to  be  a  peasant's  wife. 

Dan.  Would  to  Heaven  she  were  yours !  you  would 

soon  sing  another  tune.     I  will  go  in  ;   I  have  had 

enough.     (He  goes  in  and  closes  the  door) 
Clau.  Madam,  if  you  have  any  thing  bad  to  say  about 

your  husband,  you  had  better  be  quick,  for  it  is  late. 
Clit.  Ah  !  Claudine,  how  cruel  you  are  ! 
Ang.  She  is  right.     We  must  part. 
Clit.  I  must  submit,  since  you  wish  it.     But  I  pray 

you  to  think  of  me  with  pity  during  the  wretched 

moments  I  have  to  pass  through. 
Ang.  Farewell. 
LuB.  Where  are  you,  Claudine.''  I  want  to  bid  you 

good-night. 
Clau.  Never  mind,  you  can  say  it  where  you  are,  and 

the  same  to  you. 


70  GEORGE  DANDIN  [actb  hi. 

SciNE    VI 

Ang^lique,  Claudine,  George  Dandin 

Ang.  Rentrons  sans  faire  de  bruit. 

Clau.  La  porte  s'est  fermee. 

Ang.  J'ai  le  passe-partout. 

Clau.  Ouvrez  done  doucement. 

Ang.  On  a  ferme  en  dedans,  et  je  ne  sais  comment 
nous  ferons. 

Clau.  Appelez  le  gargon  qui  couche  la. 

Ang.  Colin_,  Colin,  Colin. 

Dan.  (mettant  la  tSte  h  sa  fenetre)  Colin,  Colin  }  Ah  ! 
je  vous  y  prends  done,  Madame  ma  femme,  et  vous 
faites  des  escampativos  pendant  que  je  dors.  Je  suis 
bien  aise  de  eela,  et  de  vous  voir  dehors  a  I'heure 
qu'il  est. 

Ang.  He  bien  !  quel  grand  mal  est-ce  qu'il  y  a  a 
prendre  le  frais  de  la  nuit  ? 

Dan.  Oui,  oui,  I'heure  est  bonne  a  prendre  le  frais. 
C'est  bien  plutot  le  ehaud,  Madame  la  eoquine  ;  et 
nous  savons  toute  I'intrigue  du  rendez-vous,  et  du 
Damoiseau.  Nous  avons  entendu  votre  galant  en- 
tretien,  et  les  beaux  vers  a  ma  louange  que  vous 
avez  dits  I'un  et  I'autre.  Mais  ma  consolation,  c'est 
que  je  vais  etre  venge,  et  que  votre  pere  et  votre 
mere  seront  convaincus  maiutenant  de  la  justice  de 
mes  plaintes,  et  du  dereglement  de  votre  conduite. 
Je  les  ai  envoye  querir,  et  ils  vont  etre  ici  dans  un 
moment. 

Ang.  Ah  Ciel  ! 

Clau.  Madame. 

Dan.  Voila  un  coup  sans  doute  ou  vous  ne  vous  atten- 
diez  pas.  C'est  maintenant  que  je  triomphe,  et  j'ai 
de  quoi  mettre  a  has  votre  orgueil,  et  detruire  vos 
artifices.  Jusques  ici  vous  avez  joue  mes  accusa- 
tions, ebloui  vos  parents,  et  platre  vos  malversations. 
J'ai  eu  beau  voir,  et  beau  dire,  et  votre  adresse  tou- 
jours  I'a  emporte  sur  mon  bon  droit,  et  toujours 


8C.  VI.]  GEORGE  DANDIN  71 

Scene  VI 
Angi^liqub,  Claudine,  George  Dandin 

Ang.  We  must  go  in  without  making  any  noise. 

Clau.  The  door  is  closed. 

Ang.  I  have  the  latch-key. 

Clau.  Then  open  it,  gently. 

Ang.  It  is  closed  from  the  inside.  I  do  not  know 
what  we  shall  do. 

Clau.  Call  the  boy  who  sleeps  there. 

Ang.  Colin,  Colin,  Colin. 

Dan.  (coming  to  the  window)  Colin,  Colin  ?  Ah  !  I 
have  caught  you  now,  Mistress  Dandin  ;  you  make 
your  little  escapades  while  1  am  asleep.  1  am  very 
glad  of  it,  and  to  see  you  out  of  doors  at  this  hour. 

Ang.  Well !  what  great  harm  is  there  in  enjoying  the 
fresh  night  air.'* 

Dan.  Yes,  yes,  this  is  a  suitable  hour  to  take  fresh  air. 
It  is  more  likely  warm.  Mistress  Slut ;  we  know  all 
about  your  intrigues,  your  meetings  and  your 
lover.  We  heard  your  loving  conversation,  and 
the  pretty  verses  in  my  praise  you  sang  to  each 
other.  But  my  consolation  is  that  I  am  going  to  be 
avenged  :  your  father  and  mother  will  be  convinced 
now  of  the  justice  of  my  complaints,  and  of  your 
irregular  conduct.  I  have  sent  for  them,  and  they 
will  be  here  in  a  moment. 

Ang.  Oh  Heavens ! 

Clau.  Madam. 

Dan.  That  is  doubtless  a  blow  which  you  did  not  ex- 
pect. It  is  now  my  turn  to  gloat.  I  have  something 
that  will  lower  your  pride,  and  brush  aside  your 
artifices.  Until  now  you  have  laughed  at  my  accu- 
sations, thrown  dust  in  your  parents'  eyes  and 
whitewashed  your  misdeeds.  I  might  see  and  say 
what  I  would,  your  artfulness  always  rode  rough- 


72  GEORGE  DANDIN  [actb  hi. 

vous  avez  trouve  moyen  d'avoir  raison  ;  mais  a  cette 
fois,  Dieu  merci,  les  choses  vont  etre  eclaircies, 
et  votre  efFronterie  sera  pleinement  confondue. 

Ang.  He  !  je  vous  prie,  faites-moi  ouvrir  la  porte. 

Dan.  Non,  non  :  il  faut  attendre  la  venue  de  ceux  que 
j'ai  mandes,  et  je  veux  qu'ils  vous  trouvent  dehors 
a  la  belle  heure  qu'il  est.  En  attendant  qu'ils  vien- 
nent,  songez,  si  vous  voulez,  a  chercher  dans  votre 
tete  quelque  nouveau  detour  pour  vous  tirer  de  cette 
affaire,  a  inventer  quelque  moyen  de  rhabiller  votre 
escapade,  a  trouver  quelque  belle  ruse  pour  eluder 
ici  les  gens  et  paraitre  innocente,  quelque  pretexte 
specieux  de  pelerinage  nocturne,  ou  d'amie  en  tra- 
vail d'enfant,  que  vous  veniez  de  secourir. 

Ang.  Non  :  mon  intention  n'est  pas  de  vous  rieu 
deguiser.  Je  ne  pretends  point  me  defendre,  ni 
vous  nier  les  choses,  puisque  vous  les  savez. 

Dan.  C'est  que  vous  voyez  bien  que  tous  les  moyens 
vous  en  sont  fermes,  et  que  dans  cette  affaire  vous 
ne  sauriez  inventer  d'excuse  qu'il  ne  me  soit  facile 
de  convaincre  de  faussete. 

Ang.  Oui,  je  confesse  que  j'ai  tort,  et  que  vous  avez 
sujet  de  vous  plaindre.  Mais  je  vous  demande  par 
grace  de  ne  m'exposer  point  maintenant  a  la  mau- 
vaise  humeur  de  mes  parents,  et  de  me  faire 
promptement  ouvrir. 

Dan.  Je  vous  baise  les  mains. 

Ang.  Eh  !  mon  pauvre  petit  mari,  je  vous  en  conjure. 

Dan.  Ah  !  mon  pauvre  petit  mari  ?  Je  suis  votre 
petit  mari  maintenant,  parce  que  vous  vous  sentez 
prise.  Je  suis  bien  aise  de  cela,  et  vous  ne  vous 
etiez  jamais  avisee  de  me  dire  ces  douceurs. 

Ang.  Tenez,  je  reus  promets  de  ne  vous  plus  donner 
aucun  sujet  de  de'plaisir,  et  de  me  .  .  . 

Dan.  Tout  cela  n'est  rien.  Je  ne  veux  point  perdre 
cette  aventure,  et  il  m'importe  qu'on  soit  une  fois 
eclairci  a  fond  de  vos  de'portements. 

Ang.  De  grace,  laissez-moi  vous  dire.  Je  vous  de- 
mande un  moment  d'audience. 


8c.  VI.]  GEORGE  DANDIN  73 

shod  over  my  facts_,  and  you  always  found  some  way 
to  be  in  the  right ;  but  this  time,  thank  Heaven, 
matters  will  be  cleared  up,  and  your  shamelessness 
openly  confounded. 

Ang.  Ah  !  I  beg  you  to  open  the  door. 

Dan.  No,  no :  you  must  wait  until  those  come  for 
whom  I  have  sent.  I  wish  them  to  find  you  outside 
at  this  fine  hour.  While  you  are  waiting  until  they 
come,  please  try  to  concoct  some  new  scheme  that 
will  absolve  you  from  this  affair,  invent  some  way 
to  gloss  over  your  escapade,  make  up  a  nice  story  to 
deceive  people  and  cause  you  to  seem  innocent,  some 
specious  pretext  of  a  nocturnal  pilgrimage,  or  of 
some  friend  labouring  with  child,  whom  you  went 
out  to  aid.  , 

Ang.  No  :  I  have  no  intention  of  disguising  anything 
from  you.  I  do  not  pretend  to  defend  myself,  nor 
to  deny  anything,  since  you  know  all. 

Dan.  That  is  because  you  quite  see  all  ways  of 
escape  are  closed  to  you,  and  that  you  cannot 
invent  any  excuse  in  this  affair  which  I  could  not 
easily  prove  to  be  a  falsehood. 

Ang.  Yes,  I  confess  I  am  wrong,  and  that  you  have 
good  cause  to  complain.  But  I  beseech  you  not 
to  expose  me  now  to  the  anger  of  my  parents,  do 
open  the  door  for  me  quickly. 

Dan.  I  kiss  your  hands. 

Ang.  Ah  !  my  dear,  kind  husband,  I  implore  you. 

Dan.  Ah  !  my  dear  kind  husband  ?     I  am  your  dear 

husband  now,  because  you  see  you  are  caught. 

I  am  very  pleased  to  hear  it,  you  never  thought  of 

saying  these  sweet  things  before. 
Ang.  There,  I  promise  you  never  to  displease  you 

again,  and  to  .  .  . 
Dan.   No  good.     I  cannot  lose  this  chance ;  I  shall 

take  care  that,  for  once,  people  shall  not  be  left  in 

the  dark  about  your  goings-on. 
Ang.  I  beseech  you,  for  pity's  sake,  to  let  me  speak 

to  you  for  just  one  moment. 


74  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

Dan.  He  bien,  quoi? 

Ang.  II  est  vrai  que  j'ai  failli,  je  vous  I'avoue  encore 
une  foisj  que  votre  ressentiment  est  juste ;  que  j'ai 
pris  le  temps  de  sortir  pendant  que  vous  dormiez,  et 
que  cette  sortie  est  un  rendez-vous  que  j'avais  donne 
a  la  personne  que  vous  dites.  Mais  enfin  ce  sont 
des  actions  que  vous  devez  pardonner  a  mon  age ; 
des  emportemeuts  de  jeune  personne  qui  n'a  encore 
rien  vu,  et  ne  fait  que  d'entrer  au  monde ;  des 
libertes  ou  I'on  s'abandonne  sans  y  penser  de  mal, 
et  qui  sans  doute  dans  le  fond  n'ont  rien  de  .  .  . 

Dan.  Oui :  vous  le  dites,  et  ce  sont  de  ces  choses  qui 
ont  besoin  qu'on  les  croie  pieusement. 

Ano.  Je  ne  veux  point  m'excuser  par  la  d'etre  cou- 
pable  enversvous,etje  vous  prie  seulement  d'oublier 
une  offense  dont  je  vous  demande  pardon  de  tout 
mon  coeur,  et  de  m'epargner  en  cette  rencontre  le 
deplaisir  que  me  pourraient  causer  les  reproches 
facheux  de  mon  pere  et  de  ma  mere.  Si  vous 
m'accordez  genereusement  la  grace  que  je  vous 
demande,  ce  procede  obligeant,  cette  bonte  que 
vous  me  ferez  voir,  me  gagnera  entierement.  EUe 
touchera  tout  a  fait  mon  coeur,  et  y  fera  naitre  pour 
vous  ce  que  tout  le  pouvoir  de  mes  parents  et  les 
liens  du  mariage  n'avaient  pu  y  jeter.  En  un 
mot,  elle  sera  cause  que  je  renoncerai  a  toutes  les 
galanteries,  et  n'aurai  de  I'attachement  que  pour 
vous.  Oui,  je  vous  donne  ma  parole  que  vous 
m'allez  voir  desormais  la  meilleure  femme  du  monde, 
et  que  je  vous  temoignerai  tant  d'amitie,  tant 
d'amitie,  que  vous  en  serez  satisfait. 

Dan.  Ah !  crocodile,  qui  flatte  les  gens  pour  les 
etrangler. 

Ang.  Accordez-moi  cette  faveur. 

Dan.  Point  d'affaires.     Je  suis  inexorable. 

Ang.  Montrez-vous  genereux. 

Dan.  Non. 

Ang.  De  grace ! 

Dan.  Point 


80.  VI.]  GEORGE  DANDIN  76 

Dan.  Well,  what  is  it? 

Ang.  It  is  true,  1  made  a  mistake,  I  confess  it  once 
more,  and  your  resentment  is  just;  I  took  the 
opportunity  of  going  out  while  you  were  asleep, 
and  I  went  out  to  keep  an  appointment  I  had  made 
with  the  person  you  know.  But,  after  all,  these  are 
actions  which  you  ought  to  pardon  at  my  age :  the 
follies  of  a  young  girl,  who  has  not  seen  anything 
of  the  world  and  who  has  only  just  entered  upon 
life;  liberties  which  one  takes  without  thinking 
of  any  harm,  and  which  surely  are  not  wrong  in 
themselves  .  .  . 

Dan.  Yes  :  so  you  say,  these  are  things  in  which  one 
ought  to  put  implicit  faith. 

Ang.  I  do  not  wish  to  excuse  myself  or  hold  myself 
blameless  towards  you,  I  only  beseech  you  to  forget 
an  offence  for  which  I  beg  your  pardon  with  all  my 
heart,  and  to  spare  me  the  humiliation  my  father's 
and  mother's  angry  reproaches  would  cause  me. 
If  you  will  generously  grant  me  the  favour  I  ask  of 
you,  your  good  deed,  the  kindness  you  will  do  me, 
will  win  me  over  entirely.  It  will  move  my  heart, 
and  create  an  affection  for  you  which  neither  the 
authority  of  my  parents  nor  the  bonds  of  marriage 
have  been  able  to  produce.  In  a  word,  it  will  cause 
me  to  renounce  all  gallantries  and  to  feel  attached 
solely  to  you.  Yes,  I  give  you  my  word  that  you 
shall  see  me  henceforth  the  best  woman  in  the 
world,  and  I  will  show  you  so  much  affection,  so 
much  love,  that  you  shall  be  satisfied. 


Dan.  Ah  !  you  crocodile,  you  flatter  people  so  that 

you  may  strangle  them. 
Ang.  Grant  me  this  favour. 
Dan.  Certainly  not.     I  am  inexorable. 
Ang.  Show  yourself  generous. 
Dan.  No. 

Ang.  Have  mercy  1 
Dan.  No. 


76  GEORGE  DANDIN  [acte  iii. 

Ang.  Je  vous  en  conjure  de  tout  mon  coeur. 

Dan.  Non,  non,  non.  Je  veux  qu'on  soit  detrompd 
de  vous,  et  que  votre  confusion  eclate. 

Ang.  He  bien  !  si  vous  me  reduisez  au  desespoir,  je 
vous  avertis  qu'une  femme  en  cet  etat  est  capable 
de  tout,  et  que  je  ferai  quelque  chose  ici  dont  vous 
vous  repentirez. 

Dan.  Et  que  ferez-vous,  s'il  vous  plait  ? 

Ang.  Mon  coeur  se  portera  jusqu'aux  extremes  resolu- 
tions, et  de  ce  couteau  que  voici  je  me  tuerai  sur 
la  place. 

Dan.  Ah  !  ah  !  a  la  bonne  heure. 

Ang.  Pas  tant  a  la  bonne  heure  pour  vous  que  vous 
vous  imaginez.  On  sait  de  tous  cotes  nos  differends, 
et  les  chagrins  perpetuels  que  vous  concevez  contre 
moi.  Lorsqu'on  me  trouvera  morte,  il  n'y  aura 
personne  qui  mette  en  doute  que  ce  ne  soit  vous 
qui  m'aurez  tuee  ;  et  mes  parents  ne  sont  pas  gens 
assurement  a  laisser  cette  mort  impunie,  et  ils  en 
feront  sur  votre  personne  toute  la  punition  que  leur 
pourront  oflPrir  et  les  poursuites  de  la  justice,  et  la 
chaleur  de  leur  ressentiment.  C'est  par  la  que  je 
trouverai  moyen  de  me  venger  de  vous,  et  je  ne 
suis  pas  la  premiere  qui  ait  su  recourir  a  de  pareilles 
vengeances,  qui  n'ait  pas  fait  difficulte  de  se  donner 
la  mort  pour  perdre  ceux  qui  ont  la  cruaute  de  nous 
pousser  a  la  derniere  extremite. 

Dan.  Je  suis  votre  valet.  On  ne  s'avise  plus  de  se 
tuer  soi-meme,  et  la  mode  en  est  passee  il  y  a  long- 
temps. 

Ang.  C'est  une  choFe  dont  vous  pouvez  vous  tenir 
sur ;  et  si  vous  persistez  dans  votre  refus,  si  vous 
ne  me  faites  ouvrir,  je  vous  jure  que  tout  a  I'heure 
je  vais  vous  faire  voir  jusqu'ou  peut  aller  la  resolu- 
tion d'une  personne  qu'on  met  au  desespoir. 

Dan.  Bagatelles,  bagatelles.  C'est  pour  me  faire 
peur. 

Ang.  He  bien  !  puisqu'il  le  faut,  voici  qui  nous  con- 
tentera  tous  deux,  et  montrera  si  je  me  moque. 
Ah  !  e'en  est  fait.     Fasse  le  Ciel  que  ma  mort  soit 


sc.  VI.]  GEORGE  DANDIN  77 

Ang.  I  implore  you  with  all  my  heart. 

Dan.  No,  no,  no.  I  wish  them  to  be  undeceived 
about  you,  and  your  shame  to  be  made  public. 

Ang.  Very  well !  if  you  drive  me  to  despair,  I  warn 
you  that  a  woman,  so  driven,  is  capable  of  every- 
thing ;  I  shall  do  something  now  which  will  make 
you  regret  your  conduct. 

Dan.  Pray,  what  will  you  do  ? 

Ang.  I  shall  be  cast  into  the  depths  of  despair,  and  I 
shall  kill  myself  with  this  knife  where  I  am. 

Dan.  Ha  !  ha  !  very  good. 

Ang.  Not  so  very  good  as  you  imagine.  People  all 
round  us  know  about  our  quarrels  and  the  perpetual 
annoyance  to  which  you  subject  me.  When  they 
find  me  dfead,  no  one  will  doubt  that  I  have  been 
killed  by  you ;  and  my  parents  are  assuredly  not 
the  people  to  let  my  death  go  unpunished  ;  in  the 
heat  of  their  resentment  they  will  see  that  you  are 
punished  with  the  utmost  rigour  of  the  law.  That 
is  how  I  shall  find  means  to  avenge  myself  upon 
you ;  I  am  not  the  first  who  has  had  recourse  to 
such  a  revenge,  or  who  has  not  hesitated  to  kill 
herself  in  order  to  ruin  those  who  had  the  cruelty 
to  drive  her  to  the  last  extremity. 


Dan.  I  am  your  servant.  Peeple  do  not  think  of 
killing  themselves  now,  it  has  been  out  of  fashion 
a  long  time. 

Ang.  You  may  be  sure  I  shall  do  it ;  if  you  persist  in 
your  refusal,  if  you  do  not  open  the  door  for  me, 
I  swear  to  you  that  I  will  instantly  show  you  how 
far  the  resolution  of  a  desperate  woman  can  go. 

Dan.    Rubbish,  fiddlesticks.     You  want  to  frighten 

me. 
Ang.  Very  well !  since  it  must  be,  I  have  here  what 

will  content  us  both,  what  will  show  whether  I  jest. 

Ah  I  it  is  done.      Heaven  grant  that  my  death  may 


78  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

vengee  comme  je  le  souhaite,  et  que  celui  qui  en  est 
cause  re9oive  un  juste  chatiment  de  la  durete  qu'il 
a  eue  pour  moi  ! 

Dan.  Ouais  !  serait-elle  bien  si  malicieuse  que  de 
s'etre  tuee  pour  me  faire  pendre  ?  Prenons  un  bout 
de  chandelle  pour  aller  voir. 

Ang.  St.  Paix !  Rangeons-uous  chacune  immediate- 
ment  contre  un  des  cotes  de  la  porte. 

Dan.  La  mechancete  d'une  femme  irait-elle  bien 
j usque-la."*  (II  sort  avec  un  bout  de  chandelle,  sans  les 
apercevoir ;  elles  entrent ;  aussitot  elles  ferment  la  porte.) 
II  n'y  a  personne.  Eh  !  je  m'en  etais  bien  doute', 
et  la  pendarde  s'est  retiree,  voyant  qu'elle  ne  ga- 
gnait  rien  apres  moi,  ni  par  prieres  ni  par  menaces. 
Tant  mieux  !  cela  rendra  ses  affaires  encore  plus 
mauvaises,  et  le  pere  et  la  mere  qui  vont  venir  en 
verront  mieux  son  crime.  Ah  !  ah !  la  porte  s'est 
fermee.  Hola !  ho !  quelqu'un  !  qu'on  m'ouvre 
promptement ! 

Ang.  {h,  la  fen^tre  avec  Claudine)  Comment .''  c'est  toi ! 
D'ou  viens-tu,  bon  pendard  ?  Est-il  I'heure  de 
revenir  chez  soi  quand  le  jour  est  pres  de  paraitre? 
et  cette  maniere  de  vie  est-elle  celle  que  doit  suivre 
un  honnete  mari  .'^ 

Clau.  Cela  est-il  beau  d'aller  ivrogner  toute  la  nuit  ? 
et  de  laisser  ainsi  toute  seule  une  pauvre  jeune 
femme  dans  la  maison  .'* 

Dan.   Comment .''  vous  ave25  .  .  . 

Ang.  Va,  va,  traitre,  je  suis  lasse  de  tes  deporte- 
ments,  et  je  m'en  veux  plaindre,  sans  plus  tarder, 
a  mon  pere  et  a  ma  mere. 

Dan.  Quoi  ?  c'est  ainsi  que  vous  osez  .  .  , 


sc.  VI.]  GEORGE  DANDIN  79 

be  avenged  as  I  wish,  and  that  he  who  is  the  cause 
of  it  may  receive  a  just  chastisement  for  his  hard- 
heartedness  towards  me. 

Dan.  Heavens  !  can  she  really  have  been  malicious 
enough  to  kill  herself  so  that  I  may  be  hanged.'' 
I  must  take  a  candle  and  go  see. 

Ang.  Hush  !  hush  !  Now  let  us  put  ourselves  one  on 
each  side  of  the  door. 

Dan.  Can  a  woman's  spite  go  to  lengths  like  this? 
(He  goes  out  with  a  candle,  without  perceiving  them ;  they 
enter  and  immediately  shut  the  door)  There  is  no  one. 
Ah !  I  thought  so  ;  the  hussy  has  gone  away,  seeing 
that  she  could  not  gain  anything  from  me,  neither 
by  prayers  nor  by  threats.  So  much  the  better ! 
it  will  make  matters  much  worse  for  her,  her  father 
and  mother  will  the  easier  see  her  crime  when  they 
come.  Ah  !  ah  !  the  door  has  fallen  to.  Hullo ! 
ho  I  some  one  !  open  the  door  for  me  at  once  ! 

Ang.  (at  the  window  with  Claudine)  What !  is  it  you } 
Where  have  you  been,  you  rascal  ?  Is  this  a  decent 
hour  to  return  to  your  home  when  it  is  nearly  day- 
break ?  is  this  the  kind  of  life  a  respectable  husband 
ought  to  lead  ? 

Clau.  It  is  a  fine  thing  to  go  about  drinking  all 
night,  and  leaving  a  poor  young  wife  all  alone  in 
the  house. 

Dan.  So  ?  you  have  .  .  . 

Ang.  Go  away,  you  scoundrel,  I  am  tired  of  your 
goings-on,  I  shall  complain  of  them,  without  more 
delay,  to  my  father  and  mother. 

Dan.  Ah  ?  how  dare  you  .  .  . 


80  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 


SciNE  VII 

Monsieur  et  Madame  de  Sotenville,  Colin, 
Claudine,  Angelique,  George  Dandin 

(Monsieur  et  Madame  de  Sotenville  sont  en  des  habits  de 
nuit,  et  conduits  par  Colin,  qui  porte  une  lanteme. ) 

Ang.  Approchez,  de  grace,  et  venez  me  faire  raison 
de  I'insolence  la  plus  grande  du  monde  d'un  mari  a 
qui  le  vin  et  la  jalousie  ont  trouble  de  telle  sorte  la 
cervelle,  qu'il  ne  sait  plus  ce  qu'il  dit,  ni  ce  qu'il 
fait,  et  vous  a  lui-meme  envoye  querir  pour  vous 
faire  temoins  de  I'extravagance  la  plus  etrange  dont 
on  ait  jamais  oui  parler.  Le  voila  qui  revient 
comme  vous  voyez,  apres  s'etre  fait  attendre  toute 
la  nuit;  et,  si  vous  voulez  I'ecouter,  il  vous  dira 
qu'il  a  les  plus  grandes  plaintes  du  monde  a  vous 
faire  de  moi ;  que  durant  qu'il  dormait,  je  me  suis 
derobee  d'aupres  de  lui  pour  m'en  aller  courir,  et 
cent  autres  contes  de  meme  nature  qu'il  est  alle 
rever. 

Dan.  Voila  une  mechante  carogne. 

Clau.  Oui,  il  nous  a  voulu  faire  accroire  qu'il  etait 
dans  la  maison,  et  que  nous  en  etions  dehors,  et 
c'est  une  folie  qu'il  n'y  a  pas  moyen  de  lui  oter  de 
la  tete. 

M.  DE  S.  Comment,  qu'est-ce  a  dire  cela  ? 

Mme.  de  S.  Voila  une  furieuse  impudence  que  de 
nous  envoyer  querir. 

Dan.  Jamais  .  .  . 

Ang.  Non,  mon  pere,  je  ne  puis  plus  souffrir  un  mari 
de  la  sorte.  Ma  patience  est  poussee  a  bout,  et  il 
vient  de  me  dire  cent  paroles  injurieuses. 

M.  DE  S.   Corbleu  !  vous  etes  un  malhonnete  homme. 

Clau.  C'est  une  conscience  de  voir  une  pauvre  jeune 
femme  traitee  de  la  fa§on,  et  cela  crie  vengeance 
au  Ciel. 

Dan.  Peut-on  .  .  .  ? 

Mme.  de  S.  Allez,  vous  devriez  mourir  de  honte. 


sc.  VII.]  GEORGE  DANDIN  81 


Scene  VII 

Monsieur  and  Madam  de  Sotenville^  Colin, 
Claudine,  Angelique,  George  Dandin 

(Monsieur  and  Madam  de  Sotenville  are  in  their  night- 
dresses ;  Colin  shows  the  way  with  a  lantern. ) 
Anq.  Pray  come  and  stand  up  for  me  against  my 
husband.  He  is  the  most  insolent  man  in  the 
world.  Wine  and  jealousy  have  so  muddled  his 
brain  that  he  no  longer  knows  what  he  says  or 
what  he  does.  He  himself  has  sent  for  you  so  that 
you  may  witness  the  most  wild  and  outrageous 
behaviour  conceivable.  There  he  is,  as  you  see, 
returning  home  after  making  me  wait  all  night  for 
him ;  and,  if  you  listen  to  him,  he  will  tell  you  he 
has  the  greatest  complaints  imaginable  to  make 
against  me ;  that,  while  he  was  asleep,  I  left  his 
side  to  go  out,  and  a  hundred  other  tales  of  the 
same  nature,  which  he  has  taken  into  his  head. 

Dan.  The  vile  hussy. 

Clau.  Yes,  he  wishes  to  make  us  believe  he  was  in 

the  house,  and  that  we  were  outside  ;  nothing  will 

drive  the  idea  out  of  his  head. 

M.  DE  S.  Come,  what  is  all  this  about  .'* 

Mad.  de  S.  It  is  monstrous  impudence  to  send  for  us. 

Dan.  Never  .  .  . 

Ang.  No,  father,  I  cannot  any  longer  endure  such  a 

husband.     My  patience  is  at  an  end;  he  has  just 

been  loading  me  with  abuse. 
M.  DE  S.  By  Heaven!  Monsieur,  you  are  a  scoundrel. 
Clau.  It  is  a  shame  to  see  a  poor  young  wife  treated 

like  this :  it  cries  to  Heaven  for  vengeance. 

Dan.  May  I  .  .  .  ? 

Mad.  de  S.  Yes,  you  ought  to  die  of  shame. 


82  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

Dan.  Laissez-moi  vous  dire  deux  mots. 

Ang.  Vous  n'avez  qu'a  I'ecouter,  il  va  vous  en  conter 

de  belles. 
Dan.  Je  desespere. 
Clau.  II  a  tant  bu,  que  je  ne  pense  pas  qu'on  puisse 

durer  contre  lui,  et  I'odeur  du  vin  qu'il  souffle  est 

montee  jusqu'a  nous. 
Dan.  Monsieur  mon  beau-pere,  je  vous  conjure  .  .  . 
M.  DB  S.    Retirez-vous :   vous  puez  le  vin  a  pleine 

bouche. 
Dan.  Madame,  je  vous  prie.  .  .  . 
Mme.  de  S.    Fi !  ne  m'approchez  pas :  votre  haleine 

est  empestee. 
Dan.   Souffrez  que  je  vous  .  .  . 
M.  DE  S.   Retirez-vous,  vous  dis-je :  on  ne  peut  vous 

souffrir. 
Dan.   Permettez,  de  grace,  que  .  .  . 
M.    DE  S.     Poua  !     vous    m'engloutissez    le    coeur. 

Parlez  de  loin,  si  vous  voulez. 
Dan.   He  bien  oui,  je  parle  de  loin.    Je  vous  jure  que 

je  n'ai  bouge  de  chez  moi,  et  que  c'est  elle  qui  est 

sortie. 
Ang.  Ne  voila  pas  ce  que  je  vous  ai  dit? 
Clau.  Vous  voyez  quelle  apparence  il  y  a. 
M.  DE  S.   AUez,  vous  vous  moquez  des  gens.     Des- 

cendez,  ma  fille,  et  venez  ici. 
Dan.  J'atteste  le  Ciel  que  j'etais  dans  la  maison,  et 

que  .  .  . 
Mme.  de  S.  Taisez-vous,  c'est  une  extravagance  qui 

n'est  pas  supportable. 
Dan.   Que  la  foudre  m'ecrase  tout  a  I'heure  si  ...  ! 
M.  de  S.  Ne  nous  rompez  pas  davantage  la  tete,  et 

songez  a  demander  pardon  a  votre  femme. 
Dan.   Moi,  demander  pardon? 
M.  DE  S.  Oui,  pardon,  et  sur-le-champ. 
Dan.  Quoi?  je  .  .  . 
M.  DE  S.    Corbleu  !  si  vous  me  repliquez,  je  vous 

apprendrai    ce   que    c'est    que    de   vous   jouer   a 

nous. 
Dan.  Ah,  George  Dandin  ! 


8c.  VII.]  GEORGE  DANDIN  83 

Dan.  Will  you  allow  me  to  say  two  words  ? 

Ang.  You  have  but  to  listen  to  him,  he  will  tell  you 

fine  tales. 
Dan.  I  am  in  despair. 
Clau.  He  has  drunk  so  much,  that  I  wonder  any  one 

can  remain  near  him,  we  can  smell  him  of  wine  up 

here. 
Dan.  Father-in-law,  I  beseech  you  .  .  . 
M.  DE  S.    Go  back  :  every  mouthful  of  your  breath 

reeks  of  wine. 
Dan.   I  pray  you.  Madam  .  .  . 
Mad.  db  S.   Go  away,  do  not  come  near  me:   your 

breath  is  pestiferous. 
Dan.  Allow  me  to  .  .  . 
M.  DB  S.   Go  back,  I  tell  you :   you  are  not  to  be 

endured. 
Dan.  For  pity's  sake,  let  me  .  .  . 
Mad.  db  S.  Faugh  !  you  make  me  sick.     If  you  want 

to  speak,  stand  farther  off, 
Dan.    Very  well  then,  I  will  speak  farther  off.     I 

swear  to  you  that  I  have  not  stirred  out  of  my 

house,  it  was  she  who  went  out. 
Ang.  Did  I  not  tell  you  so  ? 
Clau.  You  can  see  how  likely  that  is. 
M.  DE  S.    Away  with  you,  you  are  trying  to  make 

fools  of  us.     Come  down  to  us,  my  child. 
Dan.   I  swear  to  Heaven  I  was  in  the  house,  and 

that  .  .  . 
M.  DE  S.  Hold  your  tongue ;  this  impudence  is  un- 
bearable. 
Dan.  May  Heaven  strike  me  dead  now,  if  ...  ! 
M.  DE  S.  Do  not  deafen  us  any  longer,  but  rather 

think  of  asking  your  wife's  pardon. 
Dan.  I,  ask  pardon  ? 
M.  DE  S.  Yes,  pardon,  and  at  once. 
Dan.  What?  I  .  .  . 
M.  DE  S.  Good  Heavens !  if  you  bandy  words  with  me 

I  will  teach  you  what  it  is  to  make  game  of  us. 

Dan.  Ah,  George  Dandin  ! 


84  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

M.  DE  S.  AUons,  venezj  ma  fille,  que  votre  mari  vous 

demande  pardon. 
Ang.    (descendue)    Moi?  lui  pardonner  tout  ce  qu'il 

m'a  dit?    Non,  non,  mon  pere,  il  m'est  impossible 

de  m'y  resoudre,  et  je  vous  prie  de  me  separer  d'uu 

mari  avec  lequel  je  ne  saurais  plus  vivre. 
Clau.  Le  moyen  d'y  resister  ? 
M.  DB  S.   Ma  fille,  de  semblables  separations  ne  se 

font  point  sans  grand  scandale,  et  vous  devez  vous 

montrer  plus  sage  que  lui,  et  patienter  encore  cette 

fois. 
Ang.  Comment  patienter  apres  de  telles  indignites? 

Non,  mon  pere,  c'est  une  chose  ou  je  ne  puis  con- 

sentir. 
M.  DE  S.  II  le  faut,  ma  fiUe,  et  c'est  moi  qui  vous  le 

commaude. 
Ang.  Ce  mot  me  ferme  la  bouche,  et  vous  avez  sur 

moi  une  puissance  absolue. 
Clau.  Quelle  douceur  ! 
Ang.    II  est  facheux  d'etre  contrainte  d'oublier  de 

telles  injures ;   mais  quelque  violence  que  je  me 

fasse,  c'est  a  moi  de  vous  obe'ir. 
Clau.  Pauvre  mouton  ! 
M.  DE  S.  Approchez. 
Ang.    Tout  ce  que  vous  me  faites  faire  ne  servira 

de  rien,  et  vous  verrez  que  ce  sera  des  demain  a 

recommencer. 
M.  DE  S.  Nous  y  donnerons  ordre.     AUons,  mettez- 

vous  a  genoux. 
Dan.  a  genoux  ? 

M.  DE  S.  Oui,  a  genoux  et  sans  tarder. 
Dan.  (II  se  met  k  genoux)    O  Ciel  !     Que  faut-il  dire  } 

M.  DB  S.   '  Madame,  je  vous  prie  de  me  pardonner.' 
Dan.   '  Madame,  je  vous  prie  de  me  pardonner.' 
M.  DE  S.   '  L' extravagance  que  j'ai  faite.' 
Dan.  ' L'extravagance  que  j'ai  faite'  (^part)  de  vous 

epouser. 
M.  DE  S.    '  Et  je  vous  promets  de  mieux  vivre  a 

I'avenir.' 


sc.  vn.]  GEORGE  DANDIN  86 

M.  DE  S.  Come  here,  my  child,  that  your  husband 
may  ask  your  pardon. 

Ang.  (having  come  down)  I  ?  pardon  him  all  he  has 
said  to  me?  No,  no,  father,  I  cannot  bring  my 
heart  to  do  it ;  I  beseech  you  to  separate  me  from 
a  husband  with  whom  I  cannot  live  any  longer. 

Clau.  How  can  you  refuse  her  ? 

M.  DE  S.  Such  separations,  my  child,  are  not  brought 
about  without  great  scandal ;  you  must  show  that 
you  are  wiser  than  he,  and  forgive  him  this  once. 

Ang.  How  can  I  sit  still  under  such  indignities  ?  No, 
father,  I  cannot  consent. 

M.  DE  S.  You  must,  my  child,  I  command  you. 

Ang.  You  have  absolute  power  over  me,  and,  after 

that,  I  cannot  say  another  word. 
Clau.  See  how  docile  she  is  ! 
Ang.    It  is  maddening  to  be  forced  to  forgive  such 

insults ;  but,  however  hard  it  is  for  me,  it  is  my 

duty  to  obey  you. 
Clau.  Poor  lamb  ! 
M.  DE  S.  Come  here. 
Ang.  Nothing  you  make  me  do  will  be  any  use,  you 

will  see  we  shall  begin  the  whole  thing  over  again 

to-morrow. 
M.  DE  S.  We  will  look  after  that.     Come,  go  down 

on  your  knees. 
Dan.  On  my  knees  } 

M.  DE  S.  Yes,  on  your  knees,  and  without  delay. 
Dan.  (He  kneels  down)    Oh  Heavens  !     What  do  you 

want  me  to  say  ? 
M.  DE  S.  '  Madam,  I  beg  you  to  pardon  me.' 
Dan.  '  Madam,  I  beg  you  to  pardon  me.' 
M.  DE  S.  *  The  folly  I  have  committed.' 
Dan.  '  The  folly  I  have  committed '  (aside)  in  marry- 
ing you. 
M.  DE  S.  '  And  I  promise  you  to  behave  better  in  the 

future.' 


86  GEORGE  DANDIN  [acte  hi. 

Dan.  'Et  je  vous  promets  de  mieux  vivre  a  ravenir.' 

M.  DE  S.  Prenez-y  garde,  et  sachez  que  c'est  ici  la 
derniere  de  vos  impertinences  que  nous  souffrirons. 

Mme.  db  S.  Jour  de  Dieu !  si  vous  y  retournez,  on 
vous  apprendra  le  respect  que  vous  devez  a  votre 
femme,  et  a  ceux  de  qui  elle  sort. 

M.  DE  S.  Voila  le  jour  qui  va  paraitre.  Adieu. 
Rentrez  chez  vous,  et  songez  bien  a  etre  sage.  Et 
nous^  mamour,  allons  nous  mettre  au  lit. 


SciNE    VIII 

George  Dandin 

Ah  !  je  le  quitte  maintenant,  et  je  n'y  vois  plus  de 
remede :  lorsqu'on  a,  comme  moi,  epouse  une 
mechante  femme,  le  meilleur  parti  qu'on  puisse 
prendre,  c'est  de  s'aller  jeter  dans  I'eau  la  tete  la 
premiere. 

FIN  db  OEORQE  dandin. 


sc.  VIII.]  GEORGE  DANDIN  87 

Dan.    *And  I  promise  you  to  behave  better  in  the 

fixture.' 
M.  DB  S.  Take  care,  and  remember  that  this  is  the 

last  of  your  impertinences  we  shall  put  up  with. 
Mad.  de  S.  Yes,  by  Heavens  !  if  you  carry  on  like 

this  again  you  shall  be  taught  the  respect  you  owe 

your  wife,  and  those  from  whom  she  comes. 
M.  DB  S.  It  is  nearly  daylight.     Farewell.     Go  home 

and  try  to  become  wiser.     As  for  us,  my  dear,  let 

us  go  back  to  bed. 


I 


Scene  VIII 

Gbobge  Dandin 

Well,  I  give  it  up  now,  I  cannot  see  any  remedy: 
when  one  has  married  a  wicked  woman,  as  I  have 
done,  the  best  step  one  can  take  is  to  throw  one's 
self  straight  into  the  river, 

END  OP  GEORGE  DANDIN. 


THE  MISER 

(VAvare) 


L'Ava/re  was  first  played  in  Paris,  in  the  Th^^tre 
du  Palais-Royal,  on  the  9th  of  September,  1668. 
At  first  a  few  performances  satisfied  both  the  Court 
and  the  public,  but  the  play  gradually  increased  in 
favour  with  the  more  serious,  and  later  critics  have 
recognised  it  as  not  merely  one  of  Molifere's  greatest 
works,  but  as  one  of  the  great  comedy-tragedies  of 
literature.  Goethe  described  it  as  'pre-eminently 
great,  sublimely  tragic' 

Itself  an  imitation  of  the  AtUularia  of  Plautus,  it 
was  imitated  for  English  hearers  in  Henry  Fielding's 
Miser  (1733),  the  prologue  to  which  speaks  of  Moli^re 
as  one  'who  nature's  inmost  secrets  knew.' 

The  part  of  Harpagon  was  played  by  Moli^re. 

The  title-page  of  the  first  edition  reads  as  follows : 
L'AVARE,  I  coMEDiE.  I  Par  I.  B.  P.  Moliere.  \ 
A  Paris,  |  Chez  Iean  Ribov,  au  Palais,  vis-k-vis  |  la 
Porte  de  I'Eglise  de  la  Sainte  Chapelle,  |  h.  I'lmage  S. 
Louis,  j  M.DC.LXIX.  |  ayeo  privilege dv  rot. 


THE  MISER 

(VAvare) 
A  Comedy 

DRAMATIS  PERSONS 

epARPAGON,  (Mantes  and  Elise's  father,  in  love  with 
Mariane. 
Cl^ante,  Harpagons  son,  Mariane's  lover. 
Ij^LiSE,  Harpagons  daughter,  Valere's  lover, 
jVAiiERE,  Anselms  son,  Elise's  lover. 
I  I  Mariane^  Cleante's  lover,  loved  by  Harpagon. 
L^NSELME,  Valere  and  Mariane's  father. 
\y  FrosinEj  an  intriguing  woman, 
Maitre  Simon,  a  broker. 

MaJtre  Jacques,  Harpagon' s  cook  and  coachman.      . 
La  FiiiiCHE,  Cleante's  valet,  v/ 
Dame  Claude,  Harpagon' s  servant. 

Brindavoine,  ^  ^  ,    , 

y Harpagon  s  lackeys. 
La  MerlucheJ 

The  magistrate  and  his  clerk. 

The  scene  is  at  Pari*. 


L*AVARE 

comjSdie 

ACTE   I 
Scene  I 

VaL&RE^  J^LISB 

Val.  He  quoi  ?  charmante  Elise,  vous  devenez  melan- 
colique,  apres  les  obligeantes  assurances  que  vous 
avez  eu  la  bonte  de  me  donner  de  votre  foi  ?  Je 
vous  vois  soupirer,  helas  !  au  milieu  de  ma  joie ! 
Est-ce  du  regret,  dites-moi,  de  m'avoir  fait  heureux, 
et  vous  repentez-vous  de  cet  engagement  ou  mes 

^  feux  ont  pu  vous  contraindre  ? 

El.  Non,  Valere,  je  ne  puis  pas  me  repentir  de  tout 
ce  que  je  fais  pour  vous.  Je  m'y  sens  entrainer  par 
une  trop  douce  puissance,  et  je  n'ai  pas  meme  la 
force  de  souhaiter  que  les  choses  ne  fussent  pas. 
Mais,  a  vous  dire  vrai,  le  succes  me  donne  de  I'in- 
quietude ;  et  je  crains  fort  de  vous  aimer  un  peu 
plus  que  je  ne  devrais. 

Val.  He !  que  pouvez-vous  craindre,  Elise,  dans  les 
,  bontes  que  vous  avez  pour  moi.'' 

El.  Helas !  cent  choses  a  la  fois :  I'emportement  d'un 
pere,  les  reproches  d'une  famille,  les  censures  du 
monde ;  mais  plus  que  tout,  Valere,  le  changement 
de  votre  coeur,  et  cette  froideur  criminelle  dont 
ceux  de  votre  sexe  payent  le  plus  souvent  les 
temoignages  trop  ardents  d'une  innocente  amour. 

92 


THE  MISER 
A  COMEDY 


ACT    I 

Scene  I 


Valere,  Elise 


Val.  Come,  now,  dear  Elise,  why  so  sad  after  all 
the  delightful  assurances  you  have  been  so  good 
as  to  give  me  concerning  your  love?  You  sigh, 
alas !  in  the  midst  of  my  joy  !  Tell  me,  do  you 
regret  having  made  me  happy  ?  Do  you  repent  of 
being  forced  into  this  engagement  by  my  ardour  ? 

El.  No,  Valere,  I  cannot  be  sorry  for  anything  I 
have  done  for  you.  I  am  enslaved  by  too  pleasant 
a  chain  for  that :  I  have  not  even  the  strength  to 
wish  that  things  were  otherwise.  Yet,  to  tell  you 
the  truth,  I  am  uneasy  at  what  may  happen ;  I  am 
sorely  afraid  I  love  you  more  than  I  ought. 

Val.  Ah  !  what  is  there  to  be  afraid  of,  Elise,  in 
^  the  affection  you  have  for  me  ? 

El.  Alas  !  many  things :  a  father's  anger,  the  re- 
proaches of  my  family,  the  world's  censures ;  but, 
more  than  all,  Valere,  that  your  heart  may  change, 
and  the  killing  coldness  with  which  your  sex,  more 
often  than  not,  repays  the  eager  proofs  of  simple 
love. 


94  L'AVARE  [actb  i. 

Val.  Ah !  ne  me  faites  pas  ce  tort  de  juger  de  moi 

par  lea  autres.     Soupfonnez-moi  de  tout,   Elise, 

plutot  que  de  manquer  a  ce  que  je  vous  dois :  je 

vous  aime  trop  pour  cela,  et  mou  amour  pour  vous 

^  durera  autant  que  ma  vie. 

El.  Ah  !  Valere,  chacun  tient  les  memes  discours. 
Tous  les  hommes  sont  semblables  par  les  paroles ; 
et  ce  n'est  que  les  actions  qui  les  decouvrent  diffe- 
rents. 

Val.  Puisque  les  seules  actions  font  connaitre  ce  que 
nous  sommes,  attendez  done  au  moins  a  juger  de 
mon  coeur  par  elles,  et  ne  me  cherchez  point  des 
crimes  dans  les  injustes  craintes  d'une  facheuse  pre- 
voyance.  Ne  m'assassinez  point,  je  vous  prie,  par 
les  sensibles  coups  d'un  soup9on  outrageux,  et 
donnez-moi  le  temps  de  vous  convaincre,  par  mille 
et  mille  preuves,  de  I'honnetete  de  mes  feux. 

]^L.  Helas  I  qu'avec  facilite  on  se  laisse  persuader  par 
les  personnes  que  Ton  aime  !  Oui,  Valere,  je  tiens 
votre  coeur  incapable  de  m'abuser.  Je  crois  que 
vous  m'aimez  d'un  veritable  amour  et  que  vous  me 
serez  fidele ;  je  n'en  veux  point  du  tout  douter,  et 
je  retranche  mon  chagrin  aux  apprehensions  du 
blame  qu'on  pourra  me  donner. 

Val.  Mais  pourquoi  cette  inquietude  ? 

J^L.  Je  n'aurais  rien  a  craindre,  si  tout  le  monde  vous 
voyait  des  yeux  dont  je  vous  vois,  et  je  trouve  en 
votre  personne  de  quoi  avoir  raison  aux  choses  que 
je  fais  pour  vous.  Mon  coeur,  pour  sa  defense,  a 
tout  votre  merite,  appuye  du  secours  d'une  recon- 
naissance ou  le  Ciel  m'engage  envers  vous.  Je  me 
represente  a  toute  heure  ce  peril  etonnant  qui  com- 
men9a  de  nous  offrir  aux  regards  I'un  de  I'autre ; 
cette  generosite  sur^rpnante  qui  vous  fit  risquer 
votre  vie,  pour  derober  la*mienne  a  la  fureur  des 
ondes ;  ces  soins  pleins  de  tendresse  que  vous  me 
fites  eclater  apres  m'avoir  tiree  de  I'eau,  et  les 
hommages  assidus  de  cet  ardent  amour  que  ni  le 
temps  ni  les  difficultes  n'ont  rebute,  et  qui  vous 
faisant  negliger  et  parents  et  patrie,  arrete  vos  pas 


so.  I.]  THE  MISER  96 

Val.  Ah  !  do  not  wrong  me  thus  by  classing  me  with 
others.  Suspect  me  of  everything,  Elise,  rather 
than  that  I  should  fail  in  what  I  owe  you :  I  love 

J'^ou  too  much  for  that,  and  my  love  for  you  will 
ast  as  long  as  my  life. 
El.  Ah  !  Valere,  all  men  say  the  same  thing.     Their 
words  are  alike  ;  only  their  actions  show  that  they 
are  different. 

Val.  Then,  since  actions  only  reveal  us  as  we  are,  at 
least  wait  and  judge  me  by  mine,  do  not  try  to 
find  faults  in  me  that  exist  only  in  unjust  fears, 
in  dismal  forebodings.  Do  not  pierce  me,  I  beseech 
you,  with  the  sharp  arrows  of  your  unfounded  sus- 
picions, give  me  time  to  convince  you,  by  thousands 
and  thousands  of  proofs,  of  the  sincerity  of  my 
affection. 

16l.  Alas  !  how  easily  is  one  persuaded  by  those  one 
loves !  Yes,  Valere,  I  believe  your  heart  is  incap- 
able of  deceiving  me.  I  believe  you  really  love  me, 
and  will  be  faithful  to  me ;  I  will  not  doubt  you 
in  the  least,  I  will  limit  my  anxiety  to  the  fear  of 
the  blame  that  may  be  in  store  for  me. 

Val.  But  why  this  anxiety  ? 

El.  I  should  not  have  anything  to  fear  if  all  the 
world  looked  on  you  with  my  eyes  :  when  I  look  on 
you  I  feel  justified  in  all  I  do  for  you.  My  heart 
remembers,  in  its  own  defence,  all  that  is  worthy  in 
you  and  Heaven  binds  me  to  you  by  ties  of  deep 
gratitude.  Every  hour  I  recall  the  terrible  peril 
during  which  we  first  saw  each  other ;  the  wpnder- 
ful  unselfishness  that  caused  you  to  risk  your  life 
to  snatch  mine  from  the  fury  of  the  waves;  the 
tender  care  you  had  of  me  when  you  rescued 
me  from  the  water,  the  constant  attentions  and 
ardent  love  which  neither  time  nor  difficulties  have 
discouraged,  which  caused  you  to  forsake  parents 
and  country,  to  remain  here  disguised  because  of 
me,  to  submit  to  wear  the  livery  of  an  attendant  in 


96  L'AVARE  [acte  i. 

en  ces  lieux,  y  tient  en  ma  faveur  votre  fortune 
deguisee,  et  vous  a  reduit,  pour  me  voir,  a  vous 
revetir  de  Temploi  de  domestique  de  mon  pere. 
Tout  cela  fait  cLez  moi  sans  doute  un  merveilleux 
effet ;  et  e'en  est  assez  a  mes  yeux  pour  me  justifier 
I'engagement  ou  j'ai  pu  consentir ;  mais  ce  n'est  pas 
assez  peut-etre  pour  le  justifier  aux  autres,  et  je  ne 
suis  pas  sure  qu'on  entre  dans  mes  sentiments. 

Val.  De  tout  ce  que  vous  avez  dit,  ce  n'est  que  par 
mon  seul  amour  que  je  pretends  aupres  de  vous 
meriter  quelque  chose  ;  et  quant  aux  scrupules  que 
vous  avez,  votre  pere  lui-meme  ne  prend  que  trop 
de  soin  de  vous  justifier  a  tout  le  monde ;  et  I'exces 
de  son  avarice,  et  la  maniere  austere  dont  il  vit  avec 
ses  enfants  pourraient  autoriser  des  choses  plus 
etranges.  Pardonnez-moi,  charmante  Elise,  si  j'en 
parle  ainsi  devant  vous.  Vous  savez  que  sur  ce 
chapitre  on  n'en  pent  pas  dire  de  bien.  Mais  enfin, 
si  je  puis,  comme  je  I'espere,  retrouver  mes  parents, 
nous  n'aurons  pas  beaucoup  de  peine  a  nous  le 
rendre  favorable.  J'en  attends  des  nouvelles  avec 
impatience,  et  j'en  irai  chercher  moi-meme,  si  elles 

^  tardent  a  venir. 

El.  Ab !  Valere,  ne  bougez  d'ici,  je  vous  prie ;  et 
songez  seulement  a  vous  bien  mettre  dans  I'esprit 
de  mon  pere. 

Val.  Vous  voyez  comme  je  m'y  prends,  et  les  adroites 
complaisances  qu'il  m'a  fallu  mettre  en  usage  pour 
m'introduire  a  son  service ;  sous  quel  masque  de 
sympathie  et  de  rapports  de  sentiments  je  me  de'guise 
pour  lui  plaire,  et  quel  personnage  je  joue  tous  les 
jours  avec  lui,  afin  d'acquerir  sa  tendresse.  J'y  fais 
des  progres  admirables ;  et  j'e'prouve  que  pour 
gagner  les  hommes,  il  n'est  point  de  meilleure  voie 
que  de  se  parer  a  leurs  yeux  de  leurs  inclinations, 
que  de  donner  dans  leurs  maximes,  encenser  leurs 
defauts,  et  applaudir  a  ce  qu'ils  font.  *  On  n'a  que 
faire  d'avoir  peur  de  trop  charger  la  complaisance  ; 
et  la  maniere  dont  on  les  joue  a  beau  etre  visible, 
les  plus  fins  toujours  sont  de  grandes  dupes  du  cote 


sc.  I.]  THE  MISER  97 

my  father's  house,  in  order  that  you  might  see  me. 
All  this  is  marvellous  in  my  eyes,  and  sufficient  to 
justify  the  engagement  to  which  I  have  consented  ; 
but  it  may  not  be  enough  to  justify  it  in  others' 
eyes,  and  I  fear  they  will  misunderstand  me. 


Val.  Notwithstanding  all  you  credit  me  with,  it  is  by 
my  love  alone  that  I  claim  to  merit  anything  from 
you.  As  for  your  scruples,  your  father's  action 
alone  is  amply  sufficient  to  justify  you,  in  the  eyes 
of  all  the  world  ;  ..theexcess  of  his  avarice,  and  the 
harshmanner  he  adopts  towards  his  children,.  wouhL 
_  authorise  things  far  more  strange*  Pardon  me, 
""cTiar  Elise,  if  1  speak  thus  to  you.  You  know  that, 
in  this  respect,  nothing  good  can  be  said  of  him. 
Nevertheless,  if,  as  I  hope,  I  can  find  my  parents, 
we  shall  not  have  much  difficulty  in  gaining  their 
favour.  I  am  expecting  news  of  them  eagerly,  and, 
if  none  comes,  I  will  go  out  on  the  quest  myself. 

El.   Ah  !   Valere,  do  not  leave  me,  I  beseech  you  ; 
think  only  of  gaining  my  father's  goodwill. 

Val.  You  know  how  1  try  for  it,  and  the  schemes  I 
use  to  ingratiate  myself  into  his  service ;  the  mask 
of  sympathy  I  adopt,  the  sentiments  I  disguise  to 
please  him,  and  the  part  I  play  before  him  every 
day,  in  order  to  gain  his  affection.  I  am  making 
wonderful  progress ;  my  belief  is  that,  in  order  to 
win  men  over,  there  is  no  better  way  than  to  seem 
to  be  of  their  way  of  thinking,  to  follow  their  obiter 
dicta,  to  praise  their  defects,  and  to  applaud  all 
they  do.  There  is  no  fear  of  overdoing  flattery ; 
however  openly  it  may  be  done,  the  most  cunning 
are  ever  made  the  greatest  dupes  by  it.  There  is  no- 
thing so  inappropriate  or  so  ridiculous  that  they  will 
not  swallow  when  seasoned  with  praise.  Sincerity 
6 


98  UAVARE  [actei. 

de  la  flatterie ;  et  il  n'y  a  rien  de  si  impeiiiinent 
et  de  si  ridicule  qu'on  ne  fasse  avaler  lorsqu'on 
I'assaisonne  en  louange.  La  sincerite  soufFre  un 
peu  au  metier  que  je  fais ;  mais  quand  on  a  besoin 
des  hommes,  il  faut  bien  s'ajuster  a  eux ;  et  puis- 
qu'on  ne  saurait  les  gasrner  que  par  la,  ce  n'est  pas 
la  faute  de  ceux  qui  flattent,  mais  de  ceux  qui 
veulent  etre  flatte's. 

J6l.  Mais  que  ne  tachez-vous  aussi  a  gagner  I'appui 
de  mon  frere,  en  cas  que  la  servante  s'avisat  de 
reveler  notre  secret? 

Val.  On  ne  peut  pas  menager  Tun  et  I'autre;  et 
I'esprit  du  pere  et  celui  du  fils  sont  des  choses  si 
opposees,  qu'il  est  difficile  d'accommoder  ces  deux 
confidences  ensemble.  Mais  vous,  de  votre  part, 
agissez  aupres  de  votre  frere,  et  servez-vous  de 
I'amitie  qui  est  entre  vous  deux  pour  le  jeter  dans 
nos  interets.  II  vient,  je  me  retire.  Prenez  ce 
temps  pour  lui  parler  ;  et  ne  lui  decouvrez  de  notre 

^  affaire  que  ce  que  vous  jugerez  a  propos. 

El.  Je  ne  sais  si  j'aurai  la  force  de  lui  faire  cette 
confidence. 


Sc^NE    II 

Cli^nte,  ]6lisb 

Cl.  Je  suis  bien  aise  de  vous  trouver  seule,  ma  soeur ; 

et  je  brulais  de  vous  parler,  pour  m'ouvrir  a  vous 

d'un  secret. 
6l.   Me  voila  prete  a  vous  ouir,  mon  frere.     Qu'avez- 

vous  a  me  dire  ? 
Cl.  Bien  des  choses,  ma  soeur,  enveloppees  dans  un 

mot:  j'aime. 
]^L.  Vous  aimez  ? 
Cl.  Oui,  j'aime.     Mais  avant  que  d'aller  plus  loin,  je 

sais  que  je  depends  d'un  pere,  et  que  le  nom  de  fils 

me  soumet  a  ses  volontes  ;  que  nous  ne  devons  point 

engager  notre  foi  sans  le  consentement  de  ceux 


sc.  II.]  THE  MISER  99 

suffers  somewhat  in  the  business^  but,  when  one  has 
need  of  men,  it  is  necessary  to  adjust  oneself  to 
them.  If  it  is  not  possible  to  win  them  over  save 
by  this  means,  that  is  not  the  fault  of  those  who 
flatter,  but  of  those  who  wish  to  be  flattered. 


J^L.  But  why  do  you  not  also  seek  to  gain  my  brother's 
help,  in  case  the  servant  should  take  it  into  her 
head  to  betray  our  secret  ? 

Val.  I  cannot  manage  them  both  ;  the  dispositions  of 
father  and  son  are  so  opposed  that  it  is  diflficult  to 
undertake  the  role  of  being  in  both  their  confi- 
dences at  the  same  time.  But  you  can  undertake 
youf  brother  :  make  use  of  the  friendship  that  is 
between  you  in  order  to  enlist  him  on  our  side. 
Here  he  comes,  so  I  will  go.  Take  this  opportunity 
to  talk  to  him  ;  but  do  not  reveal  more  of  our 
^  affairs  to  him  than  you  deem  safe. 

El.  I  do  not  think  I  shall  have  the  courage  to  make 
a  confidant  of  him. 


Scene  II 

Cli^ante,  Elisb 

Cl.  I  am  very  glad  to  find  you  alone,  dear  sister ;  I 
am  burning  to  tell  you  a  secret. 

El.  I  am  ready  to  hear  it.  What  do  you  want  to  say 
to  me  .'* 

Cl.  Many  things,  summed  up  in  one  word  :  J  am  in 

^  love. 

El.  You  are  in  love  ? 

Cl.  Yes,  I  am  in  love.  But,  before  going  any  further, 
I  have  to  remind  myself  that  I  am  dependent  upon 
a  father,  and  that,  being  his  son,  I  am  compelled 
to  submit  to  his  will.     We  ought  not  to  pledge  our 


100  L'AVARE  [actei. 

dont  nous  tenons  le  jour  ;  que  le  Ciel  les  a  faits  les 
maitres  de  nos  voeux,  et  qu'il  nous  est  enjoint  de 
n'en  disposer  que  par  leur  conduite ;  que  n'etant 
prevenus  d'aucune  folle  ardeur,  ils  sont  en  etat  de 
se  tromper  bien  moins  que  nous,  et  de  voir  beaucoup 
mieux  ce  qui  nous  est  propre ;  qu'il  en  faut  plutot 
croire  les  lumieres  de  leur  prudence  que  I'aveugle- 
ment  de  notre  passion ;  et  que  remportement  de 
la  jeunesse  nous  entraine  le  plus  souvent  dans  des 
precipices  facheux.  Je  vous  dis  tout  cela,  ma  soeur, 
afin  que  vous  ne  vous  donniez  pas  la  peine  de  me  le 
dire ;  car  enfin  mon  amour  ne  veut  rien  ecouter,  et 
je  vous  prie  de  ne  me  point  faire  de  remontrances. 

l^L.  Vous  etes-vous  engage,  mon  frere,  avec  celle  que 

vous  aimez  ? 
Cl.    Non,  mais  j'y  suis  resolu ;   et  je  vous  conjure 

encore  une  fois  de  ne  me  point  apporter  de  raisons 

pour  m'en  dissuader. 
]6l.  Suis-je,  mon  frere,  une  si  etrange  personne  ? 
Cl.    Non,  ma  soeur ;   mais  vous  n'aimez  pas :   vous 

ignorez  la  douce  violence  qu'un  tendre  amour  fait 

sur  nos  coeurs ;  et  j'apprehende  votre  sagesse. 

El.  Helas !  mon  frere,  ne  parlons  point  de  ma  sagesse. 
II  n'est  personne  qui  n'en  manque,  du  moins  une 
fois  en  sa  vie  ;  et  si  je  vous  ouvre  mon  coeur,  peut- 
etre  serai-je  a  vos  yeux  bien  moins  sage  que  vous. 

Cl.  Ah  !  plut  au  Ciel  que  votre  ame,  comme  la 
^  mienne  .  .   . 

El.  Finissons  auparavant  votre  affaire,  et  me  dites 
qui  est  celle  que  vous  aimez. 

Cl,  Une  jeune  personne  qui  loge  depuis  peu  en  ces 
quartiers,  et  qui  semble  etre  faite  pour  donner  de 
I'amour  a  tous  ceux  qui  la  voient.  La  nature,  ma 
soeur,  n'a  rien  forme  de  plus  aimable ;  et  je  me 
sentis  transports  des  le  moment  que  je  la  vis.  EUe 
se  nomme  Mariano,  et  vit  sous  la  conduite  d'une 
bonne  femme  de  mere,  qui  est  presque  toujours 
malade,  et  pour  qui  cette  aimable  fille  a  des  senti- 


gc.  II.]  THE  MISER  101 

word  without  the  consent  of  those  to  whom  we  owe 
our  life.  Heaven  has  made  them  the  masters  of 
our  affections,  and  has  enjoined  us  not  to  dispose  of 
them  save  by  their  counsel.  Since  they  are  free 
from  wayward  passion  themselves,  they  are  less 
likely  than  we  are  to  be  deceived,  and  see  far  better 
what  is  right  for  us.  We  should  rather  trust  to 
their  clear-sightedness  and  wisdom  than  to  the 
blindness  of  our  own  passions  ;  for  the  eagerness  of 
youth  leads  us  often  to  dangerous  precipices.  I 
tell  you  all  this,  dear  sister,  in  order  to  save  you 
the  trouble  of  saying  it  to  me,  for  my  passion  will 
not  brook  resistance  and  I  must  ask  you  to  spare 
me  from  listening  to  any  remonstrances. 
l^L.  Have  you  pledged  yourself  to  your  beloved  ? 

Cl.  No,  but  I  have  made  up  my  mind  to  it.  I 
beseech  you  once  more  not  to  bring  forward  any 
^  reasons  to  dissuade  me. 

El.  Am  I  so  cross-grained  as  all  that  ? 

Cl.  No,  dear  sister ;  but  you  are  not  in  love  :  you  do 
not  understand  the  silken  chains  which  a  heartfelt 
love  casts  round  our  hearts ;  and  I  fear  your  wiser 
^  counsels. 

El.  Alas !  dear  brother,  do  not  speak  of  my  prudence. 
Everyone  lacks  that  virtue  at  least  once  in  his  life  ; 
and,  if  I  were  to  open  out  my  heart  to  you,  perhaps 
I  should  be  much  less  wise  than  you,  in  your  eyes. 

Cl.  Ah  !  may  Heaven  grant  that  your  heart,  like 
^  mine  .  .  . 

El.  Let  us  first  finish  your  affair  :  tell  me  whom  you 
love. 

Cl.  a  young  girl  who  has  just  come  to  live  near  here, 
and  who  seems  created  to  make  all  who  see  her  fall 
in  love  with  her.  Nature  has  never  fashioned  a 
more  loving  creature :  I  felt  enthralled  from  the 
first  moment  I  saw  her.  Her  name  is  Mariane  :  she 
lives  with  a  good  old  mother,  who  is  nearly  always 
ill,  and  to  whom  this  dear  girl  shows  the  greatest 
kindness  imaginable.     She  waits  upon  her,  sym- 


I 


102  UAVARE  [acte  i. 

ments  d'amitie  qui  ne  sont  pas  imaginables.  EUe 
la  sert,  la  plaint,  et  la  console  avec  une  tendresse 
qui  vous  toucherait  I'ame.  Elle  se  prend  d'un  air 
le  plus  charmant  du  monde  aux  choses  qu'elle  fait, 
et  I'on  voit  briller  mille  graces  en  toutes  ses  actions: 
une  douceur  pleine  d'attraits,  une  bonte  tout  en- 
gageante,  une  honnetete'  adorable,  une  .  .  .  Ah  ! 
ma  soeur,  je  voudrais  que  vous  I'eussiez  vue. 

El.  J'en  vols  beaucoup,  mon  frere,  dans  les  choses 
que  vous  me  dites ;  et  pour  comprendre  ce  qu'elle 
est,  il  me  suffit  que  vous  I'aimez. 

Cl.  J'ai  decouvert  sous  main  qu'elles  ne  sont  pas  fort 
accommodees,  et  que  leur  discrete  conduite  a  de  la 
peine  a  etendre  a  tous  leurs  besoins  le  bien  qu'elles 
peuvent  avoir.  Figurez-vous,  ma  sceur,  quelle  joie 
ce  peut  etre  que  de  relever  la  fortune  d'une  personne 
que  Ton  aime ;  que  de  donner  adroitement  quel- 
ques  petits  secours  aux  modestes  necessites  d'une 
vertueuse  famille ;  et  concevez  quel  deplaisir  ce 
m'est  de  voir  que,  par  I'avarice  d'un  pere,  je  sois 
dans  I'impuissance  de  gouter  cette  joie,  et  de  faire 
eclater  a  cette  belle  aucun  temoignage  de  mon 
^  amour. 

El.  Oui,  je  consols  assez,  mon  frere,  quel  doit  etre 
votre  chagrin. 

Cl.  Ah  !  ma  soeur,  il  est  plus  grand  qu'on  ne  peut 
croire.  Car  enfin  peut-on  rien  voir  de  plus  cruel 
que  cette  rigoureuse  epargne  qu'on  exerce  sur  nous, 
que  cette  secheresse  e'trange  ou  I'on  nous  fait  lan- 
guir.-*  Et  que  nous  servira  d'avoir  du  bien,  s'il  ne 
nous  vient  que  dans  le  temps  que  nous  ne  serons 
plus  dans  le  bel  age  d'en  jouir,  et  si  pour  m'entre- 
tenir  meme,  il  faut  que  maintenant  je  m'engage  de 
tous  cotes,  si  je  suis  reduit  avec  vous  a  chercher 
tous  les  jours  le  secours  des  marchands,  pour  avoir 
moyen  de  porter  des  habits  raisonnables  ?  Enfin 
j'ai  voulu  vous  parler,  pour  m'aider  a  sonder  mon 
pere  sur  les  sentiments  ou  je  suis  ;  et  si  je  I'y  trouve 
contraire,  j'ai  resolu  d'aller  en  d'autres  lieux,  avec 
cette  aimable  personne,  jouir  de  la  fortune  que  le 


so.  II.]  THE  MISER  103 

pathises  with  her,  consoles  her,  with  such  tender- 
ness as  touches  the  heart.  Whatever  she  does,  she 
does  in  the  most  engaging  fashion,  and  her  every 
action  shines  with  a  thousand  graces  :  an  attractive 
gentleness,  a  perfectly  captivating  charm,  a  most 
winning  shyness,  a  ...  Ah  !  dear  sister,  I  wish 
you  had  seen  her. 

El.  What  you  have  told  me,  and  the  fact  that  you 
love  her,  are  sufficient  to  make  me  understand  her 
nature ;  I  can  see  a  good  deal  of  her  in  your  words. 

Cl.  I  have  found  out,  privately,  that  they  are  not 
very  well  off,  and  that,  though  they  live  very  quietly, 
they  have  hardly  sufficient  to  make  both  ends  meet. 
Just  think  how  good  it  would  be  to  increase  the 
comfort  of  those  we  love,  to  give  a  worthy  family 
some  slight  aid,  and  help  them,  quietly,  to  a  few 
modest  necessities.  Imagine,  then,  how  miserable 
it  makes  me  when  my  fathlr's  avarice  renders  me 
powerless  to  taste  this  joy  or. to  show  my  beloved 
one  any  evidence  of  my  affection. 


El.  Yes,  I  quite  see  how  grieved  you  must  be. 

Cl.  Ah  !  far  more  than  you  would  believe.  For, 
think,  can  there  be  anything  more  cruel  than  this 
cheese-paring  meanness  exercised  over  us,  this 
miserable  penury  in  which  we  pine  daily .''  Of  what 
good  will  it  be  to  inherit  means  if  they  come  to  ui 
when  we  are  no  longer  of  an  age  to  enjoy  them  i[ 
As  it  is,  I  am  obliged  to  run  into  debt  on  all  sides 
for  a  bare  living,  and  both  you  and  I  are  reduced 
to  the  extremity  of  obtaining  daily  help  from  trades- 
men to  keep  the  clothes  on  our  backs.  So  I  wished 
to  talk  matters  over  with  you,  to  gain  your  help  in 
finding  out  what  my  father  thinks  of  my  plans  ;  if 
he  is  opposed  to  them  I  have  decided  to  go  else- 
where with  this  dear  girl,  and  live  on  what  means 
Heaven  may  aid  us  to  obtain.     I  am  seeking  every- 


104  L'AVARE  [acte  i. 

Ciel  voudra  nous  offrir.  Je  fais  chercher  partout 
jour^e  dessein  de  Tar^ent  a  emprunter ;  et  si  vos 
aifairesj  ma  soeur,  sont  semblables  aux  miennes,  et 
qu'il  faille  que  notre  pere  s' oppose  a  nos  desirs, 
nous  le  quitterons  la  tous  deux  et  nous  aflPranchirons 
de  cette  tyrannie  ou  nous  tient  depuis  si  longtemps 

,  son  avarice  insupportable. 

El.  II  est  bien  vrai  que,  tous  les  jours,  il  nous  donne 
de  plus  en  plus  sujet  de  regretter  la  mort  de  notre 
mere,  et  que  .  .  . 

Cl.  J'entends  sa  voix.  ]6loignons-nous  un  peu,  pour 
achever  notre  confidence  ;  et  nous  joindrons  apres 
nos  forces  pour  venir  attaquer  la  durete'  de  son 
humeur. 


Sci:NE  III 
Harpagon,  La  Fl^chb 

Harp.   Hors  d'ici  tout  a  I'heure,  et  qu'on  ne  replique 

pas.     Allons,  que  Ton  detale  de  chez  moi,  maitre 

jure  filou,  vrai  gibier  de  potence. 
La  F.  Je  n'ai  jamais  rien  vu  de  si  mechant  que  ce 

maudit  vieillard,  et  je  pense,  sauf  correction,  qu'il  a 

le  diable  au  corps. 
Harp.  Tu  murmures  entre  tes  dents. 
La  F.  Pourquoi  me  chassez-vous  ? 
Harp.  C'est  bien  a  toi,  pendard,  a  me  demander  des 

raisons  :  sors  vite,  que  je  ne  t'assomme. 

La  F.  Qu'est-ce  que  je  vous  ai  fait? 

Harp.  Tu  m'as  fait  que  je  veux  que  tu  sortes. 

La  F.    Mon  maitre,  votre  fils,  m'a  donne  ordre  de 

I'attendre. 
Harp.  Va-t'en  I'attendre  dans  la  rue,  et  ne  sois  point 

dans  ma  maison  plante  tout  droit  comme  un  piquet, 

a  observer  ce  qui  se  passe,  et  faire  ton  profit  de  tout. 

Je  ne  veux  point  avoir  sans  cesse  devant  moi  un 


so.  m.]  THE  MISER  106 

where  to  borrow  money  for  this  attempt;  if  you 
are  in  similar  circumstances  to  mine,  dear  sister, 
and  it  chances  that  our  father  opposes  our  desires, 
we  will  both  leave  him  and  free  ourselves  from 
the  tyranny  his  insupportable  avarice  has  so  long 
exercised  over  us. 

El.  You  are  quite  right ;  every  day  does  he  give  us 

more  and  more  cause  to  regret  the  death  of  our 

mother,  and  .  .  . 
Cl.  I  hear  his  voice.     Let  us  go  a  little  further  off, 

to  finish  our  plans ;  we  will  then  join  our  forces  and 

attack  his  hard  heart. 


Scene  III 
Harpagon,  La  Fleche 

Harp.  Get  out  of  my  sight  instantly,  and  let  me  have 
no  more  of  your  tongue.  Now  then,  be  off  with 
you,  you  arrant  thief,  you  cursed  gallows  bird. 

La  F.  I  never  saw  anyone  so  wicked  as  this  accursed 
old  scoundrel.  I  verily  believe  he  is  possessed  by 
the  devil. 

Harp.  What  are  you  growling  at } 

La  F.  Why  are  you  turning  me  out  of  the  house  .'* 

Hakp.  It's  just  like  you,  you  hangdog,  to  bandy 
words  with  me :  be  off,  sharp,  or  I  will  knock  you 
down. 

La  F.   What  have  I  done  to  you  ? 

Harp.  Sufficient  to  make  me  wish  to  see  no  more 
of  you. 

La  F.  Your  son,  my  master,  ordered  me  to  wait  for 
him. 

Harp.  Go  and  wait  in  the  road,  and  not  in  my  house, 
planted  upright  like  a  post  to  watch  what  is  going 
on  and  make  your  profit  out  of  everything.  I  do 
not  want  to  have  a  rascal  always  spying  on  me  with 


I 


106  L'AVARE  [acte  i. 

espion  de  mes  affaires,  un  traitre,  dont  les  yeux 
maudits  assiegent  toutes  mes  actions,  de'vorent  ce 
que  je  possede,  et  furettent  de  tous  cote's  pour  voir 
s'il  n'y  a  rien  a  voler. 

La  F.  Comment  diantre  voulez-vous  qu'on  fasse  pour 
vous  voler?  Etes-vous  un  homme  volable,  quand 
vous  renfermez  toutes  choses,  et  faites  sentinelle 
jour  et  nuit? 

Harp,  Je  veux  renfermer  ce  que  bon  me  semble,  et 
faire  sentinelle  comme  il  me  plait.  Ne  voila  pas  de 
mes  mouchards,  qui  prennent  garde  a  ce  qu'on  fait  ? 
Je  tremble  qu'il  n'ait  soup9onne  quelque  chose  de 
mon  argent.  Ne  serais-tu  point  homme  a  aller  faire 
courir  le  bruit  que  j'ai  chez  moi  de  I'argent  cache  .^ 

La  F.  Vous  avez  de  I'argent  cache .'' 

Harp.  Non,  coquin,  je  ne  dis  pas  cela.  (A  part.) 
J'enrage.  Je  demande  si  malicieusement  tu  n'irais 
point  faire  courir  le  bruit  que  j'en  ai. 

La  F.  He  !  que  nous  importe  que  vous  en  ayez  ou 
que  vous  n'en  ayez  pas,  si  c'est  pour  nous  la  meme 
chose? 

Harp.  Tu  fais  le  raisonneur.  Je  te  baillerai  de  ce 
raisonnement-ci  par  les  oreilles.  (ll  l^ve  la  main  pour 
lui  donner  un  souSaet.)   Sors  d'ici,  encore  une  fois. 

La  F.  He  Men  !  je  sors. 

Harp.  Attends.     Ne  m'emportes-tu  rien  ? 

La  F.  Que  vous  emporterais-je? 

Harp.   Viens  §a,  que  je  vole.     Montre-moi  tes  mains. 

La  F.  Les  voila. 

Harp.  Les  autres. 

La  F.  Les  autres  ? 

Harp.  Oui. 

La  F.  Les  voila. 

Harp.  N'as-tu  rien  mis  ici  dedans? 

La  F.  Voyez  vous-meme. 

Harp.  (Il  tate  le  bas  de  ses  chausses.)  Ces  grands  hauts- 
de-chausses  sont  propres  a  devenir  les  receleurs  des 
choses  qu'on  derobe ;  et  je  voudrais  qu'on  en  eut 
fait  pendre  quelqu'un. 


'SAain/lo^lum.  </ 


L'AYARE 
I'Actel.Scenelll) 


sc.  III.  J  THE  MISER  107 

a  pair  of  cursed  eyes  peering  at  everything  I  do^  a 
scoundrel  who  covets  all  I  possess  and  ferrets  in 
every  corner  to  see  if  there  is  anything  he  can 
steal. 
La  F.  How  the  deuce  could  anyone  rob  you  of  any- 
thing ?  You  shut  up  everything  and  stand  watch 
night  and  day  :  you  are  no  catch. 

Harp.  I  will  lock  up  what  I  think  fit,  and  stand  guard 
as  pleases  me.  This  is  one  of  the  spies  set  to 
watch  everything  I  do.  I  am  afraid  he  has  his 
suspicions  where  my  money  is.  Are  you  going  to 
tell  people  I  have  money  hid  in  my  house  ? 

La  F.  You  have  money  hid  in  your  house? 

Harp.  No,  villain,  I  did  not  say  that.    (Aside.)   I  shall 

go  mad.    Are  you  going  to  make  mischief  by  telling 

tales  about  my  having  some .'' 
La  F.   Ah  !  what  does  it  matter  to  us  whether  you 

have  any  or  you  have  not.^  it  is  all  the  same  to  us. 

Harp.  You  chatterbox.  I  will  give  you  something 
on  your  ears  to  talk  about.  (He  lifts  his  hand  to  give 
him  a  blow.)   Once  more,  go  out  of  my  sight. 

La  F.  All  right,  I  will  go. 

Harp.  Stop.    Are  you  taking  anything  away  with  you  ? 

La  F.  What  could  I  take  away  ? 

Harp.  Come  here,  that  I  may  see.  Show  me  your 
hands. 

La  F.  There  they  are.  w 

Harp.  The  others.       i 

LaF.  The  others  .>      / 

Harp.  Yes. 

La  F.  There  they  are. 

Harp.   Have  you  nothing  hid  down  below  ? 

La  F.  Look  yourself. 

Harp.    (He  feels  the  lower  part  of  his  breeches.)    These 

(fine  bags  are  just  the  things  to  receive  stolen  goods; 
I  wish  people  could  be  hung  for  wearing  them. 


108  L'AVARE  [aotb  i. 

La  F.  Ah  !  qu'un  homme  comme  cela  meriterait  bien 

ce  qu'il  craint !  et  que  j'aurais  de  joie  a  le  voler  ! 
Harp.  Euh? 
LaF.  Quoi? 

Harp.  Qu'est-ce  que  tu  paries  de  voler  .'* 
La  F.  Je  dis  que  vous  fouillez  bien  partout,  pour  voir 

si  je  vous  ai  vole. 
Harp.  C'est  ce  que  je  veux  faire.    (II  fouille  dans  les 

poches  de  la  Fl^che. ) 
La  F.   La  peste  soit  de  I'avarice  et  des  avaricieux  ! 
Harp.  Comment }  que  dis-tu  } 
La  F.  Ce  que  je  dis? 
Harp.  Oui :  qu'est  ce  que  tu  dis  d'avarice  et  d'ava- 

ricieux  } 
La  F.   Je  dis  que  la  peste  soit  de  ravarice  et  des 

avaricieux. 
Harp.  De  qui  veux-tu  parler  ? 
La  F.  Des  avaricieux. 
Harp.  Et  qui  sont-ils  ces  avaricieux  ? 
La  F.  Des  vilains  et  des  ladres. 
Harp.  Mais  qui  est-ce  que  tu  entends  par  la  } 
La  F.  De  quoi  vous  mettez-vous  en  peine  ? 
Harp.  Je  me  mets  en  peine  de  ce  qu'il  faut. 
La  F.  Est-ce  que  vous  croyez  que  je  veux  parler  de 

vous? 
Harp.  Je  crois  ce  que  je  crois ;  mais  je  veux  que  tu 

me  dises  a  qui  tu  paries  quand  tu  dis  cela. 

La  F.  Je  parle  .  .  .  je  parle  a  mon  bonnet. 
Harp.  Et  moi,  je  pourrais  bien  parler  a  ta  barrette. 
La  F.  M'empecherez-vous  de  maudire  les  avaricieux  ? 

Harp.  Non ;  mais  je  t'empecherai  de  jaser,  et  d'etre 

insolent.     Tais-toi. 
La  F.  Je  ne  nomme  personne. 
Harp.  Je  te  rosserai,  si  tu  paries. 

La  F.  Qui  se  sent  morveux,  qu'il  se  moucbe. 
Harp.  Te  tairas-tu  ? 
La  F.   Oui,  malgre  moi. 


8c.  Ill]  THE  MISER  109 

La  F.  Ah  !  doesn't  such  a  man  as  this  deserve  every- 
thing he  fears !    How  I  should  love  to  rob  him  ! 

Harp.  Eh? 

LaF.  What? 

Harp.  What  is  that  you  said  about  robbing  ? 

La  F.  I  said  you  mauled  about  everywhere  to  see  it 
I  had  stolen  anything. 

Harp.  That  is  just  what  I  am  doing.  (He  feels  in  La 
Fl^che's  pockets.) 

La  F.  A  plague  on  misers  and  their  avaricious  ways. 

Harp.  Eh  ?  what  do  you  say  ? 

LaF.   What  do  I  say? 

Harp.  Yes :  what  do  you  say  about  misers  and 
avarice  ? 

La  F.  I  said  a  plague  on  misers  and  their  avaricious 
ways. 

Harp.  Of  whom  were  you  speaking? 

La  F.  Of  misers. 

Harp.  Who  are  misers  ? 

La  F.  Scoundrels  and  rogues. 

Harp.  What  do  you  mean  by  that  ? 

La  F.  What  are  you  bothering  about  ? 

Harp.  I  am  bothering  about  what  I  must. 

La  F.  Do  you  think  I  am  speakiug  of  you  ? 

Harp.  I  think  what  I  think  ;  but  I  wish  you  would 
tell  me  to  whom  you  are  talking  when  you  speak 
like  this. 

La  F.  I  am  talking  ...  I  am  talking  to  my  hat. 

Harp.  And  I  shall  very  soon  make  your  head  sing. 

La  F.  Do  you  want  to  hinder  me  from  speaking  evil 
of  misers  ? 

Harp.  No  ;  but  I  want  to  prevent  you  from  chatter- 
ing and  being  insolent.     Hold  your  tongue. 

La  F.  I  did  not  mention  anybody's  name. 

Harp.  If  you  say  another  word,  I  will  give  you  a 
sound  whacking. 

La  F.  If  the  cap  fits,  wear  it. 

Harp.  Will  you  hold  your  tongue  ? 

La  F.  Yes,  though  I  don't  like  doing  so. 


I 


110  L'AVARE  [actei. 

Harp.  Ha  !  ha  ! 

La  F.  (lui  montraut  une  des  poches  de  son  justaucorps) 
Tenez,  voila  encore  une  poche  :  etes  vous  satisfait? 

Harp.  Allons,  rends-le-moi  sans  te  fouiller. 

LaF.  Quoi.? 

Harp.  Ce  que  tu  m'as  pris. 

La  F.  Je  ne  vous  ai  rien  pris  du  tout. 

Harp.  Assurement .'' 

La  F.  Assurement. 

Harp.  Adieu  :  va-t'en  a  tous  les  diables. 

La  F.  Me  voila  fort  bien  congedie. 

Harp.  Je  te  le  mets  sur  ta  conscience,  au  moins. 
Voila  un  pendard  de  valet  qui  m'incommode  fort,  et 
je  ne  me  plais  point  a  voir  ce  chien  de  boij 


Sc^NE  IV 
l^LisE,  Cleante,  Harpagon 

Harp.  Certes,  ce  n'est  pas  une  petite  peine  que  de 
garder  chez  soi  une  grande  somme  d'argent;  et 
bienheureux  qui  a  tout  son  fait  bien  place,  et  ne 
conserve  seulement  que  ce  qu'il  faut  pour  sa  de'pense. 
On  n'est  pas  peu  embarrasse  a  inventer  dans  toute 
une  maison  une  cache  fidele  ;  car,  pour  moi,  les 
coffres-forts  me  sont  suspects,  et  je  ne  veux  jamais 
m'y  fier  :  je  les  tiens  justement  une  franche  amorce 
a  voleurs,  et  c'est  toujours  la  premiere  chose  que 
Ton  va  attaquer.  Cependant,  je  ne  sais  si  j'aurai 
bien  fait  d'avoir  enterre  dans  mon  jardin  dix  mille 
ecus  qu'on  me  rendit  hier.  Dix  mille  ecus  en  or 
chez  soi  est  une  somme  assez  .  .  .  (ici  le  fr^re  et  la 
sceur  paroissent  s'entretenants  baa.)  O  Ciel!  je  me  serai 
trahi  moi-meme  :  la  chaleur  m'aura  emporte,  et  je 
crois  que  j'ai  parle  haut  en  raisonnant  tout  seul. 
Qu'est-ce .'' 

Cl.  Rien,  mon  pere. 

Harp.  Y  a-t-il  longtemps  que  vous  etes  la  ? 


sc.  IV.]  THE  MISER  111 

Harp.  Ah  !  I  see  ! 

La  F.  (showing  him  one  of  the  pockets  of  his  coat)  Hullo, 
here  is  another  pocket :  are  you  satisfied  .'* 

Harp.  Come,  give  it  back  to  me,  without  all  this  ado. 

LaF.  What? 

Harp.  What  you  have  taken  from  me. 

La  F.  I  have  not  taken  anything  from  you. 

Harp.  Are  you  sure  ? 

La  F.  Quite. 

Harp.  Then  good-bye  and  go  to  the  devil. 

La  F.  That 's  a  nice  send  off. 

Harp.  Remember,  I  take  your  word  for  it.  What  a 
scoundrel  of  a  valet  am  I  plagued  with  ;  I  am  glad 
to  have  the  lame  cur  out  of  my  sight. 


Scene  IV 

!I^LisE,  Cli^ante,  Harpagon 

Harp.  It  is  a  terrible  anxiety  to  have  a  large  sum  of 
money  at  one's  house.  JHappy  is  the  man  who  has^ 
all  his  money  well  invested  and  who  retains  only^ 
.what— gill  si/ffice.  foElEiI^l; lirjrentjBxge^es^  ; Tf "Is" 
hard  to  find  a  safe  hiding-place  in  any  corner  of  the 
house.     I  should  never  think  of  trusting  in  strong 
boxes;  they  don't  appeal  to  me;  they  are  just  a 
bait  for  thieves,  the  very  first  thing  attacked.     As 
it  is,  I  don't  know  whether  I  did  well  to  bury  in 
my  garden  the  ten  thousand  crowns  sent  me  yester- 
day.   Ten  thousand  crowns  in  gold,  in  one's  house, 
is  a  large  sum  .  .  . 

(Here  the  brother  and  sister  come  in  view,  talking  together, 
in  a  low  voice. ) 

O  Heaven !  I  have  betrayed  myself ;  my  anxiety 
has  undone  me.  Surely  I  spoke  aloud  what  was 
passing  through  my  mind.     What  do  you  want.'' 

Cl.  Nothing,  father. 

Harp.  Have  you  been  here  long? 


112  L'AVARE  [actbi. 

^L.  Nous  ne  venons  que  d'arriver. 

Harp.  Vous  avez  entendu  .  .  , 

Cl.  Quoi  ?  mon  pere. 

Harp.   La  .  .   . 

^L.   Quoi.> 

Harp.  Ce  que  je  viens  de  dire. 

Cl.  Non. 

Harp.  Si  fait,  si  fait. 

^h.  Pardonnez-moi. 

Harp.    Je  vois  bien  que  vous  en  avez  ouT  quelques 

mots.     C'est  que  je  m'entretenais  en  moi-meme  de 

la  peine  qu'il  y  a  aujourd'hui  a  trouver  de  I'argent, 

et  je  disais  qu'il  est  bienheureux  qui  pent  avoir  dix 

mille  ecus  chez  soi. 
Cl.  Nous  feignions  a  vous  aborder,  de  peur  de  vous 

interrompre. 
Harp.  Je  suis  bien  aise  de  vous  dire  cela,  afin  que 

vous  n'alliez  pas  prendre  les  choses  de  travers  et 

vous  imaginer  que  je  dise  que  c'est  moi  qui  ai  dix 

mille  ecus. 
Cl.  Nous  n'entrons  point  dans  vos  affaires. 
Harp,  Plut  a  Dieu  que  je  les  eusse,  dix  mille  ecus ! 
Cl.  Je  ne  crois  pas  .  .  . 
Harp.  Ce  serait  une  bonne  affaire  pour  moi. 
El.   Ce  sont  des  choses  .  .  . 
Harp.  J'en  aurais  bon  besoin. 
Cl.  Je  pense  que  ... 
Harp.  Cela  m'accommoderait  fort. 
El.  Vous  etes  .  .  . 
Harp.  Et  je  ne  me  plaindrais  pas,  comme  je  fais,  que 

le  temps  est  miserable. 
Cl.    Mon  Dieu  !  mon  pere,  vous  n'avez  pas  lieu  de 

vous  plaindre,  et  Ton  sait  que  vous  avez  assez  de 

bien. 
Harp.    Comment.''  j'ai  assez  de  bien!     Ceux  qui  le 

disent  en  ont  menti.     II  n'y  a  rien  de  plus  faux ;  et 

ce  sont  des  coquins  qui  font  courir  tous  ces  bruits-la. 
]6l.  Ne  vous  mettez  point  en  colere. 
Harp.  Cela  est  etrange,  que  mes  propres  enfants  me 

trahissent  et  deviennent  mes  ennemis  ! 


sc.  IV.]  THE  MISER  113 

El.  We  have  only  just  come. 

Harp.  You  heard  .  .  . 

Cl.  What,  father  ? 

Harp.  You  know  perfectly  well  what  I  mean  ,  .  . 

th.  What.? 

Harp.  What  I  said  just  now. 

Cl.  No. 

Harp.  Yes,  you  did  ;  yes,  you  did. 

El.  No,  father. 

Harp.  I  am  quite  sure  you  heard  a  few  words.     The 

fact  is,  I  was  talking  to   myself  about  how  hard 

it  is  nowadays  to  find  money,  and  I  was  saying  how 

happy  a  man  must  be  who  has  ten  thousand  crowns 

in  his  own  house. 
Cl.  We  were  hesitating  to  come  near  you,  lest  we 

should  interrupt  you. 
Harp.  I  want  to  tell  you  this  in  order  that  you  may 

not  take  things  amiss  and  imagine  I  said  I  had  ten 

thousand  crowns. 

Cl.  We  were  not  thinking  of  your  affairs. 

Harp.  Would  to  Heaven  I  had  ten  thousand  crowns  ! 

Cl.  I  do  not  believe  .  .  . 

Harp.  It  would  be  a  fortunate  thing  for  me. 

J^L.  These  are  things  ... 

Harp.  I  am  in  great  need  of  them. 

Cl.  I  think  that  .  .  . 

Harp.  It  would  suit  me  exactly. 

]6l.  You  are  .  .  . 

Harp.  I  should  not  then  complain,  as  I  do,  that  times 

are  hard. 
Cl.  Really,  father,  you  have  no  cause  to  complain ; 

every  one  knows  you  are  comfortably  off. 

Harp.  What }  I  am  well  off !    People  lie  who  say  that. 
Nothing  is  further  from  the  truth  ;  they  are  villains 
^  who  spread  such  reports  abroad. 
El.   Don't  be  angry. 

Harp.  It  is  miserable  that  my  own  children  should 
betray  me  and  become  my  enemies  ! 
H 


I. 


114  L*AVARE  [acte  i. 

Cl.  Est-ce  etre  votre  ennemi,  que  de  dire  que  vous 
avez  du  bien  ? 

Harp.  Oui :  de  pareils  discours  et  les  depenses  que 
vous  faites  seront  cause  qu'un  de  ces  jours  on  me 
viendra  chez  moi  couper  la  gorge,  dans  la  pensee 
que  je  suis  tout  cousu  de  pistoles. 

Cl.  Quelle  grande  depense  est-ce  que  je  fais  ? 

Harp.  Quelle?  Est-il  rien  de  plus  scandaleux  que 
ce  somptueux  equipage  que  vous  promenez  par  la 
ville  ?  Je  querellais  hier  votre  soeur ;  mais  c'est 
encore  pis.  Voila  qui  crie  vengeance  au  Ciel ;  et 
a  vous  prendre  depuis  les  pieds  jusqu'a  la  tete,  11  y 
aurait  la  de  quoi  faire  une  bonne  constitution.  Je 
vous  I'ai  dit  vingt  fois,  mon  fils,  toutes  vos  manieres 
me  deplaisent  fort :  vous  donnez  furieusement  dans 
le  marquis  ;  et  pour  aller  ainsi  vetu,  11  faut  bien  que 
vous  me  derobiez. 

Cl.  He  !  comment  vous  derober  ? 
Harp.    Que  sais-je.''     Ou  pouvez-vous  done  prendre 
de  quoi  entretenir  I'etat  que  vous  portez  ? 

Cl.  Moi,  mon  pere.^  C'est  que  je  joue  ;  et  comme  je 
suis  fort  heureux,  je  mets  sur  moi  tout  I'argent  que 
je  gagne. 

Harp.  C'est  fort  mal  fait.  Si  vous  etes  heureux  au 
jeu,  vous  en  devriez  profiter,  et  mettre  a  honnete 
interet  I'argent  que  vous  gagnez,  afin  de  le  trouver 
un  jour.  Je  voudrais  bien  savoir,  sans  parler  du 
reste,  a  quoi  servent  tous  ces  rubans  dont  vous 
voila  larde  depuis  les  pieds  jusqu'a  la  tete,  et  si 
une  demi-douzaine  d'aiguillettes  ne  suffit  pas  pour 
attacher  un  haut-de-chausses  ?  II  est  bien  ne'cessaire 
d'employer  de  I'argent  a  des  perruques,  lorsque  Ton 
pent  porter  des  cheveux  de  son  cru,  qui  ne  coutent 
rien.  Je  vais  gager  qu'en  perruques  et  rubans,  il 
y  a  du  moins  vingt  pistoles ;  et  vingt  pistoles  rap- 
portent  par  annee  dix-huit  livres  six  sols  huit 
deniers,  a  ne  les  placer  qu'au  denier  douze. 

Cl.  Vous  avez  raison. 


so.  IV.]  THE  MISER  116 

Cl.  Is  it  the  act  of  an  enemy  to  saj'-  you  are  well 
off? 

Harp.  Yes  :  talk  like  this,  and  the  expenses  you  run 
me  into  will,  one  of  these  days,  lead  to  my  throat 
being  cut,  in  my  own  house,  in  the  hope  that  I 
shall  be  found  to  be  stuffed  with  gold. 

Cl.  What  great  expenses  do  I  incur  ? 

Hakp.  Ah  !  Can  anything  be  more  scandalous  than 
the  costly  apparel  you  indulge  in,  up  and  down 
the  city.  I  chided  your  sister  yesterday,  but 
this  is  still  worse.  It  cries  aloud  to  Heaven  for 
vengeance.  If  you  were  summed  up,  from  head  to 
foot,  a  good  annuity  would  be  found  in  your  attire. 
I  have  told  you  a  score  of  times,  my  son,  that  your 
goings  on  displease  me  exceedingly ;  you  ape  the 
marquis  to  a  ridiculous  extent,  and,  to  be  able  to 
clothe  yourself  as  you  do,  you  must  certainly  be 
robbing  me. 

Cl.   But  how  can  I  be  robbing  you  ? 

Harp.  How  do  I  know }  Come,  how  else  could  you 
obtain  the  means  of  keeping  up  the  style  of  dress 
you  affect  ? 

Cl.  I,  father.^  I  play;  and,  as  I  am  very  lucky,  I 
spend  in  clothes  all  the  money  I  win. 

Harp.  That  is  very  bad.  If  you  are  lucky  at  play 
you  ought  to  profit  by  it,  and  put  out  at  good 
interest  the  money  you  win,  against  a  rainy  day. 
Without  troubling  about  anything  else,  I  should 
much  like  to  know  what  use  all  those  ribbons  are 
with  which  you  are  bedecked  from  head  to  foot, 
and  whether  half  a  dozen  knots  are  not  sufficient 
to  tie  up  your  breeches.'*  It  is  all  very  fine  to  spend 
money  on  wigs  when  one  can  wear  hair  of  one's 
own,  which  costs  nothing.  I  will  wager  that  there 
are  at  least  twenty  pistoles  in  your  wigs  and  ribbons ; 
and  twenty  pistoles  will  bring  in  eighteen  livres,  six 
sous  and  eight  deniers  per  annum,  even  if  you  only 
get  eight  per  cent. 

Cl.  You  are  right. 


116  UAVARE  [acte  i. 

Harp.  Laissons  cela,  et  parlons  d'autre  affaire.  Euh  ? 
Je  crois  qu'ils  se  font  signe  Tun  a  I'autre  de  me 
voler  ma  bourse.     Que  veulent  dire  ces  gestes-la  ? 

El.  Nous  marchandons,  mon  frere  et  moi,  a  qui 
parlera  le  premier  ;  et  nous  avons  tous  deux  quel- 
que  chose  a  vous  dire. 

Harp.  Et  moi,  j'ai  quelque  chose  aussi  a  vous  dire  a 
tous  deux. 

Cl.  C'est  de  mariage,  mon  pere^  que  nous  desirons 
vous  parler. 

Harp.   Et  c'est  de  mariage  aussi  que  je  veux  vous 

^  entretenir. 

El.   Ah  !  mon  pere. 

Harp.  Pourquoi  ce  cri  ?  Est-ce  le  mot^  ma  fille,  ou 
la  chose,  qui  vous  fait  peur  ,'* 

Cl.  Le  mariage  pent  nous  faire  peur  a  tous  deux,  de 
la  fa9on  que  vous  pouvez  I'entendre ;  et  nous  crai- 
gnons  que  nos  sentiments  ne  soient  pas  d'accord 
avec  votre  choix. 

Harp.  Un  peu  de  patience.  Ne  vous  alarmez  point. 
Je  sais  ce  qu'il  faut  a  tous  deux  ;  et  vous  n'aurez  ni 
I'un  ni  I'autre  aucun  lieu  de  vous  plaindre  de  tout 
ce  que  je  pretends  faire.  Et  pour  commencer  par 
un  bout :  avez-vous  vu,  dites-moi,  une  jeune  per- 
sonne  appelee  Mariane,  qui  ne  loge  pas  loin  d'ici .'' 

Cl.   Oui,  mon  pere. 

Harp.  Et  vous  .'* 

El.  J' en  ai  oui  parler. 

Harp.  Comment,  mon  fils,  trouvez-vous  cette  fille.^ 

Cl.  Une  fort  charmante  personne. 

Harp.  Sa  physionomie  .'* 

Cl.  Toute  honnete,  et  pleine  d'esprit. 

Harp.  Son  air  et  sa  maniere  ? 

Cl.    Admirables,  sans  doute. 

Harp.  Ne  croyez-vous  pas  qu'une  fille  comme  cela 
meriterait  assez  que  Ton  songeat  a  elle .'' 

Cl.  Oui,  mon  pere. 

Harp.  Que  ce  serait  un  parti  souhaitable  } 

Cl.  Tres-souhaitable. 


sc.  IV.]  THE  MISER  117 

Harp.  We  will  leave  this  matter  and  talk  of  some- 
thing else.  Hullo.''  I  believe  they  are  making 
signs  to  each  other  to  steal  my  purse.     What  do 

^  those  signs  mean  ? 

El.  My  brother  and  I  are  debating  who  shall  speak 
first :  both  of  us  have  something  to  say  to  you. 

Harp.  And  I  also  have  something  to  say  to  both  of 

you. 
Cl.  We  want  to  talk  to  you  about  marriage,  father. 

Harp.    And  I  want  to  talk  to  you  about  marriage 

also. 
El.  Ah  !  father. 
Harp.  Why  this  cry  ?    Are  you  afraid  of  the  word, 

my  daughter,  or  the  thing.'' 
Cl.  Marriage,  at  least  in  the  way  you  may  understand 

it,  gives  both  of  us  fear ;  we  are  afraid  our  feelings 

may  not  be  at  one  with  your  choice. 

Harp.  Have  a  little  patience.  Do  not  alarm  your- 
selves. I  know  what  is  good  for  both  of  you  ;  and 
neither  of  you  shall  have  cause  to  complain  of  any- 
thing I  intend  to  do.  To  begin  at  the  beginning  : 
tell  me,  have  you  seen  a  young  person  called 
Mariane,  who  lives  not  far  off  .'* 

Cl.  Yes,  father. 

Harp.  And  you  ? 

El.  I  have  heard  tell  of  her. 

Harp.  Well,  my  son,  how  do  you  like  this  girl  ? 

Cl.  She  is  a  very  charming  person. 

Harp.   Her  looks  } 

Cl.  Straightforward  and  full  of  intelligence. 

Harp.  Her  air  and  her  manner .'' 

Cl.  Admirable,  it  cannot  be  doubted. 

Harp.  Do  you  not  think  that  a  girl  such  as  she  is 
thoroughly  deserves  to  be  thought  about.'' 

Cl.  Yes,  father. 

Harp.  That  she  would  make  a  desirable  match  ? 

Cl.  Very  desirable. 


118  L'AVARE  [acte  i. 

Harp.  Qu'elle  a  toute  la  mine  de  faire  un  bon  menage? 

Cl.  Sans  doute. 

Harp.  Et  qu'un  mari  aurait  satisfaction  avec  elle  ? 

Cl.  Assurement 

Harp.  II  y  a  une  petite  difficulte  :  c'est  que  j'ai  peur 

qu'il  n'y  ait  pas  avec  elle  tout  le  bien  qu'on  pourrait 

pretendre. 
Cl.  Ah !  mon  pere,  le  bien  n'est  pas  considerable,  lors- 

qu'il  est  question  d'epouser  une  honnet(^4)ersonne. 

Harp.  Pardonnez-moi,  pardonnez-moi.  Mais  ce  qu'il 
y  a  a  dire,  c'est  que  si  Ton  n'y  trouve  pas  tout  le 
bien  qu'on  souhaite,  on  peut  tacher  de  regagner 
cela  sur  autre  chose. 

Cl.  Cela  s'entend. 

Harp.  Enfin  je  suis  bien  aise  de  vous  voir  dans  mes 
sentiments  ;  car  son  maintien  honnete  et  sa  douceur 
m'ont  gagne  I'ame,  et  je  suis  resolu  de  I'epouser, 
pourvu  que  j'y  trouve  quelque  bien. 

Cl.  Euh? 

Harp.  Comment.? 

Cl.  Vous  etes  resolu,  dites-vous  .  .  .  ? 

Harp.  D'epouser  Mariane. 

Cl.  Qui,  vous  ?  vous  .'* 

Harp.  Oui,  moi,  moi,  moi.     Que  veut  dire  cela? 

Cl.  II  m'a  pris  tout  a  coup  un  eblouissement,  et  je 
me  retire  d'ici. 

Harp.  Cela  ne  sera  rien.  Allez  vite  boire  dans  la 
cuisine  un  grand  verre  d'eau  claire.  Voila  de  mes 
damoiseaux  flouets,  qui  n'ont  non  plus  de  vigueur 
que  des  poules.  C'est  la,  ma  fille,  ce  que  j'ai  re'solu 
pour  moi.  Quant  a  ton  frere,  je  lui  destine  une 
certaine  veuve  dont  ce  matin  on  m'est  venu  parler ; 
et  pour  toi,  je  te  donne  au  Seigneur  Anselme. 

l^iu  Au  Seigneur  Anselme  ? 

Harp.  Oui,  un  homme  mur,  prudent  et  sage,  qui  n'a 


8C.  IV.]  THE  MISER  119 

Harp.   That  she  has  all  the  appearance  of  being  a 

good  housewife? 
Cl.  Yes,  certainly. 
Harp.  And  that  a  husband  ought  to  be  satisfied  with 

her.? 
Cl.  Assuredly. 
Harp.   There  is  a  little  difficulty :   I  am  afraid  she 

has  not  so  much  money  as  one  would  like. 

Cl.  Ah  !  father,  money  should  not  be  considered 
when  marriage  with  the  right  sort  of  woman  is 
contemplated. 

Harp.  Pardon  me,  pardon  me.  But  there  is  this  to 
be  said,  if  one  does  not  find  all  the  wealth  one 
desires,  it  may  be  obtained  in  another  way. 

Cl.  Quite  so. 

Harp.  In  short,  I  am  very  happy  to  find  you  agree 
with  me  ;  for  her  modest  bearing  and  her  gentleness 
have  won  my  heart,  and  I  have  resolved  to  marry 
her,  provided  I  find  she  has  some  means. 

Cl.  Eh? 

Harp.  What? 

Cl.  You  have  resolved,  you  say  .  .   .  ? 

Harp.  To  marry  her. 

Cl.  Who,  you  ?  you  ? 

Harp.  Yes,  I,  I,  I.  What  is  there  to  be  said  about 
that? 

Cl.  I  feel  very  faint.     I  think  I  must  go  in. 

Harp.  Oh  that's  nothing.  Go  into  the  kitchen  at 
once  and  drink  a  large  glass  of  cold  water.  These 
are  your  effeminate  dandies :  they  have  no  more 
strength  than  chickens.  That  is  what  I  have  re- 
solved to  do,  daughter.  As  to  your  brother,  I 
intend  a  certain  widow  for  him  of  whom  I  heard 
this  morning ;  and  I  shall  bestow  you  on  Seigneur 
^  Anselme. 

El.  On  Seigneur  Anselme  ? 

Harp.  Yes,  a  mature,  prudent,  wise  man,  who  is  not 


120  L'AVARE  [acte  i. 

pas  plus  de  cinquante  aiis_,  et  dont  on  vante  les 
^  grands  biens. 
El.     (Elle  fait  une  reverence.)    Je   ne   veux   point  me 

marier,  mon  pere,  s'il  vous  plait. 
Harp.    (Il  contrefait  sa  r^vdrence.)   Et  moi,  ma  petite 

fille  ma  mie,  je  veux  que  vous  vous  mariiez,  s'il 
^  vous  plait. 

El.  Je  vous  demande  pardon,  mon  pere. 
Harp.  Je  vous  demande  pardon,  ma  fille. 
El.  Je  suis  tres-humble  servante  au  Seigneur  Anselme ; 

mais,  avec  votre  permission,  je  ne  I'epouserai  point. 
Harp.    Je  suis  votre  tres-humble  valet ;  mais,  avec 

votre  permission,  vous  I'epouserez  des  ce  soir. 
El.  Des  ce  soir? 
Harp.  Des  ce  soir. 
El.  Cela  ne  sera  pas,  mon  pere 
Harp.  Cela  sera,  ma  fille. 
El.  Non. 
Harp.  Si. 

]6l.  Non,  vous  dis-je. 
Harp.  Si,  vous  dis-je. 

El.  C'est  une  chose  ou  vous  ne  me  reduirez  point. 
Harp.  C'est  une  chose  ou  je  te  reduirai. 
]6l.  Je  me  tuerai  plutot  que  d'e'pouser  un  tel  mari. 
Harp.  Tu  ne  te  tueras  point,  et  tu  I'epouseras.    Mais 

voyez  quelle  audace .'     A-t-on  jamais  vu  une  fille 

parler  de  la  sorte  a  son  pere  ? 
El.  Mais  a-t-on  jamais  vu  un  pere  marier  sa  fille  de 

la  sorte  ? 
Harp.  C'est  un  parti  ou  il  n'y  a  rien  a  redire ;  et  je 

gage  que  tout  le  monde  approuvera  mon  choix. 

El.    Et  moi,  je  gage  qu'il  ne  saurait  etre  approuve 

d'aucune  personne  raisonnable. 
Harp.    Voila  Valere :   veux-tu  qu'entre  nous  deux 
^  nous  le  fassions  juge  de  cette  affaire  ? 
IEl.  J'y  consens. 

Harp.  Te  rendras-tu  a  son  jugement? 
16l.  Oui,  j'en  passerai  par  ce  qu'il  dira. 
Harp.  Voila  qui  est  fait. 


sc.  IV.]  THE  MISER  121 

more  than  fifty,  and  who  is  said  to  have  consider- 
able property. 

^L.  (She  makes  a  curtsey.)  If  you  please,  father,  I  do 
not  want  to  marry. 

Harp.  (He  imitates  her  curtsey.)  If  you  please,  my 
darling  little  girl,  I  wish  you  to  marry. 

El.   I  beg  your  pardon,  father. 

Harp.  I  beg  your  pardon,  my  child. 

El.  I  am  Seigneur  Anselme's  very  humble  servant ; 

but,  with  your  permission,  I  will  not  marry  him. 
Harp.  I  am  your  very  humble  lackey ;  but,  with  your 
^  permission,  you  will  marry  him  this  very  evening. 
El.  This  very  evening  ? 
Harp.  This  very  evening. 
El.  It  will  not  be  done,  father. 
Harp.  It  will  be  done,  my  child. 
El.  No. 
Harp.  Yes. 
El.  No,  I  tell  you. 
Harp.  Yes,  I  tell  you. 
El.  You  will  not  force  me  to  this  thing. 
Harp.  I  will  force  you  to  this  thing. 
El.  I  will  rather  kill  myself  than  marry  such  a  husband. 
Harp.  You  will  not  kill  yourself,  and  you  will  marry 

him.    Just  think  of  such  impudence  !    Did  ever  a 
^  daughter  speak  to  her  father  in  this  fashion  .'* 
El.  Did  ever  a  father  give  away  his  daughter  in  this 

fashion  ? 
Harp.  Nothing  can  be  said  against  such  a  match ;  I 

will  stake  my  word  that  every  one  will  approve  my 
^  choice. 
El.  And  I  will  stake  mine  that  it  will  not  be  approved 

by  any  reasonable  person. 
Harp.  Here  is  Valere  :  are  you  willing  we  should  let 
^  him  decide  between  us  in  this  matter  ? 
El.  I  agree. 

Harp.  You  will  submit  to  his  judgment? 
El.  Yes,  I  will  abide  by  his  decision. 
Harp.  Then  it  is  agreed. 


122  L'AVARE  [acte  i. 

Sc^NE  V 

VALfeRE,  HaRPAGON,  ^LISE 

Harp.  Ici,  Valere.     Nous  t'avons  elu  pour  nous  dire 

qui  a  raison,  de  ma  fille  ou  de  moi. 
Val.  C'est  vous,  Monsieur,  sans  contredit. 
Harp.  Sais-tu  bien  de  quoi  nous  parlons  ? 

Val.  Non  ;  mais  vous  ne  sauriez  avoir  tort,  et  vous 
etes  toute  raison. 

Harp.  Je  veux  ce  soir  lui  donner  pour  epoux  un 
homme  aussi  riche  que  sage  ;  et  la  coquine  me  dit 
au  nez  qu'elle  se  moque  de  le  prendre.  Que  dis-tu 
de  cela  ? 

Val.   Ce  que  j'en  dis.-* 

Harp.  Oui. 

Val.  Eh,  eh. 

Harp.  Quoi? 

Val.  Je  dis  que  dans  le  fond  je  suis  de  votre  senti- 
ment ;  et  vous  ne  pouvez  pas  que  vous  n'ayez  raison. 
Mais  aussi  n'a-t-elle  pas  tort  tout  a  fait,  et  .  .  . 

Harp.  Comment?  le  Seigneur  Anselme  est  un  parti 
considerable ;  c'est  un  gentilhomme  qui  est  noble, 
doux,  pose,  sage,  et  fort  accommode,  et  auquel  il  ne 
reste  aucun  enfant  de  son  premier  mariage.  Saurait- 
elle  mieux  rencontrer  ? 

Val.  Cela  est  vrai.  Mais  elle  pourrait  vous  dire  que 
c'est  un  peu  precipiter  les  choses,  et  qu'il  faudrait 
au  moins  quelque  temps  pour  voir  si  son  inclination 
pourra  s'accommoder  avec  .  .  . 

Harp.  C'est  une  occasion  qu'il  faut  prendre  vite  aux 
cheveux.  Je  trouve  ici  un  avantage  qu'ailleurs  je 
ne  trouverais  pas,  et  il  s'engage  a  la  prendre  sans 
dot. 

Val.  Sans  dot  ? 

Harp.  Oui. 

Vajl.  Ah !  je  ne  dis  plus  rien.    Voyez-vous  ?  voila  une 


I 


sc.  v.]  THE  MISER  123 

Scene  V 

VaLEREj  HaRPAGON,  l^LISE 

Harp.  Come  here,  Valere.  We  have  elected  you  to 
decide  who  is  in  the  right,  my  daughter  or  I. 

Val.  You,  Monsieur,  without  doubt. 

Harp.  Do  you  then  know  of  what  we  have  been 
talking  ? 

Val.  No  ;  but  you  could  not  be  in  the  wrong,  you  are 
wisdom  itself. 

Harp.  I  wish  to  give  her  a  husband  this  evening,  a 
man  as  rich  as  he  is  wise  ;  and  the  baggage  tells  me 
to  my  face  that  she  scorns  to  take  him.  What  do 
you  say  to  that  ? 

Val.   What  do  I  say  to  that  ? 

Harp.   Yes. 

Val.  Ahem. 

Harp.  What.? 

Val.  Well,  on  the  whole,  I  am  of  your  opinion  ;  and 
you  cannot  but  be  right.  But  I  must  say  she  is  not 
altogether  wrong,  and  .  .  . 

Harp.  What  ?  Seigneur  Anselme  is  a  desirable  match ; 
he  is  a  nobleman,  a  man  of  honour,  refined,  steady, 
prudent  and  well  off,  furthermore  he  had  no 
children  by  his  first  marriage.  Could  she  meet 
any  one  more  suitable  ? 

Val.  That  is  true.  But  she  might  say  you  were 
hastening  matters  too  rapidly  and  that  she  ought 
at  least  to  be  allowed  a  little  time  in  which  to 
see  whether  her  inclinations  were  likely  to  accord 
with  .   .   . 

Harp.  This  is  a  case  in  which  we  must  take  time  by 
the  forelock.  There  is  an  advantage  in  this  match 
which  I  cannot  find  elsewhere,  for  he  promises  to 
take  her  without  dowry. 

Val,  Without  dowry  ? 

Harp.  Yes. 

Val.  Ah  !  I  can  say  no  more.     You  see  this  is  alto- 


124  L'AVARE  [actb  i. 

raison  tout  a  fait  convaincante ;  il  se  faut  rendre  a 
cela. 

Harp.  C'est  pour  moi  une  epargne  considerable. 

Val.  Assurement,  cela  ne  re^oit  point  de  contradiction. 
II  est  vrai  que  votre  fiUe  vous  peut  representor  que 
le  mariage  est  une  plus  grande  affaire  qu'on  ne  peut 
croire  ;  qu'il  y  va  d'etre  heureux  ou  malheureux 
toute  sa  vie ;  et  qu'un  engagement  qui  doit  durer 
jusqu'a  la  mort  ne  se  doit  jamais  faire  qu'avec  de 
grandes  precautions. 

Harp.  Sans  dot. 

Val.  Vous  avez  raison  :  yiiilA_4iii  decide  _lout,_cela 
s'entend.  11  y  a  des  gens  qui  pourraient  vous  dire 
qu'en^e  telles  occasions  I'inclination  d'une  fiUe  est 
une  chose  sans  doute  ou  Ton  doit  avoir  de  Te'gard  ; 
et  que  cette  grande  inegalite  d'age,  d'humeur  et  de 
sentiments,  rend  un  mariage  sujet  a  des  accidents 
tres-facheux. 

Harp.  Sans  dot. 

Val  Ah  !  il  n'y  a  pas  de  replique  a  cela :  on  le  salt 
bien  ;  qui  diantre  peut  aller  la  contre  .'*  Ce  n'est  pas 
qu'il  n'y  ait  quantite  de  peres  qui  aimeraient  mieux 
menager  la  satisfaction  de  leurs  lilies  que  I'argent 
qu'ils  pourraient  donner ;  qui  ne  les  voudraient 
point  sacrifier  a  I'interet,  et  chercheraient  plus 
que  toute  autre  chose  a  mettre  dans  un  mariage 
cette  douce  conformite  qui  sans  cesse  y  maintient 
I'honneur,  la  tranquillite  et  la  joie,  et  que  .  .  . 

Harp.  Sans  dot. 

Val.  11  est  vrai ;  cela  ferme  la  bouche  a  tout,  sans  dot. 
Le  moyen  de  resister  a  une  raison  comme  celle-la  } 

Harp.  (H  regarde  vers  le  jardin.)  Ouais  !  il  me  semble 
que  j'entends  un  chien  qui  aboie.  N'est-ce  point 
qu'on  en  voudrait  a  mon  argent?  Ne  bougez,  je 
^  reviens  tout  a  I'heure. 

El.  Vous  moquez-vous,  Valere,  de  lui  parler  comme 
vous  faites  ? 

Val.  C'est  pour  ne  point  I'aigrir,  et  pour  en  venir 
mieux  a  bout.     Heurter  de  front  ses  sentiments  est 


8C.  v.]  THE  MISER  126 

gether  a  convincing  reason ;  one  must  submit 
to  it. 

fTAi^T>    Tt.  i«  ^  pr^Tjgi^^rfible  saving  for  me. 

Val.  Assuredly,  it  does  not  admit  of  contradiction. 
It  is  true  your  daughter  might  represent  to  you 
that  marriage  is  a  far  more  serious  matter  than 
people  think ;  that  it  means  being  happy  or  un- 
happy all  her  life ;  and  that  a  bond  which  must 
last  until  death  ought  only  to  be  entered  into  after 
the  most  serious  consideration.  a 

Harp.  Without  dowry.  \ 

Val.  You  are  right:  that  settles  everything,  of  course. 
There  are  people  who  might  say  to  you  that  in  such 
matters  the  inclination  of  a  daughter  ought,  un- 
questionably, to  be  taken  into  account;  and  that 
this  great  disparity  of  age,  disposition  and  senti- 
ments might  subject  the  marriage  to  very  un- 
fortunate accidents. 

Harp.   Without  dowry. 

Val.  Ah  !  one  knows  well  there  is  no  answer  to  that ; 
who  the  deuce  would  suggest  such  a  thing  ?  There 
might  be  some  fathers  who  would  prefer  to  think  of 
their  daughters'  happiness  rather  than  of  the  money 
they  might  have  to  give  them ;  who  would  not 
sacrifice  them  to  interest,  and  who  would  seek 
before  all  else  to  establish  in  a  marriage  that  happy 
unanimity  which  unfailingly  produces  honour,  tran- 
quillity and  joy,  and  which  .  .   . 

Harp.  Without  dowry. 

Val.  It  is  true :  that  phrase  '  without  dowry  *  ends 
discussion.  How  can  one  resist  an  argument  like 
that? 

Harp.  (He  looks  towards  the  garden.)  What  was  that.'' 
I  thought  I  heard  a  dog  bark.  Is  it  some  one  trying 
to  find  my  money?  Don't  stir  from  here,  I  will 
^  come  back  again  immediately. 

El.  Are  you  jesting,  Valere,  to  talk  to  him  as  you 
have  done? 

Val.  I  do  not  wish  to  thwart  him,  and  then  I  shall 
better  achieve  my  purpose.     To  oppose  his  wishes 


K 


126  L'AVARE  [actb  i. 

le  moyen  de  tout  gater  ;  et  il  y  a  de  certains  esprits 
qu'il  ne  faut  prendre  qu'en  biaisant,  des  tempera- 
ments ennemis  de  toute  resistance,  des  naturels 
retifs,  que  la  verite  fait  cabrer,  qui  toujours  se 
roidissent  centre  le  droit  chemin  de  la  raison,  et 
qu'on  ne  mene  qu'en  tournant  ou  Ton  veut  les 
conduire.  Faites  semblant  de  consentir  a  ce  qu'il 
veut,  vous  en  viendrez  mieux  a  vos  fins,  et  .   .  . 

El.  Mais  ce  mariage,  Valere  ? 

Val.  On  cherchera  des  biais  pour  le  rompre. 

]6l.  Mais  quelle  invention  trouver,  s'il  se  doit  conclure 
ce  soir  ? 

Val.  II  faut  demander  un  delai,  et  feindre  quelque 

^  maladie. 

El.  Mais  on  decouvrira  la  feinte,  si  Ton  appelle  des 
me'decins. 

Val.  Vous  moquez-vous  ?    Y  connaissent-ils  quelque 
chose  .^    Allez,  allez,  vous  pourrez  avec  eux  avoir 
quel  mal  il  vous  plaira,  lis  vous  trouveront  des 
raisons  pour  vous  dire  d'ou  cela  vient. 
""Harp.  Ce  n'est  rien,  Dieu  merci. 

Val.  Enfin  notre  dernier  recours,  c'est  que  la  fuite 
nous  peut  mettre  a  couvert  de  tout ;  et  si  votre 
amour,  belle  Elise,  est  capable  d'une  fermete  .  .  . 
(II  aper§oit  Harpagon.)  Oui,  il  faut  qu'une  fiUe  obeisse 
a  son  pere.  11  ne  faut  point  qu'elle  regarde  comme 
un  mari  est  fait ;  et  lorsque  la  grande  raison  de 
sans  dot  s'y  rencontre,  elle  doit  etre  prete  a  prendre 
tout  ce  qu'on  lui  donne. 

Harp.  Bon.     Voila  bien  parle,  cela. 

Val.  Monsieur,  je  vous  demande  pardon  si  je  m'em- 
porte  un  peu,  et  prends  la  hardiesse  de  lui  parler 
comme  je  fais. 

Harp.  Comment?  j'en  suis  ravi,  et  je  veux  que  tu 
prennes  sur  elle  un  pouvoir  absolu.  Oui,  tu  as 
beau  fuir.  Je  lui  donne  I'autorite  que  le  Ciel  me 
donne  sur  toi,  et  j'entends  que  tu  fasses  tout  ce  qu'il 
te  dira. 
Jb^       Val.     Apres    cela,    re'sistez    a    mes    remontrances. 


\fl^ 


so.  v.]  THE  MISER  127 

outright  is  the  way  to  spoil  everything ;  there  are 
certain  natures  which  can  only  be  overcome  by 
indirect  means^  temperaments  which  are  enemies  to 
all  resistance,  restive  spirits,  whom  truth  causes  to 
rear,  who  always  jib  at  the  right  path  of  reason, 
whom  one  can  only  lead  by  turning  in  the  direc- 
tion opposite  to  that  in  which  one  wishes  them  to 
go.     Seem  to  comply  with  his  wishes  and  you  will 

^  the  better  gain  your  end,  and  .  .  . 

El.   But  this  marriage,  Valere  ? 

Yal.   We  will  find  some  excuse  to  break  it  off. 

El.  What  pretext  can  we  find,  if  it  is  to  be  arranged 
this  evening  } 

Val.  You  must  feign  some  illness  and  ask  for  a 
delay. 

^L.  But  they  will  find  out  the  feint,  if  they  call  in 
the  doctors. 

Val.  Now  you  jest.  Do  they  know  anything  about 
it  ?  Come,  come,  you  can  have  any  illness  you  like 
so  far  as  they  are  concerned,  they  will  find  some 

.    reasons  to  tell  you  how  you  got  it. 

Harp.  Thank  God,  it  was  nothing. 

Val.  In  fact  flight  is  the  last  resource  left  ue,  and 
that  will  shelter  us  from  everything  ;  if  your  love, 
fair  Elise,  is  capable  of  such  strength  .  .  .  (He  sees 
Harpagon.)  Yes,  a  girl  ought  to  obey  her  father. 
She  ought  not  to  consider  what  sort  of  a  man  her 
husband  is  ;  when  the  grand  argument  of  'Without 
dowry '  is  presented  to  her,  she  ought  to  be  ready 
to  take  any  one  who  is  given  her. 

Harp.  Good.     That  was  well  spoken. 

Val.  Monsieur,  I  ask  your  pardon  for  speaking  thus 
strongly  to  her,  my  thoughts  have  led  me  away. 

Harp.  Why,  I  am  charmed.  I  wish  you  would  take 
absolute  control  over  her.  Yes,  you  may  run  away 
as  much  as  you  like.  I  give  him  the  authority  that 
Heaven  gives  me  over  you,  I  insist  upon  your  doing 
everything  he  tells  you  to  do. 

Val.   After  that,  resist  me  if  you  can.     Monsieur, 


0 


128  L'AVARE  [actb  ii. 

Monsieur,  je  vais  la  suivre,  pour  lui  continuer  les 
lemons  que  je  lui  faisais. 

Harp.  Oui,  tu  m'obligeras.     Certes  .  .  . 

Val.  II  est  bon  de  lui  tenir  un  peu  la  bride  haute. 

Harp.  Cela  est  vrai.     II  faut  .  .  . 

Val.  Ne  vous  mettez  pas  en  peine.  Je  crois  que  j'en 
viendrai  a  bout. 

Harp.  Fais,  fais.  Je  m'en  vais  faire  un  petit  tour  en 
ville,  et  reviens  tout  a  I'heure. 

Val.  Oui,  I'argent  est  plus  precieux  que  toutes  les 
choses  du  monde,  et  vous  devez  rendre  graces  au 
Ciel  de  I'honnete  homme  de  pere  qu'il  vous  a  donne. 
II  sait  ce  que  c'est  que  de  vivre.  Lorsqu'on  s'ofFre 
de  prendre  une  fiUe  sans  dot,  on  ne  doit  point 
regarder  plus  avant.  Tout  est  renferme  la-dedans, 
et  sans  dot  tient  lieu  de  beaute,  de  jeunesse,  de 
naissance,  d'honneur,  de  sagesse  et  de  probite. 

Harp.  Ah  !  le  brave  gargon  !  Voila  parle  comme  un 
oracle.  Heureux  qui  peut  avoir  un  domestique  de 
la  sorte  I 

FIN  DU  premier  ACTE. 


ACTE   II 

Scene  I 

Cl^iantb,  La  Fli^chb 

Cl.  Ah !  traitre  que  tu  es,  ou  t'es-tu  done  alle  four- 
rer,-*    Ne  t'avais-je  pas  donne  ordre  .  .  . 

La  F.  Oui,  Monsieur,  et  je  m'etais  rendu  ici  pour 
vous  attendre  de  pied  ferme ;  mais  Monsieur  votre 
pere,  le  plus  malgracieux  des  hommes,  m'a  chasse 
dehors  malgre  moi,  et  j'ai  couru  risque  d'etre  battu. 

Cl.  Comment  va  notre  affaire .''  Les  choses  pressent 
plus  que  jamais  ;  et  depuis  que  je  t'ai  vu,  j'ai  decou- 
vert  que  mon  pere  est  mon  rival. 


8c.  I.]  THE  MISER  129 

I  wiH  follow  her,  and  continue  the  lessons  I  was 
giving  her. 

Harp.  Yes,  you  will  oblige  me.     By  all  means  ,  .  . 

Val.  She  must  be  kept  in  with  a  tight  rein. 

Harp.  That  is  true.     You  must  ...  . 

Val.    Do  not  trouble  yourself.      I  believe  T  gball  JL/V*^ 
conquer  in  the  end.  ^f^    ^ 

IIarp.  Go  on.     Tarn  going  for  a  short  walk  in  the 
town,  and  shall  be  back  soon. 

Val.  Yes,  money  is  more  precious  than  anything  else 
in  the  world,  and  you  ought  to  return  thanks  to 
Heaven  for  the  good  father  you  have.  He  knows 
what  life  is.  When  any  one  offers  to  take  a  daughter 
without  dowry,  there  is  nothing  further  to  be  looked 
for.  Everything  is  contained  in  that,  for^^^  without. 
dowry '  takes  the  place  of  beauty,  youth,  birth, 
honour,  wisdom  and  honesty.  , 

Harp.  Ah  !  the  good  fellow  !    There  speaks  an  oracle. 
Happy  is  he  who  has  such  a  helper  ! 

END  OP  THE  first  ACT. 


ACT  II 

Scene  I 
Cl£4nte,  La  Fl^ghe 

Cl.  Ah  !  you  wretch,  where  have  you  been  hiding? 
Did  I  not  order  you  .  .  . 

La  F.  Yes,  Monsieur,  and  I  came  here  to  wait  for 
you  without  stirring ;  but  your  father,  the  most 
boorish  man  in  the  world,  turned  me  away,  in  spit© 
of  myself,  and  I  had  to  run  the  risk  of  a  thrashing. 

Cl.  How  is  our  affair  going  on  ?    Matters  are  more 
urgent  than  ever  ;  for,  since  I  saw  you,  I  have  dis- 
covered that  my  father  is  my  rival. 
I 


130  L'AVARE  [acte  ii. 

La  F.  Votre  pere  amoureux  ? 

Cl.  Oui ;  et  j'ai  eu  toutes  les  peines  du  monde  a  lui 
cacher  le  trouble  ou  cette  nouvelle  m'a  mis. 

La  F.  Lui  se  meler  d'aimer  !  De  quoi  diable  s'avise- 
t-il  ?  Se  moque-t-il  du  monde  ?  Et  Tamour  a-t-il 
ete  fait  pour  des  gens  batis  comme  lui  ? 

Cl.  II  a  fallu,  pour  raes  pe'che's,  que  cette  passion  lui 
soit  venue  en  tete. 

La  F.  Mais  par  quelle  raison  lui  faire  un  mystere  de 
votre  amour  ? 

Cl.  Pour  lui  donner  nioins  de  soupgon,  et  me  con- 
server  au  besoin  des  ouvertures  plus  aise'es  pour 
detourner  ce  mariage.  Quelle  reponse  t'a-t-on 
faite.^ 

La  F.  Ma  foi !  Monsieur^  ceux  qui  empruntent  sont 
bien  malheureux ;  et  il  faut  essuyer  d'etranges 
choses,  lorsqu'on  en  est  reduit  a  passer^  comme 
vous,  par  les  mains  des  fesse-mathieux. 

Cl.  L' affaire  ne  se  fera  point  ? 

La  F.  Pardonnez-moi.  Notre  maitre  Simon,  le  courtier 
qu'on  nous  a  donne,  homme  agissant  et  plein  de 
zele,  dit  qu'il  a  fait  rage  pour  vous ;  et  il  assure  que 
votre  seule  physionomie  lui  a  gagne  le  coeur. 

Cl.  J'aurai  les  quinze  mille  francs  que  je  demande? 

La  F.  Oui ;  mais  quelques  petites  conditions,  qu'il 
faudra  que  vous  acceptiez,  si  vous  avez  dessein  que 
les  choses  se  fassent. 

Cl.  T'a-t-il  fait  parler  a  celui  qui  doit  preter  Targent.^ 

La  F.  All !  vraiment,  cela  ne  va  pas  de  la  sorte.  II 
apporte  encore  plus  de  soin  a  se  cacher  que  vous, 
et  ce  sont  des  mysteres  bjen  plus  grands  que  vous 
ne  pensez.  On  ne  veut  point  du  tout  dire  son  nom, 
et  Ton  doit  aujourd'hui  I'aboucher  avec  vous,  dans 
une  maison  empruntee,  pour  etre  instruit,  par  votre 
bouche,  de  votre  bien  et  de  votre  famille  ;  et  je  ne 
doute  point  que  le  seul  nom  de  votre  pere  ne  rende 
les  choses  faciles. 


8c.  I.]  THE  MISER  131 

La  F.  Your  father  is  in  love  ? 

Cl.  Yes ;  and  I  have  had  the  greatest  possible  diffi- 
culty to  hide  from  him  the  agitation  of  mind  into 
which  this  news  has  thrown  me. 

La  F.  He  mix  himself  up  with  love  !  What  the  devil 
put  him  up  to  that  ?  Is  he  making  a  sorry  jest  of 
the  whole  world?  Has  love  anything  to  do  with 
such  people  as  he  ? 

Cl.  This  passion  must  have  taken  possession  of  him 
for  my  sins. 

La  F.   But  why  do  you  make  a  secret  of  your  love  .'* 

Cl.  In  order  that  he  may  not  suspect  anything,  and, 
if  necessary,  to  keep  the  way  open  the  more  easily 
to  prevent  this  marriage  from  taking  place.  What 
reply  have  you .'' 

La  F.  Upon  my  word  !  Monsieur,  borrowers  are  un- 
lucky folk  ;  one  has  to  put  up  with  odd  things  when 
one  is  compelled,  like  you,  to  pass  through  the 
hands  of  money-lenders. 

Cl.  Cannot  the  matter  be  managed  ? 

La  F.  By  your  leave.  Monsieur,  maitre  Simon,  the 
broker  recommended  to  us,  who  is  a  busy  and 
zealous  man,  says  he  has  worked  night  and  day  for  us ; 
and  he  swears  that  your  looks  alone  won  his  heart. 

Cl.  Shall  I  have  the  15,000  francs  I  want.^ 

La  F.  Yes  ;  but  on  certain  slight  conditions,  which  it 
will  be  necessary  you  should  accept,  if  you  wish 
things  to  go  smoothly. 

Cl.  Did  he  let  you  have  word  with  the  person  who  is 
to  lend  the  money  } 

La  F.  Ah  !  truly,  matters  are  not  arranged  in  that 
way.  He  takes  even  more  pains  than  you  do  to 
remain  unknown,  for  these  aiFairs  are  much  more 
mysterious  than  you  think.  They  would  not  tell 
me  his  name  at  all  and  he  will  be  brought  face  to 
face  with  you  to-day,  in  a  borrowed  house,  to  learn, 
from  your  own  lips,  of  your  means  and  of  your 
family ;  I  have  no  doubt  the  very  name  of  your 
father  will  put  matters  through  easily. 


132  L'AVARE  [acte  ii. 

Cl.  Et  principalement  notre  mere  etant  morte,  dont 
on  ne  peut  m'oter  le  bien. 

La  F.  Voici  quelques  articles  qu'il  a  dictes  lui-meme 
a  notre  entremetteur,  pour  vous  etre  montres,  avant 
que  de  rien  faire  : 

Suppose  que  le  preteur  voie  toutes  ses  suretes,  et  que 
femprunteur  soil  majeur,  et  d'une  famille  ou  le  bien 
soit  ample,  solide,  assure,  clair,  et  net  de  tout  em- 
harras,  on  fera  une  bonne  et  eocacte  obligation  par- 
devant  un  notaire,  le  plus  honnete  homme  quil  se 
pourra,  et  qui,  pour  cet  effet,  sera  choisi  par  le  preteur, 
auquel  il  importe  le  pltis  que  Facte  soit  dument  dress6, 

Cl.  II  n'y  a  rien  a  dire  a  cela. 

La  F.  Le  preteur,  pour  ne  charger  sa  conscience  d^aucun 
scrupule,  pretend  ne  donner  son  argent  quau  denier 
dix-huit. 

Cl.  Au  denier  dix-huit?  Parbleu  !  voila  qui  est 
honnete.     11  n'y  a  pas  lieu  de  se  plaindre. 

La  F.  Cela  est  vrai. 

Mais  comme  ledit  preteur  na  pas  chez  lui  la  somme 
dont  il  est  question,  et  que  pour  faire  plaisir  a  fem- 
prunteur, il  est  contraint  lui-meme  de  I'emprunter  d'un 
autre,  sur  le  pied  du  denier  cinq,  il  conviendra  que 
ledit  premier  emprunteur  page  cet  interet,  sans  pre- 
judice du  reste,  attendu  que  ce  n'est  que  pour  tobliger 
que  ledit  preteur  s' engage  a  cet  emprunt, 

Cl.  Comment  diable !  quel  Juif,  quel  Arabe  est-ce  la  } 
C'est  plus  qu'au  denier  quatre. 

La  F.  II  est  vrai ;  c'est  ce  que  j'ai  dit.  Vous  avez  a 
voir  la-dessus. 

Cl.  Que  veux-tu  que  je  voie.'*  J'ai  besoin  d'argent; 
et  il  faut  bien  que  je  consente  a  tout. 

La  F.  C'est  la  reponse  que  j'ai  faite. 

Cl.  II  y  a  encore  quelque  chose  } 

La  F.  Ce  n'est  plus  qu'un  petit  article, 

Des  quinze  mille  Jrancs  quon  demande,  le  preteur 
ne  pourra  compter  en  argent  que  douze  mille  livres,  et 
pour  les  mille  ecus  restants,  ilfaudra  que  I' emprunteur 
prenne  les  hardes,  nippes,  et  bijoux  dont  s'ensuit  le 


sc.  I.]  THE  MISER  133 

Cl.  Especially  as  our  mother  is  dead  and  I  cannot  bel     p^. 
deprived  of  her  property. 

La  F.  These  are  some  of  the  conditions  which  he 
dictated  himself  to  our  go-between,  to  be  shown 
you,  before  anything  is  done  : 

Provided  that  the  lender  sees  all  his  securities,  and 
that  the  borrower  is  of  age,  and  of  a  family  whose 
property  is  ample,  solid,  assured,  clear  and  free  from 
all  encumbrance,  a  good  and  exact  bond  shall  be  drawn 
up,  before  the  most  trustworthy  notary  that  can  be 
found,  who,  on  this  account,  shall  be  chosen  by  the 
lender,  to  whom  it  is  of  most  importance  that  the  deed 
shall  be  perfectly  drawn  up. 

Cl.  There  is  nothing  to  say  against  that. 

La  F.  In  order  not  to  burden  his  conscience  with  any 
scruple,  the  lender  does  not  wish  to  charge  more  for 
his  money  than  five  and  a  half  per  cent. 

Cl.  Five  and  a  half  per  cent  ?  Well !  that  is  low 
enough.     There  is  nothing  to  complain  of  in  that. 

La  F.  That  is  true. 

But  as  the  said  lender  has  not  in  hand  the  sum  in 
question,  and  as,  in  order  to  oblige  the  borrower,  he  is 
himself  compelled  to  borrow  it  of  some  one  else  at  the 
rate  of  twenty  per  cent.,  it  shall  be  agreed  that  the  said 
first  borrower  shall  pay  this  interest,  without  prejudice 
to  the  rest,  since  it  is  but  to  oblige  him  that  the  said 
lender  himself  borrows  the  money. 

Cl.  What  the  devil !  what  Jew,  what  Arab  is  this } 
This  is  more  than  twenty-five  per  cent. 

La  F.  Quite  true  ;  it  is  as  I  have  said.  You  have  to 
look  into  that. 

Cl.  How  can  I  look  into  it?  I  want  the  money ;  and 
I  must  agree  to  everything. 

La  F.  That  is  the  answer  I  made. 

Cl.  Is  there  anything  else  ? 

La  F.  There  is  only  one  small  condition. 

Of  the  fifteen  thousand  francs  asked,  the  lender  can 
only  pay  down  twelve  thousand,  and  in  place  of  the 
one  thousand  crowns  remaining,  the  borrower  must 
take  chattels,  clothing  and  Jewels,  as  per  the  following 


134  L'AVARE  [acte  ii. 

memoire,  et  que  ledit  preteur  a  mis,  de  bonne  foi,  au 
plus  modique  prix  qu'il  lui  a  iU  possible. 
Cl.  Que  veut  dire  cela  ? 
La  F.  Ecoutez  le  memoire  : 

Premierement,  un  lit  de  quatre  pieds,  d  bandes  de 
points  de  Hongrie,  appliquees  fort  proprement  sur  un 
drap  de  couleur  d'olive,  avec  six  chaises  et  la  courte- 
pointe  de  meme:  le  tout  Men  conditionne^  et  double 
d'un  petit  taffetas  changeant  rouge  et  bleu. 

Plus,   un  pavilion   a,    queue,    d'une   bonne   serge 
d'Aumale  rose  seche,  avec  le  mollet  et  les  /ranges  de 
soie. 
Cl.  Que  veut-il  que  je  fasse  de  cela? 
La  F.  Attendez. 

Plus,  une  tenture  de  iapisserie  des  amours  de 
Gombaut  et  de  Macee. 

Plus,  une  grande  table  de  bois  de  noyer,  a  douze 
colonnes  ou  piliers  tournes,  qui  se  tire  par  les  deux 
bouts,  et  gamie  par  le  dessous  de  ses  six  escabelles. 
Cl.  Qu'ai-je  a  faire,  morbleu  ?  .  .  . 
La  F.  Doiinez-vous  patience. 

Plus,  trois  gros  mousquets  tout  garnis  de  nacre  de 
per  les,  avec  les  trois  fourchettes  assortissantes. 

Plus,  un  fourneau  de  brique,  avec  deux  cornues  et 
trois  recipients,  fort  utiles  a  ceux  qui  sont  curieux  de 
distiller. 
Cl.  J'enrage. 
La  F.  Doucement.^ 

Plus,  un  luth  de  Bohgne,  garni  de  toutes  ses  cordes, 
ou  peu  senfaut. 

Plus,  un  trou-madame,  et  un  damier,  avec  un  jeu 
de  I'oie  renouveU  des  Grecs,  fort  propres  a  passer  le 
temps  lorsque  Von  n'a  quefaire. 

Plus,  une  peau  d'un  lezard,  de  trois  pieds  et  demi, 
remplie  de  foin,  curiosite  agreable  pour  pendre  au 
plancher  d'une  chambre. 

Le  tout,  ci-dessus  mentionne,  valant  loyalement  plus 
de  quatre  mille  cinq  cents  livres,  et  rabaissS  d  la  valeur 
de  mille  ecus,  par  la  discretion  du  preteur. 


sc.  I.]  THE  MISER  136 

memorandum,  the  said  lender  guaranteeing  that  he  has 
placed  upon  them  the  lowest  pnce  possible. 

Cl.  What  does  this  mean  ? 

La  F.  Listen  to  the  memorandum  : 

First,  a  four-post  bedstead,  upholstered  with  olive- 
coloured  cloth,  very  choicely  embroidered  with  strips  of 
Hungary  lace,  together  with  six  chairs  and  a  counter- 
pane to  match ;  the  whole  in  good  condition,  and  lined 
with  shot  red  and  blue  taffeta. 

Item,  a  tester,  of  good,  pale,  rose-coloured  Aumale 
serge,  with  silken  tassels  and  fringes. 

Cl.  What  does  he  think  I  can  do  with  this  ? 
La  F.  Wait. 

Item,  a  tapestry  hanging,  showing  the  loves  of 
Gombaut  and  Made. 

Item,  a  large  walnut-wood  table,  with  twelve  columns 
or  turned  legs,  which  draws  out  at  both  ends,  and  is 
furnished  with  six  stools  underneath. 
Cl.  Good  Heavens,  what  have  I  to  do  ?  .  .  • 
La  F.  Wait  a  moment. 

Item,  three  large  muskets,  inlaid  with  mother-o- 
pearl,  with  the  three  standing  forks  for  them  to  rest 
on,  to  match. 

Item,  a  brick  furnace,  with  two  retorts,  and  three 
receivers,  very  useful  for  those  who  have  a  hobby  for 
distilling. 
Cl.  I  shall  go  mad. 
La  F.  Be  patient. 

Item,  a  Bologna  lute,  with  all  its  stnngs,  or  very 
nearly  all. 

Item,  a  trou-madame  table,  a  draught-board  and  the 
game  of  goose,  restored  from  the  Greeks,  and  very 
useful  for  passing  the  time  when  one  has  nothing  to  do. 
Item,  a  lizard  skin,  three  feet  and  a  half  long, 
stuffed  with  hay,  a  dainty  curiosity  to  hang  from  the 
ceiling  of  a  room. 

The  whole  of  the  above-mentioned  goods  are  honestly 
worth  more  than  four  thousand  five  hundred  livres, 
and  they  are  reduced  to  the  value  of  one  thousand 
crowns  by  the  goodwill  of  the  lender. 


136  L'AVARE  [actb  ii. 

Cl.  Que  la  peste  I'etouffe  avec  sa  discretion,  le  traitre, 
le  bourreau  qu'il  est !  A-t-on  jamais  parle  d'une 
usure  semblable  ?  Et  n'est-il  pas  content  du  furieux 
inte'ret  qu'il  exige,  sans  vouloir  encore  m'obliger  a 
prendre,  pour  trois  mille  Ijvres,  les  vieux  rogatons 
qu'il  ramasse  ?  Je  n'aurai  pas  deux  cents  ecus  de 
tout  cela ;  et  cependant  il  faut  bien  me  resoudre  a 
consentir  a  ce  qu'il  veut ;  car  il  est  en  etat  de  me 
faire  tout  accepter,  et  il  me  tient,  le  scelerat,  le 
poignard  sur  la  gorge. 

La  F.  Je  vous  vois.  Monsieur,  ne  vous  en  deplaise, 
dans  le  grand  chemin  justement  que  tenait  Panurge 
pour  se  miner,  prenant  argent  d'avance,  achetant 
cher,  vendant  a  bon  marche,  et  mangeant  son  ble 
en  herbe.  »— 

Cl.  Que  veux-tu  que  j'y  fasse?    Voila  ou  les  jeunes 
gens  sont  re'duits  par  la  maudite  avarice  des  peres  J 
et  on  s'etonne  apres  cela  que  les  fils  souhaitent 
qu'ils  meurent. 

La  F.  II  faut  avouer  que  le  votre  animerait  contre  sa 
vilenie  le  plus  pose  homme  du  monde.  Je  n'ai  pas, 
Dieu  merci,  les  inclinations  fort  patibulaires ;  et 
parmi  mes  confreres  que  je  vois  se  meler  de  beau- 
coup  de  petits  commerces,  je  sais  tirer  adroitement 
mon  epingle  du  jeu,  et  me  demeler  prudemment 
de  toutes  les  galanteries  qui  sentent  tant  soit  peu 
I'echelle ;  mais,  a  vous  dire  vrai,  il  me  donnerait, 
par  ses  proce'des,  des  tentations  de  le  voler ;  et  je 
croirais,  en  le  volant,  faire  une  action  me'ritoire. 

Cl.  Donne-moi  un  peu  ce  m^moire,  que  je  le  voie 
encore. 


Sc^NE  II 

Maitre  Simon,  Habpagon,  Cleante,  La  Fleche 

M.  S.   Oui,  Monsieur,  c'est  un  jeune  homme  qui  a 
besoin  d'argent.     Ses  affaires  le  pressent  d'en  trou- 


sc.  II.]  THE  MISER  137 

Cl.  May  the  plague  choke  the  wretch,  with  his  good- 
will, scoundrel  that  he  is !  Has  any  one  everV 
heard  of  such  usury  ?  Is  he  not  content  with  the! 
exorbitant  interest  he  exacts  but  he  must  compel/ 
me  to  take,  for  three  thousand  livres,  the  old  rubbish/ 
he  has  picked  up?  I  shall  not  get  two  hundred 
crowns  for  all  that  lumber ;  yet  I  must  make  up 
my  mind  to  agree  to  his  conditions  ;  he  has  it  in  his 
power  to  make  me  consent  to  anything  and  so  the 
villain  has  me,  with  a  knife  at  my  throat. 

La  F.  If  I  may  say  so,  Monsieur,  it  seems  to  me  you 
are  in  the  broad  road  to  ruin  that  Panurge  took, 
taking  money  in  advance,  buying  dear,  selling  cheap 
and  eating  his  corn  while  it  was  grass. 


m-  I 

ice 

en_| 


Cl.  What  would  you  have  me  do.-*     To  these  con 
ditions  are  young  men  reduced  by  the  cursed  avarice 
of  fathers  ;   and  yet  people  are  astonished  when 
sons  wish  the  death  of  their  fathers. 

La  F.  It  must  be  admitted  that  yours  would  rouse 
the  most  phlegmatic  person  in  the  world  against 
his  villainy.  God  be  praised,  I  have  no  wish  for 
a  hempen  necklace ;  and,  among  my  colleagues, 
whom  I  see  concern  themselves  with  many  little 
businesses,  I  am  clever  enough  to  take  care  of  my- 
self and  to  tread  gingerly  amongst  the  alluring 
things  that  savour  even  slightly  of  the  gallows ; 
but,  to  tell  you  tlie..truth^jhisff 
-tQ_rob_hiiiL;  were  I  to^thiev^lSim  I  believe  I  should 
be  doing  a  meritorious  action. 

Cl.  Give  me  the  memorandum  and  I  will  go  through 
it  again. 


Scene  II 

Maitrb  Simon,  Harpagon,  Cleante,  La  FLiiCHB 

M.    S.     Yes,    Monsieur,   it    is   a    young    man    who 
wants  money.     His  affairs  urge  him  to  find  some. 


138  L'AVARE  [acte  ii. 

ver^  et  il  en  passera  par  tout  ce  que  vous  en  pres- 
crirez. 

Harp.  Mais  croyez-vous,  maitre  Simon,  qu'il  n'y  ait 
rien  a  pericliter?  et  savez-vous  le  nom,  les  biens  et 
la  famlHe  de  celui  pour  qui  vous  parlezp ^ 

M.  S.  Non  Je  ne  puis  pas  bien  vous  en  instruire  a  fond, 
et  ce  n'est  que  par  aventure  que  Ton  m'a  adresse  a. 
lui ;  mais  vous  serez  de  toutes  choses  eclairci  par 
lui-meme  ;  et  son  homme  m'a  assure  que  vous  serez 
content,  quand  vous  le  connaitrez.  Tout  ce  que  je 
saurais  vous  dire,  c'est  que  sa  famille  est  fort  riche, 
qu'il  n'a  plus  de  mere  deja,  et  qu'il  s'obligera,  si 
vous  voulez,  que  son  pere  mourra  avant  qu'il  soit 
huit  mois. 

Harp.  C'est  quelque  chose  que  cela.  La  charite, 
maitre  Simon,  nous  oblige  a  faire  plaisir  aux  per- 
sonnes,  lorsque  nous  le  pouvons. 

M.  S.  Cela  s'entend. 

La  F.  Que  veut  dire  ceci  ?  Notre  maitre  Simon  qui 
parle  a  votre  pere. 

Cii.  Lui  aurait-on  appris  qui  je  suis .''  et  serais-tu  pour 
nous  trahir .'' 

M.  S.  Ah  !  ah  !  vous  etes  bien  presses  !  Qui  vous  a 
dit  que  c'etait  ceans?  Ce  n'est  pas  moi.  Monsieur, 
au  moins,  qui  leur  ai  decouvert  votre  nom  et  votre 
logis ;  mais,  a  mon  avis,  il  n'y  a  pas  grand  mal  a 
cela.  Ce  sont  des  personnes  discretes,  et  vous 
pouvez  ici  vous  expliquer  ensemble. 

Harp.  Comment? 

M.  S.  Monsieur  est  la  personne  qui  veut  vous  em- 
prunter  les  quinze  mille  livres  dont  je  vous  ai  parle. 

Harp.  Comment,  pendard  }  c'est  toi  qui  t'abandonnes 

a  ces  coupables  extremites  ? 
Cl.  Comment,  mon  pere  ?  c'est  vous  qui  vous  portez 

a  ces  honteuses  actions  ? 
Harp.  C'est  toi  qui  te  veux  ruiner  par  des  emprunts 

si  condamnables  } 
Cl.  C'est  vous  qui  cherchez  a  vous  enrichir  par  des 

usures  si  criminelles  ? 


sc.  II.]  THE  MISEB  139 

and  he  is  willing  to  agree  to  everything  you 
stipulate. 

Harp.  But,  maitre  Simon,  do  you  think  there  is  any 
risk?  Do  you  know  the  name,  the  property  and 
the  family  of  the  client  for  whom  you  act  ? 

M.  S.  No  ;  I  cannot  really  tell  you  anything  de- 
finitely, it  was  only  by  chance  I  was  recommended 
to  him  ;  but  he  will  enlighten  you  himself  concern- 
ing all  these  matters ;  and  his  servant  assures  me 
that  you  will  be  satisfied,  when  you  are  made 
acquainted  with  him.  All  I  am  able  to  tell  you  is 
that  his  family  is  very  rich,  he  has  already  lost  his 
mother,  and,  if  you  wish  it,  he  will  pledge  himself 
that  his  father  shall  die  before  eight  months  are  over. 

Harp.  That  is  something.  Charity,  maitre  Simon, 
binds  us  to  please  people,  when  we  have  it  in  our 
power. 

M.  S.  Quite  so. 

La  F.  What  does  this  mean?  Our  maitre  Simon 
talking  to  your  father. 

Cl.  Can  any  one  have  told  him  who  I  am  ?  have  you 
betrayed  me  ? 

M.  S.  Why,  why,  what  a  hurry  you  are  in  !  Who  told 
you  the  meeting  was  to  be  here?  It  is  not  I, 
Monsieur,  at  all  events,  who  revealed  your  name 
and  your  dwelling-place;  but,  so  far  as  I  know, 
there  is  no  great  harm  in  that.  They  are  discreet 
persons,  and  you  can  negotiate  together  here. 

Harp.  What  do  you  mean  ? 

M.  S.  This  gentleman  is  the  person  of  whom  I  have 
spoken  to  you,  who  wishes  to  borrow  the  fifteen 
thousand  livres. 

Harp.  What,  you  gallows  bird  ?  is  it  you  who  abandon 
yourself  to  these  culpable  excesses  ? 

Cl.  What,  father  ?  is  it  you  who  deal  in  this  shameful 
traffic  ? 

Harp.  Is  it  you  who  wish  to  ruin  yourself  by  such 
detestable  borrowings  ? 

Cl.  Is  it  you  who  seek  to  enrich  yourself  by  such 
criminal  usury  ? 


140  L'AVARE  [actbil 

Harp.  Oses-tu  bien,  apres  cela,  paraitre  devant 
moi? 

Cl.  Osez-vous  bien,  apres  cela,  vous  presenter  aux 
yeux  du  monde? 

Harp.  N'as-tu  point  de  honte,  dis-moi,  d'en  venir  a 
ces  debauches-la  ?  de  te  precipiter  dans  des  depenses 
eflFroyables  .'*  et  de  faire  una  honteuse  dissipation 
du  bien  que  tes  parents  t'ont  amasse  avec  tant  de 
sueurs  ? 

Cl.  Ne  rougissez-vous  point  de  deshonorer  votre  con- 
dition par  les  commerces  que  vous  faites?  de  sacrifier 
gloire  et  reputation  au  desir  insatiable  d'entasser 
ecu  sur  ecu,  et  de  rencherir,  en  fait  d'interets,  sur 
les  plus  infames  subtilites  qu'aient  jamais  invente'es 
les  plus  celebres  usuriers  ? 

Harp.  Ote-toi  de  mes  yeux,  coquin  !  ote-toi  de  mes 

yeux. 
Cl.  Qui  est  plus  criminel,  a  votre  avis,  ou  celui  qui 

achete  un  argent  dont  il  a  besoin,  ou  bien  celui  qui 

vole  un  argent  dont  il  n'a  que  faire  ? 
Harp.  Retire-toi,  te  dis-je,  et  ne  m'e'chauffe  pas  les 

oreilles.    Je  ne  suis  pas  fache  de  cette  aventure  ;  et 

ce  m'est  un  avis  de  tenir  I'oeil,  plus  que  jamais,  sur 

toutes  ses  actions. 


Scene  III 


Fros.  Monsieur  .  .  . 

Harp.    Attendez  un  moment ;  je  vai«  revenir  vous 

pcirler.     H  est  a  propos  que  je  fasse  un  petit  tour  a 

mon  ardent. 


8C.  III.]  THE  MISER  141 

Harp.  How  dare  you  appear  before  me,  after  this? 
Cl.  How  dare  you  show  yourself  abroad,  after  this  ? 

Harp.  Let  me  ask  you  if  you  are  not  ashamed  to 
indulge  in  this  debauchery  ?  to  indulge  recklessly 
in  these  frightful  expenses?  and  shamelessly  to 
dissipate  the  property  your  parents  have  laid  up  for 
you  in  the  sweat  of  the  brow  ? 

Cl.  Do  you  not  blush  at  the  dishonour  done  to  your 
rank  by  this  trade  that  you  carry  on  ?  at  the  sacri- 
fice of  glory  and  reputation  to  the  insatiable  desire 
of  heaping  up  crown  upon  crown,  and  at  your 
methods  of  interest,  which  surpass  the  most  in- 
famous chicanery  ever  invented  by  the  greatest 
usurers  ? 

Harp.  Begone  out  of  my  sight,  you  villain  !  begone 
out  of  my  sight. 

Cl.  Who  is  the  most  criminal,  think  you,  he  who 
buys  the  money  he  needs,  or  he  who  steals  money 
he  does  not  need  ? 

Harp.  Go  away,  I  tell  you,  and  do  not  deafen  my 
ears.  I  am  not  sorry  this  affair  has  happened ;  it 
teaches  me  to  keep  a  stricter  watch  than  ever  upon 
all  his  goings-on. 


Scene  III 

Frosine,  Harpagon 

Fros.  Monsieur  .  .  . 

Harp.  Wait  a  moment ;  I  will  come  back  to  speak  to 
you.     I  must  go  and  have  a  look  at  my  money. 


142  L'AVARE  [acte  ii. 

ScilNE    IV 

La  Fleche,  Frosine 

La  F.  L*aventure  est  tout  a  fait  drole.  II  faut  bien 
qu'il  ait  quelque  part  un  ample  magasin  de  hardes ; 
car  nous  n'avons  rien  recounu  au  memoire  que 
nous  avons. 

Fros.  He !  c'est  toi,  mon  pauvre  la  Fleche  !  D'ou 
vient  cette  rencontre  ? 

La  F.  Ah !  ah !  c'est  toi,  Frosine  ?  Que  viens-tu  fairs 
ici? 

Fros.  Ce  que  je  fais  partout  ailleurs :  m'entremettre 
d'affaires,  me  rendre  serviable  aux  gens,  et  profiter 
du  mieux  qu'il  m'est  possible  des  petits  talents  que 
je  puis  avoir.  Tu  sais  que  dans  ce  monde  il  faut 
vivre  d'adresse,  et  qu'aux  personnes  comme  moi  le 
Ciel  n'a  donne  d'autres  rentes  que  I'intrigue  et  que 
I'industrie. 

La  F.  As-tu  quelque  ne'goce  avec  le  patron  du  logis  } 

Fros.  Oui.  Je  traite  pour  lui  quelque  petite  affaire, 
dont  j'espere  une  recompense. 

La  F.  De  lui  ?  Ah  !  ma  foi !  tu  seras  bien  fine  si 
tu  en  tires  quelque  chose  ;  et  je  te  donne  avis  que 
I'argent  ceans  est  fort  cher. 

Fros.  II  y  a  de  certains  services  qui  touchent  merveil- 

,    leusement. 

^La  F.  Je  suis  votre  valet,  et  tu  ne  connais  pas  encore 
le  Seigneur  Harpagon.  Le  Seigneur  Harpagon  est 
de  tous  les  humains  I'humain  le  moins  humain,  le 
mortel  de  tous  les  mortels  le  plus  dur  et  le  plus 
serre.  II  n'est  point  de  service  qui  pousse  sa  re- 
connaissance jusqu'a  lui  faire  ouvrir  les  mains.  De 
la  louange,  de  I'estime,  de  la  bienveillance  en  paroles, 
et  de  I'amitie  tant  qu'il  vous  plaira ;  mais  de 
I'argent,  point  d'affaires.  II  n'est  rien  de  plus  sec 
et  de  plus  aride  que  ses  bonnes  graces  et  ses  caresses; 


8c.  IV.]  THE  MISER  148 

Scene  IV 
La  FiiicHE,  Frosine 

La  F.  What  a  comical  adventure.  He  must  have 
somewhere  a  fine  warehouse  of  goods  and  chattels ; 
for  we  could  not  recognise  anything  from  here  in 
the  memorandum. 

Fbos.  Hallo  !  is  that  you,  my  good  La  Fleche?  How 
does  this  meeting  come  ahout.'' 

La  F.  Ha !  ha  !  is  that  you,  Frosine  ?  What  are  you 
doing  here  ? 

Fros.  What  I  do  elsewhere :  I  take  part  in  various 
little  matters,  to  make  myself  serviceable  to  people, 
and  so  make  the  best  profit  I  can  of  any  small 
talents  I  may  have.  In  this  world,  you  know,  one 
must  live  by  one's  wits,  and  Heaven  has  not  en- 
dowed such  persons  as_X_jjd±L.o.tliex.^oods  than 
_  intrigue  and_skill. 

La  F.  Have  y^iTany  business  with  the  master  of  the 
house? 

Fros.  Yes,  I  am  negotiating  a  trifling  matter  for  him, 
for  which  I  look  to  gain  some  recompense. 

La  F.  From  him  ?  Ah,  upon  my  word  !  you  will  be 
very  clever  if  you  get  anything  out  of  him  ;  I  warn 
you  that  money  is  very  scarce  here. 

Fros.  There  are  certain  services  that  have  a  wonderful 
effect. 

La  F.  I  am  your  servant,  but  you  do  not  yet  know 
Seigneur  Harpagon.  Seigneur  Harpagon  is  of  all 
.human  beings  the  least  human,  of  all^  mortals  tEe 
hardest  and  the  mosFliiggardl-y.  Not  ahy's^rVtCB"" 
can  be  done  him  that  will  rouse  his  gratitude  to  the 
extent  of  putting  his  hands  into  his  pockets.  Of 
praise,  esteem,  kind  words  and  friendship  you  can 
have  as  much  as  you  please  ;  .but  of  money,  nothing. 
Not  anything  exists  drier  and  more  arid  than  his 
good  graces  and  his  welcomings ;  he  has  so  much 


144  L'AVARE  [actb  ii. 

et  donner  est  un  mot  pour  qui  il  a  tant  d'aversion, 
qu'il  ne  dit  jamais :  Je  vous  donne,  mais :  Je  vous 
prete  le  bon  jour. 

Fbos.  Mon  Dieu  !  je  sais  I'art  de  traire  les  hommes  ; 
j'ai  le  secret  de  m'ouvrir  leur  tendresse,  de  chatou- 
iller  leurs  coeurs,  de  trouver  les  endroits  par  ou  ils 
sont  sensibles. 

'La  F.  Bagatelles  ici.  Je  te  defie  d'attendrir,  du  cote 
de  Targent,  Thomme  dont  il  est  question.  II  est 
Turc  la-dessus^  mais  d'une  turquerie  a  desesperer 
tout  le  monde ;  et  Ton  pourrait  crever,  qu'il  n'en 
branlerait  pas.  En  un  mot,  il  aime  T argent,  plus 
que  reputation,  qu'honneur  et  que  vertu  ;  et  la  vue 
d'un  demandeur  lui  donne  des  convulsions.  C'est 
le  frapper  par  son  endroit  mortel,  c'est  lui  percer 
le  coeur,  c'est  lui  arracher  les  entrailles ;  et  si  ,  .  . 
Mais  il  revient ;  je  me  retire. 


Scene  V 
Harpaqon,  Frosinb 

Harp.  Tout  va  comme  il  faut.     He  bien  !  qu'est-ce, 

Frosine  ? 
Fros.  Ah,  mon  Dieu  !  que  vous  vous  portez  bien  !  et 

que  vous  avez  la  un  vrai  visage  de  sante  ! 
Harp.  Qui,  moi  ? 
Fros.   Jamais  je  ne  vous  vis  un  teint  si  frais  et  si 

gaillard. 
Harp.  Tout  de  bon  ? 
Fros.  Comment?  vous  n'avez  de  votre  vie  ete  si  jeune 

que  vous  etes  ;  et  je  vols  des  gens  de  vingt-cinq  ans 

qui  sont  plus  vieux  que  vous. 
Harp.    Cependant,   Frosine,  j'en   ai   soixante   bien 

comptes. 
Fros.  He  bien !  qu'est-ce  que  cela,  soixante  ans  ?  Voila 

bien  de  quoi !     C'est  la  fleur  de  I'age  cela,  et  vous 

entrez  maintenant  dans  la  belle  saison  de  I'homme. 


sc.  v.]  THE  MISER  146 

aversion  towards  the  words  to  give  that  he  never 
says  :  I  give  you,  but :  I  lend  you,  good  day. 

Fros.  Never  mind  !  I  know  the  art  of  drawing  men 
forth  ;  I  have  the  secret  of  making  their  affections 
unfold  for  me,  of  warming  their  hearts,  of  finding 
out  their  most  sensitive  parts. 
W-  La  F.  No  good  here.  I  defy  you  to  mollify  the  man 
of  whom  we  are  speaking,  in  anything  that  concerns 
money.  In  that  matter  he  is  a  Turk,  but  such  a 
Turk  as  would  make  any  one  despair  ;  one  might 
starve  ere  he  would  lift  a  finger  to  help.  In  fact, 
^ft  InvAs  money  more  than  reputation,  honour  and 
virtu^  the  mere  sight  of  any  one  who  asks  for 
money  sends  him  into  convulsions.  It  is  to  stab 
him  in  his  most  vital  part,  to  pierce  him  to  the 
heart,  to  drag  out  his  entrails ;  and  if  .  .  ,  But 
here  he  returns  ;  I  must  go  away. 


Scene  V 
Harpagon,  Frosine 

Harp.  All  is  as  it  should  be.     Well  now  !  what  is  it, 

Frosine .'' 
Fros.  Ah  !  upon  my  word,  you  look  very  well  !  you 

are  a  perfect  picture  of  health. 
Harp.  Who,  I.? 
Fros.    I  have  never  seen  you  with  a  complexion  so 

fresh  and  sparkling. 
Harp.   Really  ? 
Fros.  How  is  it  ?    You  have  never  in  your  life  looked 

so  young  as  you   do  now ;  I  have  seen  men  of 

twenty-five  look  older  than  you  do. 
Harp.  Nevertheless,  Frosine,  I  am  turned  sixty. 

Fros.  Ah  well !  what  is  sixty  ?  A  mere  trifle  !  It  is 
the  flower  of  one's  age  :  you  are  now  entering  upon 
the  prime  of  manhood. 

K 


146  L'AVARE  [acte  ii. 

Harp.  II  est  vrai ;  mais  vingt  annees  de  moins  pour- 

tant  ne  me  feraient  point  de  mal,  que  je  crois. 
Fros.    Vous  moquez-vous?    Vous  n'avez  pas  besoin 

de  cela,  et  vous  etes  d'une  pate  a  vivre  jusques  a 

cent  ans. 
Harp.  Tu  le  crois  } 
Fros.  Assurement.    Vous  en  avez  toutes  les  marques. 

Tenez-vous  un  peu.     C)  que  voila  bien  la,  entre  vos 

deux  yeux,  un  signe  de  longue  vie  ! 
Harp.  Tu  te  connais  a  cela  ? 
Fros.    Sans  doute.     Montrez-moi  votre  main.     Ah, 

mon  Dieu  !  quelle  ligne  de  vie  ! 
Harp.  Comment.'* 

Fros.  Ne  voyez-vous  pas  jusqu'ou  va  cette  ligne-la  } 
Harp.  He  bien  !  qu'est-ce  que  cela  veut  dire .'' 
Fros.   Par  ma  foi !  je  disais  cent  ans ;   mais  vous 

passerez  les  six-vingts. 
Harp.  Est-il  possible  } 
Fros.  II  faudra  vous  assommer,  vous  dis-je ;  et  vous 

mettrez  en  terre  et  vos  enfants,  et  les  eufants  de 

vos  enfants. 
Harp.  Tant  mieux.     Comment  va  notre  affaire  .'* 

Fros.  Faut-il  le  demander.''  et  me  voit-on  meler  de 
rien  dont  je  ne  vienne  about?  J'ai  surtout  pour 
les  mariages  un  talent  merveilleux ;  il  n'est  point 
de  partis  au  monde  que  je  ne  trouve  en  peu  de 
temps  le  moyen  d'accoupler ;  et  je  crois,  si  je  me 
I'etais  mis  en  tete,  que  je  marierais  le  Grand  Turc 
avec  la  Republique  de  Venise.  II  n'y  avait  pas  sans 
doute  de  si  grandes  difficultes  a  cette  affaire-ci. 
Comme  j'ai  commerce  chez  elles,  je  les  ai  a  fond 
Tune  et  I'autre  entretenues  de  vous,  et  j'ai  dit  a  la 
mere  le  dessein  que  vous  aviez  con9u  pour  Mariane, 
a  la  voir  passer  dans  la  rue,  et  prendre  I'air  a  sa 
fenetre. 

Harp.  Qui  a  fait  reponse  .  ,  . 

Fros.  Elle  a  re§u  la  proposition  avec  joie ;  et  quand 
je  lui  ai  temoigne  que  vous  souhaitiez  fort  que  sa 


sc.  v.]  THE  MISER  147 

Harp.  That  is  true ;  but  twenty  years  younger  would 
not  be  so  bad,  to  my  way  of  thinking. 

Fros.  Are  you  jesting?  You  do  not  want  them,  a 
man  of  your  calibre  lives  to  a  hundred. 

Harp.  You  think  so  ? 

Fros.  Assuredly.  You  have  all  the  marks  of  it. 
Just  lift  up  your  head.  Oh  yes,  the  sign  of  long 
life  is  there,  right  enough,  between  your  eyes  ! 

Harp.  You  know  what  you  are  talking  about  ? 

Fros.  Oh,  yes.  Show  me  your  hand.  My  goodness  ! 
what  a  line  of  life  ! 

Harp.   Where? 

Fros.  Do  you  not  see  how  far  that  line  goes  ? 

Harp.  Well !  what  does  that  mean  ? 

Fros.  Upon  my  word  !  I  said  a  hundred  ;  but  you  will 
last  out  six  score. 

Harp.   Is  it  possible  ? 

Fros.  They  will  have  to  kill  you,  to  my  way  of  think- 
ing; you  will  bury  your  children  and  your  children's 
children. 

Harp.  So  much  the  better.  How  is  our  affair  going 
on? 
^Fros.  Is  it  necessary  to  ask  me?  Has  any  one  ever 
seen  me  take  part  in  anything  I  have  not  brought 
to  a  successful  conclusion?  Above  all  else,  I  have 
a  marvellous  talent  for  matchmaking ;  there  are  no 
couples  in  the  world  whom  I  could  not  find  means 
to  join  in  a  very  short  time  ;  I  believe,  if  I  took  it 
into  my  head,  I  could  marry  the  Grand  Turk  to 
the  Republic  of  Venice.  Of  course  there  were  no 
great  difficulties  in  this  affair.  As  I  have  the  run 
of  their  house  I  have  spoken  often  to  both  of  them 
about  you,  and  I  have  told  the  mother  your  in- 
tentions respecting  Mariano,  caused  by  having  seen 
her  go  by  in  the  street  and  take  the  air  at  her 
window. 

Harp.  What  answer  did  she  .  .  . 

Fros.  She  received  the  proposition  with  pleasure; 
and  when  I  told  her  you  had  a  great  desire  that  her 


148  L'AVARE  [acte  ii. 

fille  assistat  ce  soir  au  contrat  de  manage  qui  se 
doit  faire  de  la  votre^  elle  y  a  consenti  sans  peine, 
et  me  I'a  confiee  pour  cela. 

Harp.  C'est  que  je  suis  oblige,  Frosine,  de  donner  a 
souper  au  Seigneur  Anselme ;  et  je  serai  bien  aise 
quelle  soit  du  regale. 

Fros.  Vous  avez  raison.  Elle  doit  apres  diner  rendre 
visite  a  votre  fille,  d'ou  elle  fait  son  compte  d'aller 
faire  un  tour  a  la  foire,  pour  venir  ensuite  au  soupe. 

Harp.  He  bien  !  elles  irpnt  ensemble  dans  mon 
carrosse,  que  je  leur  preterau 

Fros.  Voila  j  ustement  s^n-ftg«fre. 

Harp.  Mais,  Frosine,  as-tu  entretenu  la  mere  toucbant 
le  bien  qu'elle  pent  donner  a  sa  fille?  Lui  as-tu  dit 
qu'il  fallait  qu'elle  s'aidat  un  peu,  qu'elle  fit  quel- 
que  effort,  qu'elle  se  saignat  pour  une  occasion 
comme  celle-ci.'*  Car  encore  n'epouse-t-on  point 
une  fille,  sans  qu'elle  apporte  quelque  chose. 

Fros.  Comment.''  c'est  une  fille  qui  vous  apportera 
douze  mille  livres  de  rente. 

Harp.  Douze  mille  livres  de  rente  ! 

Fros.  Oui.  Premierement,  elle  est  nourrie  et  eleve'e 
dans  une  grande  epargne  de  bouche  ;  c'est  une  fille 
accoutume'e  a  vivre  de  salade,  de  lait,  de  fromage 
et  de  pommes,  et  a  laquelle  par  conse'quent  il  ne 
faudra  ni  table  bien  servie,  ni  consommes  exquis,  ni 
orges  mondes  perpetuels,  ni  les  autres  delicatesses 
qu'il  faudrait  pour  une  autre  femme  ;  et  cela  ne  va 
pas  a  si  peu  de  chose,  qu'il  ne  monte  bien,  tous  les 
ans,  a  trois  mille  francs  pour  le  moins.  Outre  cela, 
elle  n'est  curieuse  que  d'une  proprete  fort  simple, 
et  n'aime  point  les  superbes  habits,  ni  les  riches 
bijoux,  ni  les  meubles  somptueux,  ou  donnent  ses 
pareilles  avec  tant  de  chaleur  ;  et  cet  article-la  vaut 
plus  de  quatre  mille  livres  par  an.  De  plus,  elle  a 
une  aversion  horrible  pour  le  jeu,  ce  qui  n'est  pas 
commun  aux  femmes  d'aujourd'hui ;  et  j'en  sais  une 
de  nos  quartiers  qui  a  perdu,  a  treute-et-quarante, 


«c.  V.J  THE  MISER  149 

daughter  should  this  evening  be  present  at  the  con- 
tract of  marriage  to  be  entered  into  at  your  house, 
she  consented  willingly,  and  has  entrusted  her  to 
me  to  that  end. 

Harp.  You  know,  Frosine,  I  am  obliged  to  give  a 
supper  to  Seigneur  Anselme  ;  and  I  should  like  her 
to  share  the  repast. 

Fros.  You  are  right.  After  dinner  she  will  pay  a 
visit  to  your  daughter,  then  she  will  go  to  the  fair 
for  a  short  time  and  return  here  to  supper. 

Harp.  Very  well !  I  will  lend  them  my  coach  and 
they  shall  go  together  in  that. 

Fros.  That  will  suit  her  exactly. 

Harp.  But,  Frosine,  have  you  had  any  conversation 
with  the  mother  touching  the  property  she  can  give 
her  daughter  ?  Have  you  told  her  she  must  make 
some  eflfort,  if  only  a  slight  one,  that  she  must 
bleed  herself  for  such  an  occasion  as  this.-*  For, 
after  all,  one  does  not  marry  a  girl  unless  she 
brings  something. 

Fros.  What  do  you  mean  }  This  girl  will  bring  yoij 
twelve  thousand  livres  a  year.  I 

Harp.  Twelve  thousand  livres  a  year  ! 
5^/  Fros.  Yes.  Firstly  she  has  been  brought  up  and 
used  to  spare  diet ;  she  is  a  girl  accustomed  to  live 
on  salad,  milk,  cheese  and  apples,  and,  consequently, 
she  does  not  need  elaborate  meals,  nor  exquisite 
soups,  nor  pearl  barley  at  every  turn,  nor  other 
delicacies  which  other  women  need ;  and  these 
are  no  slight  matters,  year  in  and  year  out  they 
mount  up  to  at  least  three  thousand  francs. 
Besides  this,  she  has  no  liking  for  anything  but 
what  is  very  simple  in  the  matter  of  dress,  she  does 
not  care  for  gorgeous  dresses,  or  rich  jewels,  or 
sumptuous  furniture,  to  which  her  equals  are  so 
much  addicted  ;  and  this  saving  is  worth  more  than 
four  thousand  livres  per  annum.  Furthermore,  she 
has  a  positive  aversion  towards  gambling,  unlike 
so  many  women  nowadays ;  I  know  one  in  our 
neighbourhood  who  has  lost  twenty  thousand  francs 


160  UAVARE  [acteh. 

vingt  mille  francs  cette  annee.  Mais  n'en  prenons 
rien  que  le  quart.  Cinq  mille  francs  au  jeu  par  an, 
et  quatre  mille  francs  en  habits  et  bijoux,  cela  fait 
neuf  mille  livres ;  et  mille  ecus  que  nous  mettons 
pour  la  nourriture,  ne  voila-t-il  pas  par  annee  vos 
douze  mille  francs  bien  comptes  ? 

Harp.  Oui,  cela  n'est  pas  mal ;  mais  ce  compte-la 
n'est  rien  de  reel. 

Fros.  Pardonnez-moi.  N'est-ce  pas  quelque  chose  de 
reel,  que  de  vous  apporter  en  mariage  une  grande 
sobriete,  I'heritage  d'un  grand  amour  de  simplicite 
de  parure,  et  I'acquisition  d'un  grand  fonds  de  haine 
pour  le  jeu  ? 

Harp.  C'est  une  raillerie,  que  de  vouloir  me  con- 
stituer  son  dot  de  toutes  les  depenses  qu'elle  ne  fera 
point.  Je  n'irai  pas  donner  quittance  de  ce  que  je 
ne  re^ois  pas  ;  et  il  faut  bien  que  je  touche  quelque 
chose. 

Fros.  Mon  Dieu !  vous  toucherez  assez ;  et  elles 
m'ont  parle  d'un  certain  pays  ou  elles  ont  du  bien 
dout  vous  serez  le  maitre. 

Harp.  11  faudra  voir  cela.  Mais,  Frosine,  il  y  a  encore 
une  chose  qui  m'inquiete.  La  fiUe  est  jeune, 
comme  tu  vois ;  et  les  jeunes  gens  d'ordinaire 
n'aiment  que  leurs  semblables,  ne  chercheut  que 
leur  compagnie.  J'ai  peur  qu'un  homme  de  mon 
age  ne  soit  pas  de  son  gout ;  et  que  cela  ne  vienne 
a  produire  chez  moi  certains  petits  de'sordres  qui 
ne  m'accommoderaient  pas. 

Fros.  Ah  !  que  vous  la  connaissez  mal !  C'est  encore 
une  particularite  que  j'avais  a  vous  dire,  Elle  a 
une  aversion  epouvantable  pour  les  jeunes  gens,  et 
n'a  de  I'amour  que  pour  les  vieillards. 

Harp.  Elle? 

Fros.  Oui,  elle.  Je  voudrais  que  vous  I'eussiez 
entendu  parler  la-dessus.  Elle  ne  peut  souffrir  du 
tout  la  vue  d'un  jeune  homme  ;  mais  elle  n'est 
point  plus  ravie,  dit-elle,  que  lorsqu'elle  peut  voir 
un  beau  vieillard  avec  une  barbe  majestueuse.    Les 


8c.  v.]  THE  MISER  151 

this  year  at  trente  et  quarante.  But  let  us  put  it 
down  at  a  quarter  of  that.  Five  thousand  francs  a 
year  at  play^  and  four  thousand  francs  in  clothes 
and  jewels^  that  makes  nine  thousand  livres ;  and 
one  thousand  crowns  which  we  set  aside  on  the 
ground  of  food,  doesn't  that  make  your  twelve 
thousand  francs  per  annum  ? 

Harp.  Yes,  it  is  not  so  bad ;  but  there  is  nothing 
real  in  that  way  of  reckoning. 

Fros.  Pardon  me.  Is  not  perfect  sobriety  a  real 
asset  in  marriage,  the  dowry  of  a  great  love  of 
simplicity  in  dress,  and  the  quality  of  being  a 
thorough  hater  of  gambling? 

Harp.  It  is  mockery  to  seek  to  make  up  her  dowry 
by  means  of  all  the  expenses  she  doesn't  run  into. 
I  shall  not  give  a  receipt  for  what  I  have  not  re- 
ceived ;  I  must  handle  something. 

Fros.  Great  heavens  !  you  handle  enough  ;  besides, 
they  have  told  me  of  some  property  they  have  in 
another  country,  of  which  you  will  be  master. 

Harp.  I  shall  have  to  see  it.  But,  Frosine,  one 
thing  troubles  me.  The  girl  is  young,  as  you  see  ; 
and  generally  young  people  like  only  their  equals 
in  age,  and  seek  only  their  company.  I  am  afraid 
a  man  of  my  age  may  not  be  to  her  taste  ;  and  that 
this  may  bring  me  certain  slight  annoyances  which 
may  bother  me. 

Fros.  Ah  !   how  little  you  know  her  !    One  charac- 
teristic I  had  to  tell  you.     She  has  an  unconquer-|- 
able  aversion  towards  all  young  people,  and  onlyt 
likes  old  ones.  i 

Harp.  She? 

Fros.  Yes,  she.  I  wish  you  had  heard  her  speak  on 
that  subject.  She  cannot  endure  the  sight  of  a 
young  man  ;  but  she  says  that  nothing  delights  her 
more  than  the  sight  of  a  handsome  old  man  with 
a  fine  beard.     The  older  they  are,  the  more  charm- 


I 


162  UAVARE  [acte  ii. 

plus  vieux  sont  pour  elle  les  plus  charmants,  et  je 
vous  avertis  de  n'aller  pas  vous  faire  plus  jeune  que 
vous  etes.  Elle  veut  tout  au  moins  qu'on  soit 
sexagenaire  ;  et  il  n'y  a  pas  quatre  mois  encore, 
qu'etant  prete  d'etre  mariee,  elle  rompit  tout  net  le 
mariage,,  sur  ce  que  son  amant  fit  voir  qu'il  n'avait 
que  cinquante-six  ans,  et  qu'il  ne  prit  point  de 
lunettes  pour  signer  le  contrat. 

Harp.  Sur  cela  seulement  ? 

Fros.  Oui.  Elle  dit  que  ce  n'est  pas  contentement 
pour  elle  que  cinquante-six  ans  ;  et  surtout,  elle 
est  pour  les  nez  qui  portent  des  lunettes. 

Harp.  Certes,  tu  me  dis  la  une  chose  toute  nouvelle. 

Fros.  Cela  va  plus  loin  qu'on  ne  vous  peut  dire.  On 
lui  voit  dans  sa  chambre  quelques  tableaux  et  quel- 
ques  estampes  ;  mais  que  pensez-vous  que  ce  soit  ? 
Des  Adonis  ?  des  Ce'phales  ?  des  Paris  ?  et  des 
Apollons  ?  Non  :  de  beaux  portraits  de  Saturne, 
du  roi  Priam,  du  vieux  Nestor,  et  du  bon  pere 
Anchise  sur  les  epaules  de  son  fils. 

Harp.  Cela  est  admirable  !  Voila  ce  que  je  n'aurais 
jamais  pense ;  et  je  suis  bien  aise  d'apprendre 
qu'elle  est  de  cette  humeur.  En  efi^et,  si  j'avais  ete 
femme,  je  n'aurais  point  aime  les  jeunes  hommes. 

Fros.  Je  le  crois  bien.  Voila  de  belles  drogues  que 
des  jeunes  gens,  pour  les  aimer  !  Ce  sont  de  beaux 
morveux,  de  beaux  godelureaux,  pour  donner  envie 
de  leur  peau  ;  et  je  voudrais  bien  savoir  quel  ragout 
il  y  a  a  eux  } 

Harp.  Pour  moi,  je  n'y  en  comprends  point ;  et  je 
ne  sais  pas  comment  il  y  a  des  femmes  qui  les 
aiment  tant. 

Fros.  II  faut  etre  folle  fieff^e.  Trouver  lajeunesse 
aimable  !  est-ce  avoir  le  sens  commun .''  Sont-ce 
des  hommes  que  de  jeunes  blondins.''  et  peut-on 
s'attacher  a  ces  animaux-la  .'* 

Harp.  Cest  ce  que  je  dis  tons  les  jours  :  avec  leur 
ton  de  poule  laitee,  et  leurs  trois  petits  brins  de 
barbe  releves  en  barbe  de  chat,  leurs  perruques 
d'e'toupes,  leurs  hauts-de-chausses  tout  tombants, 
et  leurs  estomacs  de'braille's. 


sc.  v.]  THE  MISER  153 

ing  are  they  in  her  eyes,  and  I  warn  you  not  to 
make  yourself  younger  than  you  are.  Those  who 
appeal  to  her  most  must  be  at  least  sexagenarians  ; 
not  four  months  ago,  being  just  on  the  point  of 
getting  married,  she  abruptly  broke  off  the  match 
when  she  found  out  that  her  lover  was  only  fifty- 
six,  and  that  he  hadn't  need  of  spectacles  when  it 
came  to  the  signing  of  the  marriage-contract. 

Harp.  For  that  cause  only  ? 

Fros.  Yes.  She  said  that  fifty-six  was  not  enough 
for  her  ;  and  that  she  prefers  before  all  else,  the 
noses  that  wear  spectacles. 

Harp.   Really,  this  is  something  new. 

Fros.  She  goes  much  further  than  I  have  yet  told 
you.  There  are  a  few  pictures  and  engravings  in 
her  room,  but  what  do  you  think  they  are  ? 
Adonis  }  Cephalus  .'*  Paris  ?  Apollo .''  No  :  fine 
portraits  of  Saturn,  of  King  Priam,  of  old  Nestor 
and  of  good  father  Anchises  on  his  son's  back.     , 

Harp.  This  is  admirable!  I  should  never  have 
thought  it ;  it  eases  my  mind  greatly  to  learn  she 
is  of  that  humour.  In  fact,  if  I  had  been  a  woman, 
I  should  not  have  loved  young  men. 

Fros.  I  quite  believe  it.  Young  men  are  fine  things 
to  bother  about  !  Who  would  care  twopence  for 
such  a  set  of  dandies  and  macaronis;  I  should  like 
to  know  to  whose  taste  they  are  ? 

Harp.  As  for  me,  I  care  nothing  about  them.  I 
cannot  understand  what  it  is  in  them  that  women 
like  so  much. 

Fros.  They  are  utter  idiots.  Is  it  common  sense  to 
think  youth  amiable  ?  Are  these  young  monkeys 
men?  Can  one  have  any  affection  for  such 
animals  ? 

Harp.  That  is  what  I  say  every  day  :  with  their 
effeminate  voices,  their  three  little  wisps  of  a  beard 
turned  up  like  a  cat's  whiskers,  their  tow-wigs, 
their  bags  of  breeches,  and  their  flowery  vests. 


154  UAVARE  [actb  ii. 

Fros.  Eh  !  cela  est  bien  bati,  aupres  d'une  personne 
comme  vous.  Voila  un  homme  cela.  II  y  a  la  de 
quoi  satisfaire  a  la  vue  ;  et  c'est  ainsi  qu'il  faut 
etre  fait,  et  vetu,  pour  donner  de  Tamour. 

Harp.  Tu  me  trouves  bien  ? 

Fros.  Comment  ?  vous  etes  a  ravir,  et  votre  figure  est 

a  peindre.     Tournez-vous  un  peu,  s'il  vous  plait. 

II  ne  se  pent  pas  mieux.    Que  je  vous  voie  marcher. 

Voila  un  corps  taille,  libre,  et  degage  comme  il 

faut,  et  qui  ne  marque  aucune  incommodite. 

Harp.  Je  n'en  ai  pas  de  grandes,  Dieu  merci.  II  n'y 
a  que  ma  fluxion,  qui  me  prend  de  temps  en  temps. 

Fros.  Cela  n'est  rien.  Votre  fluxion  ne  vous  sied 
point  mal,  et  vous  avez  grace  a  tousser. 

Harp.  Dis-moi  un  peu  :  Mariane  ne  m'a-t-elle  point 
encore  vu  .^  N'a-t-elle  point  pris  garde  a  moi  en 
passant .'' 

Fros.  Non  ;  mais  nous  nous  sommes  fort  entretenues 
de  vous.  Je  lui  ai  fait  un  portrait  de  votre  personne  ; 
et  je  n'ai  pas  manque  de  lui  vanter  votre  merite,  et 
I'avantage  que  ce  lui  serait  d'avoir  un  mari  comme 
vous. 

Harp.  Tu  as  bien  fait,  et  je  t'en  remercie. 

Fros.  J'aurais,  Monsieur,  une  petite  priere  a  vous 
faire.  (II  prend  un  air  severe.)  J'ai  un  proces  que  je 
suis  sur  le  point  de  perdre,  faute  d'un  peu  d'argent ; 
et  vous  pourriez  facilement  me  procurer  le  gain  de 
ce  proces,  si  vous  aviez  quelque  bonte  pour  moi. 
Vous  ne  sauriez  croire  le  plaisir  qu'elle  aura  de  vous 
voir.  (II  reprend  un  air  gal.)  Ah  !  que  vous  lui  plairez  ! 
et  que  votre  fraise  a  I'antique  fera  sur  son  esprit  un 
efi'et  admirable  !  Mais  surtout  elle  sera  charmee  de 
votre  haut-de-chausses,  attache  au  pourpoint  avec 
des  aiguillettes  :  c'est  pour  la  rendre  folle  de  vous  ; 
et  un  amant  aiguillete  sera  pour  elle  un  ragout 
merveilleux. 

Harp.  Certes,  tu  me  ravis  de  me  dire  cela. 


8c.  v.]  THE  MISER  165 

Fbos.  Ah  !  they  make  a  fine  comparison  when  ranged 
alongside  such  a  man  as  you.  Now,  you  are  a 
man.  There  is  something  in  you  that  pleases  the 
eye ;  to  be  fashioned  and  clothed  as  you  are  is  to 
compel  love. 

Harp.  You  like  my  appearance  ? 

Fbos.  Most  certainly.  You  are  charming,  and  your 
figure  ought  to  be  painted.  Just  turn  round,  will 
you  ?  Nothing  could  be  better.  Let  me  see  you 
walk.  You  have  a  well  set-up  carriage,  easy  and 
natural,  as  it  should  be,  and  without  a  trace  of 
ill-health. 

Harp.  Nothing  much  is  the  matter  with  me,  thank 
Heaven.  There  is  only  my  cough,  which  bothers 
me  from  time  to  time. 

Fros.  That  is  nothing.  Your  weakness  does  not  ill- 
become  you,  since  you  cough  so  gracefully. 

Harp.  Just  tell  me  :  has  Mariano  seen  me  yet  ?  Has 
she  not  noticed  me  in  passing  } 

Fros.  No  ;  but  we  have  often  talked  about  you.  I 
have  sketched  your  portrait  to  her  ;  and  I  have  not 
failed  to  extol  your  merits,  and  the  advantage  it 
would  be  to  her  to  have  such  a  husband  as  you. 

Harp.  You  have  done  well,  and  1  thank  you. 

Fros.  T  have  a  slight  favour  to  beg  of  you,  Monsieur. 
(He  puts  on  a  repellent  air.)  I  am  interested  in  a  law- 
suit, which  I  am  on  the  point  of  losing,  for  want  of 
a  little  money  ;  and  you  could  easily  enable  me  to 
win  this  lawsuit  if  you  would  so  far  help  me. 
You  would  not  believe  how  charmed  she  will  be 
to  see  you.  (He  assumes  his  pleased  looks.)  Oh  !  how 
you  will  please  her  !  your  old-fashioned  ruflF  will 
have  an  admirable  efi"ect  on  her.  But  above  all 
will  she  be  delighted  to  see  your  breeches  attached 
to  your  doublet  by  those  tags ;  she  will  be  mad  to 
have  you  ;  a  tagged  lover  she  looks  upon  as  a  fine 
dish. 

Harp.  Really,  it  delights  me  to  hear  you  say  so. 


156  L'AVARE  [acte  ii. 

Fros.  En  verite,  Monsieur,  ce  proces  m'est  d'une 
consequence  tout  a  fait  grande.  (II  reprend  son  visage 
s^vfere.)  Je  suis  Cruine'e,  si  je  le  perds  ;  et  quel- 
que  petite  assistance  me  retablirait  mes  aflfaires. 
Je  voudrais  que  vous  eussiez  vu  le  ravissement  ou 
elle  e'tait  a  m'entendre  parler  de  a'ous.  (ll  reprend 
un  air  gai.)  La  joie  eclatait  dans  ses  yeux,  au  re'cit  de 
vos  qualites  ;  et  je  I'ai  mise  enfin  dans  une  impati- 
ence extreme  de  voir  ce  mariage  entierement 
conclu. 

Harp.  Tu  m'as  fait  grand  plaisir,  Frosine  ;  et  je  t'en 
ai,  je  te  I'avoue,  toutes  les  obligations  du  monde. 

Fros.  Je  vous  prie.  Monsieur,  de  me  donner  le  petit 
secours  que  je  vous  demande.  (II  reprend  son 
air  serieux.)  Cela  me  remettra  sur  pied,  et  je  vous 
en  serai  eternellement  obligee. 

Harp.  Adieu.     Je  vais  achever  mes  depeches. 

Fros.  Je  vous  assure.  Monsieur,  que  vous  ne  sauriez 
jamais  me  soulager  dans  un  plus  grand  besoin. 

Harp.  Je  mettrai  ordre  que  mon  carrosse  soit  tout 
pret  pour  vous  mener  a  la  foire. 

Fros.  Je  ne  vous  importunerais  pas,  si  je  ne  m'y 
voyais  forcee  par  la  necessite. 

Harp.  Et  j'aurai  soin  qu'on  soupe  de  bonne  heure, 
pour  ne  vous  point  faire  malades. 

Fros.  Ne  me  refusez  pas  la  grace  dont  je  vous  sol- 
licite.  Vous  ne  sauriez  croire.  Monsieur,  le  plaisir 
que  .   .  . 

Harp.  Je  m'en  vais.  Voila  qu'on  m'appelle.  Jusqu'a 
tantot. 

Fros.  Que  la  fievre  te  serre,  chien  de  vilain  a  tous  les 
diables  !  Le  ladre  a  ete  ferme  a  toutes  mes  atta- 
ques  ;  mais  il  ne  me  faut  pas  pourtant  quitter  la 
negociation  ;  et  j'ai  I'autre  cote,  en  tout  cas,  d'oii 
je  suis  assuree  de  tirer  bonne  recompense. 

PIN    DU    SECOND   ACTB. 


sc.  v.]  THE  MISER  157 

Fbos.  Truly,  Monsieur,  this  lawsuit  is  of  very  real 
consequence  to  me.  (He  resumes  his  repellent  aspect.) 
I  shall  be  ruined  if  I  lose  it ;  and  some  slight 
assistance  would  re-establish  me  in  my  business. 
1  would  you  had  seen  her  ecstasy  when  I  spoke  to 
her  of  you.  (He  resumes  his  pleased  looks.)  Joy  shone 
in  her  eyes  at  the  recitation  of  your  good  qualities ; 
in  fact,  I  have  made  her  extremely  impatient  to 
see  this  marriage  carried  through. 

Harp.  You  have  given  me  great  pleasure,  Frosine, 

and  I  assure  you  I  am  deeply  indebted  to  you. 
Pros.  I  beseech  you.  Monsieur,  to  give  me  the  slight 

help  I  beg.     (He  resumes  his  repellent  aspect.)     It  will 

set  me  again  on  my  feet,  and  I  shall  be  eternally 

grateful  to  you. 
Harp.  Good-bye.     I  am  going  to  finish  my  letters. 
Pros.  I  assure  you,  Monsieur,  that  you  could  never 

assist  me  at  a  more  urgent  time. 
Harp.  I  will  give  orders  that  my  carriage  shall  be 

quite  ready  to  take  you  to  the  fair. 
Pros.  I  would  not  trouble  you,  if  I  were  not  forced 

by  necessity. 
Harp.  And  I  will  take  care  we  have  supper  early,  so 

that  it  may  not  cause  you  any  inconvenience. 
Pros.  Do  not  refuse  the  aid  I  beg  of  you.     You  could 

not  credit>  Monsieur,  the  pleasure  that  .   .  . 

Harp.  I  must  go.  Some  one  is  calling  me.  I  shall 
see  you  by-and-by. 

Pros.  May  the  plague  seize  you  and  send  you  to  hell, 
you  old  skinflint !  The  villain  has  been  proof 
against  all  my  wiles ;  but  I  must  not  give  up  the 
business  ;  in  any  case  I  have  the  other  side,  and  I 
am  certain  to  obtain  a  good  recompense  there. 

END    OF   TUB   SECOND   ACT. 


168  L'AVARE  [acte  iii. 

ACTE    III 

Scene  I 

HabpaooN;  Cl^ante,  Elise,  Valebe,  Dame  Claude, 
Maitbe  Jacques,  Bbindavoine,  La  Mebluche. 

Habp.  AUons,  venez  9a  tous,  que  je  vous  distribue 
mes  ordres  pour  tantot  et  regie  a  chacun  son 
emploi.  Approchez,  dame  Claude.  Commen§ons 
par  vous.  (EUe  tient  un  balai.)  Bon,  vous  voila  les 
armes  a  la  main.  Je  vous  commets  au  soin  de  net- 
toyer  partout ;  et  surtout  prenez  garde  de  ne  point 
frotter  les  meubles  trop  fort,  de  peur  de  les  user. 
Outre  cela,  je  vous  constitue,  pendant  le  soupe,  au 
gouvernement  des  bouteilles ;  et  s'il  s'en  ecarte 
quelqu'une  et  qu'il  se  casse  quelque  chose,  je  m'en 
prendrai  a  vous,  et  le  rabattrai  sur  vos  gages. 

M.  J.  Chatiment  politique. 

Habp.  AUez.  Vous,  Brindavoine,  et  vous,  la  Mer- 
luche,  je  vous  etablis  dans  la  charge  de  rincer 
les  verres,  et  de  donner  a  boire,  mais  seulement 
lorsqu'on  aura  soif,  et  non  pas  selon  la  cou- 
tume  de  certains  impertinents  de  laquais,  qui 
viennent  provoquer  les  gens,  et  les  faire  aviser  de 
boire  lorsqu'on  n'y  songe  pas.  Attendez  qu'on 
vous  en  demande  plus  d'une  fois,  et  vous  ressou- 
venez  de  porter  toujours  beaucoup  d'eau. 

M.  J.  Oui :  le  vin  pur  monte  a  la  tete. 

La  M.  Quitterons-nous  nos  siquenilles.  Monsieur  ? 

Harp.  Oui,  quand  vous  verrez  venir  les  personnes ; 
et  gardez  bien  de  gater  vos  habits. 

Brin.  Vous  savez  bien.  Monsieur,  qu'un  des  devants 
de  mon  pourpoint  est  couvert  d'une  grande  tache 
de  I'huile  de  la  lampe. 

La  M.  Et  moi.  Monsieur,  que  j'ai  mon  haut-de- 
chausses  tout  troue  par  derriere,  et  qu'on  me  voit, 
reverence  parler  .  .  , 


8c.  I.]  THE  MISER  169 

ACT    HI 

Scene  I 

H^TTPAfiOK.  Cleante.  Elise.  Valebe,  Dame  Claude. 
Maitre  Jacques,  Brindavoine,  La  Merluche. 

Harp.  Come  here,  all  of  you ;  I  want  to  give  you 
my  orders  for  the  rest  of  the  day,  so  that  each  of 
you  has  his  work  set.  Come,  Dame  Claude,  I  will 
begin  with  you.  (She  has  a  broom.)  Good,  you  carry 
your  arms  about  with  you.  You  must  clean  up  all 
round;  and,  above  all,_lake  care  not  to  rub  the. 
furpiture  too.  hard,  or  you  will  wear  it  out.  In 
<^addition  to  that,  you  must  look  after  the  bottles 
during  supper ;  and  if  one  is  lost  or  anything 
is  broken,  I  shall  hold  you  responsible,  and  deduct 
it  from  your  wages. 

M.  J.  A  most  suitable  punishment. 

Harp.  You  can  go.  Now  you,  Brindavoine,  and  you, 
la  Merluche,  you  must  look  after  rinsing  the 
glasses,  and  serving  the  drinks,  but  only  when 
people  are  thirsty,  and  not  as  those  officious  lackeys 
do,  who  deliberately  encourage  people  to  drink 
when  they  never  thought  of  such  a  thing.  Wait 
until  they  ask  you  for  it  more  than  once,  and 
remember  always  to  have  plenty  of  water  with  you. 

M.  J.  Yes  :  undiluted  wine  mounts  to  the  head. 
La.  M.  Shall  we  serve  without  our  smocks.  Monsieur  ? 
Harp.  Yes,  when  you  see  people  coming ;  and  take 

care  not  to  soil  your  clothes. 
Bbin.  You  know,  Monsieur,  that  one  of  the  lapels 

of  my  doublet  is  covered  with  a  large  stain  from 

lamp-oil. 
La  M.  And  that  my  breeches,  Monsieur,  have  a  large 

hole  in  them  behind,  so  that,  saving  your  reverence, 

people  can  see  .  .  . 


160  L'AVARE  [actb  in. 

Harp.  Paix.  Raugez  cela  adroitement  du  cote  de  la 
muraille,  et  presentez  toujours  le  devant  au  monde. 
(Harpagon  met  son  chapeau  au-devant  de  son  ponrpoint, 
pour  montrer  k  Brindavoine  comment  il  doit  faire  pour 
cacher  la  tache  d'huile.)  Et  vous,  tenez  toujours  votre 
chapeau  ainsi,  lorsque  vous  servirez.  Pour  vous, 
ma  fills,  vous  aurez  I'oeil  sur  ce  que  Ton  desservira, 
et  prendrez  garde  qu'il  ne  s'en  fasse  aucun  degat. 
Cela  sied  bien  aux  fiUes.  Mais  cependant  preparez- 
vous  a  bien  recevoir  ma  maitresse,  qui  vous  doit 
venir  visiter  et  vous  mener  avec  elle  a  la  foire. 

^  Entendez-vous  ce  que  je  vous  dis? 

El.  Oui,  mon  pere. 

Harp.  Et  vous,  mon  fils  le  Damoiseau,  a  qui  j'ai  la 
bonte  de  pardonner  I'histoire  de  tantot,  ne  vous 
allez  pas  aviser  non  plus  de  lui  faire  mauvais  visage. 

Cl.  Moi,  mon  pere,  mauvais  visage.'*  Et  par  quelle 
raison  ? 

Harp.  Mon  Dieu  !  nous  savons  le  train  des  enfants 
dont  les  peres  se  remanent,  et  de  quel  ceil  ils  ont 
coutume  de  regarder  ce  qu'on  appelle  belle-mere. 
Mais  si  vous  souhaitez  que  je  perde  le  souvenir  de 
votre  derniere  fredaine,  je  vous  recommande  surtout 
de  regaler  d'un  bon  visage  cette  personne-la,  et  de 
lui  faire  eufin  tout  le  meilleur  accueil  qu'il  vous 
sera  possible. 

Cl.  a  vous  dire  le  vrai,  mon  pere,  je  ne  puis  pas  vous 
promettre  d'etre  bien  aise  qu'elle  devienne  ma  belle- 
mere  :  je  mentirais,  si  je  vous  le  disais  ;  mais  pour 
ce  qui  est  de  la  bien  recevoir,  et  de  lui  faire  bon 
visage,  je  vous  promets  de  vous  obeir  ponctuelle- 
ment  sur  ce  chapitre. 

Harp.  Prenez-y  garde  au  moins. 

Cl.  Vous  verrez  que  vous  n'aurez  pas  sujet  de  vous 
en  plaindre. 

Harp.  Vous  ferez  sagement.  Valere,  aide-moi  a  ceci. 
Ho,  9a,  maitre  Jacques,  approchez-vous,  je  vous  ai 
garde  pour  le  dernier. 

M.  J.  Est-ce  a  votre  cocher.  Monsieur,  ou  bien  a 
votre  cuisinier,  que  vous  voulez  parler }  car  je  suis 
I'un  et  I'autre. 


I 


8C.  1.]  THE  MISER  161 

Harp.  Peace.  Always  manage  to  keep  that  side  of 
you  to  the  wall,  and  show  people  your  front  only. 
(Harpagon  puts  his  cap  in  front  of  his  doublet,  to  show 
Brindavoine  what  he  ought  to  do  to  hide  the  oil  stain.) 
And  you  must  always  hold  your  cap  thus,  while 
you  wait.  As  for  you,  my  child,  you  must  keep  an 
eye  on  what  is  saved  from  the  table,  and  take 
care  that  nothing  is  wasted.  That  is  a  daughter's 
proper  work.  And  now,  prepare  yourself  to  receive 
the  lady  I  intend  to  marry,  who  is  coming  to  see 
you  and  to  take  you  to  the  fair.    Do  you  hear  what 

^  I  say  ? 

El.  Yes,  father. 

Harp.  And  you,  master  Dandy,  since  I  have  been 
good  enough  to  pardon  what  happened  just  now,  be 
careful  you  don't  put  on  a  sour  face  before  her. 

Cl.  I,  father,  a  sour  face .''    Why  should  I  ? 

Harp.  Great  Heavens  !  don't  I  know  the  manner  of 
children  when  their  parents  marry  again,  and  how 
they  look  upon  their  stepmother  }  But  if  you  wish 
me  to  forget  your  latest  escapade,  I  recommend  you 
above  all  else  to  show  this  lady  a  pleasing  coun- 
tenance, and  to  give  her  as  friendly  a  welcome  as 
possible. 

Cl.  To  tell  you  the  truth,  father,  I  cannot  promise 
you  to  be  glad  she  is  to  become  my  stepmother : 
I  should  lie  if  I  were  to  say  so ;  but,  in  the  matter 
of  a  friendly  welcome  and  a  pleasant  countenance, 
I  promise  to  obey  you  punctually. 

Harp.  Take  care  you  do  that,  at  least. 

Cl.  You  shall  see  that  you  will  not  have  any  cause 

for  complaint. 
Harp.  You  will  do  well.    Valere,  aid  me  in  this.    Ho, 

there,  maitre  Jacques,  come  here,  I  have  kept  you 

till  the  last. 
M.  J.    Do  you  wish  to  speak  to  your  coachman,! 

Monsieur,  or  to  your  cook,  for  I  am  both  }  ' 

L 


162  L'AVARE  [acte  iil 

Harp.  C'est  a  tous  les  deux. 

M.  J.  Mais  a  qui  des  deux  le  premier  ? 

Harp.  Au  cuisinier. 

M.  J.  Attendez  done,  s'il  vous  plait. 

(n  6te  sa  casaque  de  cocher,  et  parait  v^tu  en  cuisinier.) 

Harp.  Quelle  diantre  de  ceremonie  est-ce  la .'' 

M.  J.  Vous  n'avez  qua  parler. 

Harp.  Je  me  suis  engage,  maitre  Jacques,  a  donner 
ce  soir  a  souper. 

M.  J.  Grande  merveille  ! 

Harp.  Dis-moi  un  peu,  nous  feras-tu  bonne  chere  .-^ 

M.  J.  Oui,  si  vous  me  donnez  bien  de  I'argent. 

Harp.  Que  diable,  toujours  de  I'argent !  II  semble 
qu'ils  n'aient  autre  chose  a  dire  :  ^  De  I'argent,  de 
I'argent,  de  I'argent.'  Ab  !  ils  n'ont  que  ce  mot  a 
la  bouche :  '  De  I'argent. '  Toujours  parler  d'argent. 
Voila  leur  e'pee  de  chevet,  de  I'argent. 

Val.  Je  n'ai  jamais  vu  de  re'ponse  plus  impertinente 
que  celle-la.  Voila  une  belle  merveille  que  de  faire 
bonne  chere  avec  bien  de  I'argent ;  c'est  une  chose 
la  plus  aisee  du  monde,  et  il  n'y  a  si  pauvre  esprit 
qui  n'en  fit  bien  autant ;  mais  pour  agir  en  habile 
homme,  il  faut  parler  de  faire  bonne  chere  avec  peu 
d'argent. 

M.  J.  Bonne  chere  avec  peu  d'argent ! 

Val.  Oui. 

M.  J.  Par  ma  foi.  Monsieur  I'intendant,  vous  nous 
obligerez  de  nous  faire  voir  ce  secret,  et  de  prendre 
mon  office  de  cuisinier :  aussi  bien  vous  melez-vous 
ceans  d'etre  le  factoton. 

Harp.  Taisez-vous.     Qu'est-ce  qu'il  nous  faudra? 

M.  J.  Voila  Monsieur  votre  intendant,  qui  vous  fera 
bonne  chere  pour  peu  d'argent. 

Harp.  Haye  !  je  veux  que  tu  me  repondes. 

M.  J.  Combien  serez-vous  de  gens  a  table.'' 

Harp.  Nous  serons  huit  ou  dix ;  mais  il  ne  faut 
prendre  que  huit :  quand  il  y  a  a  manger  pour  huit, 
il  y  en  a  bien  pour  dix. 

Val.  Cela  s'entend. 


8c.  1.3  THE  MISER  163 

Harp.  I  wish  to  speak  to  both. 

M.  J.  But  which  first? 

Harp.  To  the  cook. 

M.  J.  Then  please  wait  a  moment. 

(He  takes  off  his  coachman's  livery  and  appears  dressed 
as  a  cook. ) 

Harp.  What  the  deuce  does  this  ceremony  mean  } 

M.  J.  Now  you  can  give  me  your  orders. 

Harp.  1  have  undertaken  to  give  a  supper  this  even- 
ing, maitre  Jacques. 

M.  J.  What  an  unusual  thing  ! 

Harp.  Tell  me,  can  you  serve  us  up  something  good  ? 

M.  J.  Yes,  if  you  give  me  plenty  of  money. 

Harp.  The  devil !  always  money.  It  looks  as  though 
there  were  nothing  else  to  say  than  '  Money,  money, 
money.'  Yes  !  they  never  have  any  other  word  on 
their  lips  but  'Money.'  They  are  always  talking 
about  money.     Money  is  their  familiar  friend. 

Val.  I  never  heard  a  more  impertinent  answer  than 
that.     It  is  a  fine  thing  to  provide  something  good 
with  plenty  of  money  :  it  is  the  easiest  thing  in  the 
world,  any  poor  fool  can  do  as  much  as  that;  buti 
it  is  the  work  of  a  clever  man  to  arrange  good  farj^J 
with  little  money.  ' 

M.  J.  Good  fare  with  little  money  ! 

Val.  Yes. 

M.  J.  Upon  my  word,  Mr.  Steward,  you  would  oblige 
me  greatly  if  you  would  reveal  that  secret  to  me, 
and  take  my  place  as  cook,  since  you  interfere  like 
a  factotum  with  everything  in  the  house. 

Harp.  Hold  your  tongue.     What  shall  we  need  ? 

M.  J.  There  is  your  steward  who  will  provide  you 
with  fine  dishes  for  little  money. 

Harp.  Stop  that !  and  answer  me. 

M.  J.   How  many  will  you  be.'* 

Harp.  We  shall  be  eight  or  ten  ;  but  you  need  only 
provide  for  eight :  when  there  is  plenty  for  eight 
to  eat,  there  is  plenty  for  ten. 

Val.  That  is  easily  understood. 


164  L'AVARE  [acte  hi. 

M.  J.  He  bien  !  il  faudra  quatre  grands  potages^  et 
cinq  assiettes.     Potages  .  .  .  Entrees  .   .  . 

Harp.  Que  diable  !  voila  pour  traiter  toute  une  ville 
entiere. 

M.  J.  Rot  .  .  . 

Harp,  (en  lui  mettaut  la  main  snr  la  bouche.)  Ah !  traitre^ 
tu  manges  tout  mon  bien. 

M.  J.  Entremets  .  .  . 

Harp.  Encore? 

Val.  Est-ce  que  vous  avez  envie  de  faire  crever  tout 
le  monde  ?  et  Monsieur  a-t-il  invite  des  gens  pour 
les  assassiner  a  force  de  mangeaille  ?  AUez-vous-en 
lire  un  peu  les  preceptes  de  la  sante_,  et  demander 
aux  medecins  s'il  y  a  rien  de  plus  prejudiciable  a 
I'homme  que  de  manger  avec  exces. 

Harp.  II  a  raison. 

Val.  Apprenez,  maitre  Jacques,  vous  et  vos  pareils, 
que  c'est  un  coupe-gorge  qu'une  table  remplie  de 
trop  de  viandes ;  que  pour  se  bien  montrer  ami  de 
ceux  que  Ton  invite,  il  faut  que  la  frugalite  regne 
dans  les  repas  qu'on  donne  ;  et  que,  suivant  le  dire 
d'un  ancien,  il  faut  manger  pour  vivre,  et  non  pas 
vivre  pour  manger. 

Harp.  Ah  !  que  cela  est  bien  dit !  Approche,  que  je 
t'embrasse  pour  ce  mot.  Voila  la  plus  belle  sentence 
que  j'aie  entendue  de  ma  vie.  11  faut  vivre  pour 
manger,  et  non  pas  manger  pour  vi  .  .  .  Non,  ce 
n'est  pas  cela.     Comment  est-ce  que  tu  dis  ? 

Val.  Quil  faut  manger  pour  vivre,  et  non  pas  vivre 
pour  manger. 

Harp.  Oui.  Entends-tu .''  Qui  est  le  grand  homme 
qui  a  dit  cela  ? 

Val.  Je  ne  me  souviens  pas  maintenant  de  son  nom. 

Harp.  Souviens-toi  de  m'ecrire  ces  mots  :  je  les  veux 
faire  graver  en  lettres  d'or  sur  la  chemine'e  de  ma 
salle. 

Val.  Je  n'y  manquerai  pas.  Et  pour  votre  soupe, 
vous  n'avez  qu'a  me  laisser  faire :  je  reglerai  tout 
cela  comme  il  faut. 

Harp.  Fais  done. 


sc.  I.]  THE  MISER  166 

M.  J.  Ah,  well !  we  shall  need  four  good  soups  and 
five  dishes.     Soups  .  .  .  Entrees  .  .  . 

Harp.  The  devil !  that  is  enough  to  feed  a  whole 
town. 

M.  J.   Roast  .  .  . 

Harp,  (putting  his  hand  over  the  cook's  mouth.)  Ah  !  you 
spendthrift,  you  will  eat  up  the  whole  house. 

M.  J.  Side-dishes. 

Harp.  More.'' 

Val.  Do  you  wish  to  make  every  one  hurst?  Has 
Monsieur  invited  people  here  to  kill  them  by 
making  them  stuff.''  Just  go  and  read  the  precepts 
of  health,  and  ask  doctors  if  there  is  anything  more 
prejudicial  to  man  than  eating  to  excess. 

Harp.  He  is  right. 

Val.  You  must  learn,  maitre  Jacques,  you  and  your 
likes,  that  to  invite  to  a  table  overladen  with  food  is 
the  act  of  an  assassin ;  in  order  to  show  yourself 
the  friend  of  those  whom  you  ask,  frugality  must 
reign  over  the  repast  you  give ;  and,  following  the 
old  saying,  one  must  eat  to  live,  and  not  live  to  eat. 

Harp.  Ah  !  that  is  well  said  !  Come,  let  me  embrace 
you  for  that  word.  It  is  the  finest  sentence  I  have 
heard  in  my  life.  One  must  live  to  eat,  and  not  eat 
to  li  .  .  .  No,  that  is  not  it.  What  was  it  you 
said? 

Val.  That  one  must  eat  to  live,  and  not  live  to  eat. 

Harp.  Yes.  Do  you  hear?  Who  is  the  great  man 
who  said  that? 

Val.  I  do  not  now  remember  his  name. 

Harp.  Do  not  forget  to  write  down  those  words  for 
me  :  I  will  have  them  graven  in  letters  of  gold  on 
the  mantelpiece  of  my  dining-room. 

Val.  I  will  not  forget.  And  for  your  supper,  you 
have  but  to  leave  it  to  me :  I  will  arrange  every- 
thing as  it  should  be. 

Harp.  Do  so. 


166  L'AVARE  [acte  iii. 

M.  J.  Tant  mieux  :  j'en  aurai  moins  de  peine. 

Harp.  II  faudra  de  ces  choses  dont  on  ne  mange 
guere^  et  qui  rassasient  d'abord :  quelque  bon  haricot 
bien  gras^  avec  quelque  pate  en  pot  bien  garni  de 
marrous. 

Val.  Reposez-vous  sur  moi. 

Harp.  Maintenant,  maitre  Jacques,  il  faut  nettoyer 
mon  carrosse. 

M.  J.  Attendez.  Ceci  s'adresse  au  cocher.  (II  remet 
se  casaque. )   Vous  dites  .    .   . 

Harp.  Qu'il  faut  nettoyer  mon  carrosse,  et  tenir  mes 
chevaux  tout  prets  pour  conduire  a  la  foire  .  .  . 

M.  J.  Vos  chevaux,  Monsieur .''  Ma  foi,  ils  ne  sont 
point  du  tout  en  etat  de  marcher.  Je  ne  vous  dirai 
point  qu'ils  sont  sur  la  litiere,  les  pauvres  betes 
n'en  ont  point,  et  ce  serait  fort  mal  parler  ;  mais 
vous  leur  faites  observer  des  jeunes  si  austeres,  que 
ce  ne  sont  plus  rien  que  des  idees  ou  des  fantomes, 
des  fagons  de  chevaux. 

Harp.  Les  voila  bien  malades  :  ils  ne  font  rien. 

M.  J.  Et  pour  ne  faire  rien.  Monsieur,  est-ce  qu'il 
ne  faut  rien  manger .''  II  leur  vaudrait  bien  mieux, 
les  pauvres  animaux,  de  travailler  beaucoup,  de 
manger  de  meme.  Cela  me  fend  le  coeur,  de  les 
voir  ainsi  extenues ;  car  enfin  j'ai  une  tendresse 
pour  mes  chevaux,  qu'il  me  semble  que  c'est  moi- 
meme  quand  je  les  vois  patir ;  je  m'ote  tous  les 
jours  pour  eux  les  choses  de  la  bouche  ;  et  c'est 
etre.  Monsieur,  d'un  naturel  trop  dur,  que  de 
n'avoir  nulle  pitie  de  son  prochain. 

Harp.  Le  travail  ne  sera  pas  grand,  d'aller  jusqu'a 
la  foire. 

M.  J.  Non,  Monsieur,  je  n'ai  pas  le  courage  de  les 
mener,  et  je  ferais  conscience  de  leur  donner  des 
coups  de  fouet,  en  I'etat  ou  ils  sont.  Comment 
voudriez-vous  qu'ils  trainassent  un  carrosse,  qu'ils 
ne  peuvent  pas  se  trainer  eux-memes  ? 

Val.  Monsieur,  j'obligerai  le  voisin  le  Picard  a  se 
charger  de  les  conduire  :  aussi  bien  nous  fera-t-il 
ici  besoin  pour  appreter  le  soupe. 


so.  I.]                       THE  MISER                           167  I 

i 

M.  J.  So  much  the  better :  I  shall  have  less  to  do.  ^ 

Harp.  We  must  have  some  things  people  don't  eat  to  i 

excess^  which  fill  quickly  :  some  good,  large  beans,  ? 

with  a  meat  pie  well  stuffed  with  chestnuts.  ] 

Val.  Leave  that  to  me.  J 

Harp.    Now,   maitre   Jacques,   about    cleaning    my  \ 

carriage.  I 

M.  J.   Stay.     Now  you  are  talking  to  the  coachman.  ■] 

(He  puts  on  his  livery  again.)   You  said  .   .  ,  J 

Harp.  That  you  must  clean  my  carriage,  and  get  the  } 

horses  ready  to  drive  to  the  fair.  ...  ] 

M.  J.  Your  horses.  Monsieur  }    Upon  my  word,  they  I 
are  not  in  a  fit  state  to  go  out.     I  will  not  tell  you 
that  they  are  on  straw,  the  poor  beasts  have  not            ^-j;  J^ 
any,  and  it  would  be  an  untruth ;  but  you  have  /   [jj/^  »  j^ 
made  them   keep   so  strict  fasts,   that  they  are!  "        r^ 

nothing  more  than  appearances  or  phantoms  in/  i 

horses'  shape.  | 

Harp.  They  don't  do  anything,  why  should  they  be  ill .''  ^ 

M.  J.  And  because  they  don't  do  anything.  Monsieur,  | 

is  that  any  reason  why  they  shouldn't  eat?     It  i 

would  be  far  better  for  them,  the  poor  brutes,  if  J 
they  were  well  worked  and  fed  the  same.     It  cuts 

me  to  the  heart  to  see  them  thus  emaciated  ;  for  I  j 

have  a  fellow-feeling  for  my  horses,  and  it  seems  as  ^ 

though  I  suffered  when  I  see  them.     Every  day  I  I 

give  them  food  out  of  my  own  mouth  ;  it  is  too  1 

unnatural,  Monsieur,  not  to  have  any  pity  for  one's  /j 

friends.  '\ 

Harp.  It  is  not  hard  labour  to  go  as  far  as  the  fair.  I 

M.  J.  No,  Monsieur,  I  have  not  the  heart  to  take  i 
them  ;  how  could  I  flog  them  in  the  state  in  which 

they  are.''    How  can  you  wish  them  to  draw  a  i 

carriage  when  they  cannot  draw  themselves  ?  I 

,-3 

Val.  Monsieur,  I  will  get  our  neighbour  Le  Picard  to  I 

drive  them  :  we  shall  also  need  him  to  help  us  with  i 

the  supper.  i 


168  L'AVARE  [acte  hi. 

M.  J.  Soit :  j'aime  mieux  encore  qu'ils  meurent  sous 
la  main  d'un  autre  que  sous  la  mienne. 

Val.  Maitre  Jacques  fait  bien  le  raisonnable. 

M.  J.  Monsieur  I'intendant  fait  bien  le  necessaire. 

Harp.  Paix  ! 

M.  J.  Monsieur^  je  ne  saurais  souiFrir  les  flatteurs  ; 
et  je  vois  que  ce  qu'il  en  fait,  que  ses  controles 

{►erpetuels  sur  le  pain  et  le  vin,  le  bois,  le  sel,  et 
a  chandelle,  ne  sont  rien  que  pour  vous  gratter  et 
vous  faire  sa  cour.  J'enrage  de  cela,  et  je  suis 
fache  tous  les  jours  d'entendre  ce  qu'on  dit  de 
vous ;  car  enfin  je  me  sens  pour  vous  de  la  ten- 
dresse,  en  depit  que  j'en  ale  ;  et  apres  mes  chevaux, 
vous  etes  la  personne  que  j'aime  le  plus. 

Harp.  Pourrais-je  savoir  de  vous,  maitre  Jacques,  ce 
que  Ton  dit  de  moi .'' 

M.  J.  Oui,  Monsieur,  si  j'etais  assure  que  cela  ne 
vous  fachat  point. 

Harp.  Non,  en  aucune  fa§on. 

M.  J.  Pardonnez-moi :  je  sais  fort  bien  que  je  vous 
mettrai  en  colere. 

Harp.  Point  du  tout :  au  contraire,  c'est  me  faire 
plaisir,  et  je  suis  bien  aise  d'apprendre  comme  on 
parle  de  moi. 

M.  J.  Monsieur,  puisque  vous  le  voulez,  je  vous 
dirai  franchement  qu'on  se  moque  partout  de 
vous ;  qu'on  nous  jette  de  tous  cotes  cent  brocards 
a  votre  sujet ;  et  que  Ton  n'est  point  plus  ravi  que 
de  vous  tenir  au  cul  et  aux  chausses,  et  de  faire 
sans  cesse  des  contes  de  votre  lesine.  L'un  dit 
que  vous  faites  imprimer  des  almanachs  particuliers, 
ou  vous  faites  doubler  les  quatre-temps  et  les 
vigiles,  afin  de  profiter  des  jeunes  ou  vous  obligez 
votre  monde.  L'autre,  que  vous  avez  toujours  une 
querelle  toute  prete  a  faire  a  vos  valets  dans  le 
temps  des  etrennes,  ou  de  leur  sortie  d'avec  vous, 
pour  vous  trouver  une  raison  de  ne  leur  donner 
rien.  Celui-la  conte  qu'une  fois  vous  fites  assigner 
le  chat  d'un  de  vos  voisins,  pour  vous  avoir  mange 


* 


sc.  1.]  THE  MISER  169 

M.  J.  Be  it  so  :  I  would  much  rather  they  died  under 
some  other  person's  hand  than  mine. 

Val.  Maitre  Jacques  is  becoming  an  arguer. 

M.  J.  Mr.  Steward  is  becoming  a  busybody. 

Harp.  Peace  ! 

M.  J.  Monsieur,  I  cannot  endure  flatterers ;  I  see 
what  is  happening  here  under  him,  that  his  con- 
tinual looking  after  bread,  wine,  wood,  salt,  and 
candle,  has  no  other  end  than  to  curry  favour  with 
you  and  gain  his  own  ends.  It  makes  me  mad, 
and  I  am  constantly  miserable  through  hearing 
what  people  say  about  you  ;  for  I  have  a  soft  spot 
in  my  heart  for  you,  in  spite  of  what  happens ;  and, 
after  my  horses,  I  like  you  better  than  any  one 
else. 

Harp.  Might  I  know,  maitre  Jacques,  what  people 
say  about  me  ? 

M.  J.  Yes,  Monsieur,  if  I  were  assured  it  would  not 
make  you  angry. 

Harp.  No,  not  in  the  least. 

M.  J.  You  will  pardon  me ;  I  know  only  too  well  I 
shall  put  you  in  a  rage. 

Harp.  Not  at  all :  on  the  contrary,  it  will  give  me 
pleasure,  I  shall  be  very  glad  to  learn  how  people 
speak  of  me. 

M.  J.  Since  you  wish  it.  Monsieur,  I  will  tell  you 
frankly  that  every  one  mocks  you ;  they  fling  a 
hundred  jests  at  us,  from  all  sides,  concerning  you  ; 
and  nothing  pleases  them  better  than  to  hold  you 
up,  neck  and  crop,  to  ridicule,  and  to  tell  tales 
without  ceasing  of  your  meanness.  One  says  you 
print  special  almanacs,  in  which  you  double  the 
ember  days  and  vigils,  in  order  to  profit  by  the 
fasts  you  make  your  people  keep.  Another,  that 
you  have  always  a  quarrel  ready  when  New  Year's 
Day  comes  round,  or  your  servants  leave  you,  so  that 
you  can  find  a  reason  for  not  giving  them  anything. 
This  person  says  once  you  issued  a  writ  against 
one  of  your  neighbours'  cats,  for  having  eaten  the 
remains  of  a  leg  of  mutton.     That  person  says  that 


170  L'AVARE  [acte  hi. 

un  reste  d'un  gigot  de  mouton.  Celui-ci^  que  Ton 
vous  surprit  une  nuit^  en  venant  derober  vous- 
meme  Tavoine  de  vos  chevaux  ;  et  que  votre  cocher, 
qui  etait  celui  d'avant  moi,  vous  donna  dans  I'obs- 
curite  je  ne  sais  combien  de  coups  de  baton,  dont 
vous  ne  voulutes  rien  dire.  Enfin  voulez-vous  que 
je  vous  dise  ?  On  ne  saurait  aller  nuUe  part  ou  Ton 
ne  vous  entende  accommoder  de  toutes  pieces  ; 
vous  etes  la  fable  et  la  risee  de  tout  le  monde  ;  et 
jamais  on  ne  parle  de  vous,  que  sous  les  noms 
d'avare,  de  ladre,  de  vilain  et  de  fesse-mathieu. 

Harp,  (en  le  battant. )  Vous  etes  un  sot,  un  maraud, 
un  coquin,  et  un  impudent. 

M.  J.  He  bien  !  ne  I'avais-je  pas  devine?  Vous  ne 
m'avez  pas  voulu  croire  :  je  vous  avals  bien  dit  que 
je  vous  facherais  de  vous  dire  la  verite. 

Harp.  Apprenez  a  parler. 


SciNE  II 
Maitrb  Jacques,  Val^rk 

Val.  a  ce  que  je  puis  voir,  maitre  Jacques,  on  paye 

mal  votre  franchise. 
M.  J.  Morbleu  !  Monsieur  le  nouveau  venu,  qui  faites 

I'homme  d'importance,   ce  n'est  pas  votre  aifaire. 

Riez  de  vos  coups  de  baton  quand  on  vous  en 

donnera,  et  ne  venez  point  rire  des  miens. 
Val.  Ah  !  Monsieur  maitre  Jacques,  ne  vous  fachez 

pas,  je  vous  prie. 
M.  J.  II  file  doux.     Je  veux  faire  le  brave,  et  s'il  est 

assez  sot  pour  me  craindre,  le  frotter  quelque  peu. 

Savez-vous  bien.  Monsieur  le  rieur,  que  je  ne  ris 

pas,  moi.'*  et  que  si  vous  m'e'chauffez  la  tete,  je 

vous  ferai  rire  d'une  autre  sorte  ? 

(Maitre  Jacques  pousse  Yalere  jusques  au  bout  du  theatre 
en  le  menagant. ) 

Val.  Eh  !  doucement. 


Rc.  II.]  THE  MISER  171 

you  were  surprised  one  night  robbing  your  horses 
yourself  of  their  hay  ;  and  that  your  coachman,  the 
one  who  was  here  before  me_,  gave  you  a  good  drub- 
bing in  the  darkness,  of  which  you  never  said  a  word. 
In  fact,  what  more  can  I  tell  you  ?  One  cannot  go 
anywhere  without  hearing  you  being  ridiculed  from 
head  to  foot;  you  are  the  joke  and  the  laughing- 
stock of  the  whole  world  ;  no  one  ever  speaks  of 
you  save  as  the  miser,  the  thief,  the  villain,  and 
the  usurer. 

Harp,  (beating  him.)   You  are  an  idiot,  a  scoundrel, 

a  rascal,  and  an  impertinent  fellow. 
M.  J.  Ah  !  ah  !  did  I  not  say  so  ?    You  would  not 

believe  me  :  I  told  you  plainly  that  I  should  make 

you  angry  if  I  told  you  the  truth. 
Harp.  That  will  teach  you  how  to  talk. 


Scene  II 
Maitre  Jacques  and  Valerb 

Val.  As  far  as  I  can  see,  maitre  Jacques,  your  frank- 
ness has  met  with  an  ill  recompense. 

M.  J.  Upon  my  soul,  maitre  New  Broom,  Monsieur 
Importance,  that  is  not  your  business.  Laugh  at 
being  whacked  with  a  stick  when  it  is  applied  to 
you,  and  don't  laugh  at  my  thrashing. 

Val.  Ah  !  Monsieur  maitre  Jacques,  do  not  be  angry, 
I  beseech  you. 

M.  J.  He  is  toning  down.  I  shall  bully  him  ;  and  if 
he  is  fool  enough  to  fear  me,  I  shall  give  him 
a  drubbing  in  turn.  Do  you  know.  Monsieur 
Laugher,  that  I  am  not  in  a  laughing  mood,  and 
that  if  you  rouse  my  bile,  I  will  make  you  grin  on 
the  wrong  side  of  your  mouth  ? 

(Maitre  Jacques  pushes  Valfere  to  the  back  of  the 
stage,  threatening  him. ) 

Val.  Come !  gently. 


i 


172  L'AVARE  [acte  hi. 

M.  J.  Comment,  doucement?  ilne  me  plait  pas,  moi. 

Val.  De  grace. 

M.  J.  Vous  etes  un  impertinent. 

Val.  Monsieur  maitre  Jacques  .  .  . 

M.  J.  11  n'y  a  point  de  Monsieur  maitre  Jacques  pour 

un  double.     Si  je  prends  un  baton,  je  vous  rosserai 

d'importance. 
Val.  Comment,  un  baton  ?  (Val^re  le  fait  reculer  autant 

qu'ill'afait.) 
M.  J.  Eh  !  je  ne  parle  pas  de  cela. 
Val.   Savez-vous  bien.  Monsieur  le  fat,  que  je  suis 

homme  a  vous  rosser  vous-meme  ? 
M.  J.  Je  n'en  doute  pas. 
Val.  Que  vous  n'6tes,  pour  tout  potage,  qu'un  faquin 

de  cuisinier  .'* 
M.  J.  Je  le  sais  bien. 

Val.  Et  que  vous  ne  me  connaissez  pas  encore  ? 
M.  J.  Pardonnez-moi. 
Val.  Vous  me  rosserez,  dites-vous  ? 
M.  J.  Je  le  disais  en  raillant. 
Val.  Et  moi,  je  ne  prends  point  de  gout  a  votre 

raillerie.    (Il  lui  donne  des  coups  de  baton.)   Apprenez 

que  vous  etes  un  mauvais  railleur. 
M.  J.  Peste  soit  la  sincerite  !  c'est  un  mauvais  metier. 

De'sormais  j'y  renonce,  et  je  ne  veux  plus  dire  vrai. 

Passe  encore  pour  mon  maitre  :  il  a  quelque  droit 

de  me  battre ;  mais  pour  ce  Monsieur  I'intendant, 

je  m'en  vengerai  si  je  puis. 


Sce:ne  III 

Frosine,  Mariane,  Maitre  Jacques 

Fros.  Savez-vous,  maitre  Jacques,  si  votre  maitre  est 

au  logis  ? 
M.  J.  Oui  vraiment  il  y  est,  je  ne  le  sais  que  trop. 
Fros.  Dites-lui,  je  vous  prie,  que  nous  sommes  ici. 


sc.  III.]  THE  MISER  173 

M.  J.  What  do  you  mean  by  gently  ?    That  does  not 

suit  me. 
Val.  I  beg  you. 

M.  J.  You  are  an  impudent  fellow. 
Val.  Monsieur  maitre  Jacques  .  .  . 
M.  J.    There  is  not  a  fraction  of  Monsieur  maitre 

Jacques  here.     If  I  had  a  stick,  I  would  give  you 

a  jolly  good  walloping. 
Val.  What  do  you  mean  by  a  stick  ? 

(Valere  makes  him  fall  back  in  the  same  way.) 
M.  J.  Come  !  I  was  not  speaking  of  that. 
Val.  Do  you  know.  Monsieur  Fool,  that  I  am  the 

very  man  to  beat  you  myself.'' 
M.  J.  I  do  not  doubt  it. 
Val.  That  you  are  nothing  but  a  scullion  knave,  a 

lout  of  a  cook  .'' 
M.  J.  I  know  it  well. 
Val.  And  that  you  do  not  yet  know  me  ? 
M.  J.  I  ask  your  pardon. 
Val.  You  say  you  will  whack  me  ? 
M.  J.  I  only  said  it  jokingly. 
Val.  And  I  say  that  I  have  no  relish  for  your  jests. 

(He  thrashes  him  with  a  stick.)     Learn    what    a   bad 

jester  you  are. 
M.  J.    Plague  take  sincerity  !    it    is  a   poor  game. 

From  henceforth  I  renounce  it,  and  I  will  no  longer 

speak  the  truth.     Perhaps  I  might  put  up  with  such 

treatment  from  my  master,   he  has  the  right  to 

thwack  me  ;    but  I  shall  avenge  myself  on  this 

Monsieur  Steward,  if  I  can. 


Scene  III 

Frosine,  Mariane,  Maitre  Jacques 

Fros.  Do  you  know   if  your  master  is  in,  maitre 

Jacques  ? 
M.  J.  Yes,  only  too  well. 
Fros.  Tell  him,  then,  that  we  are  here. 


i 


174  L'AVARE  [actb  hi. 

Sc]feNE    IV 

Mabiane^   Frosinb 

Mar.  Ah  !  que  je  suis,  Frosine,  dans  un  etrange 
etat  !  et  s'il  faut  dire  ce  que  je  sens,  que  j'appre- 
hende  cette  vue ! 

Pros.  Mais  pourquoi,  et  quelle  est  votre  inquietude  ? 

Mar.  Helas  !  me  le  demandez-vous  ?  et  ne  vous 
figurez-vous  point  les  alarmes  d'une  personne  toute 
prete  a  voir  le  supplice  ou  Ton  veut  I'attacher  } 

Fros.  Je  vois  bien  que,  pour  mourir  agreablement, 
Harpagon  n'est  pas  le  supplice  que  vous  voudriez 
embrasser  ;  et  je  connais  a  votre  mine  que  le  jeune 
blondin  dont  vous  m'avez  parle  vous  revieut  un 
peu  dans  I'esprit. 

Mar.  Oui,  c'est  une  chose,  Frosine,  dout  je  ne  veux 
pas  me  defendre ;  et  les  visites  respectueuses  qu'il 
a  rendues  chez  nous  ont  fait,  je  vous  I'avoue,  quel- 
que  effet  dans  mon  ame. 

Fros.  Mais  avez-vous  su  quel  11  est  ? 

Mar.  Non,  je  ne  sais  point  quel  il  est;  mais  je  sais 
qu'il  est  fait  d'un  air  a  se  faire  aimer ;  que  si  Ton 
pouvait  mettre  les  choses  a  mon  choix,  je  le  pren- 
drais  plutot  qu  un  autre  ;  et  qu'il  ne  contribue  pas 

feu  a  me  faire  trouver  un  tourment  effroyable  dans 
epoux  qu'on  veut  me  donner. 
Fros.  Mon  Dieu !  tous  ces  blondius  sont  agreables, 
et  debitent  fort  bien  leur  fait ;  mais  la  plupart  sont 
gueux  comme  des  rats  ;  et  il  vaut  mieux  pour  vous 
de  prendre  un  vieux  mari  qui  vous  donne  beaucoup 
de  bien.  Je  vous  avoue  que  les  sens  ne  trouvent 
pas  si  bien  leur  compte  du  cote  que  je  dis,  et  qu'il 
y  a  quelques  petits  degouts  a  essuyer  avec  un  tel 
e'poux  ;  mais  cela  n'est  pas  pour  durer,  et  sa  mort, 
croyez-moi,  vous  mettra  bientot  en  e'tat  d'en  prendre 
un  plus  aimable,  qui  reparera  toutes  choses. 

Mar.  Mon  Dieu  !  Frosine,  c'est  une  e'trange  affaire. 


sc.  IV.]  THE  MISER  175 

Scene  IV 

Marianb,  Frosinb 

Mar.  Ah  !  Frosiue,  I  am  much  upset !  If  I  were  to 
tell  you  truly,  I  dread  this  interview  ! 

Fros.  But  why  are  you  so  uneasy  ? 

Mar.  Alas  !  do  you  ask  ?  Cannot  you  imagine  what 
a  person  feels  like  when  he  sees  the  rack,  and 
everything  ready  to  fasten  him  to  it  ? 

Fros.  Well,  I  cannot  admit  that  Harpagon  is  the 
rack  you  would  willingly  embrace  for  a  happy 
death ;  and  I  can  see  by  your  face  that  you  are 
thinking  of  the  young  fop  of  whom  you  spoke 
to  me. 

Mar.  Yes,  Frosine,  I  do  not  wish  to  deny  that  accu- 
sation ;  I  must  confess  that  his  attentive  visits 
have  roused  my  interest. 

Fros.  But  do  you  know  who  he  is  ? 

Mar.  No,  I  do  not  know  who  he  is ;  but  I  know  he 
can  arouse  love  ;  if  1  could  have  my  choice,  I  would 
rather  take  him  than  any  other ;  he  contributes  not 
a  little  to  the  frightful  torment  I  am  suffering  in 
taking  the  husband  provided  for  me. 

Fros.  Ah  well  !  all  these  dandies  are  agreeable,  and 
play  their  role  pretty  well ;  but  most  of  them  are 
as  poor  as  church  mice  ;  it  is  better  for  you  to  take 
an  old  husband  who  can  settle  something  upon  you. 
I  must  admit  that  the  senses  will  not  be  so  well 
satisfied  by  the  person  whose  cause  I  am  urging, 
and  that  with  such  a  husband,  there  are  some  little 
matters  of  distaste  to  overcome ;  but  these  will  not 
last,  and,  believe  me,  his  death  will  soon  put  you 
in  a  position  to  take  one  more  suitable,  who  will 
make  up  for  everything. 

Mar.  Upon  my  word  !  Frosine,  it  is  a  queer  state  of 


176  L'AVARE  [acte  hi. 

lorsque^  pour  etre  heureuse,  il  faut  souhaiter  ou 
attendre  le  trepas  de  quelqu'un,  et  la  mort  ne  suit 
pas  tous  les  projets  que  nous  faisons. 

Fbos.  Vous  moquez-vous  ?  Vous  ne  I'epousez  qu'aux 
conditions  de  vous  laisser  veuve  bientot ;  et  ce  doit 
etre  la  un  des  articles  du  contrat.  II  serait  bien 
impertinent  de  ne  pas  mourir  dans  trois  mois.  Le 
voici  en  propre  personne. 

Mar.  Ah  I  Frosine,  quelle  figure  ! 


Scene  V 
Harpagon,  FrosinEj  Marianu 

Harp.  Ne  vous  ofifensez  pas,  ma  belle,  si  je  viens  a  vous 
avec  des  lunettes.  Je  sais  que  vos  appas  frappent 
assez  les  yeux,  sont  assez  visibles  d'eux-memes,  et 
qu'il  n'est  pas  besoin  de  lunettes  pour  les  aperce- 
voir ;  mais  enfin  c'est  avec  des  lunettes  qu'on 
observe  les  astres,  et  je  maintiens  et  garantis  que 
vous  etes  un  astre,  mais  un  astre,  le  plus  bel  astre 
qui  soit  dans  le  pays  des  astres.  Frosine,  elle  ne 
repond  mot,  et  ne  temoigne,  ce  me  semble,  aucune 
joie  de  me  voir. 

Fros.  C'est  qu'elle  est  encore  toute  surprise  ;  et  puis 
les  fiUes  ont  toujours  honte  a  temoigner  d'abord  ce 
qu'elles  ont  dans  Tame. 

Harp.  Tu  as  raison.  Voila,  belle  mignonne,  ma  fiUe 
qui  vient  vous  saluer. 


Sc^NE  VI 
J^LisE,  Harpagon,  Mariane,  Frosine 

Mar.  Je  m'acquitte  bien  tard,  Madame,  d'une  telle 

visite. 
^L.  Vous  avez  fait,  Madame,  ce  que  je  devais  faire, 

et  c'etait  a  moi  de  vous  pr^venir. 


8c.  VI.]  THE  MISER  177 

things  that  causes  one  to  wish  for,  or  wait  the  death 
of,  some  one,  in  order  to  be  happy,  and  death  does 
not  always  second  all  our  projects. 

Fros.  Are  you  jesting?  You  are  only  marrying  him 
on  condition  of  his  soon  leaving  you  a  widow  ;  that 
must  be  one  of  the  articles  of  the  contract.  It 
would  be  impertinent  of  him  were  he  not  to  die 
within  three  months.     Here  he  is,  himself. 

Mar.  Ah  !  Frosine,  what  a  figure ! 


Scene  V 
Harpagon,  FiaosiNE,  Mariane 

Harp.  Do  not  be  offended,  my  beautiful  one,  if  I 
come  to  you  in  spectacles.  I  know  your  charms 
fill  the  eyes  at  once,  and  are  sufficiently  striking  of 
themselves,  without  the  need  of  spectacles  to  see 
them ;  but  you  know  that  it  is  with  spectacles  that 
one  looks  at  the  stars,  and  I  firmly  hold  the  view 
that  you  are  a  star,  of  stars  the  most  beautiful  star 
there  is  in  the  land  of  stars.  Frosine,  she  does  not 
say  a  word,  and,  so  far  as  I  can  see,  she  does  not 
show  any  pleasure  at  seeing  me. 

Fros.  She  is  as  yet  too  timid  ;  and,  besides,  girls  are 
always  ashamed  to  say  at  once  what  they  inwardly 
feel. 

Harp.  You  are  right.  See,  my  pretty  one,  my 
daughter  is  coming  to  greet  you. 


Scene  VI 

Elise,  Harpagon,  Mariane,  Frosine 

Mar.  I  am  afraid.  Madam,  I  am  very  late  in  paying 
^  this  visit. 

El.    You  have  done  what  I  ought  to  have  done. 
Madam  ;  I  ought  to  have  visited  you  first. 

M 


178  L'AVARE  [actb  hi. 

Harp.  Vous  voyez  qu'elle  est  grande ;  mais  mauvaise 

herbe  croit  toujours.^ 
Mar.  (bas,  k  Frosine.)   6  !  rhomme  deplaisant ! 

Harp.  Que  dit  la  belle  ? 
Fros.  Qu'elle  vous  trouve  admirable. 
Harp.  C'est  trop  d'honneur  que  vous  me  faites,  ado- 
rable mignonne. 
Mar.   (kpart.)   Quel  animal ! 
Harp.  Je  vous  suis  trop  oblige  de  ces  sentiments. 

Mar.  (iipart.)  Je  n'y  puis  plus  tenir. 

Harp.  Voici  mon  fils  aussi  qui  vous  vient  faire  la 
reverence. 

Mar.  (^  part,  k  Frosine.)  Ah  !  Frosine,  quelle  ren- 
contre !     C'est  justement  celui  dont  je  t'ai  parle. 

Fros.  (^Mariane.)  L'a venture  est  merveilleuse. 

Harp.  Je  vols  que  vous  vous  etonnez  de  me  voir  de 
si  grands  enfants ;  mais  je  serai  bientot  defait  et  de 
I'un  et  de  I'autre. 


Sci}NE  VII 
Cl^ante,  Harpagon,  Elise,  Marians,  Frosine 

Cl.  Madame,  a  vous  dire  le  vrai,  c'est  ici  une  aven- 
ture  ou  sans  doute  je  ne  m'attendais  pas ;  et  mon 
pere  ne  m'a  pas  peu  surpris  lorsqu'il  m'a  dit  tantot 
le  dessein  qu'il  avait  forme. 

Mar.  Je  puis  dire  la  meme  chose.  C'est  une  ren- 
contre imprevue  qui  m'a  surprise  autant  que  vous  ; 
et  je  n'etais  point  preparee  a  une  pareille  aventure. 

Cl.  II  est  vrai  que  mon  pere,  Madame,  ne  peut  pas 
faire  un  plus  beau  choix,  et  que  ce  m'est  une  sen- 
sible joie  que  I'honneur  de  vous  voir;  mais  avec  tout 
cela,  je  ne  vous  assurerai  point  que  je  me  rejouis 
du  dessein  ou  vous  pourriez  etre  de  devenir  ma 
belle-mere.  Le  compliment,  je  vous  I'avoue,  est  trop 
difficile  pour  moi ;  et  c'est  un  titre,  s'il  vous  plait, 


8c  VII.]  THE  MISER  179 

Harp.  You  see  how  tall  she  is  ;  but  rank  grass  grows 

apace. 
Mar.    (in  a  low  voice,  to  Frosine.)  What  a  detestable 

creature  ! 
Harp.  What  did  the  fair  lady  say  ? 
Fros.  That  she  thought  you  looked  admirable. 
Harp.  You  do  me  too  much  honour,  adorable  one. 

Mar.  (aside.)  What  a  brute  ! 

Harp.    I  am  very  much   obliged  to  you  for  your 

sentiments. 
Mar.  (aside.)  I  cannot  hold  out  any  longer. 
Harp.  Here  is  also  my  son,  who  has  come  to  pay  his 

respects  to  you. 
Mar.  (aside,  to  Frosine.)  Ah  !  Frosine,  what  a  meeting! 

It  is  he  of  whom  I  have  spoken  to  you. 
Fros.  (to  Mariane.)   What  a  strange  chance  ! 
Harp.    I  see  you  are  astonished  that  I  have  such 

grown-up  children,  but  I  shall  soon  be  rid  of  them 

both. 


Scene  VII 
Cl^ante,  Harpagon,  Elise,  Mariane,  Frosine 

Cl.  To  tell  you  the  truth.  Madam,  I  did  not  in  the 
least  expect  such  an  incident  as  this  ;  my  father 
surprised  me  not  a  little  when  he  told  me  a  short 
time  ago  the  design  he  had  formed. 

Mar.  I  may  say  the  same.  This  unexpected  meeting 
has  surprised  me  as  much  as  you ;  I  was  not  pre- 
pared for  such  a  thing  happening. 

Cl.  True  it  is.  Madam,  that  my  father  cannot  make 
a  better  choice,  the  honour  of  seeing  you  is  a  deep 
joy  to  me;  but,  notwithstanding  this,  I  cannot 
assure  you  that  I  rejoice  at  the  arrangement  by 
which  you  may  become  my  step-mother.  I  must 
confess  the  compliment  would  be  too  hard  for  me 
to  make ;  it  is  a  title,  by  your  leave,  which  I  can- 


180  UAVARE  [acte  hi. 

que  je  ne  vous  souhaite  point.  Ce  discours  paraitra 
brutal  aux  yeux  de  quelques-uns ;  mais  je  suis 
assure  que  vous  serez  personne  a  le  prendre  comme 
il  faudra ;  que  c'est  un  mariage,  Madame,  ou  vous 
vous  imaginez  bien  que  je  dois  avoir  de  la  re'pu- 
gnance  ;  que  vous  n'ignorez  pas,  sachant  ce  que  je 
suis,  comme  il  choque  mes  interets  ;  et  que  vous 
voulez  bien  enfin  que  je  vous  dise,  avec  la  permission 
de  mon  pere,  que  si  les  choses  dependaient  de  moi, 
cet  hymen  ne  se  ferait  point. 

Harp.  Voila  un  compliment  bien  impertinent :  quelle 
belle  confession  a  lui  faire  ! 

Mar.  Et  moi,  pour  vous  re'pondre,  j'ai  a  vous  dire  que 
les  choses  sont  fort  egales ;  et  que,  si  vous  auriez 
de  la  repugnance  a  me  voir  votre  belle-mere,  je 
n'en  aurais  pas  moins  sans  doute  a  vous  voir  mon 
beau-fils.  Ne  croyez  pas,  je  vous  prie,  que  ce  soit 
moi  qui  cherche  a  vous  donner  cette  inquie'tude. 
Je  serais  fort  fachee  de  vous  causer  du  deplaisir; 
et  si  je  ne  m'y  vois  forcee  par  une  puissance  absolue, 
je  vous  donne  ma  parole  que  je  ne  consentirai  point 
au  mariage  qui  vous  cliagrine. 

Harp.  Elle  a  raison :  a  sot  compliment  il  faut  une 
reponse  de  meme.  Je  vous  demande  pardon,  ma 
belle,  de  I'impertinence  de  mon  fils.  C'est  un  jeune 
sot,  qui  ne  sait  pas  encore  la  consequence  des 
paroles  qu'il  dit. 

Mar.  Je  vous  promets  que  ce  qu'il  m'a  dit  ne  m'a 
point  du  tout  ofFense'e ;  au  contraire,  il  m'a  fait 
plaisir  de  m'expliquer  ainsi  ses  ve'ritables  senti- 
ments. J'aime  de  lui  un  aveu  de  la  sorte ;  et  s'il 
avait  parle  d'autre  facon,  je  Ten  estimerais  bien 
moins. 

Harp.  C'est  beaucoup  de  bonte  a  vous  de  vouloir  ainsi 
excuser  ses  fautes.  Le  temps  le  rendra  plus  sage, 
et  vous  verrez  qu'il  changera  de  sentiments. 

Cl.  Non,  mon  pere,  je  ne  suis  point  capable  d'en 
changer,  et  je  prie  instamment  Madame  de  le  croire. 

Harp.  Mais  voyez  quelle  extravagance !  il  continue 
encore  plus  fort. 


sc.  VII.]  THE  MISER  181 

not  wish  you  to  have.  This  speech  may  seem 
uncouth  in  the  eyes  of  some ;  but  I  am  certain 
you  will  take  it  in  the  right  spirit ;  this  is  a 
marriage.  Madam,  for  which,  as  you  will  readily 
imagine,  I  cannot  but  feel  a  repugnance  ;  know- 
ing who  I  am,  you  cannot  be  ignorant  how  it 
clashes  with  my  interests  ;  and,  in  fact,  you  will 
permit  me  to  say,  with  due  deference  to  my  father, 
that,  were  matters  in  my  hands,  the  marriage  would 
not  take  place. 
Harp.  That  is  a  very  impertinent  welcome :  what  a 
fine  admission  to  make  to  her  ! 
u  Mar.  And  allow  me  to  say  in  return,  that  the  com- 
"^  pliment  is  quite  reciprocated ;  if  you  feel  repug- 
nance at  my  becoming  your  step-mother,  I  have  no 
less,  truly,  in  looking  upon  you  as  my  step-son.  I 
beseech  you,  do  not  think  it  is  I  who  seek  to  cause 
you  this  uneasiness.  I  should  be  very  sorry  to  be 
the  means  of  displeasing  you ;  and,  if  not  forced  by 
sheer  compulsion,  I  give  you  my  word  that  I  will  not 
consent  to  a  marriage  which  so  annoys  you. 

Harp.  She  is  right :  a  foolish  compliment  calls  forth 
a  similar  response.  My  dear,  I  ask  you  to  pardon 
the  impertinence  of  my  son.  He  is  a  young  fool, 
who  does  not  yet  understand  what  he  is  talking 
about. 

Mar.  I  assure  you  that  he  has  not  at  all  offended  me 
by  what  he  has  said  ;  on  the  contrary,  he  has 
pleased  me  by  thus  explaining  his  true  sentiments. 
I  like  an  avowal  of  that  nature,  from  him  ;  and,  if 
he  had  spoken  in  any  other  fashion,  I  should  have 
esteemed  him  far  less. 

Harp.  It  is  too  good  of  you  thus  to  be  willing  to 
excuse  his  faults.  Time  will  make  him  wiser,  and 
you  will  see  he  will  change  his  sentiments. 

Cl.  No,  father,  I  am  not  capable  of  changing  them, 
and  I  earnestly  entreat  Madam  to  believe  it. 

Harp.  Just  think  what  idiocy  !  he  is  worse  than 
ever. 


I 


182  L'AVARE  [acte  hi 

Cl.  Voulez-vous  que  je  trahisse  mon  coeur  :■ 

Harp.  Encore  ?  Avez-vous  en  vie  de  changer  de  dis- 
cours  ? 

Cl.  He  bien  !  puisque  vous  voulez  que  je  parle  d'autre 
fagon,  soufFrez^  Madame,  que  je  me  mette  ici  a  la 
place  de  mon  pere,  et  que  je  vous  avoue  que  je  n'ai 
rien  vu  dans  le  monde  de  si  charmant  que  vous ; 
que  je  ne  concois  rien  d'e'gal  au  bonheur  de  vous 
plaire,  et  que  le  titre  de  votre  epoux  est  une  gloire, 
une  fe'licite'  que  je  prefe'rerais  aux  destinees  des  plus 
grands  princes  de  la  terre.  Qui,  Madame,  le  bon- 
heur de  vous  posseder  est  a  mes  regards  la  plus  belle 
de  toutes  les  fortunes  ;  c'est  ou  j'attache  toute  mon 
ambition ;  il  n'y  a  rien  que  je  ne  sois  capable  de 
faire  pour  une  conquete  si  precieuse,  et  les  obstacles 
les  plus  puissants  .  .  . 

Harp.  Doucement,  mon  fils,  s'il  vous  plait. 

Cl.  C'est  un  compliment  que  je  fais  pour  vous  a 
Madame. 

Harp.  Mon  Dieu  !  j'ai  une  langue  pour  m'expliquer 
moi-meme,  et  je  n'ai  pas  besoin  d'un  procureur 
comme  vous.     Aliens,  donnez  des  sieges. 

Fros.  Non ;  il  vaut  mieux  que,  de  ce  pas  nous  alliens 
a  la  foire,  afin  d'en  revenir  plus  tot,  et  d'avoir  tout 
le  temps  ensuite  de  vous  entretenir. 

Harp.  Qu'on  mette  done  les  chevaux  au  carrosse. 
Je  vous  prie  de  m'excuser,  ma  belle,  si  je  n'ai  pas 
songe  a  vous  donner  un  peu  de  collation  avant  que 
de  partir. 

Cl.  J'y  ai  pourvu,  mon  pere,  et  j'ai  fait  apporter  ici 
quelques  bassins  d'oranges  de  la  Chine,  de  citrons 
doux  et  de  confitures,  que  j'ai  envoye  querir  de 
votre  part. 

Harp,  (bas,  h.  Val^re. )   Valere  ! 

Val.  (^  Harpagon.)   H  a  perdu  le  sens. 

Cl.  Est-ce  que  vous  trouvez,  mon  pere,  que  ce  ne 
soit  pas  assez.'*  Madame  aura  la  bonte  d'excuser 
cela,  s'il  lui  plait. 

Mar.  C'est  une  chose  qui  n'etait  pas  necessaire. 

Cl.  Avez-vous  jamais  vu,  Madame,  un  diamant  plus 


sc.  VII.]  THE  MISER  183 

Cl.  Do  you  wish  me  to  betray  my  own  heart  ? 

Harp.  What  again?  Wouldn't  you  like  to  change 
the  subject  ? 

Cl.  Well,  then !  since  you  wish  me  to  speak  in 
another  fashion,  permit  me,  Madam,  to  place  my- 
self here  in  my  father's  place,  and  to  confess  that 
never  in  all  the  world  have  I  seen  anything  so 
charming  as  you  ;  I  cannot  imagine  anything  equal 
to  the  happiness  of  pleasing  you,  and  the  title  of 
'your  husband'  is  an  honour,  a  felicity,  that  I 
would  prefer  before  all  the  careers  of  the  greatest 
princes  of  the  earth.  Yes,  Madam,  in  my  eyes  the 
happiness  of  possessing  you  is  the  greatest  of  all 
fortunes ;  to  that  do  1  attach  my  whole  ambition ; 
there  is  nothing  I  would  not  do  to  obtain  so  precious 
a  conquest,  and  the  most  powerful  obstacles  .  .  . 

Harp.  Gently,  son,  by  your  leave, 

Cl.  It  is  a  compliment  I  pay  to  Madam  in  your  place. 

Harp.  Good  Heavens !  I  have  a  tongue  of  my  own 

for  such  explanations,  I  do  not  need  a  go-between 

like  you.  Come,  get  us  chairs. 
Fros.  No  ;  we  had  better  go  to  the  fair  now,  and  then 

we  shall  be  back  the  sooner.     There  will  then  be 

plenty  of  time  for  conversation. 
Harp.  Let  the  horses  be  harnessed.     I  must  ask  you 

to  excuse  me,  my  dear,  for  not  offering  you  some 

lunch  before  going  out. 


Cl.  I  have  some  ready,  father.  I  have  ordered  in 
some  bowls  of  China  oranges,  sweet  citrons  and 
confectionery,  which  I  sent  for  on  your  account. 


Harp,  (low,  to  Val^re.)   Valere  ! 

Val.  (to  Harpagon.)  He  has  taken  leave  of  his  senses. 

Cl.  Did  you  say  they  would  not  be  sufficient,  father  ? 

I  am  sure  Madam  will  have  the  goodness  to  excuse 

that. 
Mar.  It  was  not  in  the  least  necessary. 
Cl.  Have  you  ever  seen  a  diamond.  Madam,  more 


184  L'AVARE  [acte  hi. 

vif  que  celui  que  vous  voyez  que  mon  pere  a  au 

doigt  ? 
Mar.  II  est  vrai  qu'il  brille  beaucoup. 
Cl.   (II  V6te  du  doigt  de  son  p^re,  et  le  doiine  k  Mariane.) 

II  faut  que  vous  le  voyiez  de  pres. 
Mar.  II  est  fort  beau  sans  doute^  et  jette  quantite  de 

feux. 
Cl.   (Use  met  au-devant  de  Mariane,  qui  le  veut  rendre.) 

Nenni^  Madame  :  il  est  en  de  trop  belles  mains. 

C'est  un  present  que  mon  pere  vous  a  fait. 

Harp.  Moi? 

Cl.  N'est-il  pas  vrai,  mon  pere,  que  vous  voulez  que 

Madame  le  garde  pour  I'amour  de  vous  } 
Harp,   {h  part,  k  son  fils. )   Comment  ? 
Cl.   Belle  demande  !     II  me  fait  signe  de  vous  le 

faire  accepter. 
Mar.  Je  ne  veux  point  .  .  . 
Cl    Vous    moquez-vous?      II    n*a  garde    de  le  re- 

prendre. 
Harp,  (kpart.)  J'enrage  ! 
Mar.  Ce  serait  ... 
Cl.   (en  empechant  toujours  Mariane  de  rendre  la  bague.) 

Non,  vous  dis-je,  c'est  I'offenser, 
Mar.  De  grace  .  .  . 
Cl.  Point  du  tout. 
Harp,  {k  part.)  Peste  soit  .  .  . 
Cl.  Le  voila  qui  se  scandalise  de  voire  refus. 
Harp,  (bas,  k  son  fils.)   Ah,  traitre  ! 
Cl.  Vous  voyez  qu'il  se  desespere. 
Harp,  (bas  k  son  fils,  en  le  mena9ant.)    Bourreau    que 

tu  es  ! 
Cl.  Mon  pere,  ce  n'est  pas  ma  faute.     Je  fais  ce  que 

je  puis  pour  I'obliger  a  le  garder  ;    mais  elle  est 

obstinee. 
Harp,   (bas  k  son  fils,  avec  emportement.)    Pendard  ! 

Cl.  Vous  etes   cause,   Madame,   que   mon  pere  me 

querelle. 
Harp,   (bas,   k  son    fils,    avec    les  memes    grimaces.)    Le 


8c.  vii.l  THE  MISER  185 

brilliant    than    the    one    my   father    has    on   his 

finger  ? 
Mar.  Indeed  it  sparkles  wonderfully. 
Cl.   (He  takes  it  from  his  father's  finger  and  gives  it  to 

Mariane.)   You  must  see  it  nearer. 
Mar.  It  isj  unquestionably,  very  beautiful,  and  gives 

out  quite  a  lot  of  light. 
Cl.   (He  places  himself  before  Mariane,  who  wishes  to  return 

it.)    By  no   means.    Madam,    it  is  in   hands    too 

beautiful.     My  father  wishes  to  make  you  a  present 

of  it. 
Harp.  1? 
Cl.   Is  it  not  true,  father,  that  you  wish  Madam  to 

keep  it  for  love  of  you  ? 
Harp,  (aside,  to  his  son.)   What  do  you  mean.^ 
Cl.  a  nice  request !    He  has  made  me  a  sign  that 

you  must  accept  it. 
Mar.  I  do  not  wish  .  .  . 
Cl.  Are  you  jesting?    He  does  not  care  to  take  it 

back  again. 
Harp,  (aside.)    I  shall  go  mad  ! 
Mar.  It  would  be  .  .  . 
Cl.   (Each  time  preventing  Mariane  from  returning  the  ring.) 

No,  I  tell  you,  it  would  offend  him. 
Mar.  I  beg  you  ... 
Cl.  Not  at  all. 

Harp,  (aside.)   Plague  take  .   .  . 
Cl.  He  is  becoming  vexed  by  your  refusal. 
Harp,  (low,  to  his  son.)  Ah,  you  scoundrel ! 
Cl.   You  see  he  is  becoming  desperate. 
Harp,  (low,  to  his  son,  threatening  him.)   You  thief  ! 

Cl.  It  is  not  my  fault,  father.     I  am  doing  all  I  can 
to  make  her  keep  it ;  but  she  is  obstinate. 

Harp,  (low,  to  his  son,  in  a  passionate  voice.)  Gallows- 

bird  ! 
Cl.  You  are  the  cause.  Madam,  of  my  father's  anger 

towards  me. 
Harp,    (low,   to  his  son,   with  the  same  grimaces.)    The 

villain  ! 


186  L'AVARE  [acte  hi. 

Cl.    Vous    le    ferez    tomber    malade.       De    grace, 

Madame,  ne  re'sistez  point  davantage. 
Fros.  Mod  Dieu  !  que  de  fagons  !    Gardez  la  bague, 

puisque  Monsieur  le  veut. 
Mar.  Pour  ne  vous  point  mettre  en  colere,  je  la 

garde  maintenant ;  et  je  prendrai  un  autre  temps 

pour  vous  la  rendre. 


Scene  VIII 

Harpagon,  Mariane,  FrosinEj  Cleante, 
Brindavoine,  £lise 

Brin.  Monsieur,  il  y  a  la  un  homme  qui  veut  vous 

parler. 
Harp.  Dis-lui  que  je  suis  empeche,  et  qu'il  revienne 

une  autre  fois. 
Brin.  II  dit  qu'il  vous  apporte  de  I'argent. 
Harp.  Je  vous  demande  pardon.      Je  reviens  tout 

a  I'heure. 


Sc^NE  IX 

Harpagon,  Mariane,  Cleante,  Elise,  Frosine, 
La  Merluche 

La   M.     (II  vient  en  courant,  et  fait  tomber  Harpagon.) 

Monsieur  .  .  . 
Harp.  Ah  !  je  suis  mort. 

Cl.  Qu*est-ce,  mon  pere  ?  vous  etes-vous  fait  mal  ? 
Harp.  Le  traitre  assure'ment  a  re9u  de  I'argent  de 

mes  debiteurs,  pour  me  faire  rompre  le  cou. 
Val.  Cela  ne  sera  rien. 
La  M.  Monsieur,  je  vous  demande  pardon,  je  croyais 

bien  faire  d'accourir  vite. 
Harp.  Que  viens-tu  faire  ici,  bourreau  .'' 
La  M,  Vous  dire  que  vos  deux  chevaux  sont  deferres. 

Harp.  Qu'on  les  mene  promptement  chez  le  marechal. 


sc.  IX.]  THE  MISER  187 

Cl.  You   will  make  him  fall  ill.      I  beseech  you, 

Madam,  do  not  resist  any  longer. 
Fbos.  Great  Heavens  !  what  a  fuss  !    Keep  the  ring 

since  Monsieur  wishes  it. 
Mar.  In  order  not  to  anger  you,  I  will  keep  it  for 

the  present ;  and  I  will  take  another  opportunity  to 

return  it  to  you. 

Scene  VIII 

Harpagon,  Marianb,  Frosine,  Cl^antb, 
Brindavoine,  ]6lise 

Brin.  Monsieur,  a  man  wishes  to  speak  to  you. 

Harp.  Tell  him  I  am  engaged,  and  he  must  come 
back  some  other  time. 

Brin.  He  says  he  has  brought  you  some  money. 

Harp.  I  beg  your  pardon.  1  will  come  back  im- 
mediately. 


Scene  IX 

Harpagon,  Mariane,  Cli^ante,  Elisb,  Frosinb, 
La  Merluchb 

La  M.   (He  comes  in  running  and  knocks  Harpagon  down.) 

Monsieur  .  .  . 
Harp.  Ah  !  I  am  killed. 

Cl.  What  is  it,  father  ?    Have  you  hurt  yourself.^ 
Harp.  The  rascal  has  assuredly  been  bribed  by  my 

debtors  to  make  me  break  my  neck. 
Val.  That  won't  be  a  serious  matter. 
La  M.    I  beg  your  pardon.  Monsieur,  I  thought  I 

was  doing  right  in  running  quickly. 
Harp.  What  do  you  want  here,  you  rascal  } 
La  M.   To  tell  you  that  your  two  horses  have  lost 

their  shoes. 
Harp.  Let  them  be  taken  to  the  farrier  at  once. 


188  L'AVARE  [acte  iv. 

Cl.  En  attendant  qu'ils  soient  ferres^  je  vais  faire 
pour  vous,  mon  pere,  les  honneurs  de  votre  logis, 
et  conduire  Madame  dans  le  jardin,  ou  je  ferai 
porter  la  collation. 

Harp.  Valere,  aie  un  pen  I'oeil  a  tout  cela  ;  et  prends 
soin,  je  te  prie,  de  m'en  sauver  le  plus  que  tu 
pourras,  pour  le  renvoyer  au  marchand. 

Val.  C'est  assez. 

Harp.  O  fils  impertinent,  as-tu  envie  de  me  ruiner  ? 

FIN   DU    TROISIEME  AGTB 


ACTE    IV 

ScilNE    I 

Cli^ante,  Mariane,  Elise,  Frosine 

Cl.  Rentrons  ici,  nous  serons  beaucoup  mieux.  II 
u'y  a  plus  autour  de  nous  personne  de  suspect,  et 
nous  pouvons  parler  librement. 

El.  Oui,  Madame,  mon  frere  m'a  fait  confidence  de 
la  passion  qu'il  a  pour  vous.  Je  sais  les  chagrins 
et  les  deplaisirs  que  sont  capables  de  causer  de 
pareilles  traverses  ;  et  c'est,  je  vous  assure,  avec 
une  tendresse  extreme  que  je  m'interesse  a  votre 
aventure. 

Mar.  C'est  une  douce  consolation  que  de  voir  dans 
ses  interets  une  personne  comme  vous  ;  et  je  vous 
conjure,  Madame,  de  me  garder  toujours  cette 
genereuse  amitie,  si  capable  de  m'adoucir  les 
cruautes  de  la  fortune. 

Fros.  Vous  etes,  par  ma  foi  !  de  malheureuses  gens 
I'un  et  I'autre,  de  ne  m'avoir  point,  avant  tout  ceci, 
avertie  de  votre  affaire.  Je  vous  aurais  sans  doute 
de'tourne  cette  inquietude,  et  n'aurais  point  ameue 
les  choses  ou  Ton  voit  qu'elles  sont. 


8c.  I.]  THE  MISER  189 

Cl.  While  they  are  being  shod^  I  will  do  the  honours 
of  your  house  for  you,  father,  and  conduct  Madam 
into  the  garden,  where  I  will  have  the  lunch 
brought. 

Harp.  Cast  your  eye  on  all  this,  Valere ;  and  I 
implore  you  to  take  care  and  save  as  much  of  it  as 
you  can  to  send  back  to  the  shopkeeper. 

Val.  I  understand. 

Harp.     Oh  rash  son,  do  you  wish  to  ruin  me .'' 

END    OF    THE    THIRD   ACT 


ACT    IV 

Scene  I 
Cleiante,  Mariane,  Elise,  Frosine 

Cl.  Let  us  go  in  here,  it  will  suit  us  much  better. 
There  will  be  no  suspicious  person  about  us  there, 

^  and  we  can  talk  freely. 

El.  Yes,  Madam,  my  brother  has  told  me  of  the 
passion  he  has  for  you.  I  know  what  grief  and 
unhappiness  such  obstacles  are  able  to  cause  ;  and 
I  assure  you  it  is  with  the  utmost  affection  that  I 
interest  myself  in  your  affairs. 

Mar.  It  is  a  sweet  consolation  to  have  such  a  person 
as  you  interested  in  our  plight ;  and  I  implore  you. 
Madam,  to  retain  for  me  always  that  generous 
friendship,  so  capable  of  softening  the  hardships  of 
fortune. 

Fros.  Upon  my  word,  you  are  unlucky  people,  both 
of  you  ;  why  didn't  you  warn  me  about  all  this 
beforehand .''  I  could  certainly  have  warded  off 
this  unpleasantness,  and  not  have  carried  matters 
80  far  as  they  now  are. 


I 


190  L'AVARE  [actb  iv. 

Cl.  Que  veux-tu?  C'est  ma  mauvaise  destinee  qui 
Ta  voulu  ainsi.  Mais,  belle  Mariane,  quelles  resolu- 
tions sont  les  votres  ? 

Mar.  Helas  !  suis-je  en  pouvoir  de  faire  des  resolu- 
tions ?  Et  dans  la  dependance  ou  je  me  vols,  puis- 
je  former  que  des  souhaits  ? 

Cl.  Point  d'autre  appui  pour  moi  dans  votre  cceur 
que  de  simples  souhaits  ?  point  de  pitie  officieuse  ? 
pointe  de  secourable  bonte.'*  point  d'aflfection  agis- 
sante  ? 

Mar.  Que  saurais-je  vous  dire  ?  Mettez-vous  en  ma 
place,  et  voyez  ce  que  je  puis  faire.  Avisez,  ordon- 
nez  vous-meme :  je  m'en  remets  a  vous,  et  je  vous 
crois  trop  raisonnable  pour  vouloir  exiger  de  moi 
que  ce  qui  peut  m'etre  permis  par  I'honneur  et  la 
bienseance. 

Cl.  Helas  !  ou  me  reduisez-vous,  que  de  me  ren- 
voyer  a  ce  que  voudront  me  permettre  les  facheux 
sentiments  d'un  rigoureux  honneur  et  d'une  scrupu- 
leuse  bienseance .'' 

Mar.  Mais  que  voulez-vous  que  je  fasse  ?  Quand  je 
pourrais  passer  sur  quantite  d'egards  ou  notre  sexe 
est  oblige,  j'ai  de  la  consideration  pour  ma  mere. 
Elle  m'a  toujours  e'levee  avec  unetendresse  extreme, 
et  je  ne  saurais  me  resoudre  a  lui  donner  du  de- 
plaisir.  Faites,  agissez  aupres  d'elle,  employez  tous 
vos  soins  a  gagner  son  esprit :  vous  pouvez  faire  et 
dire  tout  ce  que  vous  voudrez,  je  vous  en  donne  la 
licence  ;  et  s'il  ne  tient  qu'a  me  declarer  en  votre 
faveur,  je  veux  bien  consentir  a  lui  faire  un  aveu 
moi-meme  de  tout  ce  que  je  sens  pour  vous. 

Cl.  Frosine,  ma  pauvre  Frosine,  voudrais-tu  nous 
servir  } 

Fros.  Par  ma  foi  !  faut-il  le  demander  ?  je  le  voudrais 
de  tout  mon  coeur.  Vous  savez  que  de  mon  naturel 
je  suis  assez  humaine  ;  le  Ciel  ne  m'a  point  fait 
Tame  de  bronze,  et  je  n'ai  que  trop  de  tendresse  a 
rendre  de  petits  services,  quand  je  vois  des  gens  qui 
s'entr'aiment  en  tout  bien  et  en  tout  honneur. 
Que  pourrions-nous  faire  a  ceci .'' 


sc.  1.]  THE  MISER  191 

Cl.  How  could  it  be  helped  ?  It  is  my  evil  fate  that 
has  willed  it  thus.  But,  dear  Mariane,  what  have 
you  resolved  to  do  ? 

Mar.  Alas  !  am  I  in  a  condition  to  resolve  anything  ? 
In  the  dependent  position  in  which  you  see  me, 
what  else  can  I  do  hut  wish  ? 

Cl.  No  other  support  in  your  heart  for  me  than 
simple  wishes  ?  no  eager  pity  ?  no  helping  kind- 
ness ?  no  lively  affection  ? 

Mar.  What  would  you  have  me  say  ?  Put  yourself 
in  my  place,  and  think  what  I  can  do.  Advise, 
command  :  I  place  myself  in  your  hands,  and  I 
believe  you  are  too  reasonable  to  seek  to  extract 
anything  from  me  that  is  not  permitted  by  honour 
and  good  faith. 

Cl.  Alas  !  to  what  do  you  reduce  me,  by  limiting  me 
to  the  miserable  sentiments  of  strait-laced  honour 
and  scrupulous  good  faith  .'' 

Mar.  But  what  would  you  have  me  do  ?  Even  if  I 
could  ignore  the  many  scruples  allied  to  my  sex,  I 
have  my  mother  to  consider.  She  has  always 
brought  me  up  with  extreme  affection,  and  I  do  not 
know  how  to  decide  upon  anything  that  will  dis- 
please her.  Go  and  see  her,  employ  all  your 
energies  to  gain  her  good-will :  you  can  do  and  say 
whatever  you  like,  I  give  you  full  licence ;  and  if 
it  remains  with  me  but  to  declare  myself  in  your 
favour,  I  myself  will  most  gladly  confess  to  her  all 
I  feel  for  you. 

Cl.  Frosine,  my  good  Frosine,  will  you  help  us  ? 

Fros.  Upon  my  word,  need  you  ask  ?  I  will,  with  all 
my  heart.  You  know  that  naturally  I  am  kind- 
hearted  enough  ;  Heaven  has  not  made  me  as  hard 
as  iron.  I  have  only  too  much  liking  for  being 
useful  when  I  see  people  who  really  and  truly  love 
each  other.     What  can  we  do  in  this  matter  ? 


192  L'AVARE  [acte  iv. 

Cl.  Songe  un  peu^  je  te  prie. 

Mar.  Ouvre-nous  des  lumieres. 

El.  Trouve  quelque  invention  pour  rompre  ce  que 
tu  as  fait. 

Fros.  Ceci  est  assez  difficile.  Pour  votre  mere,  elle 
n'est  pas  tout  a  fait  deraisonnable,  et  peut-etre 
pourrait-on  la  gagner  et  la  resoudre  a  transporter 
au  fils  le  don  qu'elle  veut  faire  au  pere.  Mais  le 
mal  que  j'y  trouve,  c'est  que  votre  pere  est  votre 
pere. 

Cl.  Cela  s'entend. 

Fros.  Je  veux  dire  qu'il  conservera  du  depit,  si  Ton 
montre  qu'on  le  refuse  ;  et  qu'il  ne  sera  point  d'hu- 
meur  ensuite  a  donner  son  consentement  a  votre 
mariage.  II  faudrait,  pour  bien  faire,  que  le  refus 
vint  de  lui-meme,  et  tacher  par  quelque  moyen  de 
le  degouter  de  votre  personne. 

Cl.  Tu  as  raison. 

Fros.  Oui,  j'ai  raison,  je  le  sais  bien.  C'est  la  ce 
qu'il  faudrait;  mais  le  diantre  est  d'en  pouvoir 
trouver  les  moyens.  Attendez :  si  nous  avions 
quelque  femme  un  peu  sur  I'age,  qui  fut  de  mon 
talent,  et  jouat  assez  bien  pour  contrefaire  une 
dame  de  qualite,  par  le  moyen  d'un  train  fait  a  la 
hate,  et  d'un  bizarre  nom  de  marquise,  ou  de 
vicomtesse,  que  nous  supposerions  de  la  basse 
Bretagne,  j'aurais  assez  d'adresse  pour  faire 
accroire  a  votre  pere  que  ce  serait  une  personne 
riche,  outre  ses  maisons,  de  cent  mille  ecus  en 
argent  comptant  ;  qu'elle  serait  e'perdument 
amoureuse  de  lui,  et  souhaiterait  de  se  voir  sa 
femme,  jusqu'a  lui  donner  tout  son  bien  par  con- 
trat  de  mariage  ;  et  je  ne  doute  point  qu'il  ne 
pretat  I'oreille  a  la  proposition  ;  car  enfiin  il  vous 
aime  fort,  je  le  sais ;  mais  il  aime  un  peu  plus 
I'argent ;  et  quand,  ebloui  de  ce  leurre,  il  aurait 
une  fois  consenti  a  ce  qui  vous  touche,  il  impor- 
terait  peu  ensuite  qu'il  se  desabusat,  en  venant  a 
vouloir  voir  clair  aux  effets  de  notre  marquise. 

Cl.  Tout  cela  est  fort  bien  pense. 


sc.  I.]  THE  MISER  198 

Cl.  Pray  think  it  over  carefully. 

Mar.  Enlighten  us. 

El.  Find  some  means  to  break  the  bonds  you  have 
tied. 

Fros.  It  is  a  difficult  matter.  As  for  your  mother, 
she  is  not  at  all  unreasonable,  and  perhaps  we 
may  be  able  to  win  her  over  and  persuade  her  to 
transfer  to  the  son  the  gift  she  intended  for  the 
father.  But,  to  my  mind,  the  trouble  is  that  your 
father  is  your  father. 

Cl.  That  is  so. 

Fros.  I  mean  he  will  bear  malice  when  he  learns  he 
has  been  refused  ;  and  he  will  not  then  be  in  the 
humour  to  give  his  consent  to  your  marriage.  In 
order  to  gain  our  end  the  refusal  must  come  from 
himself,  and  we  must  seek  by  some  means  to  make 
him  have  a  distaste  for  your  person. 

Cl.  You  are  right. 

Fros.  Yes,  I  am  right,  I  know  that  well  enough. 
That  is  what  we  must  do  ;  but  the  deuce  is  to  find 
the  means.  Stay :  if  we  had  a  woman,  somewhat 
advanced  in  years,  who  had  my  talent,  and  played 
sufficiently  well  to  counterfeit  a  lady  of  quality, 
assisted  by  a  retinue,  made  up  hastily,  and  endowed 
with  some  out  of  the  way  name  of  a  marchioness  or 
a  viscountess,  whom  we  will  suppose  to  come  from 
Lower  Brittany,  I  should  have  enough  skill  to 
make  your  father  believe  she  was  a  rich  person, 
possessing  100,000  crowns  in  ready  money  besides 
her  mansions  ;  that  she  was  deeply  in  love  with 
him,  and  so  much  wished  to  be  his  wife  that  she 
was  willing  to  give  him  all  her  property  in  the 
marriage  contract ;  I  have  no  doubt  he  will  lend 
his  ear  to  that  proposition  ;  for  though,  as  I  am 
aware,  he  loves  you  greatly,  he  loves  money  more  ; 
and  when,  dazzled  by  this  bait,  he  shall  have  con- 
sented to  your  views,  it  would  not  matter  very 
much  if  he  were  disabused  in  the  act  of  looking 
more  closely  into  the  goods  of  our  marchioness. 
Cl.  All  that  is  very  well  thought  out. 
N 


■ 


194  L'AVARE  [acte  iv. 

Fros.  Laissez-moi  faire.  Je  viens  de  me  ressouvenir 
d'une  de  mes  amieSj  qui  sera  notre  fait. 

Cl.  Sois  assuree^  Frosine^  de  ma  reconnaissance,  si  tu 
viens  a  bout  de  la  chose.  Mais,  charmante  Mariane, 
commengons,  je  vous  prie,  par  gagner  votre  mere: 
c'est  toujours  beaucoup  faire  que  de  rompre  ce 
mariage.  Faites-y  de  votre  part,  je  vous  en  con- 
jure, tous  les  eflforts  qu'il  vous  sera  possible  ;  servez- 
vous  de  tout  le  pouvoir  que  vous  donne  sur  elle 
cette  amitie  qu'elle  a  pour  vous ;  deployez  sans 
reserve  les  graces  eloquentes,  les  charmes  tout- 
puissants  que  le  Ciel  a  place's  dans  vos  yeux  et  dans 
votre  bouche  ;  et  n'oubliez  rien,  s'il  vous  plait,  de 
ces  tendres  paroles,  de  ces  douces  prieres,  et  de  ces 
caresses  touchantes  a  qui  je  suis  persuade  qu'on  ne 
saurait  rien  refuser. 

Mar.  J'y  ferai  tout  ce  que  je  puis,  et  n'oublierai 
aucune  chose. 


Sc^NE    II 

Harpagon,  CL^iANTE,  Mariane,  Elise,  Frosine 

Harp.  Ouais  !  mon  fils  baise  la  main  de  sa  pre- 
tendue  belle-mere,  et  sa  pretendue  belle-mere  ne 
s'en  defend  pas  fort.     Y  aurait-il  quelque  mystere 

^  la-dessous? 

El.  Voila  mon  pere. 

Harp.  Le  carrosse  est  tout  pret.  Vous  pouvez  partir 
quand  il  vous  plaira. 

Cl.  Puisque  vous  n'y  allez  pas,  mon  pere,  je  m'en 
vais  les  conduire. 

Harp.  Non,  demeurez.  Elles  iront  bien  toutes 
seules,  et  j'ai  besoin  de  vous. 


sc.  II.]  THE  MISER  195 

Fros.  Let  me  carry  it  through.  I  have  just  re- 
membered one  of  my  friends  who  will  suit  us. 

Cl.  You  may  be  assured  of  my  gratitude,  Frosine, 
if  you  bring  this  affair  off.  But,  charming  Mariane, 
pray  let  us  begin  to  gain  over  your  mother  :  it  will 
be  a  great  stroke  if  we  break  off  this  marriage.  I 
beseech  you,  on  your  part,  to  do  everything  you 
can  ;  use  all  the  power  over  her  which  her  love  for 
you  gives  you  ;  make  unreserved  use  of  all  those 
eloquent  attributes  and  all-powerful  charms  which 
Heaven  has  placed  in  your  eyes  and  in  your  lips  ; 
I  beg  of  you  not  to  forget  any  means,  none  of 
those  tender  words,  those  sweet  prayers,  those 
touching  caresses,  to  which,  I  am  persuaded, 
nothing  can  be  refused. 

Mar.  I  will  do  all  I  can,  and  not  forget  anything. 


Scene  II 
Harp  AGON,  CuSante,  Mariane,  Elise,  Frosine 

Harp.  So  !  my  son  kisses  the  hand  of  his  intended 
step-mother,  and  his  intended  step-mother  does 
not  repulse  him  very  much.     Is  there  some  mystery 

^  under  this  } 

El.  Here  is  my  father. 

Harp.  The  carriage  is  quite  ready.  You  can  start 
when  you  like. 

Cl,  Since  you  are  not  going,  father,  I  will  take  them 
there. 

Harp.  No,  stay  here.  They  can  go  alone  quite  well ; 
and  I  want  you. 


196  L'AVARE  [acte  iv. 

Scene  III 
Harpagon,  Cleantb 

Harp.  O  ca,  interet  de  belle-mere  a  part,  que  te 
semble  a  toi  de  cette  personne  ? 

Cl.  Ce  qui  m'en  semble  ? 

Harp.  Qui,  de  son  air_,  de  sa  taille,  de  sa  beaute,  de 
son  esprit  .'* 

Cl.  ha,  la. 

Harp.  Mais  encore .'' 

Cl.  a  vous  en  parler  franchement,  je  ne  I'ai  pas  trou- 
vee  ici  ce  que  je  I'avais  crue.  Son  air  est  de  franche 
coquette  ;  sa  taille  est  assez  gauche,  sa  beaute  tres- 
mediocre,  et  son  esprit  des  plus  communs.  Ne 
croyez  pas  que  ce  soit,  mon  pere,  pour  vous  en 
degouter ;  car  belle-mere  pour  belle-mere,  j'aime 
autant  celle-la  qu'une  autre. 

Harp.  Tu  lui  disais  tantot  pourtant  .   .  . 

Cl.  Je  lui  ai  dit  quelques  douceurs  en  votre  nom, 
mais  c'etait  pour  vous  plaire. 

Harp.  Si  bien  done  que  tu  n'aurais  pas  d'inclination 
pour  elle  ? 

Cl.  Moi .''  point  du  tout. 

Harp.  J'en  suis  faclie ;  car  cela  rompt  une  pensee 
qui  m'etait  venue  dans  I'esprit.  J'ai  fait,  en  la 
voyant  ici,  reflexion  sur  mon  age ;  et  j'ai  songe 
qu'on  pourra  trouver  a  redire  de  me  voir  marier  a 
une  si  jeune  personne.  Cette  consideration  m'en 
faisait  quitter  le  dessein  ;  et  comme  je  I'ai  fait 
demander,  et  que  je  suis  pour  elle  engage  de  parole, 
je  te  I'aurais  donnee,  sans  I'aversion  que  tu  te- 
moignes. 

Cl.  a  moi  ? 

Harp.  A  toi. 

Cl.  En  mariage  } 

Harp.  En  mariage. 

Cl.  Ecoutez  :  il  est  vrai  qu'elle  n'est  pas  fort  a  mon 
gout ;  mais  pour  vous  faire  plaisir,  mon  pere,  je 
me  resoudrai  a  I'epouser,  si  vous  voulez. 


sc.  III.]  THE  MISER  197 

Scene  III 
Harpagon,  Clbante 

Harp.  Come,  now^  apart  from  her  becoming  your 
step-mother^  what  do  you  think  of  this  person? 

Cl.  What  do  I  think  of  her  ? 

Harp.  Yes^  of  her  air,  of  her  figure,  of  her  beauty, 
of  her  nature  ? 

Cl.  So,  so. 

Harp.  Come,  come  ? 

Cl.  To  tell  you  frankly,  I  have  not  found  in  her 
what  I  was  led  to  believe.  Her  air  is  that  of  an 
outright  coquette ;  her  figure  is  very  awkward, 
her  beauty  very  common  and  her  nature  a  most 
ordinary  one.  Do  not  think  all  this  is  to  give 
you  a  distaste  for  her,  father ;  for,  as  step-mothers 
go,  I  would  as  soon  have  her  as  any  one  else. 

Harp.  Nevertheless,  you  said  to  her  just  now  .  .  . 

Cl.  I  said  some  trifles  to  her,  in  your  name,  but  that 
was  to  please  you. 

Harp.  So  that  you  really  have  not  any  inclination 
towards  her  ? 

Cl.  J?    Not  at  all. 

Harp.  I  am  sorry  to  hear  that ;  for  it  puts  an  end 
to  an  idea  that  came  into  my  head.  When  I  saw 
her  here,  I  considered  my  age  ;  and  I  thought  what 
people  might  find  to  say  when  they  saw  me  marry 
so  young  a  person.  This  consideration  has  made 
me  give  up  the  design ;  and,  as  I  asked  for 
her  hand,  and  have  engaged  my  word,  I  would 
have  given  her  to  you,  if  it  had  not  been  for  the 
aversion  you  show. 

Cl.  Tome.? 

Harp.  To  you. 

Cl.  In  marriage  ? 

Harp.  In  marriage. 

Cl.  Listen  :  it  is  true  she  is  not  much  to  my  taste  ; 
but,  in  order  to  please  you,  father,  I  will  resolve 
to  marry  her,  if  you  wish  it. 


198  L'AVARE  [acte  iv. 

Harp.  Moi  ?  Je  suis  plus  raisonnable  que  tu  ne 
penses  :  je  ne  veux  point  forcer  ton  inclination. 

Cl.  Pardonnez-moi,  je  me  ferai  cet  effort  pour  I'a- 
mour  de  vous. 

Harp.  Non,  non  :  un  mariage  ne  saurait  etre  heureux 
ou  I'inclination  n'est  pas. 

Cl.  C'est  une  chose,  mon  pere,  qui  peut-etre  viendra 
ensuite  ;  et  Ton  dit  que  I'amour  est  souvent  un  fruit 
du  mariage. 

Harp.  Non :  du  cote  de  I'homme,  on  ne  doit  point 
risquer  I'affaire,  et  ce  sont  des  suites  facheuses,  ou 
je  n'ai  garde  de  me  commettre.  Si  tu  avais  senti 
quelque  inclination  pour  elle,  a  la  bonne  heure  :  je 
te  I'aurais  fait  epouser,  au  lieu  de  moi ;  mais  cela 
n'etant  pas,  je  suivrai  mon  premier  dessein,  et  je 
I'epouserai  moi-meme. 

Cl.  He  bien  !  mon  pere,  puisque  les  choses  sont 
ainsi,  il  faut  vous  decouvrir  mon  coeur,  il  faut  vous 
reveler  notre  secret.  La  verite  est  que  je  I'aime, 
depuis  un  jour  que  je  la  vis  dans  une  promenade ; 
que  mon  dessein  etait  tantot  de  vous  la  demander 
pour  femme ;  et  que  rien  ne  m'a  retenu  que  la 
declaration  de  vos  sentiments,  et  la  crainte  de  vous 
deplaire. 

Harp.  Lui  avez-vous  rendu  visite  ? 

Cl.  Oui,  mon  pere. 

Harp.  Beaucoup  de  fois  .'' 

Cl.  Assezj  pour  le  temps  qu'il  y  a. 

Harp.  Vous  a-t-on  bien  regu  ? 

Cl.  Fort  bien,  mais  sans  savoir  qui  j'etais  ;  et  c'est  ce 
qui  a  fait  tantot  la  surprise  de  Mariane. 

Harp.  Lui  avez-vous  de'clare  votre  passion,  et  le 
dessein  ou  vous  etiez  de  I'epouser.'' 

Cl.  Sans  doute  ;  et  meme  j'en  avais  fait  a  sa  mere 
quelque  peu  d'ouverture. 

Harp.  A-t-elle  ecoute',  pour  sa  fille,  votre  proposi- 
tion ? 

Cl.  Oui,  fort  civilement. 


sc.  III.]  THE  MISER  199 

Harp.  I  ?     I  am  more  reasonable  than  you  think  :  I 

do  not  wish  to  force  your  inclination. 
Cl.  Pardon  me,  I  will  make  this  effort  out  of  love 

for  you. 
Harp.  No,  no ;  no  marriage  can  be  happy  in  which 

inclination  is  absent. 
Cl.  Perhaps  it  might  follow,  fathpir^  pfople  say  that 
—    Iffv*^  i«  ftftP"  ^^^hA  fru\t  nf  mnrriap^ft. 

Harp.  No  :  one  ought  not  to  risk  that,  on  the  man's 
side.  I  don't  want  to  be  responsible  for  the  miser- 
able consequences  that  usually  follow.  If  you  had 
felt  any  inclination  for  her,  all  well  and  good  :  I 
would  have  let  you  marry  her  instead  of  me  ;  but, 
that  not  being  the  case,  I  shall  follow  my  first 
design  and  marry  her  myself. 

Cl.  Well!  father,  since  things  are  thus,  I  must  open 
out  my  heart  to  you,  and  tell  you  our  secret.  The 
truth  is  I  have  loved  her  ever  since  one  day  when  I 
saw  her  out  walking  ;  it  was  my  intention  a  short 
time  ago  to  ask  your  leave  to  make  her  my  wife  ; 
nothing  has  restrained  me  but  the  declaration  of 
your  sentiments,  and  the  fear  of  displeasing  you. 

Harp.  Have  you  visited  her  ? 

Cl.  Yes,  father. 

Harp.   Many  times  ? 

Cl.    Yes,  considering  the  short  time  I  have  known 

her. 
Harp.  Have  you  been  well  received  ? 
Cl.  Very  well,  but  without  her  knowing  who  I  am  ; 

and  it  was  that  which  so  surprised  Mariane  just 

now. 
Harp.    Have  you  told  her  of  your  love,  and  the 

design  you  have  to  marry  her  ? 
Cl.  Certainly  ;  and  I  have  even  made  some  slight 

overtures  to  her  mother. 
Harp.  Has  she  listened  to  your  proposition  for  her 

daughter  ? 
Cl.  Yes,  very  kindly. 


200  UAVARE  [acte  iv. 

Harp.  Et  la  fille  correspond-elle  fort  a  votre  amour  ? 

Cl.  Si  j'en  dois  croire  les  apparences,  je  me  persuade, 
mon  pere,  qu'elle  a  quelque  bonte  pour  moi. 

Harp.  Je  suis  bien  aise  d'avoir  appris  un  tel  secret , 
et  voila  justement  ce  que  je  demandais.  Oh  sus  ! 
mon  fils,  savez  vous  ce  qu'il  y  a  ?  c'est  qu'il  faut 
songer,  s'il  vous  plait,  a  vous  defaire  de  votre 
amour  ;  a  cesser  toutes  vos  poursuites  aupres  d'une 
personne  que  je  pretends  pour  moi ;  et  a  vous  marier 
dans  peu  avec  celle  qu'on  vous  destine. 

Cl.  Oui,  mon  pere,  c'est  ainsi  que  vous  me  jouez  ! 
He  bien  !  puisque  les  choses  en  sont  venues  1^,  je 
vous  declare,  moi,  que  je  ne  quitterai  point  la  pas- 
sion que  j'ai  pour  Mariane,  qu'il  n'y  a  point  d'ex- 
tremite  ou  je  ne  m'abandonne  pour  vous  disputer 
sa  couquete ;  et  que  si  vous  avez  pour  vous  le 
consentement  d'une  mere,  j'aurai  d'autres  secours 
peut-etre  qui  combattront  pour  moi. 

Harp.  Comment,  pendard  ?  tu  as  I'audace  d'aller  sur 
mes  brisees  ? 

Cl.  C'est  vous  qui  allez  sur  les  miennes ;  et  je  suis  le 
premier  en  date. 

Harp.  Ne  suis-je  pas  ton  pere  ?  et  ne  me  dois-tu  pas 
respect  ? 

Cl.  Ce  ne  sont  point  ici  des  choses  ou  les  enfants 
soient  obliges  de  deferer  aux  peres ;  et  1' amour  ne 
connait  personne.  —— —  . 

-^JO^       Harp.    Je  te  ^rai  bien  me  connaitre,  avec  de  bons 
^^     y         coups  de  baton. 

\r        ^^  Toutes  vos  menaces  ne  feront  rien. 
^X^^        Harp.  Tu  renonceras  a  Mariane. 

Cl.  Point  du  tout. 

Harp.  Donnez-moi  un  baton  tout  a  I'heure. 


sc.  III.]  THE  MISER  201 

Harp.  And  does  the  girl  return  your  love  ? 

Cl.  If  I  may  trust  to  appearances,  I  am  persuaded, 
father,  that  she  feels  some  kindness  towards,  me. 

Harp.   I  am  very  glad  to  have  learned  such  a  secret ; 
it  is  just  what  I  wanted.     Now,  look  here,  my  son, 
do  you  know  what  you  have  to  do?    You  must 
consider,  hy  your  leave,  how  to  get  rid  of  your 
passion  ;  how  to  cease  all  this  pursuit  of  a  person  \ 
I  intend  for  myself ;  and  you  must  marry  another  \ 
person   I  have  in  my  mind  for  you  as  soon  as  J 
possible. 

Cl.  So,  father,  it  is  thus  you  trick  me  !  "Well,  then  ! 
since  things  have  come  to  this,  I  swear  I  will  not 
cease  my  love  for  Mariane.  There  is  no  extreme 
to  which  I  will  not  go  in  disputing  the  conquest  of 
her  with  you ;  and,  if  you  have  on  your  side  the 
consent  of  a  mother,  I  have  other  helpers  who 
maybe  will  fight  on  my  side. 

Harp.    What  do   you   say,  you   gallows-bird.'*    You 

have  the  audacity  to  hunt  in  my  preserves? 
Cl.  It  is  you  who  are  poaching  on  mine ;  I  am  the 

first  there. 
Harp.  Am  I  not  your  father?     Do  you  not  owe  me 

respect  ? 
Cl.  This  is  not  a  matter  in  which  children  are  obliged 

to  give  in  to  fathers  ;  love  knows  no  respect  of 

person. 
Harp.  I  will  teach  you  to  respect  mine,  with  some 

sound  thwacks  of  a  stick. 
Cl.  Your  threats  are  nothing  to  me. 
Harp.  You  shall  renounce  Mariane. 
Cl.  Never. 
Harp.  Quick,  bring  me  a  stick. 


202  L'AVARE  [acte  iv. 

Scene  IV 
Maitre  Jacques,  Harpagon,  Cli&ante 

M.  J.    Eh,  eh,  eh,  Messieurs,  qu'est-ce  ci  ?  a  quoi 

songez-vous  ? 
Cl.  Je  me  moque  de  cela. 
M.  J.  Ah  !  Monsieur,  doucement. 
Harp.  Me  parler  avec  cette  impudence  ! 
M.  J.  Ah  !  Monsieur,  de  grace. 
Cl.  Je  n'en  demordrai  point. 
M.  J.  He  quoi  ?  a  votre  pere  ? 
Harp.  Laisse-moi  faire. 
M.  J.    He  quoi.''  a  votre  fils?    Encore  passe   pour 

moi. 
Harp.    Je  te  veux  faire  toi-meme,  maitre  Jacques, 

juge  de  cette  affaire,   pour  montrer  comme  j'ai 

raison. 
M.  J.  J'y  consens.     Eloignez-vous  un  peu. 
Harp.   J'aime  une  fille,  que  je  veux  epouser ;  et  le 

pendard  a  I'insolence  de  I'aimer  avec  moi,  et  d'y 

pretendre  malgre  mes  ordres. 
M.  J.  Ah  !  il  a  tort. 
Harp.  N'est-ce  pas  une  chose  ^pouvautable,  qu'un  fils 

qui  veut  entrer  en  concurrence  avec  son  pere.''  et 

ne  doit-il  pas,  par  respect,  s'abstenir  de  toucher  a 

mes  inclinations .'' 
M.  J.   Vous  avez  raison.     Laissez-moi  lui  parler,  et 

demeurez  la. 

(II  vient  trouver  Cl^ante  k  I'autre  bout  du  theatre.) 
Cl.  He  bien!  oui,  puisqu'il  veut  te  choisir  pour  juge, 

je  n'y  recule  point;  il  ne  m'importe  qui  ce  soit; 

et  je  veux  bien  aussi  me  rapporter  a  toi,  maitre 

Jacques,  de  notre  differend. 
M.  J.  C'est  beaucoup  d'honneur  que  vous  me  faites. 
Cl.  Je  suis  epris  d'une  jeune  personne  qui  re'pond  a 

mes  vceux,  et  re9oittendrement  les  offres  de  ma  foi ; 

et  mon  pere  s'avise  de  venir  troubler  notre  amour, 

par  la  demande  qu'il  en  fait  faire. 


8c.  IV.]  THE  MISER  203 

Scene  IV 
Maitbe  Jacques,  Harpagon,  CliSante 

M.  J.   Come,  come,  come.  Messieurs,  what  is  this? 

what  are  you  dreaming  about? 
Cl.   I  dou't  care  a  fig-  for  that. 
M.  J.  Ah  !  Monsieur,  gently. 
Harp.  To  talk  to  me  with  that  impudence  ! 
M.  J.  Ah  !  Monsieur,  I  beg  you. 
Cl.  I  will  not  give  way  an  inch. 
M.  J.  Eh,  what  ?  to  your  father  ? 
Harp.  Leave  me  to  deal  with  him. 
M.  J.  Eh,  what  ?  to  your  son  ?    It  might  be  excused 

if  the  blows  were  for  me. 
Harp.    You   yourself  shall  be  judge   in  this  affair, 

maitre  Jacques,  and  then  you  shall  see  whether  1 

am  right. 
M.  J.  I  agree.     Go  a  little  further  away. 
Harp.  I  love  a  girl,  and  I  wish  to  marry  her ;  this 

hangdog  has  the  insolence  to  love  her  as  well  and 

he  lays  claim  to  her  in  spite  of  my  orders. 
M.  J.  Ah  !  he  is  wrong. 
Harp.  Is  it  not  a  reprehensible  thing,  for  a  son  to 

seek  to  enter  into  rivalry  with  his  father  ?     Ought 

he  not,  out  of  respect,  to  abstain  from  interfering 

where  my  inclinations  are  ? 
M.  J.  You  are  right.     Let  me  speak  to  him  and  you 

remain  there. 

(He  goes  towards  Cleante,  at  the  other  side  of  the  stage.) 
Cl.  Well !  yes,  if  he  is  willing  to  choose  you  as  judge, 

I  have  nothing  to  say  against  it ;  it  does  not  matter 

to  me  who  is  judge  ;  I  am  quite  willing  to  refer  our 

quarrel  to  you,  maitre  Jacques. 
M.  J.  You  do  me  too  much  honour. 
Cl.  I  am  in  love  with  a  young  girl  who  responds  to 

my  passion  and  who  graciously  receives  the  tribute 

of  my  heart ;  now  my  father  takes  it  into  his  head 

to  disturb  our  love  by  the  demand  he  has  made  for 

her  himself. 


204  L'AVARE  [acte  iv. 

M.  J.  II  a  tort  assurement. 

Cl.  N'a-t-il  point  de  honte,  a  son  age,  de  songer  a  se 
marier  ?  lui  sied-il  bien  d'etre  encore  amoureux  ?  et 
ne  devrait-il  pas  laisser  cette  occupation  aux  jeunes 
gens  ? 

M.  J.  Vous  avez  raison,  il  se  moque.  Laissez-moi  lui 
dire  deux  mots.  (Il  revient  k  Harpagon.)  He  bien  ! 
votre  fils  n'est  pas  si  etrange  que  vous  le  dites,  et  il 
se  met  a  la  raison.  II  dit  qu'il  sait  le  respect  qu'il 
vous  doit,  qu'il  ne  s'est  emporte  que  dans  la  premiere 
chaleur,  et  qu'il  ne  fera  point  refus  de  se  soumettre 
a  ce  qu'il  vous  plaira,  pourvu  que  vous  vouliez  le 
traiter  mieux  que  vous  ne  faites,  et  lui  donner 
quelque  personne  en  mariage  dont  il  ait  lieu  d'etre 
content. 

Harp.  Ah  !  dis-lui,  maitre  Jacques,  que  moyennant 
cela,  il  pourra  esperer  toutes  choses  de  moi ;  et  que, 
hors  Mariano,  je  lui  laisse  la  liberte  de  choisir  celle 
qu'il  voudra. 

M.J.  (Ilvaaufils.)  Laissez-moi  fair  e.  He  bien!  votre 
pere  n'est  pas  si  deraisonnable  que  vous  le  faites ; 
et  il  m'a  temoigne  que  ce  sont  vos  emportements 
qui  I'ont  mis  en  colere ;  qu'il  n'en  veut  seulement 
qu'a  votre  maniere  d'agir,  et  qu'il  sera  fort  dispose 
a  vous  accorder  ce  que  vous  souhaitez,  pourvu  que 
vous  vouliez  vous  y  prendre  par  la  douceur,  et  lui 
rendre  les  deferences,  les  respects,  et  les  soumissions 
qu'un  fils  doit  a  son  pere. 

Cl.  Ah  !  maitre  Jacques,  tu  lui  peux  assurer  que,  s'il 
m'accorde  Mariano,  il  me  verra  toujours  le  plus 
soumis  de  tous  les  hommes ;  et  que  jamais  je  ne 
ferai  aucune  chose  que  par  ses  volontes. 

M.  J.  Cela  est  fait.     II  consent  a  ce  que  vous  dites. 

Harp.  Voila  qui  va  le  mieux  du  monde. 

M.  J.  Tout  est  conclu.  II  est  content  de  vos  pro- 
messes. 

Cl.  Le  Ciel  en  soit  loue  ! 

M.  J.  Messieurs,  vous  n'avez  qu'a  parler  ensemble: 
vous  voila  d'accord  maintenant ;  et  vous  alliez  vous 
quereller,  faute  de  vous  entendre. 


sc.  IV.]  THE  MISER  205 

M.  J.  He  is  certainly  wrong. 

Cl.  Is  it  not  disgraceful,  at  his  age,  to  think  of 
marrying?  does  it  become  him  to  be  again  in  love? 
ought  he  not  to  leave  that  occupation  to  young 
men? 

M.  J.  You  are  right,  he  is  joking.  Let  me  have  a  few 
words  with  him.  (Hegoes  back  to  Harpagon.)  Come, 
now  !  your  son  is  not  so  outrageous  as  you  say,  he 
is  open  to  reason.  He  says  he  knows  the  respect 
that  is  due  to  you,  and  that  he  was  carried  away  by 
momentary  warmth.  He  will  not  refuse  to  submit 
himself  to  what  course  may  please  you,  provided 
you  will  treat  him  better  than  you  have  of  late,  and 
give  him  some  person  in  marriage  with  whom  he 
can  content  himself. 

Harp.  Ah  !  tell  him,  maitre  Jacques,  that,  on  those 
terms,  he  can  hope  all  things  from  me ;  and  that, 
putting  Mariane  on  one  side,  I  leave  him  at  liberty 
to  choose  whom  he  will. 

M.  J.  (He  goe3  to  the  son.)  Leave  it  to  me.  Come, 
now  !  your  father  is  not  so  unreasonable  as  you 
make  out ;  he  states  that  it  was  your  violence  which 
made  him  angry ;  he  only  objects  to  your  manner 
of  doing  things  and  he  will  be  quite  disposed  to 
give  you  what  you  wish,  provided  you  will  take 
things  gently,  and  pay  him  that  deference,  respect 
and  submission  which  a  sou  owes  to  his  father. 

Cl.  Ah  !  maitre  Jacques,  you  can  assure  him  that,  if 
he  gives  me  Mariane,  he  will  always  find  in  me  the 
most  submissive  of  men  ;  I  will  never  do  anything 
save  with  his  consent. 

M.  J.  That  is  all  right.     He  agrees  to  what  you  say. 

Harp.  That  is  excellent. 

M.  J.  All  is  finished.  He  is  satisfied  with  your 
promises. 

Cl.  Heaven  be  praised  ! 

M.  J.  Messieurs,  you  have  but  to  talk  matters  over 
together  :  you  are  now  agreed  ;  you  were  going  to 
quarrel  because  you  did  not  understand  each  other. 


206  L'AVARE  [acte  rv. 

Cl.    Mon  pauvre  maitre  Jacques,  je  te  serai  oblige 

toute  ma  vie. 
M.  J.  II  n'y  a  pas  de  quoi.  Monsieur. 
Harp.   Tu  m'as  fait  plaisir,  maitre  Jacques,  et  cela 
merite  une  recompense.     Va,  je  m'en  souviendrai, 
je  t' assure. 

(II  tire  son  mouchoir  de  sa  poche,  ce  qui  fait  croire  k 
maitre  Jacques  qu'il  va  lui  donner  quelque  chose.) 
M.  J.  Je  vous  baise  les  mains. 


Scene  V 
Clibante,  Harpagon 

Cl.   Je  vous  demande  pardon,  mon  pere,  de  I'em- 

portement  que  j'ai  fait  paraitre. 
Harp.  Cela  n'est  rien. 
Cl.    Je  vous  assure  que  j'en  ai  tous  les  regrets  du 

monde. 
Harp.  Et  moi,  j'ai  toutes  les  joies  du  monde  de  te 

voir  raisonnable. 
Cl.  Quelle  bonte  a  vous  d'oublier  si  vite  ma  faute  ! 
Harp.    On  oublie  aisement  les  fautes  des  enfants, 

lorsqu'ils  rentrent  dans  leur  devoir. 
Cl.    Quoi.''  ne  garder  aucun  ressentiment  de  toutes 

mes  extravagances  ? 
Harp.  C'est  une  chose  ou  tu  m'obliges  par  la  sou- 
mission  et  le  respect  ou  tu  te  ranges. 
Cl.    Je  vous  promets,  mon  pere,  que,  jusques  au 

tombeau,  je  conserverai  dans  mon  cceur  le  souvenir 

de  vos  bontes. 
Harp.  Et  moi,  je  te  promets  qu'il  n'y  aura  aucune 

chose  que  de  moi  tu  n'obtiennes. 
Cl.  Ah  !  mon  pere,  je  ne  vous  demande  plus  rien  ;  et 

c'est  m'avoir  assez  donne  que  de  me  donner  Mariane. 
Harp.  Comment? 
Cl.  Je  dis,  mon  pere,  que  je  suis  trop  content  de  vous, 

et  que  je  trouve  toutes  choses  dans  la  bonte  que 

vous  avez  de  m'accorder  Mariane. 


sc.  v.]  THE  MISER  207 

Cl.  My  good  maitre  Jacques,  I  shall  be  indebted  to 

you  all  my  life. 
M.  J.  It  is  nothing.  Monsieur. 
Harp.    You  have  pleased  me,  maitre  Jacques,  and 

that  merits  a  reward.     Go,  I  assure  you  I  shall 

remember  it. 

(He  draws  his  handkerchief  out  of  his  pocket,  making 

maitre  Jacques  believe  he  was  going  to  give  him  something.) 
M.  J.  I  thank  you  kindly  ! 


Scene  V 

Cli^ante,  Harpagon 

Cl.    I  beg  your  pardon,  father,   for  the  temper  I 

showed. 
Harp.  Never  mind. 
Cl.  I  assure  you  I  am  deeply  sorry. 

Harp.    And  I  that  I  am  overjoyed  to  find  you  so 

reasonable. 
Cl.  How  good  of  you  so  soon  to  overlook  my  fault ! 
Harp.  One  easily  forgets  the  faults  of  children,  when 

they  return  to  their  duty. 
Cl.    And    you  do  not  cherish  any  resentment  on 

account  of  all  my  extravagances  .f* 
Harp.  You  coerce  me  to  abandon  it  by  the  submission 

and  respect  you  show. 
Cl.    I  promise  you,  father,  that  I  shall  retain  the 

recollection  of  your  goodness  to  my  dying  day. 

Harp.  And  I  promise  you  that  there  is  nothing  you 

will  not  be  able  to  obtain  from  me. 
Cl.   Ah  !  father,  I  do  not  ask  anything  further ;  in 

giving  me  Mariane  you  have  given  me  sufficient. 
Harp.  What  do  you  say  ? 
Cl.  That  I  am  quite  content,  father,  with  what  you 

have  done,  for  your  goodness  in  giving  me  Mariane 

is  all  the  world  to  me. 


208  L'AVARE  [acte  iv. 

Harp.  Qui  est-ce  qui  parle  de  t'accorder  Mariane  ? 

Cl.  Vous,  mon  pere. 

Harp.  Moi.> 

Cl.  Sans  doute. 

Harp.  Comment .''  c'est  toi  qui  as  promis  d'y  renoncer. 

Cl.  Moi,  y  renoncer.'* 

Harp.  Oui. 

Cl.  Point  du  tout. 

Harp.  Tu  ne  t'es  pas  departi  d'y  pretendre  ? 

Cl.  Au  contraire,  j'y  suis  porte  plus  que  jamais. 

Harp.  Quoi.''  pendard,  derechef.'* 

Cl.  Rien  ne  me  peut  changer. 

Harp.  Laisse-moi  faire,  traitre. 

Cl.  Faites  tout  ce  qu'il  vous  plaira. 

Harp.  Je  te  defends  de  me  jamais  voir. 

Cl.  a  la  bonne  heure. 

Harp.  Je  t'abandonne. 

Cl.  Abandonnez. 

Harp.  Je  te  renonce  pour  mon  fils. 

Cl.  Soit. 

Harp.  Je  te  desherite. 

Cl.  Tout  ce  que  vous  voudi-ez. 

Harp.  Etje  te  donne  ma  malediction. 

Cl.  Je  n'ai  que  faire  de  vos  dons. 


ScfcNE  VI 
La  Fl^iche,  Cleante 

La  F.  (sortant  du  jardin,  avec  une  cassette. )  Ah  !  Monsieur, 
que  je  vous  trouve  a  propos  !  suivez-moi  vite. 

Cl.  Qu'ya-t-il.^ 

La  F.  Suivez-moi,  vous  dis-je  :  nous  sommes  bien. 

Cl.  Comment  ? 

La  F.  Voici  votre  affaire. 

Cl.  Quoi.'' 


sc.  VI.]  THE  MISER  209 

Harp.  Who  spoke  of  giving  you  Mariane.^ 

Cl.  You,  father. 

Harp.  I? 

Cl.  Certainly. 

Harp.  What  do  you  mean  }    It  is  you  who  promised 

to  renounce  her. 
Cl.  I,  to  renounce  her  ? 
Harp.  Yes. 
Cl.  Not  at  all. 
Harp.    You  have  not  given  up  your  pretensions  to 

her  hand  ? 
Cl.  On  the  contrary,  I  am  keener  than  ever. 
Harp.  What  ?  you  hangdog,  you  begin  again  ? 
Cl.  Nothing  will  alter  me. 
Harp.  Let  me  get  at  you,  you  villain. 
Cl.  Do  whatever  you  like. 
Harp.  I  forbid  you  ever  to  see  me  again. 
Cl.  All  right. 
Harp.  J_i:a.st-ye»~out. 
Cl.  Cast  me  out. 
Harp.  T  fPnnnnp^  Yf^n  no  my  non. 
Cl.  So  be  it. 

Harp.    T  rHa^nTiArif   yon. 

Cl.  Just  as  you  like. 

Harp.  And  I  give  vou  my^cursft. 

Cl.  I  have  no  use  for  your  giftsT 

Scene  VI 
La  Fleche,  Clieante 

La  P\    (coming  from    the  garden,   with  a  casket.)    Ah  ! 

Monsieur,   how   lucky   I  met  you  !      Follow  me 

quickly. 
Cl.   What  is  it  ? 

La  F.  Follow  me,  I  tell  you  ;  we  are  all  right. 
Cl.  What  do  you  mean  ? 
La  F.  This  is  your  affair. 
Cl.  What? 

o 


210  L'AVARE  [acte  iv. 

La  F.  J'ai  guigne  ceci  tout  le  jour. 
Cl.  Qu'est-ce  que  c'est  ? 

La  F.  Le  tresor  de  votre  pere  que  j'ai  attrape. 
Cl.  Comment  as-tu  fait  ? 

La  F.  Vous  saurez  tout.     Sauvons-nous,  je  I'entends 
crier. 


Sc^NE  VII 
Harpagon 

(n  crie  au  voleur  des  le  jardin  et  vient  sans  chapeau.) 

Au  voleur  !  au  voleur  !  a  Tassassin  !  au  meurtrier  1 
Justice,  juste  Ciel  !  je  suis  perdu,  je  suis  assassin e, 
on  m'a  coupe  la  gorge,  on  m'a  de'robe  mon  argent. 
Qui  peut-ce  etre  ?  Qu'est-il  devenu  }  Ou  est-il  ? 
Ou  se  cache-t-il  ?  Que  ferai-je  pour  le  trouver  ? 
Ou  courir  ?  Ou  ne  pas  courir  ?  N'est-il  point  la  ? 
N'est-il  point  ici  ?  Qui  est-ce  ?  Arrete.  Rends- 
moi  mon  argent,  coquin  ...  (II  se  prend  lui-merae 
lebras.)  Ah  !  c'est  moi !  Mon  esprit  est  trouble,  et 
j'ignore  ou  je  suis,  qui  je  suis,  et  ce  que  je  fais. 
Helas  !  mon  pauvre  argent,  mon  pauvre  argent, 
mon  cher  ami  !  on  m'a  prive  de  toi ;  et  puisque  tu 
m'es  enleve,  j'ai  perdu  mon  support,  ma  consola- 
tion, ma  joie  ;  tout  est  fini  pour  moi,  et  je  n'ai  plus 
que  faire  au  monde  :  sans  toi,  il  m'est  impossible 
de  vivre.  C'en  est  fait,  je  n'en  puis  plus ;  je  me 
meurs,  je  suis  mort,  je  suis  enterre.  N'y  a-t-il 
personne  qui  veuille  me  ressusciter,  en  me  rendant 
mon  cher  argent,  ou  en  m'apprenant  qui  I'a  pris  ? 
Euh  ?  que  dites-vous  ?  Ce  n'est  personne.  II  faut, 
qui  que  ce  soit  qui  ait  fait  le  coup,  qu'avec  beau- 
coup  de  soin  on  ait  epie  I'heure  ;  et  I'on  a  choisi 
justement  le  temps  que  je  parlais  amon  traitre  de 
fils.  Sortons.  Je  veux  aller  (fU^Tr**la*]Justice,  et 
faire  donner  la  question  a  to'ule  la  maison  :  a 
servantes,  a  valets,  a  fils,  a  fiUe,  et  a  moi  aussi. 


sc.  VII.]  THE  MISER  211 

La  F.  I  have  been  on  tlie  look-out  for  this  all  day. 
Cl.  What  have  you  got  there  ? 
La  F.  Your  father's  treasure,  which  I  have  pinched. 
Cl.  How  did  you  do  it  ? 

La  F.  You  shall  know  all.     Let  us  be  off,  I  hear  him 
caU. 

Scene  VII  ^4^ 


Harpagon  =  i  1^  -     I 

(He  cries  '  thieves '  in  the  garden,  and  comes  on  | 

without  his  hat. )  i 

Thieves  !  thieves  !  murder  !  murder  !    Justice,  great  | 

Heavens  !    I  am  lost,  I  am  killed,  they  have  cut  j 

my  throat,   they  have  robbed  me  of  my  money.  i 

Who  can  it  be  }    What  has  become  of  him  }    Where  \ 
is  he  }    Where  is  he  hiding  ?     What  shall  I  do  to 

find  him  }    Where  shall  I  run }    Where   shall  I  : 

not  run  ?    Is  he  not  there  ?      Is  he  not  here  ?  j 

Where  is  he.'*     Stop.     Give  me  back  my  money,  : 

you  scoundrel  .   .  .    (He  seizes  hold  of  his  own  arm.)  • 

Ah  !  it  is  I !     My  mind  is  upset,  I  do  not  know  \ 

where  I  am,  who  I  am,  what  I  do.     Alas  !  my  poor  \ 

money,  my  poor  money,  my  dear  friend  !  they  have  \ 

deprived  me  of  you,  and,  now  that  you  are  taken  ji 

away  from  me,  I  have  lost  my  support,  my  consola-  i 

tion,  my  joy  ;  all  is  finished,  I  have  no  longer  any  \ 
concern  with  the  world  :  without  you,  it  is  impos- 
sible for  me  to  live.     All  is  over,  I   cannot  do 

anything  more,   I   am   dying,  I   am   dead,    I   am  j 

buried.     Is  there  no  one  who  will  bring  me  back  j 

to  life  by  giving  me  back  my  dear  money,  or  by  1 

telling  me  who  has  taken  it .''    Eh  ?  what  did  you  \ 

say  ?    It  was  no  one.     Whoever  has  done  this  deed  i 

has  carefully  watched  for  his  opportunity  ;  he  has  1 

chosen  just  the  time  when  I  was  speaking  to  my  ' 

wretch  of  a  son.     I  must  go  out.     I  will  send  foy  \ 
the  police  and  have  all  the  house  put  to  the^orture. 


212  L'AVARE  [acte  v. 

Que  de  gens  assembles  !  Je  ne  jette  mes  regards 
sur  personne  qui  ne  me  donne  des  soup9ons,  et 
tout  me  semble  mon  voleur.  Eh  !  de  quoi  est-ce 
qu'on  parle  la  ?  De  celui  qui  m'a  derobe  ?  Quel 
bruit  fait-on  la-haut?  Est-ce  mon  voleur  qui  y 
est?  De  grace,  si  Ton  sait  des  nouvelles  de  mon 
voleur,  je  supplie  que  Ton  m'en  dise.  N'est-il  point 
cache  la  parmi  vous  ?  lis  me  regardent  tous,  et  se 
mettent  a  rire.  Vous  verrez  qu'ils  ont  part  sans 
doute  au  vol  que  Ton  m'a  fait.  Aliens  vite,  des 
commissaires,  des  archers,  des  prevots,  des  juges, 
des  genes,  des  potences  et  des  bourreaux.  Je  veux 
faire  pendre  tout  le  monde ;  et  si  je  ne  retrouve 
mon  argent,  je  me  pendrai  moi-meme  apres. 

FIN    DU    QUATRIEME   ACTE. 


ACTE   V 

Scene  I 

Harpagon,  Le  Commissaire,  Son  Clerc 

Le  Com.  Laissez-moi  faire  :  je  sais  mon  metier,  Dieu 
merci.  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  que  je  me  mele 
de  decouvrir  des  vols  ;  et  je  voudrais  avoir  autant 
de  sacs  de  mille  francs  que  j'ai  fait  pendre  de  per- 
sonnes. 

Harp.  Tous  les  magistrats  sont  interesses  a  prendre 
cette  affaire  en  main  ;  et  si  Ton  ne  me  fait  retrouver 
mon  argent,  je  demanderai  justice  de  la  justice. 

Le  Com.  II  faut  faire  toutes  les  poursuites  requises. 

Vous  dites  qu'il  y  avait  dans  cette  cassette  .  .  .  ? 
Harp.  Dix  mille  ecus  bien  comptes. 
Le  Com.  Dix  mille  ecus  ! 
Harp.  Dix  mille  ecus. 


.  I.]  THE  MISER  213 

servants,  lackeys,  see,-  4auglitfiiL..aiul_m jself  also. 
What  a  crowd  there  is  !  I  cannot  look  on  any 
one  whom  I  do  not  suspect,  they  all  look  as  though 
they  had  robbed  me.  Ah  !  what  are  they  talking 
about  there  ?  Of  him  who  has  robbed  me  ?  What 
is  that  noise  up  there  ?  Is  the  thief  there  ?  For 
pity's  sake,  if  you  know  anything  of  the  robber, 
I  beseech  you  to  tell  me.  Is  he  not  hidden  among 
you?  They  all  look  at  me  and  begin  to  laugh. 
You  will  see  that  they  have  shared  in  the  plunder, 
no  doubt.  Come  quickly,  magistrates,  detectives, 
sergeants,  judges,  racks,  gallows  and  hangmen. 
J  will  hang  the  wholejgx>rld_Landjf J[  do  not  ^^^^  / 
my  money,  I  wUltJi^nhan^  myself,  / 

END    OP   THE   FOURTH   ACT. 


ACT  V 

Scene  I 
Harpagon,  The  Magistrate,  His  Clerk 

Mag.  Leave  it  to  me  :  I  know  my  own  business,  thank 
Heaven.  To-day  is  not  the  first  time  I  have  set 
about  ferreting  out  robberies  ;  I  wish  I  had  as 
many  bags  of  1000  francs  each  as  I  have  caused 
fellows  to  be  hung. 

Harp.  Every  magistrate  must  concern  himself  to 
take  this  matter  in  hand  ;  if  they  do  not  find  my 
money  for  me,  I  shall  demand  justice  upon  the 
dispensers  of  justice. 

Mag.  We  must  follow  the  usual  procedure.  You 
said  there  was  in  this  casket  .  .  . 

Harp.  Ten  thousand  crowns  hard  cash. 

Mag.  Ten  thousand  crowns  ! 

Harp.  Ten  thousand  crowns. 


214  L'AVARE  [actbv. 

Le  Com.  Le  vol  est  considerable. 

Harp.  II  n'y  a  point  de  supplice  assez  grand  pour 
Teuormite  de  ce  crime  ;  et  s'il  demeure  impuni,  les 
choses  les  plus  sacrees  ne  sont  plus  en  surete'. 

Le  Com.  En  quelles  especes  etait  cette  somme  .'' 

Harp.  En  bons  louis  d'or  et  pistoles  bien  tre'bu- 
ch  antes. 

Le  Com.  Qui  soupgonnez-vous  de  ce  vol .'' 

Harp.  Tout  le  monde  ;  et  je  veux  que  vous  arretiez 
prisonniers  la  ville  et  les  faubourgs. 

Le  Com.  11  faut,  si  vous  m'en  croyez_,  n'efFaroucher 
personne,  et  tacher  doucement  d'attraper  quelques 
preuves,  afin  de  proceder  apres  par  la  rigueur  au 
recouvrement  des  deniers  qui  vous  ont  ete  pris. 


Sc&NE  II 

Maitre  Jacques,  Harpagon,  Le  Commissaire, 
Son  Clerc 

M.  J.  (au  bout  du  theatre,  en  se  retournant  du  cot^  dont  il 

sort.)  Je  m'en  vais  revenir.      Qu'on  me  I'egorge 

tout  a  I'heure  ;  qu'on  me  lui  fasse  griller  les  pieds, 

qu'on  me  le  mette  dans  I'eau  bouillante,  et  qu'on 

me  le  pende  au  plancher. 
Harp.  Qui  ?  celui  qui  m'a  derobe  ? 
M .  J.  Je  parle  d'un  cochon  de  lait  que  votre  inten- 

dant  me  vient  d'envoyer,  et  je  veux  vous  I'accom- 

moder  a  ma  fantaisie. 
Harp.  II  n'est  pas  question  de  cela;  et  voila  Monsieur, 

a  qui  il  faut  parler  d'autre  chose. 
Le  Com.  Ne  vous  e'pouvantez  point.     Je  suis  homme 

a  ne  vous  point  scandaliser,  et  les   choses  iront 

dans  la  douceur. 
M.  J.  Monsieur  est  de  votre  soupe .'' 
Le  Com.  II  faut  ici,  mon  cher  ami,  ne  rien  cacher 

a  votre  maitre. 
M.  J.  Ma  foi !  Monsieur,  je  montrerai  tout  ce  que 


sc.  II.]  THE  MISER  216 

Mag.  It  is  a  great  robbery. 

Harp.    No  punishment  is  severe  enough  to  fit  this 

enormous  crime ;   if  it  remains  unpunished,  the* 

most  sacred  things  are  no  longer  safe. 
Mag.  In  what  coins  was  this  sum  ? 
Harp.  In  good  louis  d'or  and  pistoles  of  full  weight. 

Mag.  Whom  do-ymi^&uspect^of  this  theft  .'^ 

Harp.    Every  one  ;   I  wish  you  to  take  the  whole 

town  and  suMrbs  prisoner. 
Mag.  If  you  follow  my  advice,  you  must  not  frighten 

any  one,   but  seek  quietly  to  get  hold  of  some 

proofs,  and  then  proceed  rigorously  in  the  recovery 

of  the  stolen  coin. 


Scene  II 

Maitre  Jacques,  Harpaqon,  The  Magistrate, 
His  Clerk 

M.  J.  (At  the  end  of  the  stage,  turning  to  the  wing  through 
which  he  entered.)  I  will  come  back  soon.  Let  the 
throat  be  cut  immediately  ;  the  feet  grilled,  put  in 
boiling  water  and  hung  from  the  ceiling. 

Harp.  Whose  }  the  thief's  ? 

M.  J.    I  am  speaking  of  a  sucking-pig,  which  your 

steward  has  just  sent  me,  and  I  want  to  prepare  it 

for  you  after  a  recipe  of  my  own. 
Harp.    Don't  bother  about    that ;    this   gentleman 

wishes  to  speak  to  you  about  something  else. 
Mag.  Do  not  be  afraid,  I  am  not  going  to  harry  you. 

Matters  must  go  smoothly. 

M.  J.  Is  Monsieur  coming  to  the  supper  ? 

Mag.  Nothing  must  be  hidden  from  your  master,  in 

this  matter,  my  dear  friend. 
M.  J.    I  assure  you.  Monsieur,  I  will  serve  you  as 


216  UAVARE  [acte  v. 

je  sais  faire,  et  je  vous  traiterai  du  mieux  qu'il  me 

sera  possible. 
Harp.  Ce  n'est  pas  la  I'affaire. 
M.  J.  Si  je  lie  vous  fais  pas  aussi  bonne  chere  que  je 

voudrais,  c'est  la  faute  de  Monsieur  votre  inten- 

dant,  qui  m'a  rogne'  les  ailes  avec  les  ciseaux  de 

son  e'conomie. 
Harp.  Traitre^  il  s'agit  d'autre  chose  que  de  souper  ; 

et  je  veux  que  tu  me  dises  des  nouvelles  de  I'argent 

qu'on  m'a  pris. 

M.  J.  On  vous  a  pris  de  I'argent } 

Harp.  Oui,  coquin ;  et  je  m'en  vais  te  faire  pendre, 
si  tu  ne  me  le  rends. 

Le  Com.  Mon  Dieu  !  ne  le  maltraitez  point.  Je  vois 
a  sa  mine  qu'il  est  honnete  homme,  et  que  sans  se 
faire  mettre  en  prison,  il  vous  decouvrira  ce  que 
vous  voulez  savoir.  Oui,  mon  ami,  si  vous  nous 
confessez  la  chose,  il  ne  vous  sera  fait  aucun  mal, 
et  vous  serez  recompense  comme  il  faut  par  votre 
maitre.  On  lui  a  pris  aujourd'hui  son  argent,  et  il 
n'est  pas  que  vous  ne  sachiez  quelques  nouvelles  de 
cette  affaire. 

M.  J.  (k  part.)  Voicijustement  ce  qu'il  me  faut  pour 
me  venger  de  notre  intendant :  depuis  qu'il  est 
entre  ceans,  il  est  le  favori,  on  n'ecoute  que  ses 
conseils ;  et  j'ai  aussi  sur  le  coeur  les  coups  de 
baton  de  tantot. 

Harp.  Qu'as-tu  a  ruminer  ? 

Le  Com.  Laissez-le  faire :  il  se  prepare  a  vous  contenter, 
et  je  vous  ai  bien  dit  qu'il  etait  honnete  homme. 

M.  J.  Monsieur,  si  vous  voulez  que  je  vous  dise  les 
choses,  je  crois  que  c'est  Monsieur  votre  cher  inten- 
dant qui  a  fait  le  coup. 

Harp.  Valere.'* 

M.  J.  Oui. 

Harp.  Lui !  qui  me  parait  si  fidele  } 

M.  J.  Lui-meme.  Je  crois  que  c'est  lui  qui  vous  a 
derobe. 


sc.  II.]  THE  MISER  217 

well  as  I  know  how,  and  bring  forth  the  best  I 

have. 
Harp.  That  is  not  the  question. 
M.  J.  If  I  do  not  provide  you  with  as  good  cheer  as 

I  would  like,  it  is  your  steward's  fault,,  who  has 

clipped  my  wings  with  the  scissors  of  his  economy. 

Harp.  Wretch^  other  business  than  that  of  the 
supper  is  on  foot ;  you  are  to  give  me  some  in- 
formation about  the  money  that  has  been  stolen 
from  me. 

M.  J.  Have  you  lost  some  money  ? 

Harp.  Yes,  villain  ;  and  I  will  have  you  hanged  if 
you  do  not  return  it  me. 

Mag.  Great  Heavens  !  do  not  abuse  him.  I  see  by 
his  face  he  is  an  honest  man,  and  without  put- 
ting him  in  prison  he  will  tell  you  what  you 
want  to  know.  .  .  .  Yes,  my  friend,  if  you  will 
confess  the  theft,  no  harm  shall  be  done  you,  and 
you  will  be  suitably  recompensed  by  your  master. 
Some  one  has  taken  his  money  to-day,  and  no  onej 
but  you  can  know  anything  about  the  matterW"^ 

M.  J.  (aside.)  This  is  just  what  I  wanted  to  avenge 
myself  on  our  steward  :  since  he  came  into  the 
house,  he  is  the  favourite,  and  only  his  advice  is 
listened  to ;  the  blows  he  gave  me  with  the  stick 
a  short  time  ago  weigh  upon  my  heart. 

Harp.  What  are  you  thinking  about  ? 

Mag.  Let  him  alone :  he  is  making  up  his  mind  to 
give  you  satisfaction.  I  told  you  he  was  an  honest 
man. 

M.  J.  Monsieur,  if  you  insist  upon  my  telling  you, 
I  believe  your  dear  steward  committed  the  deed. 

Harp.  Valere.'' 
M.  J.  Yes. 

Harp.  He  !  who  seemed  to  me  so  faithful  ? 
M.  J.   Himself.     I  believe  it  is  he  who  has  robbed 
you. 


218  L'AVARE  [aotb  v. 

Harp.  Et  sur  quoi  le  crois-tu  ? 

M.  J.  Sur  quoi  ? 

Harp.  Oui. 

M.  J.  Je  le  crois  .  .  .  sur  ce  que  je  le  crois. 

Le  Com.  Mais  il  est  necessaire  de  dire  les  indices  que 

vous  avez. 
Harp.  L'as-tu  vu  roder  autour  du  lieu  ou  j'avais  mis 

mon  argent .'' 
M.  J.  Oui,  vraiment.     Ou  etait-il  votre  argent? 
Harp.  Dans  le  jardin. 
M.  J.  Justement:  je  I'ai  vu  roder  dans  le  jardin.     Et 

dans  quoi  est-ce  que  cet  argent  etait? 
Harp.  Dans  une  cassette. 
M.  J.  Voila  I'affaire  :  je  lui  ai  vu  une  cassette. 
Harp.  Et  cette  cassette,  comment  est-elle  faite  ?    Je 

verrai  bien  si  c'est  la  mienne. 
M.  J.  Comment  elle  est  faite  ? 
Harp.  Oui. 
M.  J.   Elle  est  faite  .  .  .  elle  est  faite  comme  une 

cassette. 
Le  Com.   Cela  s'entend.     Mais  depeignez-la  un  peu, 

pour  voir. 
M.  J.  C'est  une  grande  cassette. 
Harp.  Celle  qu'on  m'a  vole'e  est  petite. 
M.  J.  Eh  !  oui,  elle  est  petite,  si  on  le  veut  prendre 

par  la ;  mais  je  I'appelle  grande  pour  ce  qu'elle 

contient. 
Le  Com.  Et  de  quelle  couleur  est-elle  ? 
M.  J.  De  quelle  couleur  ? 
Le  Com.  Oui. 
M.  J.    Elle  est  de  couleur  ...  la,  d'une  certaine 

couleur  .  .  .  Ne  sauriez-vous  m'aider  a  dire } 
Harp.  Euh? 

M.  J.  N'est-elle  pas  rouge  ? 
Harp.  Non,  grise. 
M.  J.    Eh  !  oui,  gris-rouge  :  c'est  ce  que  je  voulais 

dire. 
Harp.  II  n'y  a  point  de  doute :  c'est  elle  assurement. 

Ecrivez,  Monsieur,  ecrivez  sa  deposition.     Ciel !  a 

qui  desormais  se  fier  ?    11  ne  faut  plus  jurer  de  rien ; 


sc.  II.]  THE  MISER  219 

Habp.  "NVTiat  makes  you  think  that  ? 

M.  J.  What  makes  me  ? 

Harp.  Yes. 

M.  J.  Ibelieve  it  .  .  .  because  I  believe  it. 

Mag.  But  It  is  necessary  to  say  what  reason  you  have. 

Harp.    Have  you  seen  him  hang  around  the  place 

where  I  put  my  money .'' 
M.  J.  Yes,  indeed.     Where  was  your  money  .f* 
Harp.  In  the  garden. 
M.  J.  Just  so ;  I  saw  him  hang  round  in  the  garden. 

And  in  what  was  your  money  kept  ? 
Harp.  In  a  casket. 

M.  J.  That  is  just  it :  I  have  seen  him  with  a  casket. 
Harp.   And  this  casket,  how  was  it  made.'*     I  shall 

soon  know  if  it  is  mine. 
M.  J.  How  is  it  made  ? 
Harp.  Yes. 
M.  J.  It  is  made  ...  it  is  made  like  a  casket, 

Mag.    Of  course.     But  just  describe  it,  so  that  we 

may  recognise  it. 
M.  J.  It  is  a  large  casket. 

Harp.  The  one  taken  from  me  was  a  small  one. 
M.  J.  Oh  !  yes,  it  was  small,  if  it  comes  to  that ;  but 

I  call  it  large  because  of  what  it  holds. 

Mag.  Of  what  colour  is  it.'' 

M.J.  Of  what  colour  .f* 

Mag.  Yes. 

M.  J.  It  is  .  .  .  well,  of  a  certain  colour.  .  ,  .  Could 

you  not  help  me  to  describe  it .'' 
Harp.  Eh  .> 
M.  J.  Is  it  not  red. ^ 
Harp.   No,  grey. 
M.  J.  Ah  !  yes,  grey-red  :  that  was  what  I  wished  to 

say.  Jl, 

Harp.   Jbrrft  is  wf\  djlllhjij^t  JlJ^jJ^^^^b'  ^^^^^^'^     J"^  jzy 

Write,  Monsieur,  wnteTns  deposition.     Heavens  !      if^^"^^^^^ 

whom  can  one  now  trust }    It  is  not  possible  to  put       " 


220  L'AVARE  f,^,. 

"^'n/'  .^^n^'eur,  le  voici  qui  revient     Ne  lui  allez 


Scene  III 


Val&re,  Harpagon,  Le  Commissaire,  Son  Clerc, 
Maitre  Jacques 

Harp.    Approche :   viens  confesser  Taction  la   nln« 
coTSis.'""^*^*  le  plus  horrible  quitmSs'^i/^?! 

Vau  Que  voulez-vous.  Monsieur' 
crime?""""™*'  *™"''''  *"  "«  ™"^'^  P''^  de  ton 

Val.  De  quel  crime  voulez-vous  done  parler? 

SI  tu  ne  savais  pas  ce  que  je  veux  dire.     C'est  en 
vam  que  tu  pretendrais  de   le  deguisCT :  I'affaire 
est  decouverte,  et  I'on  vient  de  mlpprendre  t^t 
Comment  abuser  ainsi  de  ma  bonte/et  s'SZe 

tr  detrnatu^-e"  ""^  *-'""^'  "»"  ^  i«-  - 

Val.  Monsieur,  puisqu'on  vous  a  decouvert  tout    ie 

nejeux  pomt  chercher  de  detours  et  vous  n!^;  ia 

Vi/*  ^b  ^.^  •  ^^^^i«-J«  devine  sans  y  penser? 
Val.    C  etait  mon  dessem  de  vous  en  parler    et  ie 
youlais  attendre  pour  cela  des  conje^ctuiS  ?aVo 
rabies;  mais  puisqu'il  est  ainsi,  je  vous  conjure  de 
ral^ns.'  '"''  ''^'^'^  ''  ^'  ^«"^«^^  entenre'mes 
""tdeuHntt  '^"^^  ---  P--*-  -e  donner, 
Val    Ah  I  Monsieur,  je  n'ai  pas  merite  ces  noms.     II 
est  vrai  que  j'ai  commis  une  offense  envers  vous 
mais,  apres  tout,  ma  faute  est  pardonnable  ' 


sc.  III.]  THE  MISER  221 

faith  in  anything ;  after  this,  I  believe  I  might_be 
-jQapahlfi-of-TolLbin^  5iy  selT^ 
MrJ.  He  is  just  coming  back,  Monsieur.     At  least 
do  not  tell  him  I  revealed  all  this. 


Scene  III 

VALfeBB,  HaRPAGON,  ThE  MAGISTRATE,  HiS  ClERK, 

Maitre  Jacques 

Harp.  Come  here :  come  and  confess  the  blackest 
deed,  the  most  ghastly  crime  ever  committed. 

Val.  What  do  you  want.  Monsieur.'' 

Harp.  So,  traitor,  you  do  not  blush  at  your  crime  ? 

Val.  Of  what  crime  are  you  talking  ? 

Harp.  Of  what  crime  am  I  talking,  you  infamous 
scoundrel .''  as  though  you  do  not  know  what  I  mean. 
It  is  in  vain  for  you  to  pretend  to  disguise  it :  the 
affair  is  discovered,  and  I  have  just  learned  all. 
How  can  you  thus  abuse  my  kindness,  and  intro- 
duce yourself  into  my  house  on  purpose  to  betray 
me,  to  play  me  a  trick  like  this  ? 

Val.  Monsieur,  since  you  have  discovered  all,  I  will 
not  employ  any  subterfuge  or  deny  the  thing. 

M.  J.  Oh,  oh  !  have  I  guessed  it  unconsciously  } 
Val.  It  was  my  intention  to  speak  to  you  about  it, 
and  I  wanted  to  wait  for  a  favourable  occasion  ;  but 
since  it  is  thus,  I  beseech  you  not  to  be  angry,  and 
to  listen  to  my  reasons. 

Harp.    What  fine  reasons  can  you  put  forth,  you 

infamous  thief? 
Val.  Ah !  Monsieur,  I  have  not  deserved  these  names. 

It  is  true  I  have  committed  an  offence  against  you 

but,  after  all,  my  fault  is  pardonable. 


222  L'AVARE  [acte  v. 

Harp.  Comment,  pardonnable  ?    Un  guet-apens  ?  un 

assassinat  de  la  sorte? 
Val.    De  grace,   ne  vous   mettez   point  en  colere. 

Quand  vous  m'aurez  oui,  vous  verrez  que  le  mal 

n'est  pas  si  grand  que  vous  le  faites. 
Harp.  Le  mal  n'est  pas  si  grand  que  jelefais  !    Quoi.^ 

mon  sang,  mes  entrailles,  pendard  ? 
Val.  Votre  sang,  Monsieur,  n'est  pas  tombe  dans  de 

mauvaises  mains.     Je  suis  d'une  condition  a  ne  lui 

point  faire  de  tort,  et  il  n'y  a  rien  en  tout  ceci  que 

je  ne  puisse  bien  reparer. 
Harp.  C'est  bien  mon  intention,  et  que  tu  me  resti- 

tues  ce  que  tu  m'as  ravi. 
Val.  Votre  honneur.  Monsieur,  sera  pleinement  satis- 

fait. 
Harp.    II  n'est  pas  question  d'honneur  la -dedans. 

Mais,  dis-moi,  qui  t'a  porte'  a  cette  action  } 
Val.  Helas  !  me  le  demandez-vous  ? 
Harp.  Oui,  vraiment,  je  te  le  demande. 
Val.  Un  dieu  qui  porte  les  excuses  de  tout  ce  qu'il 

fait  faire  :  1' Amour. 
Harp.  L' Amour  .f* 
Val.  Oui. 
Harp.  Bel  amour,  bel  amour,  ma  foi !  I'amour  de  mes 

louis  d'or. 
Val.  Non,  Monsieur,  ce  ne  sont  point  vos  richesses 

qui  m'ont  tente ;  ce  n'est  pas  cela  qui  m'a  ebloui, 

et  je  proteste  de  ne  pretendre  rien  a  tous  vos  biens, 

pourvu  que  vous  me  laissiez  celui  que  j'ai. 
Harp.  Non  ferai,  de  par  tous  les  diables  !  je  ne  te  le 

laisserai  pas.    Mais  voyez  quelle  insolence  de  vouloir 

retenir  le  vol  qu'il  m'a  fait ! 

Val.  Appelez-vous  cela  un  vol  ? 

Harp.  Si  je  I'appelle  un  vol  ?  Un  tresor  comme 
celui-la  ! 

Val.  C'est  un  tresor,  il  est  vrai,  et  le  plus  precieux 
que  vous  ayez  sans  doute  ;  mais  ce  ne  sera  pas  le 
perdre  que  de  me  le  laisser.  Je  vous  le  demande 
a  genoux,  ce  tresor  plein  de  charmes ;  et  pour  bien 
faire,  il  faut  que  vous  me  I'accordiez. 


sc.  III.]  THE  MISER  223 

Harp.  What  do  you  mean  by  pardonable?    A  felony? 

a  death-blow,  like  this  ? 
Val.  For  pity's  sake,  do  not  be  angry.     When  you 

have  heard  me,  you  will  see  that  the  harm  is  not  so 

great  as  you  make  out. 
Harp.    The  harm  is  not  so  great  as  I  make  out ! 

What?  my  blood,  my  most  vital  part,  you  hangdog? 
Val.  Your  blood.  Monsieur,  has  not  fallen  into  bad 

hands.     I  am  not  the  man  to   stain  it,  there  is 

nothing  in  all  this  affair  that  I  cannot  make  good. 

Harp.  That  is  just  my  intention,  you  shall  restore 
me  what  you  have  taken  away  from  me. 

Val.  Your  honour,  Monsieur,  shall  be  amply  satis- 
fied. 

Harp.  There  is  no  question  of  honour  in  this  matter. 
But,  tell  me,  who  drove  you  to  this  deed  ? 

Val.  Alas  !  do  you  ask  me  that  ? 

Harp.  Yes,  certainly,  I  do  ask  it. 

Val.  a  god  who  invents  excuses  for  everything  he 
makes  people  do  :  Love. 

Harp.  Love? 

Val.   Yes. 

Harp.  A  fine  love,  a  fine  love,  upon  my  word  !  the 
love  of  my  louis  d'or. 

Val.  No,  Monsieur,  your  riches  have  not  tempted 
or  dazzled  me :  I  protest  1  do  not  covet  any  part 
of  your  property,  provided  you  let  me  keep  what 
I  have. 

Harp.  By  all  the  devils  I  shall  do  nothing  of  the 
kind  !  I  shall  not  let  you  have  it.  Just  think  what 
insolence,  to  wish  to  keep  the  property  he  has 
stolen  from  me  ! 

Val.  Do  you  call  it  a  theft  ? 

Harp.  Do  I  call  it  a  theft  ?    A  treasure  like  that ! 

Val.  It  is  true  it  is  a  treasure,  and,  without  doubt, 
the  most  precious  you  have;  but  you  would  not 
lose  it  in  letting  me  keep  it.  I  ask  you  on  my 
knees  for  this  dear  treasure ;  you  would  only  be 
doing  right  in  giving  it  to  me. 


224  L'AVARE  [acte  v. 

Harp.  Je  n'en  ferai  rien.     Qu'est-ce  a  dire  cela  ? 

Val.  Nous  nous  sommes  promis  une  foi  mutuellej  et 
avons  fait  serment  de  ne  nous  point  abandonner. 

Harp.  Le  serment  est  admirable,  et  la  promesse 
plaisante ! 

Val.  Oui,  nous  nous  sommes  engages  d'etre  Tun  a 
I'autre  a  jamais. 

Harp.  Je  vous  en  empecherai  bien,  je  vous  assure. 

Val.  Rien  que  la  mort  ne  nous  peut  separer. 

Harp.  C'est  etre  bien  endiable  apres  mon  argent. 

Val.  Je  vous  ai  deja  dit.  Monsieur,  que  ce  n'etait 
point  I'interet  qui  m'avait  pousse  a  faire  ce  que  j'ai 
fait.  Mon  coeur  n'a  point  agi  par  les  ressorts  que 
vous  pensez,  et  un  motif  plus  noble  m'a  inspire 
cette  resolution. 

Harp.  Vous  verrez  que  c'est  par  charite  cbre'tienne 
qu'il  veut  avoir  mon  bien ;  mais  j'y  donnerai  bon 
ordre ;  et  la  justice,  pendard  effronte,  me  va  faire 
raison  de  tout. 

Val.  Vous  en  userez  comme  vous  voudrez,  et  me  voila 
pret  a  souffrir  toutes  les  violences  qu'il  vous  plaira; 
mais  je  vous  prie  de  croire,  au  moins,  que,  s'il  y  a 
du  mal,  ce  n'est  que  moi  qu'il  en  faut  accuser,  et  que 
votre  fille  en  tout  ceci  n'est  aucunement  coupable. 

Harp.  Je  le  crois  bien,  vraiment ;  il  serait  fort 
etrange  que  ma  fille  eut  trempe  dans  ce  crime. 
Mais  je  veux  ravoir  mon  affaire,  et  que  tu  me  con- 
fesses en  quel  endroit  tu  me  I'as  enlevee. 

Val,  Moi?  je  ne  I'ai  point  enlevee,  et  elle  est  encore 
chez  vous. 

Harp.  O  ma  chere  cassette.  Elle  n'est  point  sorti  de 
ma  maison. 

Val.  Non,  Monsieur. 

Harp.  He  !  dis-moi  done  un  peu  :  tu  n'y  as  point 
touch e  ? 

Val.  Moi,   y  toucher }     Ah  !    vous  lui   faites  tort. 


sc.  III.]  THE  MISER  226 

Harp.  I  shall  not  do  anything  of  the  kind.  What 
does  all  this  mean  ? 

Val.  We  have  mutually  pledged  our  word,  and  have 
sworn  not  to  give  each  other  up. 

Harp.  The  oath  is  admirable,  the  promise  an  enter- 
taining one  ! 

Val.  Yes,  we  have  bound  ourselves  together  for 
ever. 

Harp.  I  can  assure  you  I  shall  interfere  with  that. 

Val.  Nothing  but  death  can  separate  us. 

Harp.  You  are  devilish  keen  after  my  money. 

Val.  I  have  told  you  already.  Monsieur,  that  it  is  not 
thought  of  that  which  has  led  me  to  do  what  I  have 
done.  My  heart  is  not  a  prey  to  the  feelings  you 
impute,  a  more  noble  motive  has  inspired  this 
resolution. 

Harp.  You  will  soon  say  you  have  taken  my  property 
from  motives  of  Christian  charity  ;  but  I  shall  have 
a  word  to  put  in  there;  and  justice,  you  brazen- 
faced gallows-bird,  shall  give  me  full  satisfaction. 

Val.  You  can  do  what  you  like,  I  am  perfectly 
ready  to  endure  all  the  torments  you  please ;  but 
I  beseech  you  at  least  to  believe  that,  if  any  harm 
has  been  done,  I  only  can  be  blamed,  and  your 
daughter  is  in  no  way  guilty. 

Harp.  I  believe  you,  fully ;  it  would  be  very  odd  if 
my  daughter  had  taken  part  in  this  crime.  But  I 
wish  to  see  my  property  again,  and  you  can  just 
tell  me  where  you  have  taken  it. 

Val.  I  .f*  I  have  not  taken  it  away,  it  *  is  still  in  your 
house. 

Harp.  Oh  my  dear  casket.  It  has  not  left  my 
house  ? 

Val.  No,  Monsieur. 

Harp.  Come  !  just  tell  me :  you  have  not  taken  any 
liberties  ? 

Val.  I,  take  liberties  ?     Ah  !  you  wrong  us  both  ;  it 

1  The  confusion  between  '  elle '  for  *  cassette '  in  Harpagon's 
mind  and  'elle'  for  'daughter'  in  Valere's  should  be  borne 
in  mind. 


226  L'AVARE  [acte  v. 

aussi  bien  qu'a  moi ;  et  c'est  d'une  ardeur  toute 

pure  et  respectueuse  que  j'ai  brule  pour  elle. 
Harp.  Brule  pour  ma  cassette  ! 
Val.  J'aimerais  mieux  mourir  que  de  lui  avoir  fait 

paraitre  aucune  pense'e  offensante  :    elle  est  trop 

et  trop  honnete  pour  cela. 
Harp.  Ma  cassette  trop  honnete  ! 
Val.  To  us  mes  desirs  se  sont  bornes  a  jouir  de  sa 

vue  ;  et  rien  de  crimiuel  n'a  profane'  la  passion  que 

ses  beaux  yeux  m'ont  inspiree. 

Harp.  Les  beaux  yeux  de  ma  cassette  !  II  parle 
d'elle  comme  un  amant  d'une  maitresse. 

Val.  Dame  Claude,  Monsieur,  sait  la  verite  de 
cette  aventure,  et  elle  vous  peut  rendre  temoi- 
gnage  ... 

Harp.  Quoi.''  ma  servante  est  complice  de  I'affaire  ? 

Val.  Oui,  Monsieur,  elle  a  ete  temoin  de  notre 
engagement ;  et  c'est  apres  avoir  connu  Thonnetete 
de  ma  flamme,  qu'elle  m'a  aide  a  persuader  votre 
fille  de  me  donner  sa  foi,  et  recevoir  la  mienne. 

Harp.  Eh.''    Est-ce  que  la  peur  de  la  justice  le  fait 

extravaguer.    Que  nous  brouilles-tu  ici  de  ma  fille  ? 
Val.  Je  dis,  Monsieur,  que  j'ai  eu  toKtes  les  peines 

du  monde  a  faire  consentir  sa  pudeur  a  ce  que 

voulait  mon  amour. 
Harp.  La  pudeur  de  qui  .'^ 
Val.  De  votre  fille ;  et  c'est  seulement  depuis  hier 

qu'elle  a  pu  se  resoudre  a  nous  signer  mutuellement 

une  promesse  de  mariage. 
Harp.  Ma  fille  t'a  signe  une  promesse  de  mariage  ! 

V^AL.  Oui,  Monsieur,  comme  de  ma  part  je  lui  en  ai 

signe  une. 
Harp.  O  Ciel  !  autre  disgrace  ! 
M.  J.   Ecrivez,  Monsieur,  ecrivez. 
Harp.  Rengregement  de  mal !  surcroit  de  desespoir  ! 

Allons,  Monsieur,  faites  le  du  de  votre  charge,  et 


Bc.  III.]  THE  xMISER  227 

is  a  perfectly  pure  and    respectful  ardour    that 

enflames  me. 
Harp.  Enflamed  with  my  casket ! 
Val.  1   would   much   rather  die   than   harbour   any 

oflfensive    thought :     there    are    too    many    good 

qualities  for  that. 
Harp.  Good  qualities  in  my  casket ! 
Val.  My  wishes  were  limited  to  the  pleasures  my 

eyes  received  ;  and  nothing  criminal  has  profaned 

the  passion  with  which  those  beautiful  eyes  have 

inspired  me. 
Harp.  The  beautiful  eyes  of  my  casket !     He  speaks 

as  a  lover  of  his  mistress. 
Val.  Dame  Claude,  Monsieur,   knows  the  truth  of 

this,  and  she  will  bear  witness  .   .   . 

Harp.  What  ?  is  my  servant  an  accomplice  in  this 
affair  } 

Val.  Yes,  Monsieur,  she  was  a  witness  of  our  engage- 
ment ;  and  it  was  after  having  learnt  the  honour- 
able intentions  of  my  passion,  that  she  aided  me  to 
persuade  your  daughter  to  give  me  her  word,  and 
to  receive  mine. 

Harp.  Eh  .''  has  the  fear  of  the  law  made  you  mad  ? 
What  rubbish  is  this  about  my  daughter  ? 

Val.  I  declare.  Monsieur,  that  I  had  the  greatest 
difficulty  imaginable  in  making  her  modesty  consent 
to  what  my  passion  desired. 

Harp.  Whose  modesty } 

Val.  Your  daughter's  :  it  was  not  until  yesterday 
that  she  could  bring  her  mind  to  sign  our  mutual 
engagement  to  marry. 

Harp.  My  daughter  has  signed  a  promise  to  marry 
you  ! 

Val.  Yes,  Monsieur,  as  I  have  signed  one  to  marry 
her. 

Harp.  O  Heavens  !  another  disgrace  ! 

M.  J.  Write,  Monsieur,  write. 

Harp.  Evil  upon  evil  !  misfortune  after  misfortune  ! 
Come,  Monsieur,   do  the   duty  attached   to   your 


228  L'AVARE  [actb  v. 

dressez-lui-moi  son  proces,  comme  larron  et  comme 
suborneur. 
Val.  Ce  sont  des  noms  qui  ue  me  sont  point  dus  ;  et 
quand  on  saura  qui  je  suis  .  .  . 


SciiNE  IV 

Elise,  Mariane,  Frosine,  Harpagon,  Valere, 
Maitre  Jacques,  Le  Commissaire,  Son  Clerc 

Harp.  Ah  !  fiUe  scelerate  !  fiUe  iudigne  d'un  pere 
comme  moi  !  c'est  ainsi  que  tu  pratiq^ies  les  le§ons 
que  je  t'ai  donnees  ?  Tu  te  laisses  prendre  d'amour 
pour  un  voleur  infame,  et  tu  lui  engages  ta  foi  sans 
mon  consentement  ?  Mais  vous  serez  trompes  I'un 
et  I'autre.  Quatre  bonnes  murailles  me  repon- 
dront  de  ta  conduite  ;  et  une  bonne  potence  me  fera 
raison  de  ton  audace. 

Val.  Ce  ne  sera  point  votre  passion  qui  jugera 
I'afFaire  ;  et  Ton  m'ecoutera,  au  moins,  avant  que 
de  me  condamner. 

Harp.  Je  me  suis  abuse  de  dire  une  potence,  et  tu 
^  seras  roue  tout  vif. 

El.  {k  genoux  devant  son  pfere.)  Ah  !  mon  pere,  prenez 
des  sentiments  un  peu  plus  humains,  je  vous  prie, 
et  n'allez  point  pousser  les  choses  dans  les  dernieres 
violences  du  pouvoir  paternel.  Ne  vous  laissez 
point  entrainer  aux  premiers  mouvements  de  votre 
passion,  et  donnez-vous  le  temps  de  considerer  ce 
que  vous  voulez  faire.  Prenez  la  peine  de  mieux 
voir  celui  dont  vous  vous  offensez  :  il  est  tout  autre 
que  vos  yeux  ne  le  jugent ;  et  vous  trouverez  moins 
etrange  que  je  me  sois  donnee  a  lui,  lorsque  vous 
saurez  que  sans  lui  vous  ne  m'auriez  plus  il  y  a 
longtemps.  Oui,  mon  pere,  c'est  celui  qui  me 
sauva  de  ce  grand  peril  que  vous  savez  que  j© 
courus  dans  I'eau,  et  a  qui  vous  devez  la  vie  de 
cette  meme  fille  dont  .  .  . 


so.  rv.]  THE  MISER  229 

ofRce,  and  draw  up  the  warrant  for  him  on  my 
accusation  as  a  thief  and  a  suborner. 
Val.  These  are  names  which  cannot  be  applied  to 
me  ;  when  people  know  who  I  am  .  .  , 


Scene  IV 

^LisE,  MarianBj  Frosine,  Harpagon,  Valere, 
Maitre  Jacques,  The  Magistrate,  His  Clerk. 

Harp.  Ah  !  wretched  girl !  unworthy  daughter  of 
such  a  father  as  I  am  !  is  it  thus  you  put  in  prac- 
tice the  lessons  I  have  given  you.'*  You  fall  in 
love  with  an  infamous  thief,  and  give  him  your 
word  without  my  consent.''  But  you  shall  both 
find  out  your  mistake.  Four  strong  walls  shall  be 
answerable  to  me  for  your  conduct ;  and  a  good 
gallows  shall  give  me  satisfaction  for  your  audacity. 

Val.  Your  anger  will  not  be  the  judge  in  this  affair  ; 
I  shall  at  least  have  a  hearing  before  I  am  con- 
demned. 

Harp.  I  w^as  in  error  in  speaking  of  a  gallows,  you 
^  shall  be  broken  alive  on  the  wheel. 

El.  (on  her  knees  before  her  father.)  Ah!  father,  be  a 
little  more  human,  I  beseech  you,  and  do  not  let 
your  paternal  power  push  matters  to  such  violent 
extremes.  Do  not  let  yourself  be  carried  away  by 
your  first  angry  feelings,  but  give  yourself  time  to 
consider  what  you  will  do.  Look  upon  him  who 
you  think  has  injured  you  with  kindlier  eyes  :  he  is 
quite  other  than  he  seems  in  your  eyes ;  you  will 
find  it  less  strange  that  I  have  given  myself  to  him, 
when  you  know  that  had  it  not  been  for  him  you 
•would  have  lost  me  long  ago.  Yes,  father,  it  is  he 
who  saved  me  from  the  great  danger  I  was  in  when 
I  fell  in  the  water  ;  he,  to  whom  you  owe  the  life 
of  that  very  daughter  who  .  .  . 


230  L'AVARE  [actb  v. 

Harp.  Tout  cela  n'est  rien  ;  et  il  valait  bien  mieux 
pour  moi  qu'il  te  laissat  noyer  que  de  faire  ce  qu'il 

^  a  fait. 

El.  Mon  pere,  je  vous  conjure,  par  Tamour  paternel, 
de  me  .  .   . 

Harp.  Non,  non  ;  je  ne  veux  rien  entendre  ;  et  il 
faut  que  la  justice  fasse  son  devoir. 

M.  J.  Tu  me  payeras  mes  coups  de  baton. 

Fros.  Void  un  etrange  embarras. 


ScilNE    V 

Anselmb,  Harpagon,  ElisEj  Marianb,  Frosine, 

ValAre,  Maitre  Jacques,  Le  Commissaire, 

Son  Clero 

Ans.  Qu'est-ce,  Seigneur  Harpagon  ?  je  vous  vois 
tout  e'mu. 

Harp.  Ah,  Seigneur  Anselme,  vous  me  voyez  le  plus 
infortune  de  tous  les  hommes  ;  et  voici  bien  du 
trouble  et  du  desordre  au  contrat  que  vous  venez 
faire  !  On  m'assassine  dans  le  bien,  on  m'assassine 
dans  I'honneur ;  et  voila  un  traitre,  un  scele'rat, 
qui  a  viole  tous  les  droits  les  plus  saints,  qui  s'est 
coule  chez  moi  sous  le  titre  de  domestique,  pour 
me  derober  mon  argent  et  pour  me  suborner  ma 
fille. 

Val.  Qui  songe  a  votre  argent,  dont  vous  me  faites 
un  galimatias .'' 

Harp.  Oui,  ils  se  sont  donne,-  I'un  et  I'autre  una 
promesse  de  mariage.  Get  affront  vous  regarde. 
Seigneur  Anselme,  et  c'est  vous  qui  devez  vous 
rendre  partie  centre  lui,  et  faire  toutes  les  pour- 
suites  de  la  justice,  pour  vous  venger  de  son  in- 
solence. 

Ans.  Ce  n'est  pas  mon  dessein  de  me  faire  epouser 
par  force,  et  de  rien  pretendre  a  un  coeur  qui  se 


sc.  v.]  THE  MISER  231 

Harp.  All  this  is  nothing- ;  it  woul^  have  been  far 
,hfittfirJbiLiria.ifLhe had  -leL-yau  drQWH-thanthatTHfi 

,  shimM. have. done jyhat„h£L.te 

El.  Father,  I  beseech  you,  by  your  paternal  love, 
to  .  .  . 

Harp.  No,  no,  I  will  not  listen  to  anything,  justice 
must  be  done. 

M.  J.  You  must  pay  me  for  my  cudgel-blows. 

Fros.  This  is  a  fine  look-out. 


Scene  V 

Anselme,  Harpagon,  Elise,  jMarianb,  Frosine, 

Valere,  Maitre  Jacques,  The  Magistrate, 

His  Clerk 

Ans.  What  is  it.  Seigneur  Harpagon }  You  look 
thoroughly  upset. 

Harp.  Ah,  Seigneur  Anselme,  you  behold  in  me  the 
most  unfortunate  of  men  ;  there  is  plenty  of  vexa- 
tion and  distress  connected  with  the  contract  you 
have  come  to  sign  !  I  have  been  wounded  mortally 
in  my  property,  I  have  been  wounded  mortally  in 
my  honour  ;  and  you  see  that  wretch,  that  scoun- 
drel, he  has  violated  the  most  holy  rights,  and 
wormed  himself  into  my  house  under  the  role  of  a 
servant,  to  rob  me  of  my  money  and  seduce  my 
daughter. 

Val.  What  a  cock  and  bull  story  !  Who  is  dreaming 
of  your  money? 

Harp.  Yes,  they  have  promised  each  other  in  mar- 
riage. This  affront  concerns  you,  Seigneur  Anselme, 
you  ought  to  take  up  arms  against  him  with  the 
utmost  rigour  of  the  law,  and  avenge  yourself  of 
his  insolence. 

Ans.  I  do  not  intend  to  marry  by  force,  or  lay  claim 
to  a  heart  which  is  already  engaged  ;   but  1  am 


232  UAVARE  [acte  v. 

serait  donne  ;  mais  pour  vos  interets,  je  suis  pret 
a  les  embrasser  ainsi  que  les  miens  propres. 
Harp.  Voila  Monsieur  qui  est  un  honnete  commis- 
saire,  qui  n'oubliera  rien,  a  ce  qu'il  m'a  dit,  de  la 
fonction  de  son  office.  Chargez-le  comme  il  faut. 
Monsieur,  et  rendez  les  choses  bien  criminelles. 

Val.  Je  ne  vois  pas  quel  crime  on  me  peut  faire  de 
la  passion  que  j'ai  pour  votre  fille  ;  et  le  supplice 
ou  vous  croyez  que  je  puisse  etre  condamne 
pour  notre  engagement,  lorsqu'on  saura  ce  que  je 
suis  .  .  . 

Harp.  Je  me  moque  de  tous  ces  contes  ;  et  le  monde 
aujourd'hui  n'est  plein  que  de  ces  larrons  de  no- 
blesse, que  de  ces  imposteurs,  qui  tirent  avantage 
de  leur  obscurite',  et  s'habillent  insolemment  du 
premier  nom  illustre  qu'ils  s'avisent  de  prendre. 

Val.  Sachez  que  j'ai  le  coeur  trop  bon  pour  me  parer 
de  quelque  chose  qui  ne  soit  point  a  moi,  et  que 
tout  Naples  peut  rendre  temoignage  de  ma  nais- 
sance. 

Ans.  Tout  beau  !  prenez  garde  a  ce  que  vous  allez 
dire.  Vous  risquez  ici  plus  que  vous  ne  pensez  ;  et 
vous  parlez  devant  un  homme  a  qui  tout  Naples  est 
connu,  et  qui  peut  aisement  voir  clair  dans  I'his- 
toire  que  vous  ferez. 

Val.  (en  mettant  fierement  son  chapeau.)  Je  ne  suis  point 
homme  a  rien  craindre,  et  si  Naples  vous  est  connu, 
vous  savez  qui  etait  Dom  Thomas  d'Alburcy. 

Ans.  Sans  doute,  je  le  sais ;  et  peu  de  gens  I'ont 
connu  mieux  que  moi. 

Harp.  Je  ne  me  soucie  ni  de  Dom  Thomas  ni  de 
Dom  Martin. 

Ans.  De  grace,  laissez-le  parler,  nous  verrons  ce  qu'il 
en  veut  dire. 

Val.  Je  veux  dire  que  c'est  lui  qui  m'a  donne  le 
jour. 

Ans.  Lui? 

Val.  Oui. 

Ans.  Allez  ;  vous  vous  moquez.     Cherchez  quelque 


sc.  v.]  THE  MISER  233 

ready  to  forward  your  interests  as  though  they  were 
my  own. 

Harp.  This  gentleman  is  an  upright  magistrate,  and 
he  tells  me  he  will  not  forget  anything  that  per- 
tains to  the  exercise  of  his  office.  Examine  him 
thoroughly,  Monsieur,  and  put  things  in  as  black 
a  light  as  possible. 

Val.  I  do  not  see  that  my  passion  for  your  daughter 
can  be  considered  a  crime ;  and,  when  it  is  known 
who  I  am,  the  punishment  you  think  I  ought  to 
bear  on  account  of  our  engagement  .  .  . 

Harp.  A  fig  for  all  these  tales  ;l  the  world  is  full  of 
vagabonds  and  impostors  who  make  out  they  are 

-  nobles;  they  take  advantage  ot  their  ~X)bscuriLy, 
and  insolently  assume  the  first  illustrious  name 
that  happens  to  come  into  their  heads. 

Val.  Please  understand  that  I  have  too  proud  a 
nature  to  deck  myself  with  anything  that  does  not 
belong  to  me,  and  that  all  Naples  can  bear  testi- 
mony to  my  birth. 

Ans.  Come,  come  !  take  care  what  you  are  going  to 
say.  You  run  a  greater  risk  in  this  matter  than 
you  think  ;  you  are  speaking  before  a  man  to  whom 
all  Naples  is  known,  who  can  easily  test  the  truth 
of  any  story  you  tell. 

Val.  (haughtily  putting  on  his  hat.)  I  do  not  fear  any- 
thing, and,  if  you  know  Naples,  you  know  Dom 
Thomas  d'Alburcy. 

Ans.  Certainly,  I  know  him  ;  few  men  better. 

Harp.  I  do  not  care  either  for  Dom  Thomas  or  for 

Dom  Martin. 
Ans.  Pray  let  him  speak,  we  shall  soon  see  what  he 

wishes  to  say. 
Val.  I  wish  to  say  that  to  him  I  owe  my  birth. 

Ans.  To  him  } 

Val.  Yes. 

Ans.  Come  ;  you  are  jesting.     Find  some  other  story 


234  L'AVARE  [acte  v. 

autre  histoire,  qui  vous  puisse  mieux  reussir,  et  ne 
pretendez  pas  vous  sauver  sous  cette  imposture. 

Val.  Songez  a  mieux  parler.  Cc  n'est  point  una 
imposture  ;  et  je  n'avance  rien  qu'il  ne  me  soit  aise 
de  justifier. 

Ans.  Quoi  ?  vous  osez  vous  dire  fils  de  Dom  Thomas 
d'Alburcy? 

Val.  Oui,  je  I'ose ;  et  je  suis  pret  a  souteuir  cette 
verite  contre  qui  que  ce  soit. 

Ans.  L'audace  est  merveilleuse.  Apprenez,  pour 
vous  confondre,  qu'il  y  a  seize  ans  pour  le  moius 
que  I'homme  dont  vous  nous  parlez  pe'rit  sur  mer 
avec  ses  enfants  et  sa  femme,  en  voulant  derober 
leur  vie  aux  cruelles  persecutions  qui  ont  accom- 
pagne  les  desordres  de  Naples,  et  qui  en  firent 
exiler  plusieurs  nobles  families. 

Val.  Oui ;  mais  apprenez,  pour  vous  confondre,  vous, 
que  son  Ills,  age  de  sept  ans,  avec  un  domestique, 
fut  sauve  de  ce  naufrage  par  un  vaisseau  espagnol, 
et  que  ce  fils  sauve  est  celui  qui  vous  parle  ;  appre- 
nez que  le  capitaine  de  ce  vaisseau,  touche  de  ma 
fortune,  prit  amitie  pour  moi ;  qu'il  me  fit  elever 
comme  son  propre  fils,  et  que  les  armes  furent  mon 
emploi  des  que  je  m'en  trouvai  capable  ;  que  j'ai  su 
depuis  peu  que  mon  pere  n'etait  point  mort,  comme 
je  I'avais  toujours  cru  ;  que  passant  ici  pour  Taller 
chercher,  une  aventure,  par  le  Ciel  concerte'e,  me 
fit  voir  la  charmante  Elise ;  que  cette  vue  me  ren- 
dit  esclave  de  ses  beautes ;  et  que  la  violence  de 
mon  amour,  et  les  severites  de  son  pere,  me  firent 
prendre  la  resolution  de  m'introduire  dans  son 
logis,  et  d'envoyer  un  autre  a  la  quete  de  mes 
parents. 

Ans.  Mais  quels  temoignages  encore,  autres  que  vos 
paroles,  nous  peuvent  assurer  que  ce  ne  soit  point 
une  fable  que  vous  ayez  batie  sur  une  verite.'* 

Val.  Le  capitaine  espagnol ;  un  cachet  de  rubis  qui 
etait  a  mon  pere  ;  un  bracelet  d'agate  que  ma  mere 
m'avait  mis  au  bras  ;  le  vieux  Pe'dro,  ce  domestique 
qui  se  sauva  avec  moi  du  naufrage. 


8c.  v.]  THE  MISER  236 

which  will  better  serve  your  purpose,  and  do  not 
seek  to  save  yourself  by  this  imposture. 

Val.  Learn  to  talk  somewhat  differently.  It  is  not 
an  imposture ;  I  do  not  assert  anything  but  what 
I  can  easily  prove 

Aivs.  What?  you  dare  to  call  yourself  the  son  of 
Dom  Thomas  d'Alburcy  ? 

Val.  Yes,  I  dare  ;  and  I  am  ready  to  maintain  the 
truth  of  what  I  say  against  any  one. 

Ans.  Your  audacity  is  marvellous.  Learn,  for  your 
confusion,  that  at  least  sixteen  years  ago,  the  man 
of  whom  you  speak  perished  on  the  sea  with  his 
wife  and  children,  whilst  seeking  to  take  them 
away  from  the  cruel  persecutions  which  accom- 
panied the  disorders  at  Naples,  wherein  so  many 
noble  families  were  exiled. 

Val.  Yes  ;  but  learn,  for  your  confusion,  in  your 
turn,  that  his  son,  aged  seven,  and  a  servant,  were 
saved  from  this  shipwreck  by  a  Spanish  vessel,  and 
that  the  son  so  saved  is  he  who  speaks  to  you  ;  learn, 
that  the  captain  of  this  vessel,  touched  by  my  mis- 
fortunes, took  pity  on  me,  brought  me  up  as  his 
own  son,  and  to  the  practice  of  arms  as  soon  as 
I  was  old  enough  ;  I  have  learned  but  lately  that 
my  father  is  not  dead,  as  I  had  always  believed  ; 
and,  whilst  passing  through  these  parts  to  seek  him, 
a  Heaven-directed  accident  brought  the  charming 
Elise  under  my  eyes,  and  rendered  me  a  slave  to 
her  beauty ;  the  violence  of  my  passion,  and  the 
harshness  of  her  father,  led  me  to  introduce  myself 
into  his  house,  and  decided  me  to  send  another 
person  in  quest  of  my  parents. 

Ans.  But  what  other  evidence  than  your  words  have 
you,  to  satisfy  us  that  this  is  not  a  fable  you  have 
built  up  on  a  slight  foundation  of  truth  } 

Val.  The  Spanish  captain ;  ^  j-yby  gpa.1  which  be- 
longed to  my  father ;  an  _agate  bracelet  which  my 
mother  put  on  my  arm  ;  old  Jb'eclro,"~the  servant 
who  was  saved  with  me  from  the  wreck. 


236  L'AVARE  [acte  v. 

Mar.  Helas  !  a  vos  paroles  je  puis  ici  repondre,  moi, 
que  vous  n'imposez  point ;  et  tout  ce  que  vous  dites 
me  fait  connaitre  clairement  que  vous  etes  mon 
frere. 

Val.  Vous  ma  soeur  ? 

Mar.  Oui.  Mon  coeur  s'est  emu  des  le  moment  que 
vous  avez  ouvert  la  bouche ;  et  notre  mere,  que 
vous  allez  ravir,  m'a  mille  fois  entretenue  des  dis- 
graces de  notre  famille.  Le  Ciel  ne  nous  fit  point 
aussi  perir  dans  ce  triste  naufrage  ;  mais  il  ne  nous 
sauva  la  vie  que  par  la  perte  de  notre  liberte  ;  et  ce 
furent  des  corsaires  qui  nous  recueillirent,  ma  mere 
et  moi,  sur  un  debris  de  notre  vaisseau.  Apres  dix 
ans  d'esclavage,  une  heureuse  fortune  nous  rendit 
notre  liberte,  et  nous  retournames  dans  Naples, 
ou  nous  trouvames  tout  notre  bien  vendu,  sans  y 
pouvoir  trouver  des  nouvelles  de  notre  pere.  Nous 
passames  a  Genes,  ou  ma  mere  alia  ramasser  quel- 
ques  malheureux  restes  d'une  succession  qu'on  avait 
de'chire'e;  et  de  la,  fuyant  la  barbare  injustice  de 
ses  parents,  elle  vint  en  ces  lieux,  ou  elle  n'a  presque 
vecu  que  d'une  vie  languissante. 

Ans.  O  Ciel !  quels  sont  les  traits  de  ta  puissance ! 
et  que  tu  fais  bien  voir  qu'il  n'appartient  qu'a  toi 
de  faire  des  miracles !  Embrassez-moi,  mes  enfants, 
et  melez  tous  deux  vos  transports  a  ceux  de  votre 
pere. 

Val.  Vous  etes  notre  pere  ? 

Mar.  C'est  vous  que  ma  mere  a  tant  pleure .'' 

Ans.  Oui,  ma  fille,  oui,  mon  fils,  je  suis  Dom  Thomas 
d'Alburcy,  que  le  Ciel  garantit  des  ondes  avec  tout 
I'argent  qu'il  portait,  et  qui  vous  ayant  tous  crus 
morts  durant  plus  de  seize  ans,  se  preparait,  apres  de 
longs  voyages,  a  chercher  dans  I'liymen  d'une  douce 
et  sage  personne  la  consolation  de  quelque  nouvelle 
famille.  Le  peu  de  surete  que  j'ai  vu  pour  ma  vie 
a  retourner  a  Naples,  m'a' fait  y  renoncer  pour  tou- 
jours  ;  et  ayant  su  trouver  moyen  d'y  faire  vendre 
ce  que  j'avais,  je  me  suis  ha])itue  ici,  ou,  sous  le 


sc.  v.]  THE  MISER  237 

Mar.  Ah !  I  can  answer  for  your  words  in  this  matter^ 
you  are  not  imposing ;  all  you  have  said  shows  me 
clearly  you  are  my  brother. 

Val.  You  are  my  sister  ? 

Mar.  Yes.  My  heart  stirred  the  moment  you  opened 
your  mouth ;  for  our  mother,  who  will  be  overjoyed 
to  see  you,  has  told  me  a  thousand  times  of  the 
misfortunes  of  our  family.  Heaven  decreed  that 
we  also  should  not  perish  in  that  sad  shipwreck ; 
but  our  lives  were  only  saved  by  the  loss  of  our 
liberty.  My  mother  and  I  were  rescued  from  the 
debris  of  our  vessel  by  corsairs,  and,  after  ten  years 
in  slavery,  a  happy  accident  restored  us  to  liberty. 
We  returned  to  Naples,  where  we  found  all  our 
property  sold,  and  we  were  not  able  to  hear  any 
news  there  of  my  father.  We  went  to  Genoa,  where 
my  mother  picked  up  some  sorry  fragments  of  an 
inheritance  that  had  been  broken  up ;  and  from 
thence,  fleeing  from  the  barbarous  injustice  of  her 
relations,  she  came  here,  where  she  has  barely  been 
able  to  keep  body  and  soul  together. 

Ans.  O  Heaven  !  how  wonderful  are  thy  deeds  !  how 
well  dost  thou  show  that  to  thee  only  belongs  the 
power  of  working  miracles  !  Embrace  me,  my 
children,  and  mingle  your  joys  with  those  of  your 
father. 

Val.  You  are  our  father  ? 

Mar.  For  whom  my  mother  has  wept  so  many 
tears  ? 

Ans.  Yes,  my  daughter,  yes,  my  son,  I  am  Dom 
Thomas  d'Alburcy,  whom  Heaven  saved  from  the 
waves  with  all  the  wealth  he  had  with  him  ;  who 
has  mourned  you  all  as  dead  for  more  than  sixteen 
years  and  who  was  prepared,  after  much  wandering, 
to  seek  in  marriage,  with  a  gentle  and  prudent  girl, 
the  consolation  of  a  new  family.  The  little  security 
there  was  for  my  life  when  I  returned  to  Naples 
made  me  turn  my  back  upon  it  for  ever ;  and,  find- 
ing means  to  sell  all  I  possessed,  I  came  to  live 


238  L'AVARE  [acte  v. 

nom  d'Anselme,  j'ai  voulu  m'eloigner  les  chagrins 
de  cet  autre  nom  qui  m'a  cause  tant  de  traverses. 

Harp.  Cost  la  votre  fils  ? 
Ans.  Oui. 

Harp.  Je  vous  prends  a  partie^  pour  me  payer  dix 
mille  ecus  qu'il  m'a  voles. 

Ans.  Lui,  vous  avoir  vole? 

Harp.  Lui-meme. 

Val.  Qui  vous  dit  cela  ? 

Harp.   Maitre  Jacques. 

Val.  C'est  toi  qui  le  dis  ? 

M.  J.  Vous  voyez  que  je  ne  dis  rien. 

Harp.    Oui :   voila  Monsieur  le  Commissaire  qui   a 

rcQU  sa  deposition. 
Val.   Pouvez-vous  me  croire  capable  d'une  action  si 

lache  ? 
Harp,  Capable  ou  non  capable,  je  veux  ravoir  mon 

argent. 


Scene  VI 

Cleante,  Valere,  Mariane,  Eijse,  Frosine^  Har- 

PAGON,  Anselme,  MaItre  Jacques,  La  Fleche, 

Le  Commissaire,  Son  Clerc 

Cl.  Ne  vous  tourmentez  point,  mon  pere,  et  u'accusez 
personne.  J'ai  decouvert  dea  nouvelles  de  votre 
affaire,  et  je  viens  ici  pour  vous  dire  que,  si  vous 
voulez  vous  resoudre  a  me  laisser  epouser  Mariano, 
votre  argent  vous  sera  rendu. 

Harp.  Oiiest-il.^ 

Cl.  Ne  vous  en  mettez  point  en  peine  :  il  est  en  lieu 
dont  je  reponds,  et  tout  ne  depend  que  de  moi. 
C'est  a  vous  de  me  dire  a  quoi  vous  vous  determinez; 
et  vous  pouvez  choisir,  ou  de  me  donner  Mariana, 
ou  de  perdre  votre  cassette. 

Harp,  N'en  a-t-on  rien  ote  ? 


sc.  VI.]  THE  MISER  239 

here,  where,  under  the  name  of  Anselme,  I  wished 
to  cast  away  from  me  the  miseries  of  that  other 
name,  under  which  I  suffered  so  many  misfortunes. 

Harp.  Is  that  your  son  ? 

Ans.  Yes. 

Harp.  I  hold  you  responsible  for  the  payment  to 
me  of  ten  thousand  crowns  of  which  he  has 
robbed  me. 

Ans.  He  has  robbed  you  ? 

Harp.  Himself. 

Val.  Who  told  you  that  ? 

Harp.  Maitre  Jacques. 

Val.  You  say  this .'' 

M.  J.  You  see  I  do  not  say  anything. 

Harp.  Yes  :  here  is  the  Magistrate,  who  has  received 
his  deposition. 

Val.  Can  you  believe  me  capable  of  so  vile  an  action.'' 

Harp.  Capable  or  not  capable,  1  want  to  see  my 
money  again. 


Scene  VI 

Cleante,  Valere,  Mariane,  Elise,  Frosine,  Har- 

PAGONj  Anselme,  Maitre  Jacques,  La  Fleche, 

The  Magistrate,  His  Clerk 

Cl.  Do  not  worry  yourself,  father,  or  accuse  any  one. 
I  have  heard  news  of  your  property,  and  I  have  come 
here  to  tell  you,  that,  if  you  will  make  up  your 
mind  to  let  me  marry  Mariane,  your  money  shall 
be  returned  to  you. 

Harp.  Where  is  it? 

Cl.  Do  not  trouble  about  that :  it  is  in  a  place  for 
/yvViinh  |_  arn  respnnsiblf>^  and  fivery th i n^  js  in  my 
hands.  It  is  for  you  to  tell  me  your  decision  ;  you 
can  choose  whether  you  will  give  me  Mariane,  or 
lose  your  casket. 

Harp.  Has  nothing  been  taken  out  of  it? 


240  UAVARE  [actb  v. 

Cl.  Rien  du  tout.  Voyez  si  c'cst  votre  dessein  de 
souscrire  a  ce  manage,  et  de  joindre  votre  con- 
sentement  a  celui  de  sa  mere,  qui  lui  laisse  la  liberte 
de  faire  un  choix  entre  nous  deux. 

Mar.  Mais  vous  ne  savez  pas  que  ce  n'est  pas  assez 
que  ce  consentement,  et  que  le  Ciel,  avec  un  frere 
que  vous  voyez,  vient  de  me  rendre  un  pere  dont 
vous  avez  a  m'obtenir. 

Ans.  Le  Ciel,  mes  enfants,  ne  me  redonne  point  a 
vous  pour  etre  contraire  a  vos  voeux.  Seigneur 
Harpagon,  vous  jugez  Men  que  le  choix  d'une  jeune 
personne  tombera  sur  le  fils  plutot  que  sur  le  pere. 
Allons,  ne  vous  faites  point  dire  ce  qu'il  n'est  pas 
necessaire  d'entendre,  et  consentez  ainsi  que  moi  a 
ce  double  hymenee. 

Harp.  II  faut,  pour  me  donner  conseil,  que  je  voie 
ma  cassette. 

Cl.  Vous  la  verrez  saine  et  entiere. 

Harp.  Je  n'ai  point  d  argent  a  donner  en  manage  a 
mes  enfants. 

Ans.  He  bien  !  j'en  ai  pour  eux ;  que  cela  ne  vous 
inquiete  point. 

Harp.  Vous  obligerez-vous  a  faire  tous  les  frais  de 
ces  deux  mariages  ? 

Ans.  Oui,  je  m'y  oblige  :  etes-vous  satisfait.^ 

Harp.  Oui,  pourvu  que  pour  les  noces  vous  me  fassiez 

faire  un  habit. 
Ans.  D'accord.     Allons  jouir  de  I'allegresse  que  cet 

heureux  jour  nous  presente. 
Lb  Com.  Hola  !  Messieurs,  hola !  tout  doucement,  s'il 

vous  plait :  qui  me  payera  mes  ecritures.'* 
Harp.  Nous  n'avons  que  faire  de  vos  e'critures. 
Le  Com.  Oui !  mais  je  ne  pre'tends  pas,  moi,  les  avoir 

faites  pour  rien. 
Harp.  Pour  votre  payement,  voila  un  homme  que  je 

vous  donne  a  pendre. 
M.  J.   Helas  !  comment  faut-il  done  faire  ?    On  me 

donne  des  coups  de  baton  pour  dire  vrai,  et  on  me 

veut  pendre  pour  meutir. 


sc.  VI. J  THE  MISER  241 

Cl.  Nothing  at  all.  Now  is  it  your  decision  to  agree 
to  this  marriage^  and  join  your  consent  to  her 
mother's,  who  leaves  her  at  liberty  to  make  choice 
between  us  two .'' 

Mar.  But  you  do  not  know  that  this  consent  is  not 
sufficient,  for  Heaven  has  given  me  back  the  brother 
whom  you  see,  and  the  father  from  whom  you  must 
ask  me. 

Ans.  Heaven  has  not  given  you  back  to  me,  my 
children,  to  make  me  force  you  against  your  wishes. 
Seigneur  Harpagon,  you  must  be  aware  that  the 
choice  of  a  young  girl  will  fall  rather  on  the  son 
than  on  the  father.  Come,  do  not  make  it  neces- 
sary to  say  things  which  every  one  knows,  but 
consent,  with  me,  to  this  double  marriage. 

Harp,  I  must  see  my  casket  before  I  make  up  my 
mind. 

Cl.  You  shall  see  that  it  is  safe  and  sound. 

Harp.  I  have  no  money  to  give  my  children  in 
marriage. 

Ans.  Ah,  well !  I  have  some  for  them ;  so  do  not  let 
that  disquiet  you. 

Harp.  You  will  undertake  to  pay  all  the  expenses  of 
these  two  marriages  ? 

Ans.  Yes,  I  will  undertake  them  :  will  that  satisfy 
you.^ 

Harp.  Yes,  provided  you  present  me  with  a  coat  for 
the  wedding. 

Ans.  Agreed.  Come,  let  us  enjoy  the  happiness  this 
providential  day  has  brought  us. 

Mag.  Stay !  Messieurs,  stay,  not  so  fast,  if  you  please: 
who  is  going  to  pay  me  for  my  charge-sheets? 

Harp.  We  have  nothing  to  do  with  your  charge-sheets. 

Mag.   Yes  !  but  I  do  not  profess  to  work  for  nothing. 

Harp.  You  can  hang  that  man,  for  your  payment. 

M.  J.  Alas  !  what  is  a  fellow  to  do }  I  am  beaten 
with  a  stick  for  speaking  the  truth,  and  sent  to  the 
gallows  for  lying. 

Q 


242  L'AVARE  [acte  v. 

Ans.  Seigneur  Harpagon,  il  faut  lui  pardonner  cette 

imposture. 
Harp.  Vous  payerez  done  le  Commissaire  ? 
Ans.    Soit.     A  lions  vite  faire  part  de  notre  joie  a 

votre  mere. 
Harp.  Et  moi,  voir  ma  chere  cassette. 

FIN  DE  l'aVARB. 


8c.  VI.]  THE  MISER  243 

Ans.  Seigneur  Harpagon,  you  must  pardon  him  his 

deceit. 
Harp.  You  will  pay  the  Magistrate,  then  ? 
Ans.    Yes.     Come,  let  us  go  quickly  and  share  our 

joy  with  your  mother. 
Harp.   And  I  will  look  at  my  beloved  casket. 

END   OF   THE   MISER. 


MONSIEUR 
DE   POURCEAUGNAC 


Monsieur  de  Pourceaugnac  was  acted  at  Chambord, 
before  the  King,  October  6,  1669,  and  represented 
for  the  first  time  in  public  in  the  Thd&tre  du  Palais- 
Royal,  Paris,  November  15,  1669,  Moli^re  playing 
the  title-role. 

It  was  a  great  success  in  public,  holding  the  boards 
without  the  interpolation  of  any  other  play  until  the 
end  of  the  year. 

The  title-page  of  the  original  edition  of  1670  is  as 
follows :  MONSIEVR  |  de  |  POVRCEAVGNAC,  | 
GOMEDIE.  I  FAiTE  A  CHAMBORD,  |  pour  le  Diuertiffe- 
ment  du  Roy.  |  Par  I.  B.  P.  MoLiERE.  \  A  PARIS, 
I  Chez  Iean  Ribov,  au  Palais,  vis-k-vis  |  la  Porte  de 
I'Eglif  e  de  la  Sainte  Chapelle,  |  A  I'lmage  S.  Louis.  | 
M.DC.LXX.  \  AVEC  PRIVILEGE  DY  ROY. 


MONSIEUR 
DE  POURCEAUGNAC 

A  Comedy 
DRAMATIS  PERSONiE 

Monsieur  de  Pourceaugnac. 
Oronte. 

Julie,  Oronte  s  daughter. 
NerinEj  an  adventuress  (femme  d'intrigve). 
Lucette,  supposed  to  be  from  Gascony  (feinte  Gasconne). 
Eraste,  Julie's  lover. 
Sbrigani,  a  Neapolitan  adventurer. 
First  Doctor. 
Second  Doctor. 
The  Apothecary. 
A  Countryman. 
A  Countrywoman. 
First  Musician. 
Second  Musician. 
First  Lawyer. 
Second  Lawyer. 
First  Swiss. 
Second  Swiss. 

A  Police  Officer  (Un  Exempt). 
Two  Police  Constables  (Deux  Archers). 
Several    Musicians,    Instrumental    Players    and 
Dancers. 

The  scene  is  in  Pans. 


MONSIEUR 
DE  POURCEAUGNAC 


ACTE   I 

Scene  I 

JuLiEj  ErastEj  Nerinb 

Jul.  Mon  Dieu  !  Eraste^  gardens  d'etre  surpris  ;  je 
tremble  qu'on  ne  nous  voye  ensemble,  et  tout  serait 
perdu,  apres  la  defense  que  Ton  m'a  faite. 

Er.  Je  regarde  de  tons  cotes,  et  je  n'aper^ois  rien. 

JvL.  Aye  aussi  I'oeil  au  guet,  Nerine,  et  prends  bien 

garde  qu'il  ne  vienne  personne. 
Ner.    Reposez-vous  sur  moi,  et  dites  hardiment  ce 

que  vous  avez  a  vous  dire. 
Jul.    Avez-vous  imagine'  pour  notre  affaire  quelque 

chose  de  favorable.'*  et  croyez-vous,  Eraste,  pouvoir 

venir  a  bout  de  detourner  ce  facheux  mariage  que 
^  mon  pere  s'est  mis  en  tete? 
Er.  Au  moins  y  travaillons-nous  fortement ;  et  deja 

nous  avons  prepare  un  bon  nombre  de  batteries  pour 

renverser  ce  dessein  ridicule. 
Ni&R,  Par  ma  foi  I  voila  votre  pere. 
Jul.  Ah  !  separons-nous  vile. 

Ner.  Non,  non,  non,  ne  bougez  :  je  m'e'tais  trompee. 
Jul.    Mon  Dieu  !   Nerine,  que  tu  es  sotte  de  nous 
^  donner  de  ces  frayeurs  ! 
IEr.    Oui,  belle  Julie,  nous  avons  dresse  pour  cela 

248 


MONSIEUR 
DE  POURCEAUGNAC 

ACT   I 
Scene  I 

JuLIEj  EbASTEj  Nl^RINB 

Jul.  Good  Heavens  !  Eraste,  we  must  take  care  we 
are  not  caught ;  I  tremble  lest  we  should  be  seen 
together,  for  all  would  be  lost  after  the  injunction 
^  that  has  been  laid  upon  me. 

Er.  I  am  looking  out  all  round ;  I  cannot  see  any- 
thing. 

Jul.  You  also  keep  a  sharp  look-out,  Nerine,  and 
take  care  no  one  comes  in. 

Ner.  Depend  upon  me,  and  say  fearlessly  all  you 
have  to  say  to  each  other. 

Jul.  Have  you  thought  of  anything  that  will  help 
us  in  this  matter,  Eraste  ?  Do  you  hope  to  be  able 
to  find  a  means  to  prevent  this  wretched  marriage 
^  my  father  has  taken  it  into  his  head  to  make  ? 

Er.  We  must  at  least  try  our  utmost  ;  we  have 
already  set  up  a  fair  number  of  batteries  to  open 
fire  on  his  absurd  position. 

Ner.   As  I  live  !  here  is  your  father. 

Jul.  Ah  !  let  us  separate,  quickly. 

Nj^r.  No,  no,  no,  do  not  stir  :  I  was  mistaken. 

Jul.  Good  gracious  !  Ne'rine,  how  idiotic  you  are  to 
give  us  these  frights  ! 

Er.  Yes,  beautiful  Julie,  we  have  a  fair  number  of 


250       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

quantite  de  machines,  et  nous  ne  feignons  point  de 
mettre  tout  en  usage,  sur  la  permission  que  vous 
m'avez  donnee.  Ne  nous  demandez  point  tous  les 
ressorts  que  nous  ferons  jouer :  vous  en  aurez  le 
divertissement ;  et,  comme  aux  comedies,  il  est  bon 
de  V0U3  laisser  le  plaisir  de  la  surprise,  et  de  ne 
vous  avertir  point  de  tout  ce  qu'on  vous  fera  voir. 
C'est  assez  de  vous  dire  que  nous  avons  en  main 
divers  stratagemes  tous  prets  a  produire  dans 
Toccasion,  et  que  I'ingenieuse  Nerine  et  Tadroit 
Sbrigani  entreprennent  I'afFaire. 
Nbr.  Assurement.  Votre  pere  se  moque-t-il  de  vou- 
loir  vous  anger  de  son  avocat  de  Limoges,  Monsieur 
de  Pourceaugnac,  qu'il  n'a  vu  de  sa  vie,  et  qui  vient 
par  le  coche  vous  enlever  a  notre  barbe  ?  Faut-il 
que  trois  ou  quatre  mille  e'cus  de  plus,  sur  la  parole 
de  votre  oncle,  lui  fassent  rejeter  un  amant  qui  vous 
agre'e?  et  une  personne  comme  vous  est-elle  faite 
pour  un  Limosin?  S'il  a  envie  de  se  marier,  que 
ne  prend-il  une  Limosine  et  ne  laisse-t-il  en  repos 
les  Chretiens  ?  Le  seul  nom  de  Monsieur  de 
Pourceaugnac  m'a  mis  dans  une  colere  efFroyable. 
J'enrage  de  Monsieur  de  Pourceaugnac.  Quand 
il  n'y  aurait  que  ce  nom-la.  Monsieur  de  Pour- 
ceaugnac, j'y  brulerai  mes  livres,  ou  je  romprai  ce 
mariage,  et  vous  ne  serez  point  Madame  de  Pour- 
ceaugnac. Pourceaugnac  !  cela  se  peut-il  souffrir  } 
Non  :  Pourceaugnac  est  une  chose  que  je  ne  saurais 
supporter ;  et  nous  lui  jouerons  tant  de  pieces, 
nous  lui  ferons  tant  de  niches  sur  niches,  que  nous 
renvoyerons  a  Limoges  Monsieur  de  Pourceaugnac. 


^B.  Voici  notre  subtil  Napolitain,  qui  nous  dira  des 
nouvelles. 


sc.  I.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        261 

schemes  in  train,  and  we  shall  not  hesitate  to  put 
them  all  in  use,  now  you  have  given  me  permission. 
Do  not  ask  what  are  all  the  plots  we  have  laid  : 
they  will  entertain  you  in  due  course  ;  and,  as  in 
comedies,  it  is  best  to  leave  you  the  pleasure  of 
surprise,  and  not  to  advise  you  of  anything  you 
are  going  to  see.  It  is  sufficient  to  tell  you  we 
have  divers  stratagems  all  ready  to  hand,  to  bring 
forth  in  due  season,  for  the  ingenious  Nerine  and 
the  clever  Sbrigani  have  undertaken  the  matter. 

Ner.  Certainly.  Surely  your  father  is  jesting  to 
wish  to  embarrass  you  with  this  lawyer  from 
Limoges,  Monsieur  de  Pourceaugnac,  whom  he  has 
never  seen  in  his  life,  and  who  is  coming  by  coach 
to  take  you  away  before  our  very  face  .''  Are  three 
or  four  thousand  crowns  the  more,  for  which  one 
has  only  the  word  of  your  uncle,  sufficient  to  cause 
him  to  reject  a  lover  who  is  agreeable  to  you  ?  are 
you  cut  out  for  a  person  who  comes  from  the  wilds 
of  Limoges  ?  If  he  wishes  to  marry,  why  does  not 
he  take  one  of  the  women  of  his  own  countryside, 
and  leave  Christians  in  peace  ?  The  very  name  of 
Monsieur  de  Pourceaugnac  puts  me  in  a  bad  temper. 
Monsieur  de  Pourceaugnac  drives  me  wild.  If 
there  were  no  other  reason  but  this  name,  this 
Monsieur  de  Pourceaugnac,  I  would  move  heaven 
and  earth  to  break  oif  the  marriage  :  you  shall  not 
be  Madame  de  Pourceaugnac  ;  Pourceaugnac  !  is  it 
endurable  ?  No  :  I  cannot  tolerate  Pourceaugnac  ; 
we  shall  play  so  many  tricks  upon  him,  and  chivvy 
him  this  way  and  that,  till  we  send  Monsieur  de 
Pourceaugnac  back  to  Limoges. 

TiIb.  Here  is  our  skilful  Neapolitan,  who  will  have 
some  news  to  tell  us. 


252       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actbl 

Scene  II 
Sbrigani,  Julie,  Eraste,  Ni^rinb 

Sbr.  Monsieur,  votre  homme  arrive,  je  I'ai  vii  a  trois 
lieues  d'ici,  ou  a  couche  le  coche  ;  et  dans  la  cuisine 
ou  il  est  descendu  pour  dejeuner,  je  I'ai  etudie  une 
bonne  grosse  demie  heure,  et  je  le  sais  deja  par 
coeur.  Pour  sa  figure,  je  ne  veux  point  vous  en 
parler :  vous  verrez  de  quel  air  la  nature  I'a  des- 
sinee,  et  si  I'ajustement  qui  I'accompagne  y  repond 
comme  il  faut.  Mais  pour  son  esprit,  je  vous  avertis 
par  avance  qu'il  est  des  plus  epais  qui  se  fassent ; 
que  nous  trouvons  en  lui  une  matiere  tout  a  fait 
disposee  pour  ce  que  nous  voulons,  et  qu'il  est 
homme  enfin  a  donner  dans  tous  les  panneaux  qu'on 

^  lui  presentera. 

Er.  Nous  dis-tu  vrai  ? 

Sbr.  Oui,  si  je  me  connais  en  gens. 

Ner.  Madame,  voila  un  illustre ;  votre  affaire  ne 
pouvait  etre  mise  en  de  meilleures  mains,  et  c'est 
le  he'ros  de  notre  siecle  pour  les  exploits  dont  il 
s'agit :  un  homme  qui,  vingt  fois  en  sa  vie,  pour 
servir  ses  amis,  a  gene'reusement  affronte  les  galeres, 
qui,  au  peril  de  ses  bras,  et  de  ses  epaules,  sait 
mettre  noblement  a  fin  les  aventures  les  plus  diflH- 
ciles  ;  et  qui,  tel  que  vous  le  voyez,  est  exile  de  son 
pays  pour  je  ne  sais  combien  d'actions  honorables 
qu'il  a  genereusement  entreprises. 

Sbr.  Je  suis  confus  des  louanges  dont  vous  m'honorez, 
et  je  pourrais  vous  en  donner,  avec  plus  de  justice, 
sur  les  merveilles  de  votre  vie ;  et  principalement 
sur  la  gloire  que  vous  acquites,  lorsque,  avec  tant 
d'honnetete,  vous  pipates  au  jeu,  pour  douze  mille 
ecus,  ce  jeune  seigneur  etranger  que  Ton  mena  chez 
vous  ;  lorsque  vous  fites  galamment  ce  faux  contrat 
qui  ruina  toute  une  famille ;  lorsque,  avec  tant  de 
grandeur  d'ame,  vous  sutes  nier  le  depot  qu'on  vous 
avait  contie ;  et  que  si  gene'reusement  on  vous  vit 


sc.  II.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        263 

Scene  II 

Sbrigani,  Julie,  ^Jbaste,  N^rine 

Sbr.  Monsieur,  your  friend  is  coming,  I  have  seen 
him  three  leagues  from  here,  where  the  coach  put 
up  ;  and,  as  he  came  into  the  kitchen  for  breakfast, 
I  studied  him  a  good  half-hour,  so  that  1  already 
know  him  by  heart.  As  to  his  figure,  I  will  not 
say  anything  :  you  yourselves  will  see  how  Nature 
has  designed  him,  and  whether  the  frame  suits  the 
picture.  But  as  to  his  mind,  I  warn  you  before- 
hand, that  he  is  as  dense  as  they  are  made  ;  we 
shall  find  in  him  just  the  material  we  need  for  our 
plans  ;  and,  in  short,  he  is  the  very  man  to  fall 
into  every  trap  laid  for  him. 

Er.  Are  you  telling  us  the  truth  .'' 

Sbr.  Yes,  if  I  know  aught  of  men. 

Ner.  Madam,  this  gentleman  is  an  able  person  ;  your 
business  could  not  be  put  in  better  hands,  for  he  is 
the  wonder  of  our  age,  judging  by  the  exploits  he 
has  carried  through  ;  a  man  who,  a  score  of  times 
in  his  life,  has  generously  braved  the  galleys  to 
serve  his  friends  ;  who,  at  the  risk  of  his  arms  and 
shoulders,  has  conducted  the  most  difficult  adven- 
tures to  a  successful  issue ;  and  who,  such  as  you 
see  him,  is  exiled  from  his  country  on  account  of 
I  know  not  how  many  honourable  actions  which  he 
has  valiantly  undertaken. 

Sbr.  The  praise  you  are  so  good  as  to  bestow  upon 
me  confuses  me,  more  justly  could  I  praise  you  on 
the  marvels  of  your  life ;  and  principally  on  the 
glory  which  you  acquired,  when  you  honestly 
cheated  of  twelve  thousand  crowns  at  play  the 
young  foreign  lord  who  was  brought  to  your  house  ; 
when  you  gallantly  made  that  false  contract  which 
ruined  a  whole  family  ;  when,  with  such  grandeur 
of  soul,  you  stoutly  denied  the  deposit  which  had 
been  left  in  your  charge  ;  and  when  you  were  seen 


254       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

preter  votre  temoignage  a  faire  pendre  ces  deux 
personnes  qui  ne  I'avaient  pas  merite. 

Nj&b.  Ce  sont  petites  bagatelles  qui  ne  valent  pas 
qu'on  en  parle_,  et  vos  eloges  me  font  rougir. 

Sbr.  Je  veux  bien  epargner  votre  modestie  :  laissons 
cela ;  et  pour  commencer  notre  aflfaire,  allons  vite 
joindre  notre  provincial,  tandis  que,  de  votre  cot^, 
vous  nous  tiendrez  prets  au  besoin  les  autres  acteurs 
de  la  comedie. 

Er.  Au  moins,  Madame,  souvenez-vous  de  votre  role; 
et  pour  mieux  couvrir  notre  jeu,  feignez,  comme 
on  vous  a  dit,  d'etre  la  plus  contente  du  monde  des 
resolutions  de  votre  pere. 

Jul.  S'il  ne  tient  qu'a  cela,  les  choses  iront  a  mer- 

^  veille. 

Er.  Mais,  belle  Julie,  si  toutes  nos  machines  venaient 
a  ne  pas  reussir  } 

Jul.  Je  declarerai  a  men  pere  mes  veritables  senti- 
ments. 

Er.  Et  si,  contra  vos  sentiments,  il  s'obstinait  a  son 
dessein  ? 

Jul.  Je  le  menacerais  de  me  jeter  dans  un  convent. 

Er.  Mais  si,  malgre  tout  cela,  il  voulait  vous  forcer 
a  ce  mariage  } 

Jul.  Que  voulez-vous  que  je  vous  dise.'' 

Er.  Ce  que  je  veux  que  vous  me  disiez? 

Jul.   Oui. 

]6r.  Ce  qu'on  dit  quand  on  aime  bien. 

Jul.  Mais  quoi  ? 

Er.  Que  rien  ne  pourra  vous  contraindre,  et  que, 
malgre  tous  les  efforts  d'un  pere,  vous  me  promettez 
d'etre  a  moi. 

Jul.  Mon  Dieu  !  Eraste,  contentez-vous  de  ce  que  je 
fais  maintenant,  et  n'allez  point  tenter  sur  I'avenir 
les  resolutions  de  mon  coeur  ;  ne  fatiguez  point  mon 
devoir  par  les  propositions  d'une  facheuse  extremite, 
dont  peut-etre  n'aurons-nous  pas  besoin  ;  et  s'il  y 
faut  venir,  souffrez  au  moins  que  j'y  sois  entrainee 
par  la  suite  des  clioses. 


sc.li.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        266 

so  generously  to  give  evidence  that  caused  two 
innocent  persons  to  be  hanged. 

Nbr.  These  are  mere  bagatelles  not  worth  speaking 
of,  your  praises  make  me  blush. 

Sbr.  I  will  spare  your  modesty,  and  say  no  more ; 
now  to  business,  I  will  go  quickly  and  join  our 
provincial  friend,  while  you,  on  your  side,  will  hold 
ready  in  hand  the  other  actors  of  the  comedy. 

Er.  And  you.  Madam,  you  must  remember  your 
part ;  in  order  the  better  to  cover  our  plans,  you 
must  do  what  you  have  been  told,  and  seem  to  be 
quite  satisfied  with  your  father's  decisions. 

Jul.  If  it  depends  simply  on  that,  matters  will  go 
^  well. 

Er.  But,  dear  Julie,  suppose  all  our  attempts  should 
fail.? 

Jul.  I  will  tell  my  father  my  real  feelings. 

J^R.  And  if  he  persists  in  his  design,  in  spite  of  your 
feelings  ? 

Jul.  I  will  threaten  him  that  I  will  go  into  a  convent. 

Er.  But  if,  notwithstanding  all  this,  he  decides  to 
force  this  marriage  on  you  ? 

Jul.  What  do  you  wish  me  to  say  to  you  ? 

Er.   What  do  1  wish  you  to  say  to  me  ? 

Jul.  Yes. 

Er.  What  one  savs  when  one  is  deeply  in  love. 

Jul.  What  is  that.? 

Er.  That  nothing  shall  compel  you,  and  that,  in 
spite  of  all  a  father's  efforts,  you  promise  to  be 
mine. 

Jul.  Good  Heavens  !  Eraste,  be  content  with  what 
I  am  doing  now,  and  do  not  seek  to  sound  the 
future  as  to  my  resolutions ;  do  not  worry  my 
sense  of  duty  with  suggestions  of  so  extreme 
and  wretched  a  course,  which,  perhaps,  we  may 
not  need  to  take  ;  and,  if  things  should  so  come 
about,  at  least  let  me  be  driven  to  take  it  by  the 
course  of  events. 


256       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

Er.  Eh  bieii  .  .  . 

Sbr.  Ma  foi,  voici  notre  homme,  songeons  a  nous. 

Ner.  AL  !  comme  il  est  bati ! 


SCI^NE    III 

Monsieur  de  Pourceaugnac  (se  toume  du  c6te  d'oii 

il  vieut,  comme  parlant  k  des  gens  qui  le  suivent). 

Sbrigani 

M.  DE  p.  He  bien,  quoi  ?  qu'est-ce  ?  qu'y  a-t-il  ?  Au 
diantre  soit  la  sotte  ville,  et  les  sottes  gens  qui  y 
sont  !  ne  pouvoir  faire  un  pas  sans  trouver  des 
nigauds  qui  vous  regardant,  et  se  mettent  a  rire  ! 
Eh  !  Messieurs  les  badauds,  faites  vos  affaires,  et 
laissez  passer  les  personnes  sans  leur  rire  au  nez. 
Je  me  donne  au  diable,  si  je  ne  bailie  un  coup  de 
poing  au  premier  que  je  verrai  rire. 

Sbr.  Qu'est-ce  que  c'est,  Messieurs.''  que  veut  dire 
cela  .'*  a  qui  en  avez-vous .''  Faut-il  se  moquer  ainsi 
des  honnetes  etrangers  qui  arrivent  ici .'' 

M.  DE  P.  Voila  un  homme  raisonnable,  celui-la. 
Sbr.    Quel  precede  est  le  votre.'*  et  qu'avez-vous  a 

rire  ? 
M.  DE  P.  Fort  bien. 
Sbr.   Monsieur  a-t-il  quelque   chose  de  ridicule  en 

soi.'' 
M.  DE  P.   Oui. 

Sbr.  Est-il  autrement  que  les  autres  ? 
M.  DE  P.  Suis-je  tortu,  ou  bossu  } 
Sbr.  Apprenez  a  connaitre  les  gens. 
M.  DE  P.  C'est  bien  dit. 
Sbr.  Monsieur  est  d'une  mine  a  respecter. 
M.  DE  P.  Cela  est  vrai. 
Sbr.  Personne  de  condition. 
M.  DE  P.  Oui,  gentilhomme  limosin. 
Sbr.  Homme  d'esprit. 


sc.iii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       267 

6r.   Well,  but  .  .  . 

Sbb.  Upon  my  word,  here  is  our  man,  now  we  must 

collect  ourselves. 
Ner.  Ah  !  what  a  boor  he  is. 


Scene  III 

Monsieur  de  Pourceaugnac  (turning  round  to  the  side 

from  which  he  entered,  as  though  speaking  to  the  people 

following  him),  Sbrigani 

M.  DE  p.  Well,  well,  well  ?  what  is  it  ?  What  is  the 
matter?  Deuce  take  the  idiotic  town,  and  the 
idiotic  people  who  are  in  it  !  I  cannot  move  a  step 
without  seeing  boobies  who  stare  at  me  and  begin 
to  laugh.  Come  !  Messieurs  Gapers,  attend  to  your 
business,  and  allow  people  to  pass  by  without  laugh- 
ing in  their  faces.  Devil  take  me  if  I  do  not  clout 
the  first  I  see  laugh. 

Sbr.  What  means  this.  Messieurs  ?  what  is  all  this 
about?  what  is  the  matter?  Is  it  seemly  to  jeer 
thus  at  decent  strangers  who  may  come  to  our 
parts  ? 

M.  DE  P.   This  is  a  sensible  man,  anyway. 

Sbr.  Why  are  you  behaving  like  this  ?  what  is  there 
to  laugh  at  ? 

M.  DE  P.  Very  good. 

Sbr.  Is  there  anything  ridiculous  about  this  gentle- 
man ? 

M.  DE  P.  Come. 

Sbr.  Is  he  different  from  other  people  ? 

M.  DE  P.  Are  my  limbs  awry,  or  am  I  hunchbacked  ? 

Sbr.  You  must  learn  how  to  treat  people. 

M.  DE  P.  That  is  well  said. 

Sbr.  This  gentleman  commands  respect. 

M.  DE  P.  That  is  true. 

Sbr.  He  is  a  person  of  quality. 

M.  DE  P.  Yes,  a  gentleman  from  Limoges. 

Sbr.  An  intellectual  man. 
R 


258       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

M.  DE  P.  Qui  a  etudie  en  droit. 

Sbr.  11  vous  fait  trop  d'honneur  de  venir  dans  voire 

ville. 
M.  DB  P.  Sans  doute. 

Sbr.  Monsieur  n'est  point  une  personne  a  faire  rire. 
M.  DE  P.  Assurement. 
Sbr.  Et  quiconque  rira  de  lui  aura  affaire  a  moi. 

M.  DE  P.   Monsieur,  je  vous  suis  infiniment  oblige. 

Sbr.  Je  suis  fache.  Monsieur,  de  voir  recevoir  de  la 
sorte  une  personne  comme  vous,  et  je  vous  demaude 
pardon  pour  la  ville. 

M.  DE  P.   Je  suis  votre  serviteur. 

Sbr.  Je  vous  ai  vu  ce  matin,  Monsieur,  avec  le  coche, 
lorsque  vous  avez  dejeune  ;  et  la  grace  avec  laquelle 
vous  mangiez  votre  pain  m'a  fait  naitre  d'abord  de 
I'amitie  pour  vous  ;  et  comme  je  sais  que  vous  n'etes 
jamais  venu  en  ce  pays,  et  que  vous  y  etes  tout  neuf, 
je  suis  bien  aise  de  vous  avoir  trouve,  pour  vous 
offrir  mon  service  a  cette  arrivee,  et  vous  aider  a 
vous  conduire  parmi  ce  peuple,  qui  n'a  pas  parfois 
pour  les  honnetes  gens  toute  la  consideration  qu'il 
faudrait. 

M.  DE  P.  C'est  trop  de  grace  que  vous  me  faites. 
Sbr.  Je  vous  I'ai  deja  dit :  du  moment  que  je  vous  ai 

vu,  je  me  suis  senti  pour  vous  de  I'inclination. 
M.  DE  P.  Je  vous  suis  oblige. 
Sbr.  Votre  physionomie  m'a  plu. 
M.  DE  P.  Ce  m'est  beaucoup  d'honneur. 
Sbr.  J'y  ai  vu  quelque  chose  d'honnete. 
M.  DE  P.  Je  suis  votre  serviteur. 
Sbr.  Quelque  chose  d'aimable. 
M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 
Sbr.  De  gracieux. 
M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 
Sbr.   De  doux. 
M.  DB  P.  Ah,  ah  ! 
Sbr.  De  majestueux. 
M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 


sciii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       259 

M.  DE  P.  Who  has  studied  law. 

Sbr.  He  does  you  too  much  honour  by  coming  to 
your  town. 

M.  DE  P.  Unquestionably. 

Sbr.  Monsieur  is  not  a  person  to  be  laughed  at. 

M.  DE  P.  Assuredly. 

Sbr.  And  whoever  shall  laugh  at  him  will  have  to 
answer  for  it  to  me. 

M.  DE  P.  Monsieur,  I  am  infinitely  obliged  to  you. 

Sbr.  I  am  sorry.  Monsieur,  to  see  a  gentleman  of 
your  condition  received  in  this  way,  and,  in  the 
name  of  the  town,  I  ask  your  pardon. 

M.  DE  P.  I  am  your  servant. 

Sbr.  I  saw  you  this  morning,  Monsieur,  with  the 
coach,  when  you  were  taking  your  breakfast ; 
the  grace  with  which  you  ate  your  bread  imme- 
diately aroused  in  me  a  feeling  of  friendship  towards 
you  ;  and,  as  I  know  you  have  never  been  in  these 
parts  before,  and  that  you  are  new  to  them,  I  am 
very  glad  to  have  encountered  you,  so  that  I  might 
offer  you  my  service  upon  your  arrival,  to  help 
you  in  your  dealing  with  this  people  :  they  do  not 
always  show  that  consideration  towards  worthy 
persons  which  is  their  due. 

M.  DE  P.  You  do  me  too  great  a  service. 

Sbr.  I  have  already  told  you  that,  from  the  moment 
I  saw  you,  I  felt  an  inclination  towards  you. 

M.  DE  P.  I  am  obliged  to  you. 

Sbr.   Your  expression  pleased  me. 

M.  DE  P.  This  is  too  much  honour. 

Sbr.  I  recognised  a  straightforwardness  in  it. 

M.  DE  P.  I  am  your  servant. 

Sbr.   Somewhat  of  amiability. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr.  Of  graciousness. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr.  Of  gentleness. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr.  Of  majesty. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  1 


260      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

Sbr.  De  frauc. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr.  Et  de  cordial. 

M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr,  Je  vous  assure  que  je  suis  tout  a  vous. 

M.  DE  P.  Je  vous  ai  beaucoup  d'obligation. 

Sbr.  C'est  du  fond  du  cceur  que  je  parle. 

M.  DE  P.  Je  le  crois. 

Sbr.  Si  j'avais  I'honneur  d'etre  connu  de  vous,  vous 
sauriez  que  je  suis  un  homme  tout  a  fait  sincere. 

M.  DE  P.  Je  n'en  doute  point. 

Sbr.  Ennemi  de  la  fourberie. 

M.  DE  P.  J'en  suis  persuade. 

Sbr.  Et  qui  n'est  pas  capable  de  deguiser  ses  senti- 
ments. 

M.  DE  P.  C'est  ma  pensee. 

Sbr.  Vous  regardez  mon  habit  qui  n'est  pas  fait 
comme  les  autres  ;  mais  je  suis  orig-inaire  de  Naples, 
a  votre  service,  et  j'ai  voulu  conserver  un  peu  et  la 
maniere  de  s'habiller,  et  la  sincerite  de  mon  pays. 

M.  DE  P.  C'est  fort  bien  fait.  Pour  moi,  j'ai  voulu 
me  mettre  a  la  mode  de  la  cour  pour  la  campagne. 

Sbr.  Md  toi  I  cela  vous  va  mieux  qu'a  tous  nos 
courtisans. 

M.  DE  P.  C'est  ce  que  m'a  dit  mon  tailleur :  I'habit 
est  propre  et  riche,  et  il  fera  du  bruit  ici. 

Sbr.  Sans  doute.     N'irez-vous  pas  au  Louvre.** 
M.  DE  P.   II  faudra  bien  aller  faire  ma  cour. 
Sbr.  Le  Roi  sera  ravi  de  vous  voir. 
M.  DE  P.  Je  le  crois. 
Sbr.  Avez-vous  arrete  un  logis .'' 
M.  DE  P.  Non  ;  j'allais  en  chercher  un. 
Sbr.  Je  serai  bien  aise  d'etre  avec  vous  pour  cela,  et 
je  connais  tout  ce  pays-ci. 


sc.  III.]  MONSIEUR  DE  rOUllCEAUGNAC       261 

Sbb.  Of  frankness, 
M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 
Sbr.  And  of  cordiality. 
M.  DE  P.  Ah,  ah  ! 

Sbr.  I  assure  you  I  am  entirely  yours. 
M.  DE  P.  I  am  greatly  obliged  to  you. 
Sbr.  1  speak  from  the  bottom  of  my  heart. 
M.  DE  P.  I  believe  it. 

Sbr.  If  I  had  the  honour  to  be  known  to  you,  you 
would  understand  that  I  am  entirely  sincere  in  this. 
M.  DE  P.  I  do  not  doubt  it. 
Sbr.  I  am  an  enemy  of  all  roguery. 
M.  DE  P.   I  am  persuaded  of  it. 
Sbr.  And  incapable  of  disguising  my  sentiments. 

M.  DE  P.  So  I  thought. 

Sbr.  You  will  notice  that  my  coat  is  not  cut  after  the 
pattern  of  other  people's ;  originally,  I  came  from 
Naples,  at  your  service,  and  I  wished  to  retain 
somewhat  of  the  manner  of  dress  and  of  the  sin- 
cerity of  my  country. 

M.  DE  P.  That  is  a  very  good  idea.  For  my  part,  I 
desired  to  adopt  a  courtier's  country  costume. 

Sbr.  Upon  my  word  !  it  suits  you  better  than  any 
courtier  I  know. 

M.  DE  P.  That  is  what  my  tailor  told  me :  the  dress 
is  rich  and  elegant,  and  it  will  cause  some  com- 
motion here. 

Sbr.  Undoubtedly.     Will  you  not  go  to  the  Louvre  .'* 

M.  DE  P.  1  must  present  myself  at  court. 

Sbr.  The  King  will  be  charmed  to  see  you. 

M.  DE  P.  1  quite  believe  it. 

Sbr.  Have  you  engaged  rooms  } 

M.  DE  P.  No  ;  I  am  going  to  seek  them. 

Sbr.  1  shall  be  very  glad  to  help  you  in  that  matter, 
I  know  all  these  parts. 


262      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actb  i. 
ScijNE  IV 

^RASTE;  SbRIGANI,  MonSIEUR  DE  PoURCEAUGNAC 

Er.  Ah!  qu'est-ceci?  quevois-je?    Quelle  heureuse 

rencontre  !     Monsieur  de  Pourceaugnac  !     Que  je 

suis  ravi  de  vous  voir  !     Comment  ?  il  semble  que 

vous  ayez  peine  a  me  reconnaitre  ! 
M.  DE  P.  Monsieur,  je  suis  votre  serviteur. 
Er.    Est-il  possible  que  cinq  ou  six  annees  m'aient 

ote  de  votre  memoire  ?  et  que  vous  ne  reconnaissiez 

pas  le  meilleur  ami  de  toute  la  famille  des  Pour- 

ceaugnacs  ? 
M.  DE  P.   Pardonnez-moi.    (A  Sbrigani.)   Ma  foi !  je  ne 
^  sais  qui  il  est. 
Er.  II  n'y  a  pas  un  Pourceaugnac  a  Limoges  que  je 

ne  connaisse,  depuis  le  plus  grand  jusques  au  plus 

petit ;  je  ne  frequentais  qu'eux  dans  le  temps  que 

j'y  etais,  et  j'avais  I'honneur  de  vous  voir  presque 

tous  les  jours. 
M.  DE  P.  C'est  moi  qui  I'ai  re9U,  Monsieur. 
Er.  Vous  ne  vous  remettez  point  mon  visage  ? 
M.   DB  P.     Si   fait.     (A  Sbrigani.)    Je   ne  le   connais 

point. 
Er.    Vous  ne  vous  ressouvenez  pas  que  j'ai  eu  le 

bonheur  de  boire  avec  vous  je  ne  sais  combien  de 

fois? 
M.  DE  P.  Excusez-moi.  (A  Sbrigani.)  Je  ne  sais  ce  quo 

c'est. 
Er.    Comment  appelez-vous  ce  traiteur  de  Limoges 

qui  fait  si  bonne  chere  ? 
M.  DE  P.  Petit-Jean  ? 
Er.  Le  voila.     Nous  allious  le  plus  souvent  ensemble 

chez  lui  nous  rejouir.     Comment  est-ce  que  vous 

nommez  a  Limoges  ce  lieu  ou  Ton  se  promene .'' 
M.  DE  P.   Le  cimetiere  des  Arenes  ? 
]^R.  Justement:  c'est  oujepassaisde  si  doucesheures 

a  jouir  de  votre  agreable  conversation.     Vous  ne 

vous  remettez  pas  tout  cela  ? 


sc.  IV.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       263 

Scene  IV 
Ebaste,  Sbrigani,  Monsieur  db  Pourceaugnac 

Er.  Ah  !  what  is  this  ?  what  do  I  see  ?  What  a 
fortunate  meeting  !  Monsieur  de  Pourceaugnac  ! 
How  delighted  I  am  to  see  you  !  What  ?  you  do 
not  recognise  me  ! 

M.  DE  P.  Monsieur,  I  am  your  servant. 

Er.  Is  it  possible  that  five  or  six  years  have  caused 
me  to  fade  from  your  memory  .f*  and  that  you  do 
not  recognise  the  best  friend  of  the  whole  family  of 
Pourceaugnacs  ? 

M.  DE  P.  Pardon  me.    (To  Sbrigani.)   Upon  my  word  ! 

^  I  do  not  know  who  he  is. 

Er.  There  is  not  a  Pourceaugnac  at  Limoges  I  do  not 
know,  from  the  greatest  to  the  least ;  when  I  was 
there  I  visited  them  only,  and  I  had  the  honour  to 
see  you  nearly  every  day. 

M.  DE  P.  It  is  I,  Monsieur,  who  have  the  honour. 

Sbr.  You  do  not  recall  my  face .'' 

M.  DE  P.   Ah  yes.    (To  Sbrigani.)   I  do  not  know  him. 

]Er.  Do  you  not  recollect  that  I  had  the  honour  to 
drink  with  you  I  do  not  know  how  many  times  } 

M.  DE  P.    Excuse  me.    (To  Sbrigani.)  1  do  not  know 
^  who  he  is. 
Er.    What  was  that  fellow's  name  at  Limoges  who 

gave  us  such  good  cheer  ? 
M.  DE  P.  Petit- Jean  ? 
Er.    That  is  he.     We  usually  went  together  to  his 

place  to  enjoy  ourselves.     What  do  you  call  that 

place  at  Limoges  where  we  used  to  walk  ? 
M.  DE  P.  The  cemetery  of  the  Arenes.*^ 
Er.  Exactly  :  it  was  there  I  passed  so  many  agreeable 

hours,  enjoying  your  pleasant  conversation.     Do 

you  not  recall  all  this  ? 


264      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 


Diable  emporte  si  je  m'en  souviens  ! 

Sbr.  II  y  a  cent  choses  comme  cela  qui  passent  de  la 

tete. 
6r.  Embrassez-moi  done,  je  vous  prie,  et  resserrons 

les  noeuds  de  notre  ancienne  amitie. 
Sbr.  Voila  un  homme  qui  vous  aime  fort. 
Er.    Dites-moi  un  peu  des   nouvelles   de  toute   la 

parente :   comment  se  porte  Monsieur  votre  .  .  . 

la  .  .  .  qui  est  si  honnete  homme  ? 
M.  DE  P.  Mon  frere  le  consul.'* 
Er.  Oui. 

M.  DE  P.  II  se  porte  le  mieux  du  monde. 
Er.    Certes  j'en  suis  ravi.     Et  celui  qui  est  de  si 

bonne  humeur.''  la  .  .  .  Monsieur  votre  .  .  .? 
M.  DE  P.  Mon  cousin  I'assesseur  .f* 
Er.  Justement. 

M.  DE  P.  Toujours  gai  et  gaillard. 
Er.  Ma  foi !  j'en  ai  beaucoup  de  joie.     Et  Monsieur 

votre  oncle  .^  le  .  .  .? 
M.  DE  P.  Je  n'ai  point  d'oncle. 
Er.  Vous  aviez  pourtant  en  ce  temps-la  .  .  . 
M.  DE  P.  Non,  rien  qu'une  tante. 
Er.  C'est  ce  que  je  voulois  dire,  Madame  votre  tante: 

comment  se  porte-t-elle  ? 
M.  DE  P.  Elle  est  morte  depuis  six  mois. 
Er.    Helas !   la  pauvre  femme  !  elle  etait  si  bonne 

personne. 
M.  DE  P.   Nous  avons  aussi  mon  neveu  le  chanoine 

qui  a  pense  mourir  de  la  petite  verole. 
16r.  Quel  dommage  9'aurait  ete  ! 
M.  DE  P.  Le  connaissez-vous  aussi  ? 
Er.  Vraiment  si  je  le  connais !    Un  grand  gargon  bien 

fait. 
M.  DE  P.  Pas  des  plus  grands. 
Er.  Non,  mais  de  taille  bien  prise. 
M.  DE  P.  Eh  !  oui. 
Er.  Qui  est  votre  neveu  .  .  . 
M.  DE  P.  Oui 


sc.  IV.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        2<55 

M.  DE  P.  Excuse  me,  it  is  just  coining  back  to  me. 

(To  Sbrigani.)  Devil  take  me  if  I  remember  anything 

about  it ! 
Sbr.  There  are  a  hundred  things  like  that  which  go 
^  out  of  one's  head. 

Eb.  Come,  embrace  me,  I  pray  you,  and  let  us  re- 
knit  the  bonds  of  our  old  friendship. 
Sbr.  This  man  loves  you  well. 
Eb..  Tell  me  some  news  of  all  your  relations  ;  how  is 

Monsieur  your  .   .  .  there  .  .  .  the  one  who  is 

such  a  good  fellow  ? 
M.  DE  P.  My  brother  the  consul  ? 
Er.  Yes. 

M.  DE  P.  He  is  in  excellent  health. 
Eb.  I  am  delighted  to  hear  it.     And  the  one  who  was 

so  good  tempered  ?  there  .  .  .  Monsieur  your  .  .  .  ? 
M.  DE  P.  My  cousin  the  assessor  ? 
Eb.  Exactly. 

M.  DE  P.  Just  the  same  gay  and  lively  fellow. 
Eb.  Upon  my  word  it  does  me  good  to  hear  it.     And 

Monsieur  your  uncle  ?  the  .  .  .  ? 
M.  DE  P.  I  have  not  an  uncle. 
Er.  But  you  had  one  at  that  time  .  .  . 
M.  DE  P.  No,  only  an  aunt. 
IEr.   That  was  what  I  meant  to  say,  Madame  your 

aunt :  how  is  she  ? 
M.  DE  P.  She  died  six  months  ago. 
Er.  Alas !  poor  woman !  she  was  such  a  good  creature. 

M.  DE  P.  Then  there  is  my  nephew  the  canon,  who 
^  almost  died  of  small-pox. 

Er.  What  a  terrible  loss  that  would  have  been  ! 
M.  DE  P.  Do  you  also  know  him  ? 
Er.    Certainly  I  know  him  !     A  tall,  well  set-up 

youth. 
M .  DE  P.  Not  very  tall. 
Er.  No,  but  well-built. 
M.  DE  P.  Ah  !  yes. 
Er.  He  is  your  nephew  .  .  , 
M.  DE  P.  Yes. 


266      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

Er.  Fils  de  votre  frere  et  de  votre  soeur  .  .  . 

M.  DE  P.  Justement. 

Eb.  Chanoine  de  Teglise  de  .  .  .  Comment  Tappelez- 

vous  ? 
M.  DE  P.  De  Saint-^tienne. 
Eb.  Le  voila,  je  ne  connais  autre. 
M.  DE  P.  II  dit  toute  la  parente. 
Sbb.  II  vous  connait  plus  que  vous  ne  croyez. 
M.  DE  P.  A  ce  que  je  vois,  vous  avez  demeure  long- 

^  temps  dans  notre  ville  ? 
Eb.  Deux  ans  entiers. 
M.  DE  P.  Vous  etiez  done  la  quand  mon  cousin  I'elu 

^  fit  tenir  son  enfant  a  Monsieur  notre  gouverneur  ? 
Eb.  Vraiment  oui,  j'y  fus  convie  des  premiers. 
M.  DE  P.  Cela  fut  galant. 
Eb.  Tres-galant. 

M.  DB  P.  C'etait  un  repas  bien  trousse. 
Eb.  Sans  doute. 
M.  DE  P.  Vous  vites  done  aussi  la  querelle  que  j'eus 

avee  ce  gentilhomme  perigordin  ? 
Eb.  Oui. 
M.  DE  P.  Parbleu  !  il  trouva  a  qui  parler. 

tn.  Ah,  ah  ! 

M.  DE  P.  II  me  donna  un  soufflet,  mais  je  lui  dis  bien 
^  son  fait. 
Eb.  Assurement.     Au  reste,  je  ne  pretends  pas  que 

vous  preniez  d'autre  logis  que  le  mien. 
M.  DE  P.  Je  n'ai  garde  de  .  .  . 
Eb.    Vous  moquez-vous?    Je  ne  soufFrirai  point  du 

tout  que  mon  meilleur  ami  soit  autre  part  que  dans 

ma  maison. 
M.  DE  P.  Ce  serait  vous  .  .  . 
]6b.   Non :  le  diable  m'emporte !  vous  logerez  chez 

moi. 
Sbb.  Puisqu'il  le  veut  obstinement,  je  vous  conseille 
^  d'accepter  I'oiFre. 
Eb.  Ou  sont  vos  hardes  ? 
M.  DE  P.  Je  les  ai  laissees,  avec  mon  valet,  ou  je  suis 

descendu. 


8c.  IV.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       267 

J^B.  Son  of  your  brother  and  your  sister  .  ,  . 

M.  DE  P.  Exactly. 

Er.  Canon  of  the  church  of  .  .  .  What  do  you  call 

it? 
M.  DE  P.  St.  Stephen. 
Er.  That  is  he,  I  do  not  know  any  other. 
M.  DE  P.  He  has  spoken  of  all  my  relations. 
Sbr.  He  knows  you  better  than  you  think. 
M.  DE  P.  So  far  as  I  can  see,  you  stayed  a  long  time 
^  in  our  town  ? 
Er.  Two  whole  years. 

M.  DE  P.  You  were  there,  then,  when  our  governor 
^  was  sponsor  to  my  cousin  the  assessor's  child? 
Er.  Indeed  yes,  I  was  one  of  the  first  to  be  invited. 
M.  DE  P.  That  was  a  fine  aflfair. 
Er.  Very  fine. 

M.  DE  P.  The  repast  was  well  served. 
Er.  There  is  no  doubt  about  that. 
M.  DE  P.  Then  you  were  also  witness  of  the  quarrel 

I  had  with  that  gentleman  from  Perigord  ? 
Er.  Yes. 
M.  DE  P.  Upon  my  soul !  he  found  out  to  whom  he 

was  talking. 
Er.  Ah,  ah! 
M.  DE  P.  He  slapped  my  face,  but  I  told  him  straight 

what  I  thought  of  him. 
Er.  Certainly.    Well,  I  cannot  think  of  your  staying 

in  any  other  house  than  mine. 
M.  DE  P.  I  could  not  dream  .  .  . 
Er.  Are  you  jesting?     I  shall  not  think  of  allowing 

my  best  friend  to  be  elsewhere  than  in  my  house. 

M.  DE  P.  It  would  inconvenience  .  .  . 

Er.  No  :  devil  take  me  !  you  shall  lodge  with  me. 

Sbr.  Since  he  obstinately  wishes  it,  I  advise  you  to 
^  accept  the  offer. 
Er.  Where  is  your  luggage  ? 
M.  DE  P.  I  left  it,  with  my  valet,  where  I  got  out. 


268      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  l 

Er.  Envoy ons-les  querir  par  quelqu'un. 

M.  DE  P.  Non  :  je  lui  ai  defendu  de  bouger,  a  moins 

que  j'y  fusse  moi-meme,  de  peur  de  quelque  four- 

berie. 
Sbr.  C'est  prudemment  avise. 
M.  DE  P.  Ce  pays-ci  est  un  peu  sujet  a  caution. 
Er.  On  voit  les  gens  d'esprit  en  tout. 
Sbr.  Je  vais  accompagner  Monsieur,  et  le  ramenerai 

ou  vous  voudrez. 
Er.  Oui,  je  serai  bien  aise  de  donner  quelques  ordres, 

et  vous  n'avez  qu'a  revenir  a  cette  maison-la. 
Sbr.  Nous  sommes  a  vous  tout  a  I'heure. 
Er.   Je  vous  attends  avec  impatience. 
M.  DE  P.  Voila  une  connaissance  ou  je  ne  m'attendais 

point. 
Sbr.  11  a  la  mine  d'etre  honnete  homme. 
Er.   (seul.)   Ma  foi  1  Monsieur  de  Pourceaugnac,  nous 

vous  en  donnerons  de  toutes  les  fa9ons ;  les  choses 

sont  preparees,  et  je  n'ai  qua  frapper. 


SciNE  V 
L'Apothicaire,  Eraste 

6r.  Je  crois,  Monsieur,  que  vous  etes  le  medecin  a 
qui  Ton  est  venu  parler  de  ma  part. 

L'A.  Non,  Monsieur,  ce  n'est  pas  moi  qui  suis  le 
medecin ;  a  moi  n'appartient  pas  cet  honneur,  et 
je  ne  suis  qu'apothicaire,  apothicaire  indigne,  pour 
^  vous  servir. 

Er.   Et  Monsieur  le  medecin  est-il  a  la  maison  .'* 

L'A.  Oui,  il  est  la  embarrasse  a  expe'dier  quelques 
^  malades,  et  je  vais  lui  dire  que  vous  etes  ici. 

Er.  Non,  ne  bougez :  j'attendrai  qu'il  ait  fait;  c'est 
pour  lui  mettre  eutre  les  mains  certain  parent  que 
nous  avons,  dont  on  lui  a  parle,  et  qui  se  trouve 
attaque  de  quelque  folie,  que  nous  serious  bien 
aises  qu'il  put  gue'rir  avant  que  de  le  marier. 

L'A.  Je  sais  ce  que  c'est,  je  sais  ce  que  c'est,  et  j'etais 


sc.  v.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       269 

6b.  We  will  send  some  one  to  fetch  it. 
M.  DE  P.  No  :  I  forbade  him  to  stir,  until  I  myself 
returned,  for  fear  of  some  roguery. 

Sbr.  You  were  well  advised. 

M.  DE  P.  It  is  necessary  to  be  cautious  in  these  parts. 

Er.  You  think  of  everything. 

Sbr.  I  will  accompany  Monsieur,  and  bring  him  back 

where  you  wish. 
Er.  Yes,  I  must  give  a  few  orders,  and  you  have  but 

to  come  back  to  this  house. 
Sbr.  We  shall  be  with  you  immediately. 
Er.   I  will  await  you  with  impatience. 
M.  DE  P.  This  is  an  acquaintance  I  did  not  expect. 

Sbr.  He  looks  as  though  he  were  an  honest  man. 
Er.    (alone.)    Upon    my    word,    Monsieur    de    Pour- 

ceaugnac,  we  shall  go  for  you  on  all  sides ;  matters 

are  ready,  I  have  but  to  strike. 


Scene  V 
The  Apothecary,  Eraste 

]6r.  I  believe,  Monsieur,  you  are  the  doctor  to  whom 
I  sent. 

The  a.  No,  Monsieur,  I  am  not  the  doctor;  that 
honour  does  not  appertain  to  me,  I  am  only 
an  apothecary,  an  unworthy  apothecary,  at  your 
service. 

Er.  Is  the  doctor  at  home  ? 

The  a.  Yes,  he  is  busy  dispatching  some  patients,  I 
^  will  go  and  tell  him  you  are  here. 

Er.  No,  do  not  stir ;  I  will  wait  until  he  has  done ; 
I  want  to  put  a  certain  relation  of  ours  in  his  hands, 
of  whom  I  have  spoken,  he  is  a  little  mad,  and  we 
should  be  very  glad  if  he  could  be  cured  before  he 
is  married. 

The  a.  I  know  all  about  it,  I  know  all  about  it,  I  was 


270      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

avec  lui  quaud  on  lui  a  parle  de  cette  affaire.  Ma 
foi,  ma  foi !  vous  ne  pouviez  pas  vous  adresser  a 
un  medecin  plus  habile :  c'est  un  homme  qui  sait 
la  medecine  a  fond,  comme  je  sais  ma  croix  de  par 
Dieu,  et  qui,  quand  on  devrait  crever,  ne  demor- 
drait  pas  d'un  iota  des  regies  des  anciens.  Oui,  il 
suit  toujours  le  grand  chemin,  le  grand  chemin,  et 
ne  va  point  chercher  midi  a  quatorze  heures ;  et 
pour  tout  Tor  du  monde,  il  ne  voudrait  pas  avoir 
gueri  une  personne  avec  d'autres  remedes  que  ceux 

^  que  la  Faculte  permet. 

Er.  II  fait  fort  bien  :  un  malade  ne  doit  point  vouloir 
guerir  que  la  Faculte  n'y  consente. 

L'A.  Ce  n'est  pas  parce  que  nous  sommes  grands 
amis,  que  j'en  parle  ;  mais  il  y  a  plaisir,  il  y  a  plaisir 
d'etre  son  malade ;  et  j'aimerais  mieux  mourir  de 
ses  remedes  que  de  guerir  de  ceux  d'un  autre  ;  car, 
quoi  qui  puisse  arriver,  on  est  assure  que  les  choses 
sont  toujours  dans  I'ordre ;  et  quand  on  meurt 
sous  sa  conduite,  vos  heritiers  n'ont  rien  a  vous 

^  reprocher. 

Er.  C'est  une  grande  consolation  pour  un  defunt. 

L'A.  Assurement:  on  est  bien  aise  au  moins  d'etre 
mort  methodiquement.  Au  reste,  il  n'est  pas  de 
ces  medecins  qui  marchandent  les  maladies :  c'est 
un  homme  expeditif,  expeditif,  qui  aime  a  depecher 
ses  malades;  et  quand  on  a  a  mourir,  cela  se  fait  avec 

^  lui  le  plus  vite  du  monde. 

Er.  En  effet,  il  n'est  rien  tel  que  de  sortir  prompte- 
ment  d' affaire. 

L'A.  Cela  est  vrai :  a  quoi  bon  tant  barguigner  et 
tant  tourner  autour  du  pot  ?  II  faut  savoir  vitement 
^  le  court  ou  le  long  d'une  maladie. 

Er.  Vous  avez  raison. 

L'A.  Voila  deja  trois  de  mes  enfants  dont  il  m'a  fait 
I'honneur  de  conduire  la  maladie,  qui  sont  morts  en 
moins  de  quatre  jours,  et  qui,  entre  les  mains  d'un 
autre,  auraient  langui  plus  de  trois  mois. 

Er.  II  est  bon  d'avoir  des  amis  comme  cela. 


8c.  v.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       271 

with  him  when  the  matter  was  mentioned  to  him. 
Well,  well !  you  may  take  my  word  for  it,  you  could 
not  have  approached  a  more  skilful  doctor :  he  knows 
medicine  down  to  the  ground,  as  I  know  my  ABC, 
and,  even  when  it  means  his  patients  dying,  he  will 
not  abate  one  iota  of  the  rules  of  the  ancients.  Yes, 
he  takes  the  mid-stream,  always,  the  mid-stream, 
and  does  not  trouble  himself  to  investigate  back- 
waters ;  not  for  all  the  gold  in  the  world,  would  he 
cure  any  one  with  other  remedies  than  those  pre- 

^  scribed  by  the  Faculty. 

Eb.  He  does  well :  a  patient  ought  not  to  wish  to  be 
cured  unless  the  Faculty  consents. 

The  a.  It  is  not  because  we  are  great  friends  that  I 
speak  thus  ;  but  it  is  a  pleasure,  yes,  it  is  a  pleasure 
to  be  his  patient ;  I  would  rather  die  under  his 
remedies  than  be  cured  by  those  of  another  doctor  ; 
for,  whatever  may  happen,  one  is  assured  that 
things  are  always  in  order ;  and,  when  the  patient 
dies  under  his  treatment,  the  heirs  have  nothing, 
^  then,  with  which  they  can  reproach  you. 

Eb.  That  is  a  great  consolation  for  the  remains. 

The  a.  Assuredly :  at  any  rate  it  is  satisfactory  to 
die  methodically.  Moreover,  he  is  not  of  those 
doctors  who  bargain  with  diseases :  he  is  an  ex- 
peditious man,  yes,  an  expeditious  man,  who  likes 
to  dispatch  his  patients ;  and  when  one  has  to  die, 
^  he  executes  his  business  with  the  utmost  celerity. 

Er.   Indeed  there  is  nothing  like  getting  through 
one's  work  rapidly. 

The  a.  True  :  what  is  the  good  of  so  much  haggling 
and  so  much  beating  about  the  bush  ?     One  ought 
to  know  the  long  and  short  of  a  disease  quickly. 
.  You  are  right. 

The  a.  He  has  done  me  the  honour  to  treat  the  ill- 

»nesses  of  three  of  my  children,  so  far,  and  they  died 
in  four  days ;  now,  in  the  hands  of  any  one  else, 
they  would  have  lingered  on  for  three  months  and 
more. 
Er.  It  is  good  to  have  friends  like  that. 


™R, 


272      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

L'A.  Sans  doute.  II  ne  me  reste  plus  que  deux 
enfants,  dont  il  prend  soin  comme  des  siens ;  il  les 
traite  et  gouverne  a  sa  fantaisie,  sans  que  je  me 
mele  de  rien ;  et  le  plus  souvent,  quand  je  reviens 
de  la  ville,  je  suis  tout  etonne  que  je  les  trouve 
saignes  ou  purges  par  son  ordre. 

Eb.  Voila  des  soins  fort  obligeants. 
L'A.  Le  void,  le  voici,  le  voici  qui  vient. 


Scene  VI 

Premier  Medecin,  Us  Paysan,  Une  Paysanne, 
ErastEj  L'Apothicaire 

Le  Pa.  Monsieur,  il  n'en  peut  plus,  et  il  dit  qu'il  sent 
dans  la  tete  les  plus  grandes  douleurs  du  monde. 

Prem.  M.  Le  malade  est  un  sot,  d'autant  plus  que, 
dans  la  maladie  dont  il  est  attaque,  ce  n'est  pas  la 
tete,  selon  Galien,  mais  la  rate,  qui  lui  doit  faire 
mal. 

Lb  Pa.  Quoi  que  e'en  soit.  Monsieur,  il  a  toujours 
avec  cela  son  cours  de  ventre  depuis  six  mois. 

Prem.  M.  Bon,  c'est  signe  que  le  dedans  se  degage. 
Je  I'irai  visiter  dans  deux  ou  trois  jours ;  mais  s'il 
mourait  avant  ce  temps-la,  ne  manquez  pas  de  m'en 
donner  avis,  car  il  n'est  pas  de  la  civilite  qu'un 
medecin  visite  un  mort. 

La  Pa.  Mon  pere.  Monsieur,  est  toujours  malade  de 
plus  en  plus. 

Prem.  M.  Ce  n'est  pas  ma  faute :  je  lui  donne  des 
remedes ;  que  ne  guerit-il  ?  Combien  a-t-il  e'te 
saigne'  de  fois  ? 

La  Pa.  Quinze,  Monsieur,  depuis  vingt  jours. 

Prem.  M.  Quinze  fois  saigne  ? 

La  Pa.  Oui. 

Prem.  M.  Et  il  ne  guerit  point  ? 

La  Pa.  Non,  Monsieur. 

Prem.  M.  C'est  signe  que  la  maladie  n'est  pas  dans  le 


8C.VI.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       273 

The  a.  Unquestionably.  I  have  now  only  two  chil- 
dren, of  whom  he  takes  care  as  of  his  own  ;  he 
treats  them  and  doctors  them  according  to  his  fancy, 
without  my  bothering  to  interfere  at  all ;  and 
generally,  when  I  come  back  from  the  town,  I  am 
agreeably  surprised  to  find  they  have  been  bled  or 
^  purged  by  his  order. 

Eb.  That  is  indeed  taking  care. 

The  a.  Here  he  is,  here  he  is,  this  is  he. 


Scene  VI 

First  Doctor,  A  Countryman,  A  Countrywoman, 
Eraste,  The  Apothecary 

The  Cm.  Monsieur,  he  cannot  bear  it  any  longer,  he 
says  he  feels  the  most  horrible  pains  in  his  head. 

1st  D.  The  patient  is  a  fool,  inasmuch  as,  in  the 
complaint  by  which  he  is  attacked,  according  to 
Galen,  it  is  not  in  the  head  but  in  the  spleen  where 
he  should  suffer. 

The  Cm.  However  that  may  be.  Monsieur,  he  has 
been  lax  in  his  bowels  with  it  for  six  months. 

1st  D.  Good,  it  is  a  sign  that  he  is  being  cleared  out 
inside.  I  will  go  and  see  him  in  two  or  three  days' 
time  ;  but  if  he  should  die  before  then,  do  not  fail 
to  let  me  know,  for  it  is  not  etiquette  for  a  doctor 
to  visit  a  corpse. 

The  Cw.   Monsieur,  my  father  gets  worse  and  worse. 

1st  D.  That  is  not  my  fault:  I  have  given  him 
remedies  ;  why  does  he  not  get  better.?  How  many 
times  has  he  been  bled  ? 

The  Cw.   Fifteen  times.  Monsieur,  in  twenty  days. 

1st  D.  Bled  fifteen  times.? 

The  Cw.  Yes. 

1st  D.  And  he  does  not  get  better  ? 

The  Cw.  No,  Monsieur. 

1st  D.  Then  it  is  a  sign  that  the  disease  is  not  in  the 


274      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

sang.     Nous  le  ferons  purger  autant  de  fois,  pour 
voir  si  elle  n'est  pas  dans  les  humeurs  ;  et  si  rien  ne 
nous  reussit,  nous  Tenvoyerons  aux  bains. 
L'A.  Voila  le  fin  cela^  voila  le  fin  de  la  medecine. 

]6b.  C'est  moij  Monsieur^  qui  vous  ai  envoye  parler 
ces  jours  passes  pour  un  parent  un  peu  trouble 
d'espritj  que  je  veux  vous  donner  chez  vous,  afin  de 
le  guerir  avec  plus  de  commodite,  et  qu'il  soit  vu 
de  moins  de  monde. 

Prem.  M.  Oui,  Monsieur,  j'ai  deja  dispose  tout,  et 
promets  d'en  avoir  tous  les  soins  imaginables. 

^B.  Le  void. 

Prem.  M.  La  conjoncture  est  tout  a  fait  heureuse,  et 

j'ai  ici  un  ancien  de  mes  amis  avec  lequel  je  serai 

bien  aise  de  consulter  sa  maladie. 


Scene  VII 

Monsieur  de  Pourceaugnac,  Eraste,  Premier 
Medecin,  L'Apothicaire 

Er.  Une  petite  affaire  m'est  survenue,  qui  m'oblige  a 
vous  quitter :  mais  voila  une  personne  entre  les 
mains  de  qui  je  vous  laisse,  qui  aura  soin  pour  moi 
de  vous  traiter  du  mieux  qu'il  lui  sera  possible. 

Prem.  M.  Le  devoir  de  ma  profession  m'y  oblige,  et 
c'est  assez  que  vous  me  chargiez  de  ce  soin. 

M.  de  p.  C'est  son  maitre  d'hotel,  et  il  faut  que  ce 
soit  un  homme  de  qualite. 

Prem.  M.  Oui,  je  vous  assure  que  je  traiterai  Monsieur 
me'thodiquement,  et  dans  toutes  les  r^gularites  de 
notre  art. 

M.  DE  P.  Mon  Dieu  !  il  ne  me  faut  point  tant  de 
ceremonies ;  et  je  ne  viens  pas  ici  pour  incommoder. 

Prem.  M.  Un  tel  emploi  ne  me  donne  que  de  la 
joie. 


sc.vii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       275 

blood.  We  will  purge  him  as  many  times,  to  see  if 
it  is  not  in  the  humours ;  and  if  nothing  comes  of 
that,  we  will  send  him  to  the  baths. 

The  a.  That  is  the  quintessence,  yes,  that  is  the 

^  quintessence  of  the  science  of  medicine. 

Er.  Monsieur,  I  sent  you  a  few  days  ago  a  message 
concerning  a  relation  who  is  not  quite  right  in  his 
mind :  I  wish  to  send  him  to  you,  so  that  he  may 
be  cured  with  the  greatest  ease  and  not  fall  under 
observation. 

1st  D.  Yes,  Monsieur,  I  have  already  prepared  every- 
thing :  I  promise  to  show  him  every  imaginable 

^  care. 

Er.  Here  he  is. 

1st  D.  This  meeting  is  very  fortunate,  for  I  have  here 
an  old  friend  of  mine,  whom  I  should  be  very  glad 
to  consult  concerning  his  malady. 


Scene  VII 

Monsieur  de  Pourceaugnac,  Eraste,  First  Doctor, 
The  Apothecary 

Er.  I  have  a  little  affair  I  must  look  after  and  I  must 

leave  you  for  the  present :  but  this  gentleman,  in 

whose  hands  I  leave  you,  will  do  everything  he  can 

to  treat  you  well  for  my  sake. 
1st  D.  The  duty  of  my  profession  enjoins  me  to  it ;  it 

is  enough  that  you  place  this  charge  upon  me. 
M.  DE  P.  He  is  his  steward  ;   he  seems  a  person  of 

some  importance. 
1st  D.  Yes,  I  assure  you  I  will  treat  this  gentleman 

methodically,  and  according  to  all  the  rules  of  our 

art. 
M.  DE  P.    Good  heavens !    I  do  not  need  so  many 

ceremonies ;  I  did  not  come  here  to  inconvenience 

you. 
1st  D.    Such  an  occupation  gives  me  nothing  but 

pleasure. 


276      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actb  i. 

Er.  Voila  toujours  six  pistoles  d'avance,,  en  attendant 

ce  que  j'ai  promis. 
M.  DE  P.  Non,  s'il  vous  plait,  je  n'entends  pas  que 

vous  fassiez  de  depense,  et  que  vous  envoyiez  rien 

acheter  pour  moi. 
Er.  Mon  Dieu  !  laissez  faire.     Ce  n'est  pas  pour  ce 

que  vous  pensez. 
M.  DE  P.    Je  vous  demande  de  ne  me  traiter  qu'en 

ami. 
Er.    C'est  ce  que  je  veux  faire.    (Bas  au  medecin.)   Je 

vous  recommande  surtout  de  ne  le  point  laisser 

sortir  de  yds  mains ;  car  parfois  il  veut  s'echapper. 

Prem.  M.  Ne  vous  mettez  pas  en  peine. 

Er.  (i  Monsieur  de  Pourceaugnac. )  Je  vous  prie  de  m'ex- 

cuser  de  I'incivilite  que  je  commets. 
M.  DE  P.  Vous  vous  moquezj  et  c'est  trop  de  grace 

que  vous  me  faites. 


Scene  VIII 

Premier  Medecin,  Second  Medecin,  Monsieur  de 
Pourceaugnac,  L'Apothicaire 

Prem.  M.   Ce  m'est  beaucoup  d'honneur.  Monsieur, 

d'etre  choisi  pour  vous  rendre  service. 
M.  DE  P.  Je  suis  votre  serviteur. 
Prem.  M.    Voici  un  habile  homme,  mon  confrere, 

avec  lequel  je  vais  consulter  la  maniere  dont  nous 

vous  traiterons. 
M.  de  p.  II  ne  faut  point  tant  de  fa^ons,  vous  dis-je, 

et  je  suis  homme  a  me  contenter  de  I'ordinaire. 
Prem.  M.  Aliens,  des  sieges. 
M.  de  p.  Voila,  pour  un  jeune  homme,  des  domes- 

tiques  bien  lugubres ! 
Prem.    M.    Aliens,   Monsieur :   prenez  votre  place, 

Monsieur. 
(Lorsqu'ils  sont  assis,  les  deux  M^decins  lui  prennent 
chacun  une  main,  pour  lui  t&ter  le  poids.) 


8c.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      277 

Eb.  Here  are  six  pistoles  in  advance,  on  account  of 
what  1  promised  you. 

M.  DE  P.  No,  pardon  me,  I  cannot  permit  you  to  be 
at  any  expense,  you  must  not  send  out  to  buy  any- 
thing for  me. 

Er.  Indeed,  you  must  allow  me.  It  is  not  for  what 
you  think. 

M.  DE  P.  I  entreat  you  to  consider  me  in  the  light  of 

^  a  friend. 

Er.  That  is  just  what  I  intend  to  do.  (Aside,  to  the 
doctor.)  Above  all,  I  recommend  you  not  to  let  him 
go  out  of  your  hands ;  for  sometimes  he  wishes  to 
escape. 

1st  D.  Do  not  trouble  yourself. 

Er.  (to  Monsieur  de  Pourceaugnac.)  I  pray  you  to  excuse 
my  apparent  incivility. 

M.  DE  P.  Do  not  mention  it,  you  do  me  too  much 
honour. 


SciiNE  VIII 

First  Doctor,  Second  Doctor,  Monsieur  de  Pour- 
ceaugnac, The  Apothecary 

1st  D.  You  do  me  too  great  an  honour.  Monsieur,  in 

choosing  me  to  attend  you. 
M.  DE  P.  I  am  your  servant. 
1st  D.  This  is  my  colleague,  a  clever  man,  with  whom 

I  wish  to  consult  concerning  the  manner  of  treating 

you. 
M.  DE  P.    I  repeat,  there  is  no  need  of  so  much 

ceremony,  I  am  quite  content  with  ordinary  fare. 
1st  D.  Come,  bring  some  chairs. 
M.  DE  P.  Well,  these  are  dismal-looking  attendants 

for  a  young  man  ! 
1st  D.  Come,  Monsieur  :  pray  sit  down.  Monsieur. 


(When  they  are  seated,  each  of  the  two  Doctors  takes 
him  by  the  hand  to  feel  his  pulse.) 


278       MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actei. 

M.  DE  P.  (prdsentant  ses  mains. )  Votre  tres-humble  valet. 
(Voyant  qu'ils  lui  tatent  le  pouls.)    Que  veut  dire  cela  ? 

Prem.  M.  Mangez-vous  bien,  Monsieur? 

M.  DE  P.  Oui_,  et  bois  encore  mieux. 

Prem.  M.  Tant  pis  :  cette  grande  appctition  du  froid 

et  de  I'humide  est  une  indication  de  la  chaleur  et 

secheresse  qui  est  au  dedans.     Dormez-vous  fort? 
M.  de  p.  Oui,  quand  j'ai  bien  soupe. 
Prem.  M.  Faites-vous  des  songes  .'* 
M.  de  p.  Quelquefois. 
Prem.  M.  De  quelle  nature  sont-ils  } 
M.  DE  P.  De  la  nature  des  songes.     Quelle  diable  de 

conversation  est-ce  la  .'* 
Prem.  M.  Vos  dejections,  comment  sont-elles  .^ 
M.  DE  P.  Ma  foi !  je  ne  comprends  rien  a  toutes  ces 

questions,  et  je  veux  plutot  boire  un  coup. 

Prem.  M.  Un  peu  de  patience,  nous  allons  raisonuer 
sur  votre  affaire  devant  vous,  et  nous  le  ferons  en 
francais,  pour  etre  plus  intelligibles. 

M.  DE  P.  Quel  grand  raisonnement  faut-il  pour  manger 
un  morceau  ? 

Prem.  M.  Comme  ainsi  soit  qu'on  ne  puisse  guerir 
une  maladie  qu'on  ne  la  connaisse  parfaitement,  et 
qu'on  ne  la  puisse  parfaitement  connaitre  sans  en 
bien  etablir  I'idee  particuliere,  et  la  veritable  espece, 
par  ses  signes  diagnostiques  et  prognostiques,  vous 
me  permettrez,  Monsieur  notre  ancien,  d'entrer  en 
consideration  de  la  maladie  dont  il  s'agit,  avant  que 
de  toucher  a  la  therapeutique,  et  aux  remedes  qu'il 
nous  conviendra  faire  pour  la  parfaite  curation 
d'icelle.  Je  dis  done.  Monsieur,  avec  votre  per- 
mission, que  notre  malade  ici  present  est  mal- 
heureusement  attaque,  affecte,  possede,  travaille  de 
cette  sorte  de  folie  que  nous  nommons  fort  bien 
melancolie  hypocondriaque,  espece  de  folie  tres- 
facheuse,  et  qui  ne  demande  pas  moins  qu'un  Escu- 
lape  comme  vous,  consomme  dans  notre  art,  vous, 
dis-je,  qui  avez  blanchi,  comme  on  dit,  sous  le 


sc.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      279 

M.  DE  P.  (holding  out  his  hands.)  Your  very  humble 
servant.  (Seeing  that  they  are  feeling  his  pulse.)  What 
can  this  mean  ? 

1st  D.  Do  you  eat  well.  Monsieur  .^ 

M.  DE  P.  Yes,  and  drink  still  better. 

1st  D.  So  much  the  worse :  this  great  craving  for 
what  is  cold  and  damp  is  an  indication  of  the  heat 
and  dryness  inside.     Do  you  sleep  soundly  .'' 

M.  DE  P.  Yes,  when  I  have  supped  well. 

1st  D.  Are  you  troubled  by  dreams? 

M.  DE  P.  Sometimes. 

1st  D.  Of  what  nature  are  they  ? 

M.  DE  P.  Of  the  nature  of  dreams.  What  the  devil 
does  this  conversation  mean  ? 

1st  D.  How  are  your  bowels  moved  ? 

M.  DE  P.  Upon  my  word  !  I  do  not  understand  the 
meaning  of  these  questions :  I  would  rather  have  a 
glass  of  something  to  drink. 

1st  D.  Have  a  little  patience,  we  are  going  to  debate 
upon  your  condition  before  you,  and  we  will  talk 
in  French,  in  order  to  be  the  better  understood. 

M.  DE  P.  Where  is  there  need  of  so  much  talk  about 
eating  a  trifle  ? 

1st  D.  Since  it  is  a  fact  that  we  cannot  cure  a  disease 
unless  we  know  it  perfectly,  and  since  we  cannot 
know  it  perfectly  without  first  setting  up  its  par- 
ticular theory,  and  its  true  species,  by  diagnostic 
and  prognostic  signs,  you  will  permit  me,  my  old 
colleague,  to  enter  upon  the  consideration  of  the 
malady  in  question,  before  we  begin  upon  the 
therapeutics,  or  discuss  the  remedies  which  we  must 
take  into  account  in  order  to  eifect  a  perfect  cure 
of  the  said  disease.  With  your  permission,  there- 
fore. Monsieur,  I  have  to  say  that  our  patient  here 
present  is  unhappily  attacked,  aff"ected,  possessed, 
troubled  with  that  kind  of  madness  which  we  very 
truly  name  hypochondriacal  melancholy,  a  kind  of 
madness  very  trying,  and  one  which  requires  no 
less  than  an  Esculapius  such  as  you  are,  consummate 
in  our  art,  you,  I  say,  who  have  grown  old,  as  the 


280      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

harnois,  et  auquel  il  en  a  tant  passe  par  les  mains 
de  toutes  les  fa9ons.  Je  I'appelle  melancolie  hypo- 
condriaque,  pour  la  distinguer  des  deux  autres ;  car 
le  ce'lebre  Galien  etablit  doctement  a  son  ordinaire 
trois  especes  de  cette  maladie  que  nous  nommons 
melancolie,  ainsi  appelee  non-seulement  par  les 
Latins,  mais  encore  par  les  Grecs,  ce  qui  est  bien  a 
remarquer  pour  notre  affaire  :  la  premiere,  qui  vient 
du  propre  vice  du  cerveau  ;  la  seconde,  qui  vient  de 
tout  le  sang,  fait  et  rendu  atrabiliaire  ;  la  troisieme, 
appelee  hypocondriaque,  qui  est  la  notre,  laquelle 
procede  du  vice  de  quelque  partie  du  bas-ventre  et 
de  la  region  inferieure,  mais  particulierement  de  la 
rate,  dont  la  chaleur  et  Tinflammation  porte  au 
cerveau  de  notre  malade  beaucoup  de  fuligines 
epaisses  et  crasses,  dont  la  vapeur  noire  et  maligne 
cause  depravation  aux  fonctions  de  la  faculte  prin- 
cesse,  et  fait  la  maladie  dont,  par  notre  raisonne- 
ment,  il  est  manifestement  atteint  et  convaincu. 
Qu'ainsi  ne  soit,  pour  diagnostique  incontestable 
de  ce  que  je  dis,  vous  n'avez  qu'a  considerer  ce 
grand  serieux  que  vous  voyez;  cette  tristesse  ac- 
compagnee  de  crainte  et  de  defiance,  signes  patho- 
gnomoniques  et  individuels  de  cette  maladie,  si  bien 
marque'e  chez  le  divin  vieillard  Hippocrate ;  cette 
pbysionomie,  ces  yeux  rouges  et  hagards,  cette 
grande  barbe,  cette  habitude  du  corps,  menue,  grele, 
noire  et  velue,  lesquels  signes  le  denotent  tres- 
affecte  de  cette  maladie,  procedante  du  vice  des 
hypocondres :  laquelle  maladie,  par  laps  de  temps 
naturalisee,  envieillie,  habituee,  et  ayant  pris  droit 
de  bourgeoisie  chez  lui,  pourroit  bien  degenerer  ou 
en  manie,  ou  en  phthisie,  ou  en  apoplexie,  ou  meme 
en  fine  frenesie  et  fureur.  Tout  ceci  suppose,  puis- 
qu'une  maladie  bien  connue  est  a  demi  guerie,  car 
ignoti  nulla  est  curatio  morhi,  il  ne  vous  sera  pas 
difficile  de  convenir  des  remedes  que  nous  devons 
faire  a  Monsieur.  Premierement,  pour  remedier  a 
cette  plethore  obturante,  et  a  cette  cacochymie 
luxuriante  par  tout  le  corps,  je  suis  d'avis  qu'il 


I 


sc.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      281 

saying  is,  in  harness,  and  through  whose  hands  so 
many  of  divers  sorts  have  passed.  I  call  it  hypo- 
chondriacal melancholy,  to  distinguish  it  from  two 
others ;  for  the  celebrated  Galen,  as  was  his  rule, 
learnedly  established  three  species  of  the  malady, 
which  we  call  melancholy,  called  thus  not  only  by 
the  Latins,  but  even  by  the  Greeks,  and  it  is  as  well 
to  take  a  note  of  this  as  appertaining  to  our  case  : 
the  first,  which  arises  from  a  disease  of  the  brain 
itself;  the  second,  which  arises  solely  from  the 
blood,  made  and  become  atrabilious ;  the  third, 
called  hypochondriacal,  which  is  ours,  proceeds 
from  some  defect  in  the  lower  part  of  the  abdomen 
and  of  the  inferior  region,  but  particularly  of  the 
spleen,  the  heat  and  inflammation  of  which  drives 
to  the  brain  of  our  patient  a  great  quantity  of 
fuliginous,  thick  and  foul  matter,  the  black  and 
malignant  vapour  of  which  causes  depravation  of 
the  functions  of  the  leading  faculty  and  causes  the 
disease  by  which,  according  to  our  argument,  he  is 
manifestly  accused  and  convicted.  And  in  order  to 
prove  this,  as  an  incontestable  diagnosis  of  what  I 
have  said,  you  have  but  to  consider  the  profound 
seriousness  you  see  before  you ;  that  sadness  and 
its  accompanying  fear  and  mistrust,  pathognomonic 
and  characteristic  signs  of  this  malady,  so  well 
described  by  the  divine  old  Hippocrates ;  that 
physiognomy,  these  red  and  haggard  eyes,  this  great 
beard,  this  condition  of  the  body,  thin,  emaciated, 
black  and  hairy,  which  signs  indicate  that  he  is  far 
gone  in  the  malady  that  springs  from  a  disease  of 
the  hypochondria :  which  malady,  having,  by  lapse 
of  time,  become  naturalised,  ingrained,  chronic,  and 
become,  as  it  were,  a  citizen  in  him,  might  easily 
degenerate  either  into  mania,  or  into  consumption, 
or  into  apoplexy,  or  even  into  downright  phrenzy 
and  madness.  All  this  granted,  and  since  a  disease 
well  diagnosed  is  half  cured,  for  ignoti  nulla  est 
curatio  morhi,  it  will  not  be  difficult  for  you  to 
decide  what  remedies  we  ought  to  prescribe  for  this 


282      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

soit  phlebotomise  liberalement,  c'est-a-dire  que  les 
saigne'es  soient  frequentes  et  plantureuses :  en 
premier  lieu  de  la  basilique^  puis  de  la  cephalique ; 
et  meme,  si  le  mal  est  opiniatre,  de  lui  ouvrir  la 
veine  du  front,  et  que  I'ouverture  soit  large,  afin 
que  le  gros  sang  puisse  sortir ;  et  en  meme  temps, 
de  le  purger,  desopiler,  et  evacuer  par  purgatifs 
propres  et  convenables,  c'est-a-dire  par  cholagogues, 
melanogogues,  et  caetera ;  et  comme  la  ve'ritable 
source  de  tout  le  mal  est  ou  une  humeur  crasse  et 
feculente,  ou  une  vapeur  noire  et  grossiere  qui 
obscurcit,  infecte  et  salit  les  esprits  animaux,  il  est 
a  propos  ensuite  qu'il  prenne  un  bain  d'eau  pure  et 
nette,  avec  force  petit-lait  clair,  pour  purifier  par 
I'eau  la  feculence  de  I'humeur  crasse,  et  eclaircir 
par  le  lait  clair  la  noirceur  de  cette  vapeur ;  mais, 
avant  toute  chose,  je  trouve  qu'il  est  bon  de  le 
rejouir  par  agreables  conversations,  chants  et  instru- 
ments de  musique,  a  quoi  il  n'y  a  pas  d'inconvenient 
de  joindre  des  danseurs,  afin  que  leurs  mouvements, 
disposition  et  agilite  puissent  exciter  et  re'veiller  la 
paresse  de  ses  esprits  engourdis,  qui  occasionne 
i'epaisseur  de  son  sang,  d'ou  procede  la  maladie. 
Voila  les  remedes  que  j'imagiue,  auxquels  pour- 
ront  etre  ajoutes  beaucoup  d'autres  meilleurs  par 
Monsieur  notre  maitre  et  ancien,  suivant  I'ex- 
perience,  jugement,  lumiere  et  suffisance  qu'il  s'est 
acquise  dans  notre  art.     Dioci. 


Sec.  M.  a  Dieu  ne  plaise.  Monsieur,  qu'il  me  tombe 
en  pensee  d'ajouter  rien  a  ce  que  vous  venez  de 
dire  !  Vous  avez  si  bien  discouru  sur  tous  les 
signes,  les  symptomes  et  les  causes  de  la  maladie  de 
Monsieur ;  le  raisonnement  que  vous  en  avez  fait 
est  si  docte  et  si  beau,  qu'il  est  impossible  qu'il  ne 
soit  pas  fou,  et  melancolique  hypocondriaque  ;  et 
quand  il  ne  le  serait  pas,  il  faudrait  qu'il  le  devint, 


sc.viii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC     283 

gentleman.  Firstly,  in  order  to  cure  this  obdurate 
plethora,  and  this  luxuriant  cacochymy  throughout 
the  body,  I  am  of  opinion  that  he  should  be  liberally 
phlebotomised,  that  is  to  say  that  he  should  be 
frequently  and  copiously  bled  :  in  the  first  place  by 
the  basilic  and  then  by  the  cephalic  vein  ;  and  even, 
if  the  disease  be  obstinate,  the  vein  in  the  forehead 
should  be  opened,  and  the  opening  made  large,  in 
order  that  the  thick  blood  may  come  out ;  and,  at 
the  same  time,  he  should  be  purged,  de-obstructed, 
and  evacuated  by  suitable  and  proper  purgatives, 
that  is  to  say,  by  cholagogues,  melanagogues,  et 
ccBtera ;  and  as  the  veritable  source  of  all  the  evil  is 
either  a  thick  and  feculent  humour  or  a  black  and 
gross  vapour  which  obscures,  infects  and  contami- 
nates the  animal  spirits,  it  is  necessary  that  this 
treatment  should  be  followed  by  a  bath  of  pure  and 
clean  water,  with  plenty  of  whey,  in  order  that  the 
water  may  purify  the  feculence  of  the  gross  humour 
and  that  the  whey  may  clarify  the  blackness  of  this 
vapour ;  but,  before  aught  else,  I  think  he  ought 
to  be  cheered  by  pleasant  conversation,  songs  and 
instruments  of  music,  to  which  it  would  not  be 
amiss  to  add  some  dancers,  in  order  that  their 
movements,  disposition  and  agility  may  excite  and 
reawaken  the  sluggishness  of  his  numbed  spirits, 
which  occasions  the  thickness  of  his  blood,  the 
origin  of  his  disease.  Those  are  the  remedies  which 
I  have  in  mind,  to  which  many  other  better  ones 
may  be  added  by  our  master  and  old  colleague, 
arising  from  the  experience,  judgment,  light,  and 
sufficiency  which  he  has  acquired  in  our  art.  Dixi. 
2nd  D.  Heaven  forbid.  Monsieur,  that  I  should  so  much 
as  dream  of  adding  anything  to  what  you  have  just 
said  !  You  have  so  admirably  passed  in  review  the 
signs,  the  symptoms,  and  the  causes  of  this  gentle- 
man's illness  ;  the  argument  you  have  delivered  is 
so  learned  and  perfect,  that  it  is  impossible  for  him 
not  to  be  mad  and  hypochondriacally  melancholic  ; 
and  even  were  he  not,  it  would  be  needful  that  he 


I 


284      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

pour  la  beaute  des  choses  que  vous  avez  dites,  et  la 
justesse  du  raisonnement  que  vous  avez  fait.  Oui, 
Monsieur,  vous  avez  depeint  fort  grapliiquement, 
graphice  depinxisti,  tout  ce  qui  appartient  a  cette 
maladie :  il  ne  se  peut  rien  de  plus  doctement, 
sagemeiit,  ingenieusement  con§Uj  pense,  imagine, 
que  ce  que  vous  avez  prononce  au  sujet  de  ce  mal, 
soit  pour  la  diagnose,  ou  la  prognose,  ou  la  therapie; 
et  il  ne  me  reste  rien  ici,  que  de  feliciter  Monsieur 
d'etre  tombe  entre  vos  mains,  et  de  lui  dire  qu'il  est 
trop  heureux  d'etre  fou,  pour  eprouver  I'efficace  et 
la  douceur  des  remedes  que  vous  avez  si  judicieuse- 
ment  proposes.  Je  les  approuve  tous,  manihus  et 
pedibus  descendo  in  tuam  sententiam.  Tout  ce  que 
j'y  voudrais,  c'est  de  faire  les  saignees  et  les  pur- 
gations en  nombre  impair :  numero  deus  imparl 
fjaudet ;  de  prendre  le  lait  clair  avant  le  bain  ;  de 
lui  composer  un  fronteau  ou  il  entre  du  sel :  le  sel 
est  symbole  de  la  sagesse  ;  de  faire  blancbir  les 
murailles  de  sa  chambre,  pour  dissiper  les  tenebres 
de  ses  esprits  :  album  est  disgregativum  visus ;  et  de 
lui  donner  tout  a  I'heure  un  petit  lavement,  pour 
servir  de  prelude  et  d'introduction  a  ces  judicieux 
remedes,  dont,  s'il  a  a  gue'rir,  il  doit  recevoir  du 
soulagement.  Fasse  le  Ciel  que  ces  remedes. 
Monsieur,  qui  sont  les  votres,  reussissent  au  malade 
selon  notre  intention  ! 

M.  DE  P.  Messieurs,  il  y  a  une  heure  que  je  vous 
e'coute.     Est-ce  que  nous  jouons  ici  une  comedie? 

Prem.  M.  Non,  Monsieur,  nous  ne  jouons  point. 

M.  DE  P.  Qu'est-ce  que  tout  ceci?  et  que  voulez-vous 
dire  avec  votre  galimatias  et  vos  sottises  ? 

Prem.  M.  Bon,  dire  des  injures.  Voila  un  diagnos- 
tique  qui  nous  manquait  pour  la  confirmation  de 
son  mal,  et  ceci  pourrait  bien  tourner  en  manie. 

M.  de  p.  Avec  qui  m'a-t-on  mis  ici  ? 

(II  crache  deux  ou  trois  fois.) 

Prem.  M.  Autre  diagnostique :  la  sputation  frequente. 

M.  de  p.  LaJssons  cela,  et  sortons  d'ici. 


sc.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      285 

should  become  so,  because  of  the  admirable  things 
you  have  said,  and  the  justice  of  your  argument. 
Yes,  Monsieur,  you  have  pointed  very  graphically, 
graphice  depinooisti,  everything  which  appertains  to 
this  malady  :  nothing  could  have  been  more  learned- 
ly, wisely,  ingeniously  conceived,  thought,  imagined, 
than  what  you  have  pronounced  on  the  subject  of 
this  patient,  whether  by  way  of  diagnosis,  prognosis, 
or  therapeutic ;  there  remains  for  me  nothing  to 
do  here,  but  to  felicitate  the  gentleman  on  having 
fallen  into  your  hands,  and  to  tell  him  he  is  very 
lucky  to  be  mad,  in  order  to  prove  the  efficacy 
and  the  gentleness  of  the  remedies  you  have  so 
judiciously  proposed.  I  approve  them  all,  manihus 
et  pedibus  descendo  in  tuam  sententiam.  All  I  would 
wish  to  add,  would  be  to  make  the  bleedings  and 
the  purgations  an  unequal  number :  numero  deus 
imparl  gaudet ;  to  take  the  whey  before  the  bath ; 
to  apply  a  salted  bandage  to  his  forehead  :  salt  is 
the  symbol  of  wisdom ;  to  whitewash  the  walls  of 
his  chamber,  in  order  to  dissipate  the  darkness  of 
his  spirits :  album  est  disgregativum  visas ;  and  to 
give  him  immediately  a  small  dose  of  physic,  in 
order  to  serve  as  a  prelude  and  introduction  to 
these  judicious  remedies,  from  which,  if  he  is  to 
be  cured,  he  must  receive  relief.  Pray  Heaven, 
Monsieur,  that  these  your  remedies  may  have  that 
effect  upon  the  patient  we  desire  for  him  ! 
M.  DE  P.  Messieurs,  I  have  listened  to  you  for  a 
whole  hour.    Are  we  taking  part  in  a  comedy  here  ? 

tlsT  D.  No,  Monsieur,  we  are  not  playing. 
M.  DE  P.  What  is  all  this  ?  what  do  you  mean  by  all 

your  nonsense  and  tomfoolery  ? 
1st  D.  Good,  he  uses  insulting  language.     That  is  a 
diagnosis  we  wanted  to  confirm  his  sickness ;  this 
might  well  turn  to  mania. 
M.  DE  P.  In  whose  hands  have  I  been  left  here  } 

(He  spits  two  or  three  times.) 
1st  D.   Another  diagnosis  :  frequent  expectoration. 
M.  DE  P.  Let  us  drop  this  and  go  out. 


286      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  i. 

Prem.  M.  Autre  encore :  I'inquietude  de  changer  de 

place. 
M.  DE  P.  Qu'est-ce  done  que  toute  cette  affaire  ?  et 

que  me  voulez-vous? 
Pbem.  M.  Vous  guerir,  selon  I'ordre  qui  nous  a  e'te' 

donne. 
M.  DE  P.  Me  guerir  ? 
Prem.  M.  Oui. 

M.  DE  P.  Parbleu  !  je  ne  suis  pas  malade. 
Prem.  M.    Mauvais  signe,  lorsqu'un  malade  ne  sent 

pas  son  mal. 
M.  DE  P.  Je  vous  dis  que  je  me  porte  bien. 
Prem.  M.  Nous  savons  mieux  que  vous  comment  vous 

vous  portez,  et  nous  sommes  medecins,  qui  voyons 

clair  dans  votre  constitution. 
M.  de  p.  Si  vous  etes  me'decins,  je  n'ai  que  faire  de 

vous  ;  et  je  me  moque  de  la  me'decine. 
Prem.  M.  Hon,  hon  :  voici  un  homme  plus  fou  que 

nous  ne  pensons. 
M.  DE  P.  Mon  pere  et  ma  mere  n'ont  jamais  voulu  de 

remedes,  et  ils  sont  morts  tous  deux  sans  I'assistance 

des  medecins. 
Prem.  M.  Je  ne  m'e'tonne  pas  s'ils  ont  engendre  un 

fils  qui  est  insense.     Allons,  procedons  a  la  cura- 

tion,  et  par  la  douceur  exhilarante  de  I'harmouie, 

adoucissons,  lenifions,  et  accoisons  I'aigreur  de  ses 

esprits,  que  je  vols  prets  a  s'enflammer. 


Scene  IX 

Monsieur  de  Pourceaugnac 

Que  diable  est-ce  la  ?  Les  gens  de  ce  pays-ci  sont-ils 
insenses?  Je  n'ai  jamais  rien  vu  de  tel,  et  je  n'y 
comprends  rien  du  tout. 


sc.  IX.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        287 
1st  D.  Still  another  :  unrest  and  desire  of  change. 

M.  DE  P.  Come,  what  is  all  this  business?  what  do 
you  want  with  me  ? 

1st  D.  To  cure  you,  according  to  the  rules  we  have 
laid  down. 

M.  PE  P.  To  cure  me? 

1st  D.  Yes. 

M.  DE  P.  Good  gracious  !  I  am  not  ill. 

1st  D.  a  bad  sign,  when  a  patient  does  not  feel  he 
is  ill. 

M.  DE  P.  I  tell  you  I  am  very  well. 

1st  D.  We  know  better  than  you  how  you  are,  and 
we  are  doctors,  we  can  see  clearly  into  your  con- 
stitution. 

M.  DE  P.  If  you  are  doctors,  I  do  not  want  to  have 
anything  to  do  with  you  ;  I  jeer  at  medicine. 

1st  D.  Ah,  ah  :  this  man  is  more  mad  than  we 
thought. 

M.  DE  P.  My  father  and  my  mother  would  never  take 
their  remedies  and  they  both  died  without  doctors' 
assistance. 

1st  D.  I  am  not  astonished  they  gave  birth  to  a  son 
who  is  insane.  Come,  let  us  go  on  with  the  cure, 
and,  by  the  enlivening  gentleness  of  harmony,  let 
us  soften,  appease,  and  soothe  the  bitterness  of  his 
spirits,  which  I  see  are  ready  to  burst  out. 


I  Scene  IX 

Monsieur  de  Pourceaugnac 
What  the  devil  is  this?    Are  the  people  in  these 
parts  mad  ?    I  have  never  seen  their  like.     I  cannot 
understand  what  they  are  about. 
I 


288      MONSIEUR  DE  POUIICEAUGNAC  [acte  i. 

Scene  X 

Deux  Musicibns  italiens  en  mddecins  grotesques,  suivis  de 

HuiT  MatassinSj  chantent  ces  paroles  soutenues 

de  la  symphonie  d'un  melange  d'instruments. 

Les  Deux  Musiciens. 

Bon  dij  bon  d\,  bon  di : 
Non  vi  lasciate  uccidere 
Dal  dolor  malinconico. 
Noi  vifaremo  ridere 
Col  nostra  canto  harmonico, 

Sof  per  guarirvi 
Siamo  venuti  qui. 
Bon  dt,  bon  di,  bon  d), 

Pbem.  MUSICIEN. 

Altro  non  e  la  pazzia 
Che  malinconia. 

II  malato 
Non  e  disperato, 
Se  vol  pigliar  un  poco  d'allegria : 
Altro  non  e  la  pazzia 
Che  malinconia. 

Sec.  Musicien. 

Su,  cantate,  ballate,  ridete; 
E  sefar  meglio  volete, 
Quando  sentite  il  deliro  vicino, 

Pigliate  del  vino, 
E  qualche  volta  un  po  po  di  tabac. 
Akgramente,  Monsu  Pourceaugnac  ! 

Scene  XI 

L'Apothicaire,  Monsieur  de  Pourceaugnac 

L'A.  Monsieur,  voici  un  petit  remede,  un  petit  remede, 
qu'il  vous  faut  prendre,  s'il  vous  plait,  s'il  vous 
plait. 


sc.  XI.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        289 


Scene  X 

Two  Italian  Musicians  dressed  as  grotesque  doctors,  fol- 
lowed by  Eight  Mummers^  singing  the  following  words 
to  a  symphony  accompanied  by  musical  instruments. 

The  Two  Musicians. 

Good  day,  good  day,  good  day: 
Do  not  let  yourself  be  killed 
By  melancholic  gnef. 
Our  harmonious  song  'sfor  you. 
We  have  to  make  you  laugh. 
We  are  only  here  to  cure. 
Good  day,  good  day,  good  day. 

1st  Musician. 

Madness  is  nought 
But  melancholy. 

The  patient 
Need  not  despair. 
If  he  take  on  a  gay  air : 
Madness  is  nought 
But  melancholy. 

2nd  Musician. 

Come,  sing  and  dance  and  laugh ; 
And,  if  you  would  do  better. 
When  the  fit  is  on  you, 

Take  a  little  liquor, 
And  then  perhaps  a  little,  little  snuff. 
Come,  Monsieur  Pourceaugnac,  be  gay,  be  gay  ! 


I 


Scene  XI 
The  Apothecary,,  Monsieur  db  Pourceaugnac 


The  a.  Monsieur,  this  is  a  little  remedy,  a  little 
remedy,  which  you  must  take,  if  you  please,  if  you 
please. 


290     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

M.  DE  P.  Comment  ?    Je  n'ai  que  faire  de  cela. 
L'A.  II  a  ete  ordonne.  Monsieur,  il  a  ete  ordonne. 

M.  DE  P.  Ah  !  que  de  bruit ! 

L'A.  Prenez-le,  Monsieur,  prenez-le :  il  ne  vous  fera 

point  de  mal,  il  ne  vous  fera  point  de  mal. 
M.  DE  P.  Ah  ! 

L'A.  C'est  un  petit  clystere,  un  petit  clystere,  benin, 
benin ;  il  est  benin,  benin ;  la,  prenez,  prenez, 
prenez,  Monsieur :  c'est  pour  deterger,  pour  de- 
terger,  deterger  .  .  . 

(Les  deux  Musiciens,  accompagnds  des  Matassins  et  des 
instruments,  dansent  k  I'entour  de  M.  de  Pour- 
ceaugnao,  et  s'arretant  devant  lui,  chantent :) 
Piglia-lo  su, 
Signor  Monsu, 
Piglia-lo,  piglia-lo,  piglia-lo  su, 

Che  non  tifara  male, 
Piglia-lo  su  questo  servitiale  ; 
Piglia-lo  su, 
Signor  Monsu, 
Piglia-lo,  piglia-lo,  piglia-lo  su. 

M.  DE  P.  (fuyant.)   Allez-vous-en  au  diable. 

(L'Apothicaire,  les  deux  Musiciens,  et  les  Matassins 
le  suivent,  tous  une  seringue  k  la  main.) 

FIN    DU    PREMIER   ACTE. 


ACTE   II 

SctNE    I 

Sbrigani,  Premier  MiiDECipr 

Prem.  M.  II  a  force  tous  les  obstacles  que  j'avais  mis, 
et  s'est  derobe  aux  remedes  que  je  commencais  de 
lui  faire. 


80. 1.]    iMONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        291 

M.  DE  P.  What  ?    I  have  no  need  of  this. 

The  a.  It  has  been  ordered^  Monsieur,  it  has  been 

ordered. 
M.  DE  P.  Ah  !  what  a  row  ! 
The  a.   Take  it.  Monsieur,  take  it:  it  will  not  do 

you  any  harm,  it  will  not  do  you  any  harm. 
M.  DE  P.  Ah  ! 
The  a.  It  is  a  little  injection,  a  little  injection,  gentle, 

gentle ;  it  is  gentle,  gentle ;  there,  take,  take,  take. 

Monsieur  :  it  is  to  purge,  to  purge,  purge  .  .  . 

(The  two  Musicians,  accompanied  by  the  Mxunmers  and 

instruments,  dance  round  M.  de  Pourceaugnac, 

and,  stopping  before  him,  sing :) 

Take  it  quickly, 

Seigneur  Monsieur, 
Take  it,  take  it,  take  it  quickly, 

It  will  not  do  you  any  harm, 
Take  this  little  physic  quickly  ; 

Take  it  quickly, 

Seigneur  Monsieur, 
Take  it,  take  it,  take  it  quickly. 

M.  DE  P.   (flying.)  Go  to  the  devil. 

(The  Apothecary,  the  two  Musicians,  and  the  Mummers 
follow  him,  each  carrying  a  syringe.) 

END    OF   THE   FIRST   ACT. 


ACT    II 

Scene  I 


Sbrigani,  First  Doctor 

1st  D.  He  has  overcome  all  the  obstacles  I  prepared, 
and  has  turned  aside  from  the  remedies  1  began  to 
apply  to  him. 


292      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Sbr.  C'est  etre  bien  ennemi  de  soi-meme,  que  de  fuir 
des  remedes  aussi  salutaires  que  les  votres. 

PREai.  M.  Marque  d'un  cerveau  demonte,  et  d'une 
raison  de'pravee,  que  de  ne  vouloir  pas  guerir. 

Sbr.  Vous  I'auriez  gueri  haut  la  main. 

Prejm.  M.  Sans  doute,  quand  il  y  aurait  eu  complica- 
tion de  douze  maladies. 

Sbr.  Cependant  voila  cinquante  pistoles  bien  acquises 
qu'il  vous  fait  perdre. 

Prem.  M.  Moi?  je  n'entends  point  les  perdre,  et 
pretends  le  guerir  en  depit  qu'il  en  ait.  II  est  lie 
et  engage  a  mes  remedes,  et  je  veux  le  faire  saisir 
oil  je  le  trouverai,  comme  deserteur  de  la  medecine, 
et  infracteur  de  mes  ordonnances. 

Sbr.  Vous  avez  raison  :  vos  remedes  etaient  un  coup 
sur,  et  c'est  de  I'argent  qu'il  vous  vole. 

Prem.  M.  Ou  puis-je  en  avoir  des  nouvelles.'* 

Sbr.  Chez  le  bon  homme  Dronte  assurement,  dont  il 
vient  epouser  la  fille,  et  qui,  ne  sachant  rien  de 
I'infirmite  de  son  gendre  futur,  voudra  peut-etre  se 
hater  de  conclure  le  mariage. 

Prem.  M.  Je  vais  lui  parler  tout  a  I'heure. 

Sbr.  Vous  ne  ferez  point  mal. 

Prem.  M.  II  est  hypothe'que  a  mes  consultations,  et 

un  malade  ne  se  moquera  pas  d'un  medecin. 
Sbr.    C'est  fort  bien  dit  a  vous ;   et,  si  vous  m'en 

croyez,  vous  ne  soufFrirez  point  qu'il  se  marie,  que 

vous  ne  I'ayez  panse  tout  votre  soul. 
Prem.  M.  Laissez-moi  faire. 
Sbr.  Je  vais,  de  mon  cote,  dresser  une  autre  batterie, 

et  le  beau-pere  est  aussi  dupe  que  le  gendre. 


Scene  II 

Oronte,  Premier  Medecin 

Prem.  M.  Vous  avez.  Monsieur,  un  certain  Monsieur 
de  Pourceaugnac  qui  doit  e'pouser  votre  fille. 


EC.  II.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       293 

Sbr.  To  fly  such  salutary  remedies  as  yours  is  indeed 
to  be  his  own  enemy. 

1st  D.  To  wish  not  to  be  cured  is  the  work  of  a 
demented  brain,  and  of  a  depraved  will. 

Sbr.  You  would  have  cured  him  easily  enough. 

1st  D.  Without  a  doubt,  even  if  there  had  been  a 
complication  of  a  dozen  maladies. 

Sbr.  Nevertheless,  he  has  made  you  lose  fifty  good 
pistoles. 

1st  D.  I  ?  I  do  not  intend  to  lose  them,  I  intend  to 
cure  him  in  spite  of  himself.  He  is  signed  and 
sealed  to  take  my  remedies,  and  I  will  have  him 
arrested  wherever  I  find  him,  as  a  deserter  from 
medicine,  and  a  breaker  of  my  laws. 

Sbr.  You  are  right :  your  remedies  were  sure,  and 
he  has  robbed  you  of  money. 

1st  D.  Where  can  I  hear  of  him .'' 

Sbr.  Assuredly  at  the  house  of  good  Oronte,  whose 
daughter  he  is  going  to  marry,  and  who,  not  know- 
ing anything  of  the  infirmity  of  his  future  son- 
in-law,  will  perhaps  make  haste  to  conclude  the 
marriage. 

1st  D.  I  will  go  and  speak  to  him  immediately. 

Sbr.  You  would  not  do  any  harm. 

1st  D.  He  is  ear-marked  to  my  consultations,  and  a 
patient  shall  not  make  game  of  his  doctor. 

Sbr.  That  is  well  said  ;  and,  if  you  take  my  advice, 
you  will  not  allow  him  to  be  married,  until  you 
have  doctored  him  to  your  heart's  content. 

1st  D.  Leave  that  to  me. 

Jbr.  Now  I  will  go  and  prepare  another  battery,  and 
the  father-in-law  shall  be  duped  like  the  son-in-law. 


Scene  II 

Oronte,  First  Doctor 

[sT  D.  Monsieur,  I  understand  a  certain  Monsieur  de 
Pourceaugnac  is  going  to  marry  your  daughter? 


294     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Or.  Oui,  je  I'attends  de  Limoges,  et  il  devrait  etre 
arrive. 

Prem.  M.  Aussi  I'est-il,  et  il  s'en  est  fui  de  chez  moi, 
apres  y  avoir  ete  mis ;  mais  je  vous  defends,  de  la 
part  de  la  medecine,  de  proceder  au  mariage  que 
vous  avez  conclu,  que  je  ne  I'aie  dument  prepare 
pour  cela,  et  mis  en  etat  de  procreer  des  enfants 
bien  conditionne's  et  de  corps  et  d'esprit. 

Or.  Comment  done  ? 

Prem.  M.  Votre  pretendu  gendre  a  ete  constitue'  mon 
malade :  sa  maladie  qu'on  m'a  donne  a  guerir  est 
un  meuble  qui  m'appartient,  et  que  je  compte  entre 
mes  eflfets ;  et  je  vous  declare  que  je  ne  pretends 
point  qu'il  se  marie,  qu'au  prealable  il  n'ait  satisfait 
a  la  medecine,  et  subi  les  remedes  que  je  lui  ai 
ordonnes. 

Or.  II  a  quelque  mal? 

Prem.  M.  Oui. 

Or.  Et  quel  mal,  s'il  vous  plait  ? 

Prem.  M.  Ne  vous  en  mettez  pas  en  peine. 

Or.  Est-ce  quelque  mal  .  .  .  ? 

Prem.  M.  Les  medecins  sont  obliges  au  secret :  il 
suffit  que  je  vous  ordonne,  a  vous  et  a  votre  fille, 
de  ne  point  celebrer,  sans  mon  consentement,  vos 
noces  avec  lui,  sur  peine  d'encourir  la  disgrace  de 
la  Faculte,  et  d'etre  accables  de  toutes  les  maladies 
qu'il  nous  plaira. 

Or.  Je  n'ai  garde,  si  cela  est,  de  faire  le  mariage. 

Prem.  M.   On  me  I'a  mis  entre  les  mains,  et  il  est 

oblige  d'etre  mon  malade. 
Or.  a  la  bonne  heure. 
Prem.  M.  II  a  beau  fuir,  je  le  ferai  condamner  par 

arret  a  se  faire  guerir  par  moi. 
Or.  J'y  consens. 
Prem.   M.    Oui,   il  faut  qu'il  crete,  ou  que  je  le 

gue'risse. 
Or.  Je  le  veux  bien. 
Prem.  M.  Et  si  je  ne  le  trouve,  je  m'en  prendrai  a 

vous,  et  je  vous  guerirai  au  lieu  de  lui. 


sc.  II.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       295 

Ob.  Yes,  I  am  expecting  him  from  Limoges,  he  ought 
to  have  arrived. 

1st  D.  So  he  has,  and  he  has  fled  from  my  house, 
after  having  been  placed  there ;  but,  in  the  name 
of  medicine,  I  forbid  you  to  go  on  with  the  marriage 
you  have  arranged,  until  I  have  duly  prepared  him 
for  that  end,  and  put  him  in  a  condition  to  procreate 
children  sounsd  in  mind  and  limb. 

Ob.   What  do  you  mean  ? 

1st  D.  Your  intended  son-in-law  has  been  constituted 
my  patient :  his  malady,  which  I  am  called  upon  to 
cure,  is  a  chattel  that  belongs  to  me,  and  I  count  it 
among  my  effects ;  I  declare  to  you  I  will  not  allow 
him  to  marry,  until  he  shall  first  have  satisfied  the 
laws  of  medicine  and  submitted  to  the  remedies  I 
have  ordered  him. 

Or.  Is  he  ill? 

1st  D.  Yes. 

Or.   What  is  the  complaint,  pray. 

1st  D.  Do  not  trouble  about  that. 

Or.  Is  it  some  disease  which  .  .  . 

1st  D.  Doctors  are  bound  to  secrecy :  it  is  enough 
that  I  order  you,  you  and  your  daughter,  not  to 
celebrate  these  nuptials  with  him,  without  my  con- 
sent, on  pain  of  incurring  the  wrath  of  the  Faculty, 
and  of  being  overwhelmed  with  every  disease  we 
please. 

Or.  If  that  is  the  case,  I  am  in  no  mind  for  the 
marriage. 

1st  D.  He  has  been  placed  in  my  hands  and  he  is 
compelled  to  be  my  patient. 

Or.  Certainly. 

1st  D.  He  may  run  away,  but  all  the  same  I  shall  have 
him  legally  condemned  to  be  cured  by  me. 

Or.  I  agree. 

1st  D.  Yes,  he  must  die  or  be  cured  by  me. 

Ob.  I  am  perfectly  willing. 

1st  D.  And  if  I  do  not  find  him,  I  shall  look  to  you 
in  the  matter  and  cure  you  instead  of  him. 


296     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Ob.  Je  me  porte  bien. 

Prem.  M.  II  n'importe,  il  me  faut  un  malade,  et  je 

prendrai  qui  je  pourrai. 
Ob.    Prenez  qui  vous  voudrez;  mais  ce  ne  sera  pas 

moi.     Voyez  un  peu  la  belle  raison. 


ScifcNE    III 
Sbrigani,  en  marcliand  flamand,  Orontb 

Sbb.  Moiitsir^  avec  le  vostre  permissione,  je  Suisse  un 

tranche!'  marchaud  Flamane,  qui  voudrait  biemie 

vous  temandair  un  petit  nouvel. 
Ob.  Quoi,  Monsieur.'* 
Sbb.  Mettez  le  vostre  chapeau  sur  le  teste,  Montsir, 

si  ve  plaist. 
Ob.  Dites-moi,  Monsieur,  ce  que  vous  voulez. 
Sbb.  Moi  le  dire  rien,  Montsir,  si  vous  le  mettre  pas 

le  chapeau  sur  le  teste. 
Ob.  Soit.     Qu'y  a-t-il,  Monsieur .'' 
Sbb.  Fous  connoistre  point  en  sti  file  un  certe  Montsir 

Oronte .'' 
Ob.  Oui,  je  le  connais. 
Sbb.  Et  quel  homme  est-ile,  Montsir,  si  ve  plaist? 

Ob.  C'est  un  hommo  comme  les  autres. 

Sbb.  Je  vous  temande,  Montsir,  s'il  est  un  homme 
riche  qui  a  du  bienne  .'* 

Ob.  Oui. 

Sbb.  Mais  riche  beaucoup  grandement,  Montsir.'* 

Ob.  Oui. 

Sbb.  J'en  suis  aise  beaucoup,  Montsir. 

Ob.  Mais  pourquoi  cela  } 

Sbb.  L'est,  Montsir,  pour  un  petit  raisonne  de  conse- 
quence pour  nous. 

Ob.  Mais  encore,  pourquoi  ? 

Sbb.  L'est,  Montsir,  que  sti  Montsir  Oronte  donne 
son  fiUe  en  mariage  a  un  certe  Montsir  de  Pour- 
cegnac. 


6C.III.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      297 

Ob.  I  am  very  well. 

1st  D.  That  does  not  matter,  I  must  have  a  patient, 

and  I  shall  take  whom  I  can  get. 
Or.  Take  whom  you  please ;  but  it  will  not  be  me. 

This  is  a  fine  way  of  reasoning. 


Scene  III 
Sbrigani,  as  a  Flemish  merchant,  Oronte 

Sbr.    Sir,   by  your  leave,  I  am  a  foreign  Flemish 
merchant,  and  I  want  to  ask  some  news  of  you. 

Or.  What  is  it,  Monsieur? 

Sbr.  Please  put  on  your  hat.  Monsieur. 

Ob.  Tell  me.  Monsieur,  what  you  want. 

Sbr.  I  will  not  say  anything.  Monsieur,  if  you  do  not 

put  on  your  hat. 
Or.  So  be  it.     Now,  what  is  it,  Monsieur  ? 
Sbr.  Do  you  know  a  certain  Monsieur  Oronte  in  this 

town  .'* 
Or.  Yes,  I  know  him. 
Sbr.  And  what  sort  of  a  man  is  he.  Monsieur,  if  you 

please .'' 
Or.  Pretty  much  like  other  men. 
Sbr.   Is  he  a  rich  man.  Monsieur ;  has  he  any  pro- 
perty ? 
Or.  Yes. 

Sbr.  But  really  very  rich.  Monsieur  ? 
Or.  Yes. 

Sbr.  I  am  very  glad  of  it.  Monsieur. 
Or.  Why  so? 
Sbr.  It  is  a  matter  of  some  little  consequence  to  us, 

Monsieur. 
Or.  Why?  tell  me. 
Sbr.    Because  this  Monsieur  Oronte  has  given  his 

daughter  in  marriage  to  a  certain  Monsieur  de 

Pourcegnac. 


298     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteii. 

Or.  He  Men  ? 

Sbr.  Et  sti  Montsir  de  Pourcegnac,  Montsir,  Test  un 
homme  que  doivre  beaucoup  grandement  a  dix  ou 
douze  marchanne  Flamane  qui  estre  venu  ici. 

Ob.  Ce  Monsieur  de  Pourceaugnac  doit  beaucoup  a 
dix  ou  douze  marchands  ? 

Sbr.  Oui,  Montsir ;  et  depuis  huite  mois,  nous  avoir 
obtenir  un  petit  sentence  contra  lui,  et  lui  a  remettre 
a  payer  tou  ce  creanciers  de  sti  mariage  que  sti 
Montsir  Oronte  donne  pour  son  fille. 

Or.  Hon,  hon,  il  a  rem  is  la  a  payer  ses  creanciers? 

Sbr.  Oui,  Montsir,  et  avec  un  grant  devotion  nous 
tous  attendre  sti  mariage. 

Or.  L'avis  n'est  pas  mauvais.  Je  vous  donne  le 
bonjour. 

Sbr.  Je  remercie,  Montsir,  de  la  favour  grande. 

Or.  Votre  tres  humble  valet. 

Sbr.  Je  le  suis,  Montsir,  obliger  plus  que  beaucoup 
du  bon  nouvel  que  Montsir  m'avoir  donne. 

Cela  ne  va  pas  mal.  Quittons  notre  ajustement 
de  Flamand,  pour  songer  a  d'autres  machines  ;  et 
tachons  de  semer  tant  de  soupgons  et  de  division 
entre  le  beaupere  et  le  gendre,  que  cela  rompe  le 
mariage  pretendu.  Tous  deux  egalement  sent  pro- 
pres  a  gober  les  hameQons  qu'on  leur  veut  tendre  ; 
et,  entre  nous  autres  fourbes  de  la  premiere  classe, 
nous  nefaisons  que  nousjouer,  lorsquenoustrouvons 
un  gibier  aussi  facile  que  celui-la. 


Sc^NE  IV 

Monsieur  de  Pourceaugnac,  Sbrigani 

M.  DE  P.  Piglia-lo  sit,  piglia-lo  suj  Signor  Monsu  :  que 

diable  est-ce  la  }    Ah  ! 
Sbr.  Qu'est-ce,  Monsieur,  qu'avez-vous  ? 


^m  Or.  Well,  what  of  that? 

^^B  Sbr.  And  this  Monsieur  de  Pourcegnac,  Monsieur, 
^^^       owes  a  great  deal  to  ten  or  a  dozen  Flemish  mer- 
chants who  have  come  here. 

Or.  This  Monsieur  de  Pourceaugnac  owes  much  to 
ten  or  a  dozen  merchants  ? 

Sbr.  Yes,  Monsieur ;  eight  months  ago,  we  ob- 
tained a  little  judgment  against  him,  and  he  has 
been  putting  off  paying  all  these  creditors  until  this 
marriage  in  which  Monsieur  Oronte  gives  him  his 
daughter. 

Or.  Oh,  oh,  lie  has  put  off  paying  his  creditors  till 
then  ? 

Sbr.  Yes,  Monsieur,  we  all  await  this  marriage  with 
great  devotion. 

Or.  This  is  not  a  bad  warning.  I  wish  you  good 
day. 

Sbr.  I  thank  you.  Monsieur,  for  your  great  favour. 

Or.  Your  very  humble  servant. 

Sbr.  I  am  obliged.  Monsieur,  more  than  ever  for  the 
good  news  that  Monsieur  has  given  me. 

Things  are  not  going  badly.  I  will  put  off  my 
Flemish  dress  now,  and  think  of  other  methods ;  I 
must  try  to  sow  so  much  suspicion  and  division 
between  the  father-in-law  and  the  son-in-law,  as  will 
break  off  the  intended  marriage.  Both  are  equally 
ready  to  swallow  the  baits  held  out  to  them  ;  when 
we  scoundrels  of  the  first  class  find  a  booby  as 
easy  to  deceive  as  he  is,  it  is  play-work. 


Scene  IV 
Monsieur  de  Pourceaugnac,  Sbrigani 

M.  DE  P.  Piglia-lo  sii,  piglia-lo  sic,  Signor  Monsu  :  what 

the  devil  is  this  }    Ah  ! 
[Sbr.  What  is  it,  Monsieur,  what  is  the  matter  with 

you? 


300     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

M.  DE  P.  Tout  ce  que  je  vois  me  semble  lavement. 

Sbr.  Comment? 

M.  DE  P.  Vous  ne  savez  pas  ce  qui  m'est  arrive  dans 
ce  logis  a  la  porte  duquel  vous  m'avez  conduit  ? 

Sbr.  Nonvraiment:  qu  est-ce  que  c'est? 

M.  DE  P.  Je  pensais  y  etre  regale  comme  il  faut. 

Sbr.  He  bien  ? 

M.  DE  P.  Je  vous  laisse  entre  les  mains  de  Monsieur. 
Des  medecins  habilles  de  noir.  Dans  une  chaise. 
Tater  le  pouls.  Comme  ainsi  soit.  II  est  fou. 
Deux  gros  joufflus.  Grands  chapeaux.  Bon  di,  bon 
(Ti.  Six  Pantalons.  Ta,  ra,  ta,  ta ;  Ta^  ra,  ta,  ta. 
Alegramente,  Monsu  Pourceaugnac.  Apothicaire. 
Lavement.  Prenez,  Monsieur,  prenez,  prenez.  II 
est  benin,  benin,  benin.  C'est  pour  deterger,  pour 
deterger,  deterger.  Piglia-lo  six,  Signor  Monsu, 
piglia-lo,  piglia-lo,  piglia-lo  su.  Jamais  je  n'ai  ete  si 
soul  de  sottises. 

Sbr.  Qu'est-ce  que  tout  cela  veut  dire .'' 

M.  DE  P.  Cela  veut  dire  que  cet  homme-la,  avec  ses 
grandes  embrassades,  est  un  fourbe  qui  m'a  mis 
dans  une  maison  pour  se  moquer  de  moi,  et  me  faire 
une  piece. 

Sbr.  Cela  est-il  possible  ? 

M.  DE  P.  Sans  doute.  lis  etaient  une  douzaine  de 
possedes  apres  mes  chausses ;  et  j'ai  eu  toutes  les 
peines  du  monde  a  m'echapper  de  leurs  pattes. 

Sbr.  Voyez  un  peu,  les  mines  sont  bien  trompeuses  ! 
je  I'aurais  cru  le  plus  affectionne  de  vos  amis.  Voila 
un  de  mes  etonnements,  comme  il  est  possible  qu'il 
y  ait  des  fourbes  comme  cela  dans  le  monde. 

M.  DE  P.  Ne  sens-je  point  le  lavement?  Voyez,  je 
vous  prie. 

Sbr.  Eh !  il  y  a  quelque  petite  chose  qui  approche 
de  cela. 

M.  DE  P.  J'ai  I'odorat  et  I'imaginatiou  tout  rempli 
de  cela,  et  il  me  semble  toujours  que  je  vois  une 
douzaine  de  lavements  qui  me  couchent  en  joue. 

Sbr.  Voila  une  mechancete  bien  grande !  et  les 
hommes  sont  bien  traitres  et  scelerats ! 


IV.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      301 

DE  P.  Everything  I  see  looks  like  an  injection. 
Ibr.  How  is  that  ? 

DE  P.  Do  you  not  know  what  happened  to  me  in 
that  house  to  the  door  of  which  you  led  me  ? 

Sbr.  No,  indeed  :  what  was  it? 

M.  DE  P.   I  thought  1  was  going  to  be  well  treated. 

Sbb.  Well? 

M.  DE  P.  I  leave  you  in  Monsieur's  hands.  Doctors 
clothed  in  black.  In  a  chair.  To  feel  the  pulse. 
Like  this.  He  is  mad.  Two  great  louts.  Big  hats. 
Bon  di,  bon  di.  Six  pantaloons.  Ta,  ra,  ta,  ta; 
Ta,  ra,  ta,  ta.  Alegramente,  Monsu  Pourceaugnac. 
Apothecary.  Injection.  Take  it,  Monsieur,  take 
it,  take  it.  It  is  gentle,  gentle,  gentle.  It  is  to 
purge,  to  purge,  purge.  Piglia-lo  sil,  Signor  Monsu, 
piglia-lOj  piglia-lo,  piglia-lo  su.  I  have  never  before 
been  stuifed  with  such  rubbish  as  this. 

Sbb.  What  does  it  all  mean  ? 

M.  DE  P.  It  means  that  this  man,  with  his  profuse 

embraces,  is  a  scoundrel  who  has  put  me  in  a  house 

to  mock  me,  and  play  me  a  trick. 

Sbr.  Is  it  possible  ? 

M.  DE  P.  Undoubtedly.    There  were  a  dozen  lunatics 

at  my  heels;  I  had  the  greatest  difficulty  in  the 

world  to  escape  out  of  their  claws. 
Sbb.    Just  think  of  that,  faces  are  so  deceptive  !   I 

would  have  believed  him  to  be  your  most  aiFectionate 

friend.    It  astonishes  me  how  it  is  possible  for  there 

to  be  such  scoundrels  in  the  world. 
M.  DE  P.  Do  I  not  smell  of  an  injection?    Just  try, 

please. 
Sbr.  Eh  !  there  is  something  rather  like  it. 

M.  DE  P.  My  nose  and  my  mind  are  full  of  it,  I 
fancy  I  can  see  a  dozen  injections  being  continually 
squirted  at  me. 

Sbr.  What  a  rascally  piece  of  wickedness  !  Men  are 
indeed  rogues  and  villains. 


302     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

M.  DE  P.  Enseignez-moi,  de  grace,  le  logis  de  Mon- 
sieur Oronte:  je  suis  bien  aise  d'y  aller  tout  a 
I'heure. 

Sbr.  Ah,  ah !  vous  etes  done  de  complexion  amoureuse, 
et  vous  avez  oui  parler  que  ce  Monsieur  Oronte  a 
une  fille  .  .  .  ? 

M.  DE  P.  Oui,  je  viens  I'epouser. 

Sbr.  L'e  .  .  .  I'epouser? 

M.  DE  P.  Oui. 

Sbb.  En  mariage  ? 

M.  DE  P.  De  quelle  fa^on  done? 

Sbb.  Ah  !  c'est  une  autre  chose,  et  je  vous  demande 
pardon. 

M.  DE  P.  Qu'est-ce  que  cela  veut  dire  ? 

Sbr.  Rien. 

M.  DE  P.  Mais  encore? 

Sbr.  Rien,  vous  dis-je  :  j'ai  un  peu  parle'  trop  vite. 

M.  DE  P.  Je  vous  prie  de  me  dire  ce  qu'il  y  a  la- 
dessous. 

Sbr.  Non,  cela  n'est  pas  necessaire. 

M.  DE  P.  De  grace. 

Sbr.  Point :  je  vous  prie  de  m'en  dispenser. 

M.  DE  P.  Est-ce  que  vous  n'etes  pas  de  mes  amis? 

Sbr.  Si  fait ;  on  ne  peut  pas  I'etre  davantage. 

M.  DE  P.  Vous  devez  done  ne  me  rien  cacher. 

Sbr.  C'est  une  chose  ou  il  y  va  de  I'inte'ret  du 
prochain. 

M.  DE  P.  Afin  de  vous  obligor  a  m'ouvrir  votre  coeur, 
voila  une  petite  bague  que  je  vous  prie  de  garder 
pour  I'amour  de  moi. 

Sbr.  Laissez-moi  consulter  un  peu  si  je  le  puis  faire 
en  conscience.  C'est  un  homme  qui  cherche  son 
bien,  qui  tache  de  pourvoir  sa  fille  le  plus  avanta- 
geusement  qu'il  est  possible,  et  il  ne  faut  nuire  a 
personne.  Ce  sont  des  choses  qui  sont  connues  a 
la  verite,  mais  j'irai  les  decouvrir  a  un  homme  qui 
les  ignore,  et  il  est  defendu  de  scandaliser  son 
prochain.  Cela  est  vrai.  Mais,  d'autre  part,  voila 
un  etranger  qu'on  veut  surprendre,  et  qui,  de  bonne 
foi,  vient  se  marier  avee  une  fille  qu'il  ne  connait 


sc.  IV.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      303 

M.  DE  P.  Pray  tell  me  where  Monsieur  Oronte  lives : 
I  should  be  glad  to  go  there  immediately. 

Sbr.  Ah,  ah  !  you  are  in  a  loving  frame  of  mind,  and 
you  have  heard  tell  that  this  Monsieur  Oronte  has 
a  daughter  .   .  .  ? 

M.  DE  P.  Yes,  1  have  come  to  marry  her. 

Sbr.  To  mar  ...  to  marry  her  } 

M.  DE  P.  Yes. 

Sbr.  In  marriage  ? 

M.  DE  P.  In  what  other  way  ? 

Sbr.  Ah  !  this  is  another  matter,  I  beg  your  pardon. 

M.  DE  P.  What  do  you  mean  ? 

Sbr.  Nothing. 

M.  DE  P.  Come,  now  .'* 

Sbr.  Nothing,  I  tell  you  :  I  spoke  a  little  too  quickly. 

M.  DE  P.  I  ask  you  to  tell  me  what  there  is  under 
all  this. 

Sbr.  No,  it  is  not  necessary.  ^- 

M.  DE  P.  I  beseech  you. 

Sbr.  No  :  I  pray  you  to  excuse  me. 

M.  DE  P.  Are  you  not  my  friend  ? 

Sbr.  Yes,  indeed ;  no  one  could  be  a  greater. 

M.  DE  P.  You  ought  not,  then,  to  hide  anything  from  me. 

Sbr.  It  is  a  matter  in  which  our  neighbour's  interest 
is  concerned. 

M.  DE  P.  In  order  to  induce  you  to  open  your  heart 
to  me,  here  is  a  little  ring,  which  I  beg  you  will 
keep  for  love  of  me. 

Sbr.  Let  me  think  a  moment  if  I  can  conscientiously 
do  so.  Here  is  a  man  who  seeks  his  own  good, 
who  tries  to  provide  for  his  daughter  as  advan- 
tageously as  possible,  and  one  should  not  do  harm 
to  any  one.  It  is  true  these  things  are  well  known, 
but  I  am  going  to  tell  them  to  a  man  who  is  ignorant 
of  them,  and  one  should  not  speak  scandal  of  one's 
neighbour.  That  is  true.  But,  on  the  other  hand, 
here  is  a  stranger  whom  they  wish  to  take  in,  and 
who,  in  all  good  faith,  has  come  to  marry  a  girl  he 


304     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

pas  et  qu'il  n'a  jamais  vue  ;  un  gentilhomme  plein 
de  franchise,  pour  qui  je  me  sens  de  I'inclination, 
qui  me  fait  I'honneur  de  me  teuir  pour  son  ami, 
prend  confiauce  en  moi,  et  me  donne  une  bague  a 
garder  pour  I'amour  de  lui.  Oui,  je  trouve  que  je 
puis  vous  dire  les  choses  sans  blesser  ma  conscience; 
mais  tachons  de  vous  les  dire  le  plus  doucement 
qu'il  nous  sera  possible,  et  d'e'pargner  les  gens  le 
plus  que  nous  pourrons.  De  vous  dire  que  cette 
fille-la  mene  une  vie  desbonnete,  cela  serait  un  peu 
trop  fort ;  cherchons,  pour  nous  expliquer,  quelques 
termes  plus  doux.  Le  mot  de  galante  aussi  n'est 
pas  assez ;  celui  de  coquette  achevee  me  semble 
propre  a  ce  que  nous  voulons,  et  je  m'en  puis  servir 
pour  vous  dire  honnetement  ce  qu'elle  est. 

M.  DE  P.  L'on  me  veut  done  prendre  pour  dupe? 

Sbr.  Peut-etre  dans  le  fond  n'y  a-t-il  pas  tant  de  mal 
que  tout  le  monde  croit.  Et  puis  il  y  a  des  gens, 
apres  tout,  qui  se  mettent  au-dessus  de  ces  sortes 
de  choses,  et  qui  ne  croient  pas  que  leur  honneur 
depende  .  .  . 

M.  DE  P.  Je  suis  votre  serviteur,  je  ne  me  veux  point 
mettre  sur  la  tete  un  chapeau  comme  celui-la,  et 
Ton  aime  a  aller  le  front  leve  dans  la  famille  des 
Pourceaugnacs. 

Sbr.  Voila  le  pere. 

M.  DE  P.  Ce  vieillard-la? 

Sbr.   Oui :  je  me  retire. 


Scene  V 

Oronte,  Monsieur  db  Pourceaugnac 

M.  DE  p.  Bonjour,  Monsieur,  bonjour. 

Or.  Serviteur,  Monsieur,  serviteur. 

M.  DE  P.  Vous  etes  Monsieur  Oronte,  n'est-ce  pas 

Or.  Oui. 

M.  DE  p.  Et  moi.  Monsieur  de  Pourceaugnac. 

Ob.  a  la  bonne  heure. 


sc.  v.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        305 

does  not  know,  whom  he  has  never  seen ;  a 
frank,  open  gentleman,  for  whom  I  feel  an  inclina- 
tion. He  does  me  the  honour  to  consider  me  as 
his  friend,  shows  confidence  in  me  and  gives  me 
a  ring  to  keep  for  love  of  him.  Yes,  I  find  I  can 
tell  you  how  things  stand  without  wounding  my 
conscience  ;  but  I  must  try  to  tell  it  you  as  gently 
as  possible,  and  to  spare  people  as  much  as  I  can. 
To  tell  you  that  this  girl  leads  a  dishonourable  life 
would  be  a  little  too  strong ;  let  me  seek  some 
milder  terms  in  which  to  explain  myself.  The 
word  gallant  is  not  sufficient ;  that  of  out  and  out 
coquette  seems  to  me  a  suitable  one  to  use,  and  I 
will  make  it  serve  to  tell  you  honestly  what  she  is. 

M.  i)E  P.  They  seek,  then,  to  make  me  a  dupe.'* 
Sbr.  Perhaps,  at  the  heart  of  things,  there  is  not  so 
much  evil  as  the  world  thinks.  And  then,  after  all, 
there  are  men,  who  consider  themselves  above  this 
kind  of  thing,  and  who  do  not  believe  that  their 
honour  depends  .  .  . 
M.  DE  P.  I  am  your  servant,  I  do  not  wish  that  cap 
to  fit  my  head,  the  Pourceaugnacs  prefer  to  hold 
their  heads  erect. 

Sbr.  Here  is  the  father. 
M.  DE  P.  That  old  man  ? 
Sbr.  Yes  :  I  will  retire. 


Scene  V 
Oronte,  Monsieur  de  Pourceaugnao 

M.  DE  P.  Good  day.  Monsieur,  good  day. 

Or.  Your  servant.  Monsieur,  your  servant. 

M.  DE  P.  You  are  Monsieur  Oronte,  are  you  not? 

Or.  Yes. 

M.  DE  P.  And  I,  Monsieur  de  Pourceaugnac. 

Or.  So. 


306      MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

M.  DE  P.    Croyez-vous,   Monsieur  Oronte,   que  les 

Limosins  soient  des  sots  ? 
Or.  Croyez-vous,  Monsieur  de  Pourceaugnac,  que  les 

Parisiens  soient  des  betes  ? 
M.  DE  P.  Vous  imaginez-vous^  Monsieur  Oronte,  qu'un 

homme  comme  moi  soit  si  affame'  de  femme  ? 
Or.  Vous  imaginez-vous,  Monsieur  de  Pourceaugnac, 

qu'une  fiUe  comme  la  mienne  soit  si  afFame'e  de 

marl  ? 


Scene  VI 
Julie,  Oronte,  Monsieur  de  Pourceaugnac 

Jul.  On  vient  de  me  dire,  mon  pere,  que  Monsieur 
de  Pourceaugnac  est  arrive.  Ah !  le  voila  sans 
doute,  et  mon  coeur  me  le  dit.  Qu'il  est  bien  fait ! 
qu'il  a  bon  air  !  et  que  je  suis  contente  d'avoir  un 
tel  epoux  !  Souffrez  que  je  I'embrasse,  et  que  je 
lui  temoigne  .   .  . 

Or.  Doucement,  ma  fille,  doucement. 

M.  de  p.  Tudieu,  quelle  galante  !  Comme  elle  prend 
feu  d'abord  ! 

Or.  Je  voudrais  bien  savoir.  Monsieur  de  Pourceau- 
gnac, par  quelle  raison  vous  venez  .  .   . 

Jul.  Que  je  suis  aise  de  vous  voir  !  et  que  je  brule 
d'impatience  .  .  .^ 

Or.  Ah,  ma  fille  !     Otez-vous  de  la,  vous  dis-je. 

M.  de  p.  (Julie  s'approche  de  M.  de  Pourceaugnac,  le  regarde 
d'un  air  languissant,  et  lui  veut  prendre  la  main.)  Ho, 
ho,  quelle  e'grillarde ! 

Or.  Je  voudrais  bien,  dis-je,  savoir  par  quelle  raison, 
s'il  vous  plait,  vous  avez  la  hardiesse  de  .  ,  . 

M.  DE  P.  Vertu  de  ma  vie  ! 

Or.  Encore  ?    Qu'est-ce  a  dire  cela  .-* 

Jul.  Ne  voulez-vous  pas  que  je  caresse  Tepoux  que 

vous  m'avez  choisi } 
Or.  Non  :  rentrez  la  dedans. 


isc.  VI.]   MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       307 


^KM.  DE  P.  Do  you  think,  Monsieur  Oronte,  that  the 
^H|     Limosins  are  fools  ? 

(^"Or.  Do  you  think.  Monsieur  de  Pourceaugnac,  that 

the  Parisians  are  idiots  ? 

M.  DE  P.  Do  you  imagine.  Monsieur  Oronte,  that  a 

man  of  my  condition  is  hungry  for  a  wife  ? 

..      Ob,    Do  you  imagine.  Monsieur  de  Pourceaugnac, 

1^^     that  a  daughter  like  mine  is  hungry  for  a  hushand  ? 

I 


Scene  VI 
Julie,  Oronte,  Monsieur  de  Pourceaugnac 


Jul.  They  tell  me,  father,  that  Monsieur  de  Pour- 
ceaugnac has  arrived.  Ah  !  there  he  is,  without 
doubt,  my  heart  tells  me  so.  How  well  is  he  built! 
what  a  fine  manner  he  has  !  how  happy  I  should  be 
to  have  such  a  husband  !  Let  me  embrace  him  to 
show  him  how  .  .  . 

Or.  Gently,  daughter,  gently. 

M.  DE  P.  Tut,  tut,  what  a  forward  minx  !  She  takes 
fire  at  once ! 

Or.  I  should  much  like  to  know.  Monsieur  de  Pour- 
ceaugnac, by  what  reason  you  come  .   .  . 

Jul.  Oh  I  am  glad  to  see  you  !  I  burn  with  im- 
patience .  .  . 

Or.  Ah,  daughter  I     Go  away  from  here,  I  tell  you. 

M.  DE  P.  (Julie  approaches  M.  de  Pourceaugnac,  looks  at 
him  with  a  languishing  air,  and  wishes  to  take  his  hand.) 
Ho,  ho,  what  a  lively  wench  ! 

Or.  I  repeat,  I  should  much  like  to  know,  if  you 
please,  on  what  grounds  you  have  the  audacity 
to  .  .  . 

M.  DE  P.   tFpon  my  soul ! 

Or.  Again .''     What  does  this  mean  ? 

Jul.  Would  you  not  have  me  caress  the  husband  you 
have  chosen  for  me  ? 

Or.  No  :  go  within. 


308     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Jul.  Laissez-moi  le  regarder. 

Or.  RentreZj  vous  dis-je. 

Juii.  Je  veux  demeurer  la,  s'il  vous  plait. 

Ob.  Je  ne  veux  pas,  moi ;  et  si  tu  ne  rentres  tout  a 

I'heure,  je  .  .  . 
Jul.  He  bien  !  je  rentre. 
Or.   Ma  fille  est  une  sotte  qui  ne  sait  pas  les  choses. 

M.  DE  P.  Comme  nous  lui  plaisons  ! 

Or.  Tu  ne  veux  pas  te  retirer  ? 

Jul.  Quand  est-ce  done  que  vous  me  marierez  avec 
Monsieur .'' 

Or.  Jamais ;  et  tu  n'es  pas  pour  lui. 

Jul.  Je  le  veux  avoir,  moi,  puisque  vous  me  I'avez 
promis. 

Ob.  Si  je  te  I'ai  promis,  je  te  le  depromets. 

M.  DE  P.  Elle  voudrait  bien  me  tenir. 

Jul.  Vous  avez  beau  faire,  nous  serons  maries  en- 
semble en  depit  de  tout  le  monde. 

Or.  Je  vous  en  empecherai  bien  tous  deux,  je  vous 
assure.     Voyez  un  peu  quel  vertigo  lui  prend. 

M.  DE  P.  Mon  Dieu,  notre  beau-pere  pretendu,  ne 
vous  fatiguez  point  tant :  on  n'a  pas  eavie  de  vous 
enlever  votre  fille,  et  vos  grimaces  n'attraperont 
rien. 

Or.  Toutes  les  votres  n'auront  pas  grand  eflPet. 

M.  DE  P.  Vous  etes-vous  mis  dans  la  tete  que  Leonard 
de  Pourceaugnac  soit  un  homme  a  acheter  chat  en 
poche  ?  et  qu'il  n'ait  pas  la  dedans  quelque  morceau 
de  judiciaire  pour  se  conduire,  pour  se  faire  informer 
de  I'histoire  du  monde,  et  voir,  en  se  mariant,  si 
son  honneur  a  bien  toutes  ses  suretes  ? 

Or.  Je  ne  sais  pas  ce  que  cela  veut  dire ;  mais  vous 
etes-vous  mis  dans  la  tete  qu'un  homme  de  soixaute 
et  trois  ans  ait  si  peu  de  cervelle,  et  considere  si 
peu  sa  fille,  que  de  la  marier  avec  un  homme  qui  a 
ce  que  vous  savez,  et  qui  a  ete  mis  chez  un  medecin 
pour  etre  panse .'' 

M.  DE  P.  C'est  une  piece  que  Ton  m'a  faite,  et  je  n'ai 
aucun  mal. 


k?/tanifu>^U^ii  J'aftria  it^i^tjSt^e^et^. 


MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC 
(Acte  III.  Scene  III) 


scvi.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       309 

Jul.  Let  me  look  at  him. 

Or.  Go  in,  I  tell  you. 

Jul.  I  want  to  stay  here,  if  you  please. 

Or.  I  do  not  please ;  if  you  do  not  go  in  immediately, 

Jul.  Ah  well !  I  will  go. 

Or.  My  daughter  is  a  fool,  she  does  not  understand 
things. 

M.  DE  P.  How  pleased  she  is  with  me  ! 

Or.  You  will  not  go  in  } 

Jul.  When  are  you  going  to  marry  me  to  this 
gentleman  ? 

Or.  Never  ;  you  are  not  for  him. 

Jul.  I  wish  to  have  him,  since  you  promised  him  to 
me. 

Or.  If  I  promised  him  to  you,  I  withdraw  my  promise. 

M.  DE  P.  She  would  dearly  like  to  have  me. 

Jul.  You  can  do  what  you  like,  we  shall  marry  each 
other  in  spite  of  everybody. 

Or.  I  will  take  care  to  hinder  you  both,  I  assure  you. 
What  has  possessed  her  .^ 

M.  DE  P.  My  good  prospective  father-in-law,  do  not 
put  yourself  out  so  much  :  no  one  wishes  to  carry 
off  your  daughter,  your  grimaces  will  not  deceive 
any  one. 

Or.  None  of  yours  will  have  much  effect. 

M.  DE  P.  You  have  it  in  your  head  that  Leonard 
de  Pourceaugnac  will  buy  a  pig  in  a  poke-f*  that 
he  has  not  sufficient  common  sense  to  manage 
his  own  affairs,  to  inform  himself  of  what  goes  on, 
and  to  see  that,  in  marrying,  his  honour  is  well 
secured  ? 

Or.  I  do  not  know  what  you  mean ;  but  have  you 
it  in  your  head  that  a  man  of  sixty-three  has 
so  little  in  the  way  of  brains,  and  considers  his 
daughter  of  so  slight  account,  as  to  marry  her  with 
a  man  who  has  you  know  what,  and  who  was  placed 
with  a  doctor  to  be  cured .'' 

M.  DE  P.  That  is  a  trick  that  was  played  me,  I  have 
nothing  the  matter  with  me. 


310     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Or.  Le  medecin  me  I'a  dit  lui-meme. 

M.  DE  P.  Le  medecin  en  a  menti :  je  suis  gentil- 
homme,  et  je  le  veux  voir  I'epee  a  la  main. 

Or.  Je  sais  ce  que  j'en  dois  croire,  et  vous  ne  m'abu- 
serez  pas  la-dessus,  non  plus  que  sur  les  dettes  que 
vous  avez  assignees  sur  le  mariage  de  ma  fiUe. 

M.  DE  P.  Quelles  dettes  ? 

Or.  La  feinte  ici  est  inutile,  et  j'ai  vu  le  marchand 
flamand  qui,  avec  les  autres  creanciers,  a  obtenu, 
depuis  huit  mois,  sentence  contre  vous. 

M.  DE  P.  Quel  marchand  flamand  ?  quels  creanciers  ? 
qu'elle  sentence  obtenue  contre  moi  ? 

Ob.  Vous  savez  bien  ce  que  je  veux  dire. 


Sci:NE   VII 

LUCETTE,  OrONTE,  MoNSIEUR  DE  PoURCEAUGNAC 

Luc.  Ah  !  tu  es  assy,  et  a  la  fy  yeu  te  trobi  apres  abe 
fait  tant  de  passes.  Podes-tu,  scele'rat,  podes-tu 
sousteni  ma  bisto .'' 

M.  DE  P.  Qu'est-ce  que  veut  cette  femme-la .'' 

Luc.  Que  te  boli,  infame  !  Tu  fas  semblan  de  nou 
me  pas  counouysse,  et  nou  rougisses  pas,  impudent 
que  tu  sios,  tu  ne  rougisses  pas  de  me  beyre  ?  Nou 
sabi  pas,  Moussur,  saquos  bous  dont  m'an  dit  que 
bouillo  espousa  la  fillo  ;  may  yeu  bous  declari  que 
yeu  soun  sa  fenno,  et  que  y  a  set  ans,  Moussur, 
qu'en  passan  a  Pezenas  el  auguet  I'adresse  dambe 
sas  mignardisos,  commo  sap  tapla  fayre,  de  me 
gaigna  lou  cor,  et  m'oubligel  praquel  mouyen  a  ly 
douna  la  ma  per  I'espousa. 

Or.  Oh  !  oh  ! 

M.  DE  P.  Que  diable  est-ce  ci  ? 

Luc.  Lou  trayte  me  quitel  tres  ans  apres,  sul  preteste 
de  qualques  afFayres  que  I'apelabon  dins  soun  pais, 
et  despey  noun  ly  rescauput  quaso  de  noubelo  ;  may 
dins  lou  tens  qui  soungeabi  lou  mens,  m'an  dounat 


sc.  VII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      311 

Or.  The  doctor  told  me  so  himself. 

M.  DE  P.  Tlie  doctor  lied :  I  am  a  gentleman,  and  I 
will  meet  him,  sword  in  hand. 

Or.  I  know  what  I  ought  to  believe,  and  you  will  not 
disabuse  me  on  this  subject  any  more  than  con- 
cerning the  debts  you  have  assigned  to  be  paid  on 
your  marriage  with  my  daughter. 

M.  DE  P.   What  debts.? 

Or.  The  pretence  is  useless,  now,  for  I  have  seen  the 
Flemish  merchant  who,  with  other  creditors,  ob- 
tained judgment  against  you  eight  months  ago. 

M.  DE  P.  What  Flemish  merchant.''  what  creditors.'' 
what  judgment  obtained  against  me .'' 

Or.  You  know  well  what  I  say. 


Scene  VII 

LUCETTE,  OrONTE,  MoNSIEUB  DE  PoURCEAUGNAC 

Luc.  Ah  !  yer  'ere,  are  you,  I  've  found  you  at  larst, 
after  seekin'  for  you  long  enough.  Can  you  look 
me  in  the  face,  you  wretch  ? 

M.  DE  P.  What  does  this  woman  want."* 

Luc.  What  do  I  want,  you  villain  !  You  make  out 
you  don't  know  me,  and  you  can't  raise  a  blush, 
you  impudent  scoundrel,  you  can't  raise  a  blush 
when  you  look  at  me.''  I  don't  know  you.  Mister, 
but  I  'ear  'e  wants  to  marry  yer  daughter  ;  and  I 
tell  you  straight  I  'm  'is  wife,  'cos  seven  years  ago. 
Mister,  when  'e  was  goin'  through  Pezenas,  'e  was 
clever  enough,  with  them  artful  dodges  'e  knows  so 
well  'ow  to  use,  to  bamboozle  me,  and  that  was  'ow 
'e  made  me  marry  'im. 

Or.  Oh  !  oh  ! 

M.  DE  P.  What  the  devil  is  this  ? 

Luc.  The  villain  left  me  three  years  after,  makin*  out 
*e  'ad  some  business  wanted  doin'  where  'e  come 
from,  and  since  then  I  've  never  'eard  tell  o'  nothin' ; 
but  when  I  wasthinkin'  nothin'  about  it  I  'eard  'e'd 


312     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

abist,  que  begnio  dins  aquesto  bilo,  per  se  remarida 
danbe  un  autro  jouena  fiUo,  que  sous  parens  ly  an 
proucuradoj  sensse  saupre  res  de  sou  prumie 
mariatge.  Yeu  ay  tout  quitat  en  diligensso,  et  me 
souy  rendudo  dins  aqueste  loc  lou  pu  leu  qu'ay 
pouscutj  per  m'oupousa  en  aquel  criminel  mariatge, 
et  confondre  as  ely  de  tout  le  mounde  lou  plus 
mechant  des  hommes. 

M.  DE  P.  Voila  une  etrange  efFronte'e  ! 

Luc.  Impudent,  n'as  pas  honte  de  m'injuria,  alloc 
d'estre  confus  day  reproches  secrets  que  ta  cons- 
siensso  te  deu  fayre  ? 

M.  DE  P.  Moi,  je  suis  votre  mari  ? 

Luc.  Infame,  gausos-tu  dire  lou  contrari?  He  tu 
sabes  be,  per  ma  penno,  que  n'es  que  trop  bertat ; 
et  plaguesso  al  Cel  qu'aco  nou  fougesso  pas,  et  que 
m'auquessos  layssado  dins  I'estat  d'innoussen^o  et 
dins  la  tranquillitat  oun  moun  amo  bibio  daban  que 
tons  charmes  et  tas  trounparies  nou  m'en  benguesson 
malhurousomen  fayre  sourty  !  yeu  nou  serio  pas 
reduito  a  fayre  lou  triste  perssounatge  qu'yeu  fave 
presentomen,  a  beyre  un  marit  cruel  mespresa 
touto  I'ardou  que  yeu  ay  per  el,  et  me  laissa  sensse 
cap  de  pietat  abandounado  a  las  mourteles  doulous 
que  yeu  ressenty  de  sas  perfidos  accius. 

Ob.  Je  ne  saurais  m'empecher  de  pleurer.  Allez, 
vous  etes  un  mechant  homme. 

M.  DE  P.  Je  ne  connais  rien  a  tout  ceci. 


Scene  VIII 
Nerine,  en  Picarde,  Lucette,  Obonte,  Monsieur 

DE  POUBCEAUGNAC 

N]6r.  Ah  !  je  n'en  pis  plus,  je  sis  toute  essofle'e  !  Ah  ! 
finfaron,  tu  m'as  bien  fait  courir,  tu  ne  m'ecaperas 
mie.  Justice,  justice  !  je  boute  empeschement  au 
mariage.  Ches  mon  mery.  Monsieur,  et  je  veux 
fairs  pindre  che  bon  pindar-la. 


scviii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC     313 

come  to  this  town  to  marry  another  young  girl, 
whose  parents  'ad  promised  'er  to  'im  without 
knowin'  anythin'  about  'is  first  marriage.  I  left 
everythin'  straight,  and  I  've  come  'ere  as  quick  as 
I  could  to  put  a  stop  to  this  'ere  weddin',  and  show 
'im  up  afore  everybody's  eyes,  the  wicked  sinner. 


M.  DB  P.  What  impertinence  ! 

Luc.  You  impudent  rascal,  aren't  you  ashamed  to 
insult  me  instead  o'  blushin'  at  what  yer  own  con- 
science can  say  to  you  ? 

M.  DE  P.   I,  I  your  husband  ? 

Luc.  You  infamous  scoundrel,  dare  you  say  you 
ain't?  Ah  !  you  know  well  enough,  worse  luck 
to  me,  that  it 's  too  true  ;  would  to  Gawd  it  wasn't, 
and  that  you  'd  left  me  honest  and  straight  as  I  was 
afore  yer  miserable  goings  on  and  yer  wheedlin's 
got  the  better  of  me  !  I  shouldn't  now  be  dragged 
in  the  gutter  as  I  am,  and  to  see  a  cruel  'usband 
jeer  at  the  love  I  'ad  for  'im,  and  leave  me  without 
a  scrap  of  pity  in  the  miserable  condition  I  'm  in, 
all  because  of  the  shameful  way  'e  's  treated  me. 

Ob.  It  is  enough  to  make  one  weep.     Go,  you  are 

a  wicked  man. 
M.  DE  P.  I  know  nothing  about  all  this. 

Scene  VIII 

NiBlNE,  as  though  from  Picardy,  Lucette,  Obonte, 
Monsieur  de  Pourceaugnag 

Ni^R.  Ah  !  Ah  'm  at  th'  end  o'  my  tether,  I  'm  fair 
winded  !  Ah  !  you  rascal,  you  've  led  me  a  fine 
pace  ;  you  shan't  escape  me.  Justice,  justice  ! 
Ah  forbid  the  banns.  Yon 's  my  husband.  Mister, 
and  I  mean  to  have  a  bit  o'  rope  put  round  his  neck. 


314     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

M.  DE  P.  Encore  ! 

Ob.  Quel  diable  d'homme  est-ce  ci  ? 

Luc.  Et  que  boule's-bous  dire,  ambe  bostre  empacho- 

men,  et  bostro  pendarie  ?    Quaquel  homo  es  bostre 

marit  ? 
Neb.  Oui,  Medeme,  et  je  sis  sa  femme. 
Luc.  Aquo  es  faus,  aquos  yeu  que  soun  sa  fenno  ;  et 

se  deu  estre  peudut,  aquo  sera  yeu  que  lou  faray 

penda. 
Neb.  Je  n'entains  mie  che  baragoin-la. 
Luc.  Yeu  bous  disy  que  yeu  soun  sa  fenno. 
Ni^B.  Sa  femme  } 
Luc.  Oy. 
Ni^B.  Je  vous  dis  que  chest  my,  encore  in  coup,  qui 

le  sis. 
Luc.  Et  yeu  bous  sousteni  yeu,  qu' aquos  yeu. 
Neb.  11  y  a  quetre  ans  qu'il  m'a  epose'e. 
Luc.  Et  yeu  set  ans  y  a  que  m'a  preso  per  fenno. 
Neb.  J'ay  des  gairents  de  tout  ce  que  je  dy. 
Luc.  Tout  mon  pais  lo  sap. 
Neb.  No  ville  en  est  temoin. 
Luc.  Tout  Pezenas  a  bist  nostre  mariatge. 
Neb.  Tout  Chiu-Quentin  a  assiste  a  no  noce. 
Luc.  Nou  y  a  res  de  tan  heritable. 
Neb.  II  gn'y  a  rien  de  plus  chertain. 
Luc.  Gausos-tu  dire  lou  contrari,  valisquos  ? 
Neb.  Est-che  que  tu  me  demaintiras,  mechaint  homme.'' 
M.  DE  P.   II  est  aussi  vrai  I'un  que  I'autre. 
Luc.  Quaign'  inpudensso  !    Et  coussy,  miserable,  nou 

te  soubenes  plus  de  la  pauro  Francou,  et  del  paure 

Jeanet,  que  soun  lous  fruits  de  nostre  mariatge .'' 
N^B.  Bayez   un  peu  I'insolence.      Quoy?  tu  ne  te 

souviens  mie  de  chette  pauvre  ainfaiu,  no  petite 

Madelaine,  que  tu  m'as  laichee  pour  gaige  de  ta  foy .'' 
M.  DE  P.  Voila  deux  impudentes  carognes  ! 
Luc.  Beny,  Fran^on,  beny,  Jeanet,  beny,  toustou, 

beny,   toustoune,    beny  fayre    beyre  a   un   payre 

denaturat  la  duretat  qu'el  a  per  nautres. 
Neb.  Venez,   Madelaine,   me  u'ainfain  venez-ves-en 

ichy  faire  honte  a  vo  pere  de  I'impudainche  qu'il  a. 


sc.viii.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC     315 

M.  DE  P.  Another  ! 

Ob.  What  the  devil  of  a  fellow  is  this  ? 

Luc.    Wot  d'yei'  mean  with  yer  forbiddin'  and  yer 

'angin'  ?      D'yer    mean    to    say  that  man 's    yer 

'usband .'' 
Neb.  Yes,  Missus,  and  ah  *m  his  wife. 
Luc.  It 's  false,  I  'm  'is  wife  ;  if  'e  's  goin'  to  be  'auged, 

it's  my  look  out  to  'ave  'im  'anged. 

Neb.  I  don 't  know  what  you  're  talkin'  abaht. 

Luc.  I  tell  yer  I  'm  'is  wife. 

Neb.   His  wife  ? 

Luc.  Yaas. 

N]6b.  Ah  tell  you  ower  agen,  ah  'm  'is. 

Luc.  And  I  tell  yer  I  am. 

Neb.  He  married  me  fower  years  sin'. 

Luc.  And  I  've  been  'is  wife  fur  seven. 

Nj^b.  Ah  can  bring  chapter  and  verse  for  what  ah  say, 

Luc.  They  know  all  about  it  where  I  come  from. 

Neb.  Our  town  can  sweer  to 't. 

Luc.  All  Pezenas  saw  our  marriage. 

Neb.  All  Chin-Quentin  helped  us  to  get  wed. 

Luc.  It's  the  blessed  troof. 

Neb.  It 's  as  true  as  t'  Gospel. 

Luc.  'Ow  dare  you  deny  it,  you  wicked  sinner? 

Neb.  Do  you  mean  to  tell  me  a  lie,  you  villain  ? 

M.  DE  P.  One  is  as  true  as  the  other. 

Luc.  W^hat  impidence  !     Come,  my  fine  fellow,  wot 

about  little  Francon  and  poor  Jeanet,  they  're  yer 

kids  as  well  as  mine  .'* 
Neb.  Not  so  much  o'  your  sauce  !     What  abaht  our 

poor  little  Madelaine,  you  'ad  a  'and  in  that  ? 

M.  DE  P.  What  impudent  sluts  they  both  are  ! 

Luc.  Come,  Francon,  come,  Jeanet,  cum'  'ere,  little 
'uns,  come  'ere  and  make  yer  'ard-'earted  father 
ashamed  of  'is  want  of  feelin'  for  us  all. 

Neb.  Cum,  Madelaine,  my  child,  cum  yer  ways  and 
mak'  yer  daddy  ashamed  of  his  goings  on. 


316     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ri. 

Jeanet,  Fanchon,  Madelaine.  Ah  !  mon  papa,  mon 
papa,  mon  papa ! 

M.  DE  P.  Diantre  soit  des  petits  fils  de  putains  ! 

Luc.  Coussy,  trayte,  tu  nou  sios  pas  dins  la  darniere 
confusiu,  de  ressaupre  a  tal  tous  enfants,  et  de  ferma 
I'aureillo  a  la  tendresso  paternello  ?  Tu  nou  m'es- 
caperas  pas,  infame ;  yeu  te  boli  seguy  per  tout,  et 
te  reproucha  ton  crime  jusquos  a  tant  que  me  sio 
beniado,  et  que  t'ayo  fayt  penia:  couqui,  te  boli 
fayre  penia. 

N^.  Ne  rougis-tu  mie  de  dire  ches  mots-la,  et  d'estre 
insainsible  anx  cairesses  de  chette  pauvre  ainfain  ? 
Tu  ne  te  sauveras  mie  de  mes  pattes ;  et  en  depit 
de  tes  dains,  je  feray  bien  voir  que  je  sis  ta  femme, 
et  je  te  feray  pindre. 

Les  Enfants,  toua  ensemble.    Mon   papa,   mon  papa, 

mon  papa  ! 
M.  DE  P.  Au  secours  !  au  secours  !    Ou  fuirai-je  ?    Je 

n'en  puis  plus. 
Ob.  Allez,  vous  ferez  bien  de  le  faire  punir,  et  il 

merite  d'etre  pendu. 


Sc£:ne  IX 

Sbrioani 

Je  conduis  de  Toeil  toutes  choses,  et  tout  ceci  ne  va 
pas  mal.  Nous  fatiguerons  tant  notre  provincial, 
qu'il  faudra,  ma  foi !  qu'il  deguerpisse. 


ScilNE    X 

Monsieur  de  Pourceaugnac,  Sbrigani 

M.  DE  P.    Ah!  je    suis    assomme.      Quelle    peine. 
Quelle  maudite  ville  !     Assassine  de  tous  cotes  ! 


sex.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        317 
Jeanet,  Fanchon,  Madelaine.  Ah !  dada^  dada^  dada ! 

M.  DE  P.  The  devil  take  these  strumpets'  brats  ! 

Luc.  What,  you  traitor,  ain't  you  ready  to  bury 
your  'ead  in  the  ground  to  'ave  yer  kids  brought 
before  you  like  this,  and  you  as  deaf  as  though  you 
wasn't  their  father  .'*  You  shan't  escape  me,  you 
infamous  scoundrel ;  I  '11  dog  your  steps  and  throw 
yer  crime  in  yer  teeth  till  I  get  my  revenge  and 
see  you  hanged  :  you  wretch,  you  shall  swing  for 
this. 

N^.  How  can  you  say  the  things  what  you  have 
said  without  blushing,  and  stand  dumb  afore  your 
poor  child  that  wants  to  cuddle  you.  You  shan't 
escape  my  clutches  ;  I  shall  let  people  see  right 
enough  I  'm  your  wife  in  spite  of  your  teeth,  and 
you  shall  swing  for  this. 

The  Children,  all  together,  Dada,  dada,  dada  ! 

M.  DE  P.  Help  !  help  !    Where  shall  I  fly  ?    T  cannot 

stand  any  more  of  this. 
Or.  Well,  you  are  right  to  have  him  punished  ;  he 

deserves  to  be  hung. 

Scene  IX 

Sbrigani 

I  am  conducting  the  band  to  some  tune  :  everything 
runs  smoothly  so  far.  We  shall  wear  out  our 
friend  from  the  country  to  such  an  extent  that, 
upon  my  word  !  he  will  have  to  skedaddle. 

Scene  X 

Monsieur  de  Pourceaugnac,  Sbrigani. 

M.  DE  P.  Ah  !  I  am  lost.  What  a  business  !  What 
a  cursed  town  !     Assaulted  on  all  sides  ! 


318     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Sbr.  Qu'est-ce,  Monsieur?  Est-il  encore  arrive 
quelque  chose  ? 

M.  DE  P.  Qui.  II  pleut  en  ce  pays  des  femmes  et 
des  lavements. 

Sbr.  Comment  done  ? 

M.  DE  P.  Deux  carognes  de  baragouineuses  me  sont 
venu  accuser  de  les  avoir  e'pouse  toutes  deux,  et  me 
menacent  de  la  justice. 

Sbr.  Voila  une  me'chante  aflfaire,  et  la  justice  en  ce 
pays-ci,  est  rigoureuse  en  diable  contre  cette  sorte 
de  crime. 

M.  DE  P.  Oui ;  mais  quand  il  y  aurait  information, 
ajournement,  decret,  et  jugement  obtenu  par  sur- 
prise, defaut  et  contumace,  j'ai  la  voie  de  conflit  de 
jurisdiction,  pour  temporiser,  et  venir  aux  moyens 
de  nullite  qui  seront  dans  les  proce'dures. 

Sbr.  Voila  en  parler  dans  tous  les  termes,  et  Ton 
voit  bien,  Monsieur,  que  vous  etes  du  me'tier. 

M.  DE  P.  Moi,  point  du  tout :  je  suis  gentilhomme. 

Sbr.  II  faut  bien,  pour  parler  ainsi,  que  vous  ayez 
etudie'  la  pratique. 

M.  DE  P.  Point ;  ce  n'est  que  le  sens  commun  qui  me 
fait  juger  que  je  serai  to uj ours  regu  a  mes  faits 
justificatifs,  et  qu'on  ne  me  saurait  condamner  sur 
une  simple  accusation,  sans  un  recolement  et  cou- 
•frontation  avec  mes  parties. 

Sbr.  En  voila  du  plus  fin  encore. 

M.  DE  P.  Ces  mots-la  me  viennent  sans  que  je  les 
sache. 

Sbr.  II  me  semble  que  le  sens  commun  d'un  gentil- 
homme peut  bien  aller  a  concevoir  ce  qui  est  du 
droit  et  de  I'ordre  de  la  justice,  mais  non  pas  a 
savoir  les  vrais  termes  de  la  chicane. 

M.  DE  P.  Ce  sont  quelques  mots  qui  j'ai  retenus  en 
lisant  les  romans. 

Sbr.  Ah  !  fort  bien. 

M.  DE  P.  Pour  vous  montrer  que  je  n'entends  rien 
du  tout  a  la  chicane,  je  vous  prie  de  me  mener  chez 
quelque  avocat  pour  consulter  mon  affaire. 


sc.  X.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       319 

Sbr.  VV^hat  is  it.  Monsieur  ?  Has  anything  hap- 
pened ? 

M.  DE  P.  Yes.  It  rains  wives  and  injections  in  this 
country. 

Sbr.  How  is  that  ? 

M.  DE  P.  Two  loud-mouthed  sluts  have  just  accused 
me  of  having  married  them  both,  and  have 
threatened  me  with  the  law. 

Sbr.  This  is  a  sorry  business.  The  law  against  that 
crime  is  terribly  severe  in  these  parts. 

M.  DE  P.  Yes  ;  but  even  if  there  should  be  informa- 
tion, citation,  decree  and  judgment  obtained  by 
surprise,  default  and  contumacy,  I  can  gain  time 
by  pleading  conflict  of  jurisdiction,  and  so  find 
means  to  quash  the  proceedings. 

Sbr.  I  see  you  use  the  proper  terms  in  speaking  of  it. 
It  is  very  evident.  Monsieur,  that  you  are  learned 
in  the  law. 

M.  DE  P.  I,  not  at  all :  I  am  a  gentleman. 

Sbr.  To  speak  thus  you  must  indeed  have  studied  the 
methods  of  law. 

M.  DE  P.  Not  at  all :  it  is  only  common  sense  which 
makes  me  feel  sure  I  shall  always  be  allowed 
to  adduce  justifying  facts,  that  I  cannot  be  con- 
demned upon  a  simple  accusation  without  witnesses 
and  without  my  being  confronted  with  my  accusers. 

Sbr.  This  sounds  finer  than  ever. 

M.  DE  P.  These  words  came  from  me  unconsciously. 

Sbr.  It  seems  to  me  that  the  common  sense  of  a 
gentleman  may  indeed  divine  what  is  just  and 
lawful,  but  not  be  familiar  with  the  exact  legal 
terms. 

M.  DE  P.  They  are  a  few  words  that  have  stuck  in 
my  mind  from  reading  novels. 

Sbr.  Ah  !  so,  so. 

M.  DE  P.  To  show  you  that  I  do  not  understand  any- 
thing at  all  about  the  profession,  I  beg  of  you  to 
take  me  to  a  lawyer  to  have  a  consultation  upon  the 
matter. 


320     MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  ii. 

Sbr.  Je  le  veux,  et  vais  vous  conduire  chez  deux 
hommes  fort  habiles ;  mais  j'ai  auparavant  a  vous 
avertir  de  n'etre  point  surpris  de  leur  maniere  de 
parler  :  ils  ont  contracte  du  barreau  certaine  liabi- 
tude  de  declamation  qui  fait  que  Ton  dirait  qu'ils 
chantent ;  et  vous  prendrez  pour  musique  tout  ce 
qu'ils  vous  diront. 

M.  DE  P.  Qu'importe  comme  ils  parlent,  pourvu  qu'ils 
me  disent  ce  que  je  veux  savoir  ? 


Scene  XI 
Sbbioani^  Monsieur  de  Poubceaugnac 

Deux  Avooats  musiciens,  dont  I'un  parle  fort  lentement, 

et  I'autre  fort  vite,  accompagnes  de  Deux  Pbocubeubs 

et  de  Deux  Sebgbnts. 

L'aa'^OCAT  trainant  ses  paroles. 

La  polygamie  est  un  cas, 
Est  un  cas  pendable. 

L'avocat  bredouilleur, 

Votrefait 
Est  clair  et  net ; 
Et  tout  le  droit 
Sur  cet  endroit 
Conclut  tout  droit. 

Si  vous  consultez  nos  auteurs, 
Legislateurs  et  glossateurs, 
Justinian,  Papinian, 
Ulpian  et  Trihonian, 
Fernand,  Rebujfe,  Jean  Imoley 
Paul,  Castre,  Julian,  Barthole, 
Jason,  Alciat,  et  Cujas, 

Ce  grand  homme  si  capable, 
La  polygamie  est  un  cas, 
Est  un  cas  pendable. 


8c.  XI.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       321 

Sbr.  Very  well,  I  will  take  you  to  two  very  clever 
men  ;  but  I  warn  you  beforehand  not  to  be  sur- 
prised at  their  manner  of  speaking.  They  have 
contracted  from  the  bar  a  certain  habit  of  declama- 
tion, which  makes  one  think  they  are  singing  ;  you 
might  take  all  they  say  to  be  music. 

M.  DE  P.  What  does  it  matter  how  they  speak,  pro- 
vided they  tell  me  what  I  wish  to  know  ? 


Scene  XI 
Sbrigani,  Monsieur  db  Pourceaugnao 

Two  Singing  Barristers,  of  whom  one  speaks  very  slowly, 

and  the  other  very  quickly,  accompanied  by  two 

Attorneys  and  two  Sergeants. 

The  Barrister  who  drawls  his  words. 
Polygamy  is  a  business, 

Yes,  a  truly  hanging  business. 

The  Barrister  who  gabbles. 

Your  case 
Is  perfectly  clear  ; 
All  the  acts 
On  these  facts 
Say  distinctly  so. 

If  you  consult  our  authors y 
Legislators,  commentators, 
Justinian,  Papinian, 
Ulpian  and  Tribonian, 
Femand,  Rebuffe,  Jean  Imole, 
Paul,  Castre,  Julian,  Barthole, 
Jason,  Alciat,  and  Cujas, 

{And  this  latter 's  no  great  ass) 
Polygamy  is  a  business, 

Yes,  a  truly  hanging  business. 

X 


322    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actbiii. 

Tons  les  peuples  polices 
Et  Men  senses : 
Les  Frangais,  Anglais,  Hollandais, 
Danois,  Suedois,  Polonais, 
Portugais,  Espagnols,  Flamands, 

ItalienSj  Allemands, 
Sur  cefait  tiennent  loi  semblabk, 
Et  r affaire  est  sans  emharras  : 
La  polygamic  est  un  cos, 
Est  un  cas  pendahle, 

(Monsieur  de  Pourceaugnac  les  bat. 

Deux  Procureurs  et  deux  Sergents  dansent  une  entree, 

qui  finit  I'acte.) 

FIN   DU    SECOND  ACTE. 


ACTE    III 

Scene  I 

Eraste^  Sbrigani 

Sbr.  Oui,  les  choses  s'achemineut  ou  nous  voulons  ; 
et  comme  ses  lumieres  sont  fort  petites,  et  son  sens 
le  plus  borne  du  monde,  je  lui  ai  fait  prendre  une 
frayeur  si  grande  de  la  severite  de  la  justice  de  ce 
pays,  et  des  apprets  qu'on  faisait  deja  pour  sa  mort, 
qu'il  veut  prendre  la  fuite  ;  et  pour  se  derober  avec 
plus  de  facilite  aux  gens  que  je  lui  ai  dit  qu'on  avait 
mis  pour  I'arreter  aux  portes  de  la  ville,  il  s'est 
resolu  a  se  deguiser,  et  le  de'guisement  qu'il  a  pris 
est  I'habit  d'une  femme. 

Er.  Je  voudrais  bien  le  voir  en  cet  equipage. 

Sbr.  Songez  de  votre  part  a  achever  la  come'die  ;  et 


sc.  I.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        323 

All  civilised  folk, 

And  sensible  folk  : 
French,  English,  Low  Dutch, 
Danes,  Swedish,  and  Poles, 
In  Portugal  too. 
And  Italy,  Spain,  and  Flemings  as  well. 

And  also  High  Dutch, 
Hold  similar  views, 
Without  any  doubt  : 
Polygamy  is  a  business, 

Yes,  a  truly  hanging  business. 
(Monsieur  de  Pourceaugnac  beats  them. 
Two  Attorneys  and  two  Sergeants  dance  an  entry,  which 
finishes  the  Act.) 

END  OF  THE  SECOND  ACT. 


ACT   III 

Scene  I 
Erastb,  Sbrigani 

Sbr.  Yes,  matters  are  g"oing  on  just  as  we  wished 
them  ;  his  intellect  is  not  of  the  brightest,  and  his 
understanding  as  narrow  as  possible,  therefore  I 
have  terrified  him  to  such  an  extent  concerning  the 
severity  of  the  law  in  these  parts,  and  the  prepara- 
tions which  are  already  on  foot  for  his  death,  that 
he  is  ready  to  take  flight ;  in  order  to  escape  with 
greater  ease  through  the  town  gates,  where,  I  have 
told  him,  people  are  placed  to  arrest  him,  he  has 
resolved  to  change  his  clothes,  and  to  disguise  him- 

,  self  as  a  woman. 

Er.  I  should  much  like  to  see  him  in  that  costume. 

Sbr.  Now  you  must  do  your  part  to  bring  the  comedy 


324    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteiii. 

tandis  que  je  jouerai  mes  scenes  avec  lui,  allez-vous- 
en  .  .  .  Vous  entendez  bien  ? 

J6b.  Oui. 

Sbb.  Et  lorsque  je  I'aurai  mis  ou  je  veux  ,  ,  . 

Er.  Fort  bien. 

Sbb.  Et  quand  le  pere  aura  ete  averti  par  moi  ,  .  , 
Eb.  Cela  va  le  mieux  du  monde. 
Sbb.  Void  notre  Demoiselle  :  allez  vite,  qu'il  ne  nous 
voie  ensemble. 


Scene  II 
Monsieur  de  Poubceaugnac  en  femme,  Sbbigani 


Sbb.  Pour  moi,  je  ne  crois  pas  qu*en  cet  etat  on  puisse 
jamais  vous  connaitre,  et  vous  avez  la  mine,  comme 
cela,  d'une  femme  de  condition. 

M.  DE  P.  Voila  qui  m'etonne,  qu'en  ce  pays-ci  les 
formes  de  la  justice  ne  soient  point  observees. 

Sbb.  Oui,  je  vous  I'ai  deja  dit,  ils  commencent  ici  par 
faire  pendre  un  homme,  et  puis  ils  lui  font  son 
proces. 

M.  DE  P.  Voila  une  justice  bien  injuste. 

Sbb.  Elle  est  severe  comme  tous  les  diables,  particu- 
lierement  sur  ces  sortes  de  crimes. 

M.  DE  P.  Mais  quand  on  est  innocent? 

Sbb.  N'importe,  ils  ne  s'enquetent  point  de  cela ;  et 
puis  ils  ont  en  cette  ville  une  haine  efFroyable  pour 
les  gens  de  votre  pays,  et  ils  ne  sont  point  plus 
ravis  que  de  voir  pendre  un  Limosin. 

M.  DE  P.  Qu'est-ce  que  les  Limosins  leur  ont  fait? 

Sbb.  Ce  sont  des  brutaux,  ennemis  de  la  gentillesse 
et  du  me'rite  des  autres  villes.  Pour  moi,  je  vous 
avoue  que  je  suis  pour  vous  dans  une  peur  e'pou- 


8C.  II.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        326 

to  a  successful  issue  ;  and,  whilst  I  am  playing  my 
scenes  with  him,  go  you  .  .  .  You  quite  under- 
stand ? 

Er.  Yes. 

Sbr.  And  when  I  shall  have  put  him  where  I  in- 

^  tend  .  .  . 

Er.  Very  good. 

Sbr.  And  when  I  shall  have  warned  the  father  .  »  . 

Er.  That  will  do  beautifully. 

Sbr.  Here  is  our  young  lady  :  go  quickly,  they  must 
not  see  us  together. 


Scene  II 

Monsieur  db  Pourceauonac,  dressed  as  a  woman, 
Sbrigani 

Sbr.  Well,  I  do  not  believe  any  one  would  know  you 

in  those  clothes,  they  give  you  the  look  of  a  lady  of 

quality. 
M.  DE  P.  What  astonishes  me  is  this,  that  in  this 

country  the   ordinary  rules  of  justice  are   not  in 

force. 
Sbr.  Yes,  I  have  already  told  you  so  ;  they  begin 

here  by  hanging  a  man,  and  then  they  try  him. 

M.  DE  P.  That  is  very  unjust  justice. 

Sbr.  It  is  devilish  hard,  especially  on  crimes  such  as 
these. 

M.  DB  P.  But  if  one  is  innocent .'' 

Sbr.  That  is  of  no  importance,  they  do  not  look 
into  that ;  besides,  the  people  of  this  town  have  an 
intense  hatred  towards  folks  from  your  country, 
they  are  never  so  delighted  as  when  they  see  a 
Limosin  hanged. 

M.  DE  P.  What  have  Limosins  done  to  them  ? 

Sbr.  The  people  here  are  brutes,  enemies  of  all  that 
is  well-bred  and  worthy  in  other  towns.  I  must 
indeed  admit  that  I  am  in  a  great  state  of  mind 


326    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteiii. 

vantable ;  et  je  ne  me  consolerais  de  ma  vie  si  vous 
veniez  a  etre  pendu. 

M.  DK  P.  Ce  n'est  pas  tant  la  peur  de  la  mort  qui  me 
fait  fuir,  que  de  ce  qu'il  est  facheux  a  un  gentil- 
homme  d'etre  pendu,  et  qu'uue  preuve  comme 
celle-Ia  ferait  tort  a  nos  titres  de  noblesse. 

Sbr.  Vous  avez  raison,  on  vous  contesterait  apres  cela 
le  titre  d'ecuyer.  Au  reste,  e'tudiez-vous,  quand  je 
vous  menerai  par  la  main,  a  bien  marcher  comme 
une  femme,  et  prendre  le  langage  et  toutes  les 
manieres  d'une  personne  de  qualite. 

M.  DE  P.  Laissez-moi  faire,  j'ai  vu  les  personnes  du 
bel  air ;  tout  ce  qu'il  y  a,  c'est  que  j'ai  un  peu  de 
barbe. 

Sbb.  Votre  barbe  n'est  rien,  et  il  y  a  des  femmes  qui 
en  ont  autant  que  vous.  Ca,  voyons  un  peu  comme 
vous  ferez.     Bon. 

M.  DE  P.  AUons  done,  mon  carrosse :  ou  est-ce  qu'est 
mon  carrosse .''  Mon  Dieu  !  qu'on  est  miserable 
d'avoir  des  gens  comme  cela !  Est-ce  qu'on  me  fera 
attendre  toute  la  journee  sur  le  pave,  et  qu'on  ne 
me  fera  point  venir  mon  carrosse .'' 

Sbr.  Fort  bien. 

M.  DE  P.  Hola !  ho  !  cocher,  petit  laquais  !  Ah  ! 
petit  fripon,  que  de  coups  de  fouet  je  vous  ferai 
donner  tantot !  Petit  laquais,  petit  laquais  !  Ou 
est-ce  done  qu'est  ce  petit  laquais  ?  Ce  petit  laquais 
ne  se  trouvera-t-il  point.'*  Ne  me  fera-t-on  point 
venir  ce  petit  laquais.''  Est-ce  que  je  n'ai  point  un 
petit  laquais  dans  le  monde  ? 

Sbr.  Voila  qui  va  a  merveille  ;  mais  je  remarque  une 
chose,  cette  coiffe  est  un  peu  trop  delie'e ;  j'en  vais 
querir  une  un  peu  plus  epaisse,  pour  vous  mieux 
cacher  le  visage,  en  eas  de  quelque  rencontre. 

M.  DE  P.  Que  deviendrai-je  cependant? 

Sbr.  Attendez-moi  la.  Je  suis  a  vous  dans  un 
moment ;  vous  n'avez  qu'a  vous  promener. 


I 


sc.  II.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        327 

about  you  ;  I  should  never  console  myself  were  you 
to  be  hanged. 

M.  DE  P.  It  is  not  so  much  the  fear  of  death  that 
makes  me  run  away^  as  the  loss  of  caste  a  gentleman 
suffers  in  being  hanged  :  an  affair  like  that  would 
slur  our  title  to  nobility. 

Sbr.  You  are  right ;  after  that  they  would  contest 
your  right  to  the  title  of  esquire.  Well,  take  care, 
when  I  lead  yoa  by  the  hand,  that  you  walk  exactly 
like  a  woman,  and  assume  the  speech  and  all  the 
manners  of  a  person  of  quality. 

M.  DE  P.  Leave  that  to  me,  I  have  seen  well-bred 
people  ;  the  worst  of  it  is,  I  have  somewhat  of  a 
beard. 

Sbr.  Your  beard  is  nothing,  there  are  women  who 
have  as  much  as  you.  Come,  just  let  me  see  how 
you  go  about.     Good. 

M.  DE  P.  Now  then,  my  carriage  :  where  is  my 
carriage  .^^  Good  Heavens  !  how  wretched  it  is  to 
be  among  such  people  !  Will  they  keep  me  waiting 
all  day  long  on  the  pavement,  will  no  one  bring 
my  carriage .'' 

Sbr.  Excellent. 

M.  DE  P.  Hullo  !  there  !  coachman,  footboy  !  Ah  ! 
you  young  rascal,  you  shall  have  the  lash  very 
soon  !  Footboy,  footboy  !  Where  is  that  footboy .'' 
Cannot  that  footboy  be  found  ?  Will  that  footboy 
never  come  ?    Is  not  that  footboy  anywhere  about  ? 


Sbr.  That  does  capitally ;  but  I  notice  one  thing, 
this  hood  is  a  little  too  thin  ;  I  must  go  and  find 
one  a  little  thicker,  to  hide  your  face  better,  in 
case  you  meet  any  one. 

M.  DE  P.  What  shall  I  do  in  the  meantime  ? 

Sbr.  Wait  for  me  there.  I  shall  be  with  you  in  a 
moment ;  you  have  but  to  walk  up  and  down. 


328    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteiii. 

SciiNE  III 
Deux  Suisses,  Monsieur  de  Pourceaugnac 

Prem.  Su.  AUons,  depeschons,  camerade,  ly  faut  allair 

tous  deux  nous  a  la  Creve  pour  regarter  un  peu 

chousticier  sti  Monsiu  de  Porcegnac,  qui  Ta  este 

contane  par  ortonnance  a  I'estre  pendu  par  son  cou. 
Sec.  Su.  Ly  faut  nous  loer  un  fenestre  pour  foir  sti 

choustice. 
Prem.  Su.   Ly  disent  que  Ton  fait  tesja  planter  un 

grand   potence  tout  neuve  pour  ly  accrocher  sti 

Porcegnac. 
Sec.   Su.    Ly  sira,   ma  foy !    un  grand   plaisir,   d'y 

regarter  pendre  sti  Limosin. 
Prem.  Su.  Oui,  de  ly  foir  gambiller  les  pieds  en  haut 

tevant  tout  le  monde. 
Sec.  Su.  Ly  est  un  plaisant  drole,  oui ;  ly  disent  que 

c'estre  marie  troy  foye. 
Prem.  Su.  Sti  diable  ly  vouloir  troy  femmes  a  ly  tout 

seul :  ly  est  bien  assez  t'une. 
Sec.  Su.  Ah  !  pon  chour,  Mameselle. 
Prem.  Su.  Que  faire  fous  la  tout  seul } 
M.  DE  P.  J'attends  mes  gens.  Messieurs. 
Sec.  Su.  Ly  est  belle,  par  mon  foy  ! 
M.  de  p.  Doucement,  Messieurs. 
Prem.   Su.    Fous,  Mameselle,  fouloir  finir  rechouir 

fous  a  la  Creve?    Nous  faire  foir  a  fous  un  petit 

pendement  pien  choly. 
M.  de  p.  Je  vous  rends  grace. 
Sec.  Su.  L'est  un  gentilhoume  Limosin,  qui  sera  pendu 

chantiment  a  un  grand  potence. 
M.  de  p.  Je  n'ai  pas  de  curiosite. 
Prem.  Su.  Ly  est  la  un  petit  teton  qui  Test  drole. 
M.  de  p.  Tout  beau. 

Prem.  Su.  Mon  foy  !  moy  couchair  pien  avec  fous. 
M.  DE  P.  Ah  !  e'en  est  trop,  et  ces  sortes  d'ordures-la 

ne  se  disent  point  a  une  femme  de  ma  condition. 
Sec.  Su.   Laisse,  toy ;  Test  moy  qui  le  veut  couchair 

avec  elle. 


3.  III.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       329 

Scene  III 
Two  Swiss,  Monsieur  de  Pourceaugnao 

1st  Sw.  Come,  make  haste,  comrade,  we  must  both 
go  to  the  Creve  to  see  this  Monsiu  de  Porcegnac 
executed,  he  has  been  condemned  to  be  hung  by 
the  neck  till  he  is  dead. 

2nd  Sw.  We  must  hire  a  window  to  see  the  hanging. 

1st  Sw.  They  say  there 's  a  fine  new  gallows  erected 
already  to  hang  this  Porcegnac  on. 

2nd  Sw.   My  I  won't  it  be  proper  to  see  a  Limosin 

hung. 
1st  Sw.  Yes,  to  see  his  heels  squirming  before  all  the 

world. 
2nd  Sw.  He 's  a  nice  rascal,  yes ;  they  say  he 's  been 

married  three  times. 
1st  Sw.  What  the  devil  did  he  want  with  three  wives 

for  himself?  isn't  one  enough.^ 
2nd  Sw.  Ah  !  good  day,  Mameselle. 
1st  Sw.  What  are  you  doing  here  by  yourself.'' 
M.  de  p.  I  am  waiting  for  my  servants.  Messieurs. 
2nd  Sw.  Upon  my  word  !  she 's  a  fine  'un. 
M.  DE  P.  Gently,  Messieurs. 
1st  Sw.  We  are  going  to  the  Creve,  Mameselle,  to 

see  a  jolly  little  hanging,  won't  you  join  us? 

M.  DE  P.  You  will  excuse  me. 

2nd  Sw.  It  is  a  Limosin  gentleman,  who  is  going  to 

swing  finely  on  a  tall  gallows. 
M.  DE  P.   I  have  no  curiosity  that  way. 
1st  Sw.  You  have  a  very  taking  breast. 
M.  DE  P.  Gently. 

1st  Sw.  Upon  my  word  !  I  will  sleep  with  you. 
M.  DE  P.  Ah  !     This  is  too  much,  this  kind  of  insult 

should  not  be  offered  to  a  lady  of  my  condition. 
2nd  Sw.   You  leave  her  alone ;  I  am  going  to  sleep 

with  her. 


330    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  hi. 

Pbem.  Su.  Moy  ne  vouloir  pas  laisser. 
Sec.  Su.  Moy  ly  vouloir^  moy. 

(lis  le  tirent  aveo  violence.) 
Prem.  Su.  Moy  ue  faire  rien. 
Sec.  Su.  Toy  I'avoir  menty. 
Preai.  Su.  Toy  I'avoir  menty  toy-mesme. 
M.  DE  P.  Au  secours  1    A  la  force  ! 


SciNE  IV 
Un  Exempt,  Deux  Archers,  Presiier  et  Second 


L'E.  Qu*est-ce?  quelle  violence  est-ce  la.'*  et  que 
voulez-vous  faire  a  Madame."*  Allons,  que  Ton  sorte 
de  la,  si  vous  ne  voulez  que  je  vous  mette  en  prison. 

Prem.  Su.   Party,  pon,  toy  ne  I'avoir  point. 

Sec.  Su.  Party,  pon  aussi,  toy  ne  I'avoir  point  encore. 

M.  DE  P.    Je  vous  suis  bien  obligee.  Monsieur,  de 

m'avoir  delivree  de  ces  insolents. 
L'E.    Ouais  !   voila  un  visage  qui  ressemble  bien  a 

celui  que  I'on  m'a  depeint. 
M.  de  p.  Ce  n'est  pas  moi,  je  vous  assure. 
L'E.  Ah,  ah  !  qu' est-ce  que  je  veux  dire.'' 
M.  DE  P.  Je  ne  sais  pas. 
L'E.  Pourquoi  done  dites-vous  cela? 
M.  DE  P.  Pour  rien. 
L'E.  Voila  un  discours  qui  marque  quelque  chose,  et 

je  vous  arrete  prisonnier. 
M.  DE  P.  Eh  !  Monsieur,  de  grace. 
L'E.  Non,  non :  a  votre  mine,  et  a  vos  discours,  il 

faut  que  vous  soyez  ce  Monsieur  de  Pourceaugnac 

que  nous  cherchons,  qui  se  soit  deguise  de  la  sorte; 

et  vous  viendrez  en  prison  tout  a  I'heure. 
M.  DE  P.  Helas  ! 


I 


c.  IV.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        331 

1st  S\v.  I  shall  not  leave  her  alone. 
2nd  Sw.  Yes^  you  will. 

(They  pull  him  ahout  violently.) 
1st  Sw.  I  am  not  doing  anything. 
2nd  Sw.  You  lie. 
1st  Sw.  You  lie  yourself. 
M.  DE  P.  Help !    Police  I 


Scene  IV 

A  Police  Officer,  Two  Constables,  First  and  Second 
Swiss,  Monsieur  de  Pourceaugnac 

P.  O.    What  is  the  matter.^  what  violence  is  this? 

what  are  you  doing  to  this  lady  ?    Come,  get  out  of 

this,  if  you  do  not  want  me  to  lock  you  up. 
1st  Sw.  Come,  go  away,  you  shall  not  have  her. 
2nd  Sw.  Go  away  too,  say  I,  you  shall  not  have  her 

either. 
M.  DE  P.  I  am  much  obliged  to  you.  Monsieur,  for 

having  delivered  me  from  these  insolent  scoundrels. 
P.  O.    I  say  !    That  face  looks  much  like  the  one 

described  to  me. 
M.  DE  P.   It  is  not  I,  I  assure  you. 
P.  O.  Oh,  oh  !  what  does  that  mean  ? 
M.  DE  P.  I  do  not  know. 
P.  O.  Why,  then,  did  you  say  it."* 
M.  DE  P.  I  had  no  reason. 
P.  O.  Those  words  indicate  something,  I  arrest  you. 

M.  DE  P.  Ah  !  Monsieur,  I  beseech  you. 

P.  O.  No,  no :  by  your  manners  and  by  your  language, 
you  must  be  this  Monsieur  de  Pourceaugnac  we  are 
seeking,  who  has  disguised  himself  in  this  way. 
You  must  come  to  prison  at  once. 

M.  DE  P.  Alas  ! 


332    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [actb  hi. 


SciiNE  V 
L' Exempt,  Archers,  Sbrigani,  Monsieur  db 

PoURCEAUGNAC 

Sbr.  Ah  Ciel !  que  veut  dire  cela  ? 

M.  DE  P.  lis  m'ont  reconnu. 

L'E.  Oui,  oui,  c'est  de  quoi  je  suis  ravi. 

Sbr.  Eh !  Monsieur,  pour  Tamour  de  moi :  vous  savez 

que  nous  sommes  amis  il  y  a  longtemps ;  je  vous 

conjure  de  ne  le  point  mener  en  prison. 
L'E.  Non  ;  il  m'est  impossible. 
Sbr.  Vous  etes  homme  d'aceommodement :  n'y  a-t-il 

pas  moyen  d'ajuster  cela  avec  quelques  pistoles.'* 
L'E.   (k  ses  archers.)  Retirez-vous  un  peu. 
Sbr.  II  faut  lui  donner  de  I'argent  pour  vous  laisser 

aller.     Faites  vite. 
M.  DE  P.  Ah  maudite  ville ! 
Sbr.  Tenez,  Monsieur. 
L'E.  Combien  y  a-t-il } 
Sbr.    Un,  deux,  trois,  quatre,  cinq,  six,  sept,  huit, 

neuf,  dix. 
L'E.  Non,  mon  ordre  est  trop  expres. 
Sbr.  Mon  Dieu  !  attendez.     Depechez,  donnez-lui-en 

encore  autant. 
M.  DE  p.  Mais  .  .  . 
Sbr.  Depechez-vous,  vous  dis-je,  et  ne  perdez  point  de 

temps :    vous  auriez  un  grand  plaisir,  quand  vous 

seriez  pendu. 
M.  DE  P.  Ah  ! 
Sbr.  Tenez,  Monsieur. 
L'E.  II  faut  done  que  je  m'enfuie  avec  lui,  car  il  n'y 

aurait  point  ici  de  surete  pour  moi.     Laissez-le-moi 

conduire,  et  ne  bougez  d'ici. 
Sbr.  Je  vous  prie  done  d'en  avoir  un  grand  soin. 
L'E.  Je  vous  promets  de  ne  le  point  quitter,  que  je 

ne  I'aie  mis  en  lieu  de  surete'. 
M.  DE  P.  Adieu.     Voila  le  seul  honnete  homme  que 

j'ai  trouve  en  cette  ville. 


I 


v.]    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        333 


Scene  V 

The  Police  Officer,  Constables,  Sbrigani, 
Monsieur  de  Pourceaugnac 

Sbr.  Ah  Heavens  !  what  can  this  mean  ? 

M.  DE  P.  They  have  recognised  me. 

P.  0.  Yes,  yes,  I  am  in  fine  feather. 

Sbr.  Ah  !  Monsieur,  as  you  love  me :  you  know  we 

are  old  friends ;  I  beseech  you  not  to  take  him  to 

prison. 
P.  O.  No ;  it  is  impossible. 
Sbr.    You  will  not  be  deaf  to  reason  :   cannot  the 

matter  be  adjusted  by  means  of  a  few  pistoles.'* 
P.  O.  (to  his  Constables.)  Go  back  a  little. 
Sbr.  You  must  give  him  some  money  to  let  you  go. 

Do  it  quickly. 
M.  ne  P.  Ah  cursed  town  ! 
Sbr.  There,  Monsieur. 
P.  O.  How  much  is  it  ? 
Sbr.    One,  two,  three,  four,  five,  six,  seven,  eight, 

nine,  ten. 
P.  O.  No,  my  orders  are  too  definite. 
Sbr.   Good  Heavens !  wait.     Be  quick,  give  him  as 

much  again. 
M.  DE  P.    But  .   .   . 
Sbr.  Make  haste,  I  tell  you,  and  do  not  lose  time  :  it 

would  give  you  much  pleasure  to  be  hanged. 

M.  DE  P.  Ah ! 

Sbr.  There,  Monsieur. 

P.  O.  I  sliall  have  to  fly  with  him,  there  will  be  no 

safety  for  me  here.     Let  me  take  him  away  and  do 

not  stir  from  here. 
Sbr.  I  beseech  you  to  take  great  care  of  him. 
P.  O.  I  promise  you  not  to  leave  him  till  I  have  put 

him  in  a  safe  place. 
M.  DE  P.    Adieu.     That  is  the  only  honest  man  I 

have  found  in  this  town. 


334    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  hi. 

Sbr.  Ne  perdez  point  de  temps ;  je  vous  aime  tant, 
que  je  voudrais  que  vous  fussiez  deja  bien  loin. 
Que  le  Ciel  te  conduise  !  Par  ma  foi !  voila  une 
grande  dupe.     Mais  voici  .  .  . 


SCENR  VI 

Oronte,  Sbrigani 

Sbr.  Ah  !  quelle  etrange  aventure  !  Quelle  facheuse 
nouvelle  pour  un  pere  !  Pauvre  Oronte,  que  je  te 
plains  !  Que  diras-tu  ?  et  de  quelle  fa9on  pourras- 
tu  supporter  cette  douleur  mortelle  ? 

Or.  Qu'est-ce  ?     Quel  malheur  me  presages-tu  ? 

Sbr.  Ah  !  Monsieur,  ce  perfide  de  Limosin,  ce  traitre 
de  Monsieur  de  Pourceaugnac  vous  enleve  votre 
fille. 

Or.  II  m'enleve  ma  fille  ! 

Sbr.  Oui :  elle  en  est  devenue  si  folle,  qu'elle  vous 
quitte  pour  le  suivre  ;  et  Ton  dit  qu'il  a  un  caractere 
pour  se  faire  aimer  de  toutes  les  femmes. 

Or.  Allons  vite  a  la  j  ustice.     Des  archers  apres  eux  I 


Scene  VII 
l^RASTE,  Julie,  Sbrigani,  Oronte 

Er.  Allons,  vous  viendrez  malgre  vous,  et  je  veux 
vous  remettre  entre  les  mains  de  votre  pere.  Tenez, 
Monsieur,  voila  votre  fille  que  j'ai  tiree  de  force 
d'entre  les  mains  de  I'homme  avec  qui  elle  s'enfuyait ; 
non  pas  pour  I'amour  d'elle,  mais  pour  votre  seule 
consideration ;  car,  apres  Taction  qu'elle  a  faite, 
je  dois  la  mepriser,  et  me  gue'rir  absolument  de 
I'amour  que  j'avais  pour  elle. 

Or.  Ah  !  infame  que  tu  es  ! 

Er.  Comment?  me  traiter  de  la  sorte,  apres  toutes 
les  marques  d'amitie  que  je  vous  ai  donnees  !    Je  ne 


VII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       336 

Sbr.  Do  not  lose  any  time.  I  love  you  so  much  that 
I  wish  you  were  already  far  enough.  May  Heaven 
conduct  you !  Law  !  what  a  dupe.  Now  here 
comes  ,  ,  , 


Scene  VI 
Obonte,  Sbrigani 

Sbr.  Ah !  what  a  terrible  thing  has  happened  !    What 

wretched  news  for  a  father !     Poor  Oronte,  how 

I  pity  you!     What  will  you  say.f*     How  can  you 

endure  this  poignant  stroke  ? 
Or.  What  is  it  ?    What  misfortune  is  coming  now  } 
Sbr.    Ah !    Monsieur,  that  perfidious  wretch  from 

Limosin,  that  traitor  of  a  Monsieur  de  Pourceaugnac 

has  eloped  with  your  daughter. 
Or.  He  has  eloped  with  my  daughter  ! 
Sbr.  Yes  :  she  is  mad  enough  to  quit  you  in  order  to 

follow  him  ;  they  say  he  has  a  talisman  that  makes 

all  women  love  him. 
Ob.  Come  quickly  to  the  police-office.     We  must  set 

constables  after  them  ! 

Scene  VII 
l^RASTE,  Julie,  Sbrigani,  Oronte 

Er.  Come  on,  you  shall  come  in  spite  of  yourself, 
I  will  see  you  safely  in  your  father's  hands  again. 
Here,  Monsieur,  here  is  your  daughter ;  I  dragged 
her  by  force  out  of  the  hands  of  the  man  with 
whom  she  ran  oif,  not  because  I  am  in  love  with 
her,  but  simply  out  of  respect  for  you ;  for,  after 
what  she  has  done  I  ought  to  despise  her,  and  cure 
myself  absolutely  of  the  love  I  had  for  her. 

Or.  Ah  !  you  infamous  jade  ! 

Eb.  So  ?  you  treat  me  like  this,  after  all  the  marks 
of  friendship  I  have  given  you  !    I  do  not  blame 


336    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  hi. 

vous  blame  point  de  vous  etre  soumise  aux  volontes 
de  Monsieur  votre  pere  :  il  est  sage  et  judicieux 
dans  les  choses  qu'il  fait,  et  je  ne  me  plains  point 
de  lui  de  m' avoir  rejete  pour  un  autre.  S'il  a 
manque  a  la  parole  qu'il  m'avait  donnee^  il  a  ses 
raisons  pour  cela.  On  lui  a  fait  croire  que  cet  autre 
est  plus  riche  que  moi  de  quatre  ou  cinq  mille  ecus; 
et  quatre  ou  cinq  mille  ecus  est  un  denier  conside- 
rable,  et  qui  vaut  bien  la  peine  qu'un  homme  manque 
a  sa  parole ;  mais  oublier  en  un  moment  toute  I'ardeur 
que  je  vous  ai  montree,  vous  laisser  d'abord  en- 
flammer  d'amour  pour  un  nouveau  venu,  et  le  suivre 
honteusement  sans  le  consentement  de  Monsieur 
votre  pere,  apres  les  crimes  qu'on  lui  impute,  c'est 
une  chose  condamnee  de  tout  le  monde,  et  dont  mon 
coeur  ne  peut  vous  faire  d'assez  sanglants  reproches. 

Jul.  He  bien  !  oui,  j'ai  con§u  de  I'amour  pour  lui,  et 
je  I'ai  voulu  suivre,  puisque  mon  pere  me  Tavait 
choisi  pour  epoux.  Quoi  que  vous  me  disiez,  c'est 
un  fort  honnete  homme ;  et  tous  les  crimes  dont  on 
I'accuse  sent  faussete's  epouvantables. 

Or.  Taisez-vous !  vous  etes  une  impertinente,  et  je 
sais  mieux  que  vous  ce  qui  en  est. 

Jul.  Ce  sont  sans  doute  des  pieces  qu'on  lui  fait,  et 
c'est  peut-etre  lui  qui  a  trouve  cet  artifice  pour  vous 

^  en  degouter. 

Eb,  Moi,  je  serais  capable  de  cela  ! 

Jul.  Oui,  vous. 

Ob.  Taisez-vous  !  vous  dis-je.     Vous  etes  une  sotte. 

^J^B.  Non,  non,  ne  vous  imaginez  pas  que  j'aie  aucune 
envie  de  detourner  ce  mariage,  et  que  ce  soit  ma 
passion  qui  m'ait  force  a  courir  apres  vous.  Je 
vous  I'ai  deja  dit,  ce  n'est  que  la  seule  consideration 
que  j'ai  pour  Monsieur  votre  pere,  et  je  n'ai  pu 
souflPrir  qu'un  honnete  homme  comme  lui  fut  expose 
a  la  honte  de  tous  les  bruits  qui  pourraient  suivre 
une  action  comme  la  votre.. 

Or.  Je  vous  suis.  Seigneur  Eraste,  infiniment  oblige. 

Eh.  Adieu,  Monsieur.  J'avais  toutes  les  ardeurs  du 
monde  d'entrer  dans  votre  alliance ;  j'ai  fait  tout 


I 


sc.  VII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       337 

you  for  having  submitted  to  the  will  of  your  father . 
he  is  wise  and  judicious  in  what  he  does^  and  I  do 
not  complain  of  his  having  rejected  me  for  another. 
If  he  broke  the  word  he  gave  me,  he  had  his  reasons 
for  doing  so.  People  had  made  him  believe  that 
this  other  person  is  richer  than  1  am  by  four  or 
five  thousand  crowns  ;  and  four  or  five  thousand 
crowns  is  a  considerable  sum,  well  worth  a  man 
breaking  his  word  for;  but  to  forget  all  at  once 
the  ardour  1  have  felt  for  you,  to  let  yourself  be 
instantly  entranced  by  the  love  of  a  fresh  face,  and 
to  follow  him  shamelessly  without  the  consent  of 
your  father,  after  the  crimes  that  are  imputed  to 
him,  is  to  be  condemned  by  every  one.  I  cannot 
reproach  you  sufficiently  or  with  adequate  bitter- 
ness. 

Jul.  Well,  well !  yes,  I  loved  him  and  wished  to 
follow  him,  because  my  father  had  chosen  him  for 
my  husband.  Whatever  you  may  say  to  me,  he  is 
an  entirely  honourable  man ;  all  the  accusations 
levelled  at  him  are  simply  downright  falsehoods. 

Or.  Hold  your  tongue  !  you  impertinent  baggage,  I 
know  better  than  you  what  he  is. 

Jul.  No  doubt  they  are  tricks  which  have  been  played 
him  ;  perhaps  some  one  has  designed  this  artifice  to 
cause  you  to  dislike  him. 

^R.  I,  I  capable  of  this  ! 

Jul.   Yes,  you. 

Or.  Hold  your  tongue  !  I  tell  you.     You  are  a  fool. 

Er.  No,  no,  do  not  imagine  I  have  any  wish  to 
prevent  this  marriage,  and  that  it  is  my  passion 
which  has  made  me  run  after  you.  I  have  already 
told  you  it  was  simply  out  of  the  respect  I  bear 
your  father,  I  could  not  bear  to  see  an  honourable 
man,  such  as  he  is,  exposed  to  the  shame  of  the 
scandal  your  action  would  have  aroused. 

Or.  I  am  infinitely  obliged  to  you.  Seigneur  Eraste. 
Er.    Adieu,   Monsieur.      I  had  the   keenest  desire 
possible  to  become  allied  to  you ;  I  have  done  all 
Y 


338    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acte  hi. 

ce  que  j'ai  pu  pour  obtenir  un  tel  honneur ;  mais 
j'ai  ete  malheureux,  et  vous  ne  m'avez  pas  juge 
digne  de  cette  grace.  Cela  n'empechera  pas  que  je 
ne  conserve  pour  vous  les  sentiments  d'estime  et  de 
vene'ration  ou  votre  personne  m'oblige  ;  et  si  je  n'ai 
pu  etre  votre  gendre,  au  moins  serai-je  eternelle- 
ment  votre  serviteur. 

Or.  ArreteZj  Seigneur  Eraste.  Votre  procede  me 
touche  I'ame^  et  je  vous  donne  ma  fille  en  mariage. 

Jul.  Je  ne  veux  point  d'autre  mari  que  Monsieur  de 
Pourceaugnac. 

Or.  Et  je  veux,  moi,  tout  a  I'heure,  que  tu  prennes 
le  Seigneur  Eraste.     Ca,  la  main. 

Jul.  Non^  je  n'en  ferai  rien. 

Or.  Je  te  donnerai  sur  les  oreilles. 

Er.  Non,  non^  Monsieur ;  ne  lui  faites  point  de 
violence,  je  vous  en  prie. 

Or.  C'est  a  elle  a  m'obeir,  et  je  sais  me  montrer  le 
maitre. 

]6b.  Ne  voyez-vous  pas  I'amour  qu'elle  a  pour  cet 
homme-la.'*  et  voulez-vous  que  je  possede  un  corps 
dont  un  autre  possedera  le  coeur  ? 

Or.  C'est  un  sortilege  qu'il  lui  a  donne,  et  vous 
verrez  qu'elle  changera  de  sentiment  avant  qu'il 
soit  peu.     Donnez-moi  votre  main.     Aliens. 

Jul.  Je  ne  .  .  . 

Or.  Ah  que  de  bruit !    ^a,  votre  main,  vous  dis-je. 

^  Ah,  ah,  ah  ! 

Er.  Ne  croyez  pas  que  ce  soit  pour  I'amour  de  vous 
que  je  vous  donne  la  main  :  ce  n'est  que  Monsieur 
votre  pere  dont  je  suis  amoureux,  et  c'est  lui  que 
j'epouse. 

Or.  Je  vous  suis  beaucoup  oblige,  et  j'augmente  de 
dix  mille  ecus  le  mariage  de  ma  fille.    Aliens,  qu'on 

^  fasse  venir  le  Notaire  pour  dresser  le  contrat. 

]Er.  En  attendant  qu'il  vienne,  nous  pouvons  jouir 
du  divertissement  de  la  saison,  et  faire  entrer  les 
masques  que  le  bruit  des  noces  de  Monsieur  de 
Pourceaugnac  a  attires  ici  de  tous  les  endroits  de 
la  ville. 


VII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC       339 

I  could  to  obtain  such  an  honour ;  but  I  have  been 

unfortunate^  and  you  have  not  deemed  me  worthy 

of  this  favour.     It  will  not  prevent  my  retaining 

for  you  those  sentiments  of  esteem  and  veneration 

to  which  your  character  obliges  me ;  and  if  I  cannot 

be  your  son-in-law^  at  least  I  shall  eternally  be  your 

servant. 
Or.  Stay,  Seigneur  Eraste.    Your  conduct  touches  me 

to  the  heart,  I  give  you  my  daughter  in  marriage. 
Jul.  I  do  not  wish  any  other  husband  than  Monsieur 

de  Pourceaugnac. 
Ob.  And  I  wish  you  immediately  to  take  Seigneur 

Eraste.     Come,  your  hand. 
Jul.  No,  I  shall  not  do  anything  of  the  kind. 
Or.  I  will  box  your  ears. 
Er.  No,  no,  Monsieur ;  do  not  use  violence,  I  pray 

you. 
Or.  She  must  obey  me,  I  know  how  to  show  I  am 
^  master. 
Er.  Do  you  not  see  the  love  she  has  for  that  man  ? 

Would  you  have  me  possess  her  body  whilst  another 

possesses  her  heart.'* 
Or.  He  has  bewitched  her,  you  will  see  she  will 

soon  change  her  mind.      Come.     Give  me  your 

hand. 
Jul.  I  will  not  .  .  . 

Or.   Ah  what  nonsense  !    Come,  your  hand,  I  tell 
^  you.     Ah,  ah,  ah  ! 
Er.  Do  not  think  I  give  you  my  hand  because  I  love 

you  :  it  is  your  father  only  whom  I  love,  I  marry 

him. 

Or.  I  am  deeply  obliged  to  you,  and  I  add  ten 
thousand  crowns  to  my  daughter's  dowry.  Come, 
^  let  the  notary  be  sent  for  to  draw  up  the  contract. 

Er.  While  we  are  waiting  for  him,  let  us  enjoy  the 
pleasures  of  the  time  and  have  in  the  masks  which 
the  report  of  Monsieur  de  Pourceaugnac's  wedding 
attracted  here  from  all  quarters  of  the  town. 


340    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteiii. 


Scene  VIII 

Plusieurs  Masques  de  toutes  les  mani^res,  dont  les  una 
occupent  plusieurs  balcons,  et  les  autres  sont  dans  la  place, 
qui,  par  plusieurs  chansons  et  di verses  danses  et  jeux,  cher-     Jj 
chent  k  se  donner  des  plaisirs  innocents.  ^ 

Une  Egyptienne. 

Sortez,  sortez  de  ces  lieux, 
Soucis,  Chagrins  et  Tristesse  ; 
Venez,  venez,  Ris  et  Jeux, 
Plaisirs,  Amour,  et  Tendresse. 
Ne  songeons  qua  nous  rejouir : 
La  grande  affaire  est  le  plaisir. 

Chceub  des  Musiciens. 

Ne  songeons  qu'd  nous  rejouir  : 
La  grande  affaire  est  le  plaisir. 

J/Egyptienne. 

A  me  suivre  tous  ici 

Votre  ardeur  est  non  commune, 

Et  vous  etes  en  souci 

De  votre  bonne  fortune. 

Soyez  toujours  amoureux : 

C'est  le  moyen  d'etre  heureux, 

Un  Egyptien. 

Aimons  jusques  au  trepas, 
La  raison  nous  y  convie  : 
Helas  !  si  I' on  naimait  pas, 
Que  serait-ce  de  la  vie  ? 
Ah!  per  dons  plutot  le  jour 
Que  de  perdre  not  re  amour. 

Tous  Deux  en  dialogue : 
L'Egyptien.  Les  Mens, 
L' Egyptienne.  La  gloire, 

L' Egyptien.  Les  grandeurs, 

L'Egyptiennb. 

Les  sceptres  qui  font  tant  d'envie, 


I 


sc.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      341 


Scene  VIII 

Several  Masks  of  all  kinds,  some  in  the  balconies  and 
others  in  the  street,  disport  themselves  with  divers  songs, 
dances,  games  and  other  innocent  delights. 

A  Gipsy  Woman. 

Begone,  begone,  far  hence  away. 
Sorrow,  disquiet,  carking  care  ; 
But  hither  come,  ye  pleasures  gay, 
Hither,  ye  laughing  loves,  repair. 
Let's  think  of  nothing  else  but  joy : 
For  pleasure  is  our  grand  employ. 

Chorus  op  Singers. 

Let 's  think  of  nothing  else  but  Joy : 
For  pleasure  is  our  grand  employ. 

The  Gipsy  Woman. 

All  here  to  follow  me 
Uncommon  ardour  fires, 

Hopeful  that  destiny 
May  favour  your  desires. 
Love  for  ever,  and  confess, 
That 's  the  road  to  happiness. 

A  Gipsy. 

Let  us  love  till  we  die, 

Does  reason  cry : 
For,  alas  !  what  is  living,  if  love  is  away  ? 

If  love  we  can't  have, 

Let  us  haste  to  the  grave  ; 
Come,  death,  close  our  eyes,  and  adieu  to  the  day. 

Both  as  a  dialogue : 
The  Gipsy.  Riches, 
The  Gipsy  Woman.     Glory, 
The  Gipsy.  Rank, 

The  Gipsy  Woman.  And  power, 

Which  among  mortals  make  such  a  rout, 
y2 


342    MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC  [acteiii. 

L'Egyptien. 

Tout  nest  rien,  si  I'amour  ny  mele  ses  ardeurs. 

L'Egyptienne. 
H  nest  point,  sans  f  amour,  de  plaisir  dans  la  vie. 

Tous  Deux  ensemble. 

Soyons  toujours  amoureux : 
C'est  le  moyen  d'etre  heureux. 

Le  Petit  Chceur  chante  apr^s  ces  deux  demiers  vers  : 
Sus,  sus,  chantons  tous  ensemble , 
Dansons,  sautons,  jouons-nous. 

Un  Musicien  seul. 

Lorsque  pour  rire  on  s' assemble, 
Les  plus  sages,  ce  me  semble, 
Sont  ceux  qui  sont  les  plusfous. 

Tous  ensemble. 

Ne  songeons  qua  nous  rejouir : 
La  grande  affaire  est  le  plaisir. 

PIN   DE   MONSIEUR   DE   POURCEAUGNAO. 


I 


sc.  VIII.]  MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC      343 

The  Gipsy. 

All  signify  nothing  if  love  is  left  out. 

The  Gipsy  Woman. 

For  life  without  love  has  not  one  happy  hour. 

Both  together. 

Let's  love  for  ever,  and  confess, 
That 's  the  road  to  happiness. 

The  Select  Chorus  sings  after  these  two  last  verses : 
Let 's  sing  and  dance. 
And  sport  and  prance, 
And  frolic  and  be  jolly. 

A  Singer  alone. 

For  whene'er  we 
To  laugh  agree. 
The  wisest  have  most  folly. 

All  together. 

Let 's  think  of  nothing  else  hut  joy  : 
For  pleasure  is  our  grand  employ. 

END   OF  MONSIEUR   DB   POURCEAUGNAC. 


NOTES 

THE  MISER 

Page  91,  Brindavoine=Oaitsta,l'k,  La  Merluche—Stock&ah. 

Page  114,  pistoles.  The  reader  may  like  to  be  reminded 
that 

12  deniers=l  sou. 

20  sous=l  franc  or  livre. 

11  livres=l  louis  or  pistole. 

Page  134,  de  Gomhaud  et  de  Macee.  A  favourite  subject 
for  decorative  hangings. 

Page  134,  trou-madame.  '  Un  jeu  ou  on  laisso  couler  des 
boules  dans  des  trous  ou  rigoles  marquees  diversement  pour 
la  perte  ou  pour  le  gain.'    (Furetiere.) 

Page  136,  Panurge.     Rabelais,  Pantdgruel,  iii.  2. 

Page  149,  orges  mond^s.  'Les  dames  prennent  de  I'orge 
monde  pour  se  conserver  le  teint  frais  et  s'engraisser.' 
(Furetiere. ) 

Page  154,  ma  fluxion.  Moliere's  cough,  the  cough  that 
killed  him,  served  him  well  when  he  acted  the  part  of 
Harpagon. 

Page  176,  lunettes.  There  is  a  play  here  upon  lunettes, 
spectacles,  or  telescopes. 

Page  232,  Dom  Thomas  .  .  .  Dam  Martin.  Martin=the 
English  colloquial  Neddy  for  a  donkey. 


MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC 

Page  247,  Pourceau^nac=&  young  pig. 


345 


346  NOTES 

Page  259,  votre  pain.  The  people  of  Limoges  had  the 
reputation  of  being  great  bread  eaters. 

Page  264,  le  consul.  The  title  given  to  a  municipal  ofl&cer 
in  the  south  of  France. 

Page  320,  un  cas  pendaUe.  Actually  punishable  by  death 
in  Moli^re's  day. 

The  overture  to  the  comedy  is  as  follows  :— 

L'Ouverture  se  fait  par  Eraste,  qui  conduit  un  grand  concert 
de  voix  et  d'instruments,  pour  une  serenade,  dont  les  paroles, 
chantees  par  trois  voix  en  mani^re  de  dialogue,  sont  faites 
Bur  le  sujet  de  la  comedie,  et  expriment  les  sentiments  de 
deux  amants,  qui,  ^tants  bien  ensemble,  sont  traverses  par  le 
caprice  des  parents. 

PfiBMiiRE  Voix. 

Expands,  charmante  nuit,  repands  sur  tons  les  yeux 

De  tes  pavots  la  douce  violence, 
Et  ne  laisse  veiller  en  ces  aimables  lieux 
Que  les  cceurs  que  1' Amour  soumet  a  sa  puissance, 
Tes  ombres  et  ton  silence, 
Plus  beau  que  le  plus  beau  jour, 
Offrent  de  doux  moments  a  soupirer  d'amour. 
Dkuxteme  Voix. 

Que  soupirer  d'amour 
Est  une  douce  chose, 
Quand  rien  k  nos  voeux  ne  s'oppose ! 
A  d'aimables  penchants  notre  coeur  nous  dispose, 
Mais  on  a  des  tyrans  k  qui  Ton  doit  le  jour. 
Que  soupirer  d'amour 
Est  une  douce  chose, 
Quand  rien  k  nos  voeux  ne  s'oppose ! 
Tiioisii:ME  Voix. 

Tout  ce  qu'^  nos  voeux  on  oppose 
Centre  un  parfait  amour  ne  gagne  jamais  rien, 
Et  pour  vaincre  toute  chose, 
II  ne  faut  que  s'aimer  bien. 
Les  Trois  Voix  ensemble. 

Aimons-nous  done  d'une  ardeur  ^ternelle : 
Les  rigueurs  des  parents,  la  contrainte  cruelle, 
L'absence,  les  travaux,  la  fortune  rebelle, 
Ne  font  que  redoubler  une  amiti^  fiddle. 

Aimons-nous  done  d'une  ardeur  eternelle : 
Quand  deux  cceurs  s'aiment  bien, 
Tout  le  reste  n'est  rien. 


MONSIEUR  DE  POURCEAUGNAC        347 

La  a^rdnade  est  suivie  d'une  danse  de  deux  Pages,  pendant 
laquelle  quatre  Curieux  de  spectacles,  ayant  pris  querelle 
ensemble,  mettent  I'^pee  k  la  main.  Apr^s  un  assez  agr^able 
combat,  ils  sont  separ^s  par  deux  Suisses,  qui,  les  ayant  mis 
d'accord,  dansent  avec  eux,  au  son  de  tous  les  instruments. 

For  the  translation  of  Act  iii.  Scene  viii.  I  have  adopted 
the  anonymous  version  published  at  Berwick  in  1771. 


Printed  by  T.  and  A.  Constablb,  Printers  to  His  Majesty 
at  the  Edinburgh  University  Press 


52^020 


PQ  1825  .E5  1907  v. 6  SMC 

Moliere^ 

The  plays  of  Moliere  in 

French